Il fallait dire que le départ d'Opaline de la veille t'avait un peu chamboulé. Pas que tu sois proche d'elle, mais il avait cette chose que tu ressentais à son égard. Le fait qu'elle te fasse penser à ta soeur y était pour beaucoup, à vrai dire. Tu l'identifiais à elle, et c'était ce qui te troublait. C'était aussi ce qui t'avais motivé à vouloir l'aider, en vain. Et maintenant, elle sortait d'ici, et elle se retrouverait de nouveau entre les mains de ces hommes qui se servaient d'elle. Cette aventure, cette endroit, ça n'aura servi à rien pour elle. Elle restait le jouet de ces inconnus. Elle souffrait. Et toi, tu n'avais pas pu l'aider. Alors que tu t'étais promis de le faire, d'une quelconque manière. Mais tu n'avais rien pu faire, et ça te mettais en colère. T'étais en colère contre toi même. Parce qu'encore une fois, tu n'avais rien pu faire. Son sort dépendait d'autres personnes que toi. Encore une fois. Bien que tu sois souvent d'humeur massacrante, tu l'étais encore plus. Et c'était pour cette raison que tu t'étais réfugié dans cette salle de sport, avec cher et tendre sac de frappe. Faire de la boxe te calmait. Plus ou moins. Du moins, ça te faisait oublier, ça t'aidait à tout extérioriser grâce à ces coups passez violents que tu donnais dans ce sac. Alors oui, tu te défoulais. C'était ton seul moyen de te rendre quelque peu mieux, parce que tu n'étais pas du genre à parler de ce que tu pouvais ressentir. Alors tu frappais. C'était comme ça. D'un seul coup, alors que tu étais seul dans la salle, un bruit se fait entendre. La porte qui s'ouvre. Tu t'arrêtes un instant, tu regardes dans cette direction. Monroe. Tes sourcils se froncent. « Qu'est-ce que tu fais ici ? » Bizarrement - ou pas - tu la voyais mal se rendre ici pour faire du sport. Elle n'avait pas l'air d'être la femme la plus sportive au monde. Enfin... Bref. Ton regard se pose sur elle, un regard un peu plus froid que d'habitude. Sauf que tu ne fais pas vraiment exprès. « J'suis pas d'humeur Monroe, va embêter quelqu'un d'autre. » Parce que tu le savais bien, elle prenait un malin plaisir à t'embêter. Et t'avais pas vraiment besoin de ça.

Je ne me lève jamais tôt le matin, jamais à moins que je sois cuité ou que je suis inquiète. Je ne suis pas réellement inquiète mais bon d'un côté j'suis pas totalement sereine. C'est sans doute pour cette raison que Morphée m'a éjecté de ses bras. Elle est pas cool, je n'ai pas beaucoup dormi, je suis irritable mais tout de même au rendez-vous. Le nid le matin il a une autre saveur, c'est calme comme la nuit sauf que le soleil brille ce qui est logique doit dit en passant d'ailleurs. J'ai eu la douche pour moi seule, la cuisine pour moi seule et pour une fois j'ai pu profiter des talents de cuisinier de Casey. Je devrais songer à me lever plus tôt parfois. Et d'un côté ça me fait un peu chier parce que du coup si j'dors pas c'est toujours à cause de la même chose, c'est pas vraiment mon genre d'habitude en plus mais bon, j'sais pas, c'est comme ça je ne dors pas alors je me dis que c'est mieux d'aller voir la source de mes inquiétudes directement. Je ne mets pas longtemps à le trouver. Dans la salle de sport, entrain de cogner contre ce sac de frappe et je me dis que la vie de sac de frappe est relativement horrible. Il ne tarde pas à me remarquer, pas le sac de frappe hein, Sandro. Il faut dire que je ne suis pas tellement en tenue et que les chaussures doivent claquer contre le parquet. « Qu'est-ce que tu fais ici ? » Du sport ? Ah non j'suis en jupe, je peux oublier cette réponse. Pourtant j'devrais parce que son regard est glacial, ça pourrait me faire froid dans le dos, je dis bien que ça pourrait. « Je te cherchais. » Je lance d'un haussement d'épaule. Et je l'ai trouvé visiblement. Il est de mauvaise humeur, un peu comme quand je l'ai enfermé dans les chiottes. Enfin presque, j'sais pas c'est différent. « J'suis pas d'humeur Monroe, va embêter quelqu'un d'autre. » D'accord j'adore le faire chier, mais j'crois pas que je ne fasse que ça, au contraire, ça a été prouvé dernièrement que j'avais d'autres occupations favorites que le faire chier. « Je ne vis pas que pour te faire chier, j'imagine que j'vais te faire chier au fond parce que tu dois toujours pas comprendre que je puisse m'intéresser à toi pour autre chose que pour ton joli petit cul mais c'est le cas. Et ça me tue de te voir comme ça parce que tu n'y es pour rien. » J'suis pas conne j'sais pourquoi il est en colère. Du coup mon ton est un peu plus sec que j'aurais voulu mais peut être qu'avec un peu de chance _a aura plus de poids. J'en doute mais bon, j'vais pas me barrer et d'ailleurs pour le lui montrer je m'approche un peu plus de lui encore.

Frapper dans un sac. C’était sûrement la seule chose qui te calmait plus ou moins. Du moins, ça te rendait moins en colère, même si tu le restais. Tu étais comme ça, tu n’y pouvais rien. Il y avait sûrement trop de haine et de violence en toi. « Je te cherchais. » qu’elle te dit. Pourquoi est-ce qu’elle te cherchait à cette heure-là ? Elle ne pouvait pas se contenter de dormir, et faire la grasse matinée comme la plupart des autres candidats. Ton regard ne lâche pas ses yeux bleus, comme la plupart du temps. Ça doit être un truc magnétique, tu ne sais pas trop, vos yeux restent toujours accrochés. La regarder ne t’apaise pas pour autant. T’es toujours autant en colère. Contre toi-même, contre le monde entier. T’es impuissant. Tu peux rien faire.  Et tu n’aimes pas ça. Ça te tue. T’es en train de dire qu’à cet instant même, Opaline est sûrement entre les mains de ces hommes. Comme ta petite sœur. Et sur cette pensée, un autre poing part contre le sac. Puis un deuxième. Un peu plus fort. « Je ne vis pas que pour te faire chier, j'imagine que j'vais te faire chier au fond parce que tu dois toujours pas comprendre que je puisse m'intéresser à toi pour autre chose que pour ton joli petit cul mais c'est le cas. Et ça me tue de te voir comme ça parce que tu n'y es pour rien. » T’as beau avoir repris de frapper contre le sac, tu l’écoutes tout de même. Bizarrement. Sauf que tu ne la regardes plus, puisque tu es en tête à tête avec le sac de frappe. T’as pas envie de voir son regard. C’est sûrement un regard désolé et plein de pitié. Et tu ne supportes pas ces regards. Et là, tu fais sûrement un mauvais mouvement avec beaucoup trop de puissance, puisqu’un bruit se fait entendre. Tes os. Ça ne pouvait rien être d’autre. Et puis cette douleur atroce qui venait de se lancer dans ton poignet le confirmait. Peut-être une entorse, rien de grave. Tu t’arrêtes tout de même de frapper, du coup, puisque la douleur s’aggraverait. Pourtant, malgré ça, ton visage reste plutôt impassible, ne montrant que la colère. Tu n’étais pas du genre à te plaindre de toute manière. Tu te contentes d’enrouler ton autre main autour de ton poignet endommagé pour y exercer une certaine pression. T’aurais peut-être dû mettre tes gants. Mais peu importe. Tu reposes enfin ton regard sur Monroe. « Ne fais pas ça. » Essayer de te consoler, toutes ces conneries. « Ça ne changera rien. » Ca ne changerait rien au fait que tu sois en colère, au fait que tu sois inutile, au fait que tu aies échoué. Non, ça ne changerait rien à tout ça. Alors ce n’était pas la peine qu’elle essaye de te consoler ou quoi que ce soit. Tu étais inconsolable. Du moins, c’était ce que tu avais beau croire, puisque personne n’avait jamais vraiment essayé de faire quoi que ce soit de ce genre pour toi. T’étais en colère, et c’était rare que quelque chose arrive à te calmer quand tu l’étais. Comme maintenant. Tu restes là, debout, à côté du sac de frappe. « Elle va finir par en crever. » finis-tu par dire, sans vraiment t’en rendre compte. Tu ne savais pas pourquoi tu venais de lui dire ça, ça ne la regardait pas vraiment. Mais tu l’avais dit. Et puis, t’étais certain qu’elle s’en foutait, Monroe. Pourtant, t’étais certain de ça. Opaline finirait pas en crever, elle n’avait l’air d’avoir personne. Un peu comme toi. Sauf qu’elle, elle se laissait faire par ce groupe de personnes. Sans défense. Toi, tu pouvais bien te défendre tout seul. Pas elle. Alors oui, elle finirait par en crever. Et tu ne pouvais rien y faire. Comment ne pas être en colère rien qu’à ces pensées ?

J'sais bien que ma présence ne va pas l'apaiser, je n'ai pas cette prétention, pas du tout mais d'un côté ça me fait chier alors je me vois mal l'ignorer et faire comme si de rien était. Surtout que bon j'dors plus alors autant le chercher, autant être là. J'sais pas ce que je peux faire, rien sans doute, j'imagine que ma présence va le saouler plus qu'autre chose mais égoïstement je m'en fous un peu. Et peut être que je ne sais pas, peut être qu'il va se passer un truc, n'importe quoi et que comme dans ces saloperies de chiottes ça changera et il sera moins en colère. J'suis optimiste. En tout cas, il ne répond pas quand je dis que je le cherchais. Il se contente de me regarder. Comme toujours pourtant il est pas le expressifs de la Terre et en général son regard est souvent le même, il est super doué pour contrôler ses émotions j'dois dire, mais pour autant j'ai beaucoup de mal à me détacher de ses iris. C'est lui qu'il le fait d'ailleurs, il frappe dans ce sac pendant que je lui dis ce que je fous là. J'sais pas s'il m'écoute ou non, peu importe j'vais rester là quoi qu'il fasse. Il peut m'ignorer s'il veut ça ne changera rien. Il frappe de plus en plus fort dans ce cas, je suis tout près mais je ne recule pas. J'crois entendre un truc mais je ne suis pas sûr. Et il s'arrête mais son regard est fuyant. Moi je l'observe toujours. Je n'arrête pas de le regarder alors qu'il se masse le poignet, je grimace légèrement. « Ne fais pas ça. » Je me demande quelque instant de quoi il peut parler. « Ça ne changera rien. » Oh j'imagine qu'il veut parler du fait d'être là pour lui, d'essayer de l'apaiser. Ouais, peut être, mais peut être pas. « Qu'est-ce que t'en sais ? Quelqu'un l'a déjà fait pour toi avant ?  » Avec un caractère comme le sien, des réactions comme les siennes, j'imagine que les gens qui ne se barrent pas à la première couille ne doivent pas être nombreux. Peut être que je me plante, c'est possible, je ne le connais pas après tout mais en même temps j'en sais rien. Bon ça m'énerve un peu, il doit avoir mal, j'en sais rien et ça m'emmerde parce que j'ai pas envie qu'il se barre le temps que j'aille chercher un peu de glace. Alors j'reste là, j'attends, je fixe sa main, j'espère qu'elle ne va pas devenir bleue parce que ce serait un peu la merde. J'suis pas médecin mais je me suis déjà cassé des choses donc je sais. « Elle va finir par en crever. » Je relève la tête vers son visage. Je soupire et m'approche de lui. Vraiment. Ouais c'est sûr qu'elle va en crever et c'est triste parce qu'au fond Opaline c'est juste une fille paumée, elle est gentille. Et c'est terrible, mais de l'autre. Je pose mes mains sur sa taille pour le sentir mais sans lui faire mal, sans coller trop mon corps contre le sien. « Il y a des risques et c'est rageant c'est sûr, mais c'est pas toi qui l'a foutu là-bas, c'est pas toi qui a dit à ses mecs de faire ça. Et quand t'as voulu l'aider elle a refusé, à plusieurs reprises alors t'as pas à t'en vouloir. C'est pas de ta faute. » J'ai l'impression qu'il se sent responsable mais il n'a rien fait, au contraire, il a rien fait du tout. J'sais bien qu'il a dit que ça ne changerait rien mais j'peux pas m'en empêcher c'est comme ça. J'passe mes mains sous ses fringues pour sentir sa peau sous mes doigts. « Tu peux détester la Terre entière, rentrer dans une colère noire, me repousser, détruire tout ça, te blesser davantage que ça ne changera rien alors à quoi bon ? » J'devrais sans doute pas être comme ça avec lui, surtout quand il est en colère mais bon j'ai pas vraiment peur, peut être que je devrais mais je ne le crains pas. C'est sans doute pour ça que j'suis là, mais tout ce que je veux c'est qu'il se calme et qu'il arrête de s'en vouloir pour un truc dont il n'est pas responsable, j'suis un peu utopiste dans mon genre, je sais.

Tu t’es fait mal en frappant légèrement trop fort. Mais tu t’en fous un peu, tu te contentes de masser un peu ton poignet, pas la peine d’en faire tout un drame. Des mini entorses, tu t’en étais déjà fait des centaines. Alors même si tu ressentais une certaine douleur, tu passais outre. En tout cas, Monroe n’est toujours pas partie, et elle s’est même un peu approchée. Tu ne comprenais vraiment pas pourquoi elle s’obstinait à faire tout ça, alors que ça ne changerait probablement rien à ton état. Tu restais en colère. Et t’étais quasiment certain que rien n’y changerait, pas la moindre des paroles. « Qu'est-ce que t'en sais ? Quelqu'un l'a déjà fait pour toi avant ?  » Tu lèves les yeux aux ciels, car la réponse paraît plutôt évidente. Personne n’avait eu aucune raison de faire quelque chose comme ça pour toi. Peut-être tes meilleurs amis, avant. Ou cette femme que tu aimais, il y a plusieurs années… mais c’était du passé. Et même si ça marchait à l’époque, c’était parce que tu étais une personne différente avant. Désormais, tu étais une toute autre personne. Moins docile, sûrement. Ton regard se repose sur elle, de  nouveau. Tu ne pouvais pas t’en empêcher, comme si t’étais indéniablement attiré par ses iris. Tu te contentes de secouer doucement la tête de droite à gauche, et de répéter : « Ne fais pas ça… » Mais elle s’en fiche, puisqu’elle s’approche de toi. Peut-être un peu trop. Bien que vous ayez déjà été plus proche que ça, et cela diverse fois. Elle pose ses mains sur ta taille, mais toi, tu ne fais rien. Tu ne bouges pas, tu te contentes de la regarder, et tu ne poses pas tes mains sur elle. Non, parce que tu pensais à Opaline. A la pauvre Opaline, qui n’allait sûrement pas survivre. Comme ta petite sœur. Et ça te rendait hors de toi. Que tu n’aies rien pu faire. Comme la dernière fois. Que tu sois impuissant de la sorte. « Il y a des risques et c'est rageant c'est sûr, mais c'est pas toi qui l'a foutu là-bas, c'est pas toi qui a dit à ses mecs de faire ça. Et quand t'as voulu l'aider elle a refusé, à plusieurs reprises alors t'as pas à t'en vouloir. C'est pas de ta faute. » Cette fois-ci, tu ne la regardes plus. Non, c’est sûrement trop dur. Parce que tu sens que cette fois-ci, ton regard ne pourras pas rester impassible. Alors tu ne la regardes plus. Opaline était comme ta sœur. Et c’était toi qui avait jeté ta sœur dans les bras de ces mecs-là, alors que tu savais très bien comment ils étaient. Et tu n’avais rien fait. Tu n’avais pu rien faire. Et là, c’était pareil. Bien que beaucoup de choses différaient dans l’histoire, le résultat était le même : tu n’avais rien pu faire. Et tout étais de ta faute. T’étais certain que tout était de ta faute, que tu aurais pu arranger les choses. Mais non. Elle était partie, tout simplement. Retourner à son petit train train quotidien, sans que rien ne change. A cause de toi. Alors non, tu ne regardes plus Monroe. T’en as pas vraiment la force, t’en as pas vraiment envie. Parce que ton regard n’est sûrement plus le même, maintenant qu’elle t’avait fait penser à tout ça. A tout ce que tu avais fait. « Va-t’en. » te contentes-tu de dire un peu sèchement, sachant pertinemment qu’elle ne partirait sûrement pas. De toute manière, elle faisait sûrement la même chose avec tout le monde. T’en avais eu la preuve dans cette interview de Cosmas au prime dernier. C’était sans importance, mais bon. Et puis elle finit par passer ses mains sous ton t-shirt, et tu recules légèrement. Pourtant pas assez pour émettre une rupture de contact entre ses mains et ta peau. « Tu peux détester la Terre entière, rentrer dans une colère noire, me repousser, détruire tout ça, te blesser davantage que ça ne changera rien alors à quoi bon ?» Ca fait maintenant quelques secondes que t’as reposé ton regard sur elle. Tu secoues la tête. Elle ne savait pas de quoi elle parlait. Non, elle ne savait rien. alors elle ne pouvait rien dire. « Tu ne comprends pas.. » Tu secoues la tête, encore, doucement. Elle ne pouvait pas comprendre, c’était évident. Même toi, tu avais du mal à comprendre, alors elle… M’enfin. Tout ce que tu savais, c’était qu’Opaline ne méritait pas ça. Que personne ne le méritait. T’étais en colère, et t’avais bien envie de frapper contre ce sac. Mais ton poignet ne le permettait plus, maintenant qu’il avait légèrement enflé. Alors tu restes là, plutôt proche de Monroe, à te ressasser tout ces trucs que tu avais faits. Toutes ces mauvaises choses.

Spoiler:

Je me doute bien qu'on ne doit pas se précipiter pour lui venir le consoler quand quelque chose va mal, j'imagine qu'on ne doit pas non plus être là pour lui. Parce qu'il ne donne pas vraiment envie qu'on aille vers lui. Il s'arrange toujours pour qu'on croit qu'il est mauvais. Et franchement je m'en fous. C'est pas son regard noir, sa colère palpable ou sa façon de frapper dans ce sac qui va me pousser vers la sortie. J'suis assez têtue, et en général je ne suis pas du genre à abandonner les gens auxquels je tiens. Et bizarrement, je tiens énormément à lui, plus que je ne l'aurais pensé, j'vais pas l'avouer à qui que ce soit. Evidemment il secoue la tête lorsque je lui demande si quelqu'un l'a déjà fait pour lui, tenter de le consoler. « Ne fais pas ça… » Evidemment que je vais le faire, je ne réponds pas ça ne sert à rien, je me rapproche de lui et ça suffit je présume, ça suffit à lui faire comprendre que je ne comptais pas partir. J'ai l'impression que notre proximité le mettrais presque mal à la l'aise, c'est bizarre, pourtant je ne bouge pas. J'suis obligée de poser mes mains sur lui, j'suis incapable de ne pas le toucher. Incapable. Comme je suis incapable de ne pas le regarder. Je lui parle, j'essaye de... J'en sais rien, j'aimerais bien qu'il comprenne que ce n'est pas de sa faute puisque ce n'est pas de sa faute, ce n'est pas lui qui l'a foutu là dedans, et pourtant il détourne le regard, j'suis assez troublée. Comme si j'avais dit la chose de trop comme si je me trompais alors que non, ce n'est pas de sa faute. Je reste silencieuse du coup parce que je ne sais pas quoi dire, je n'ai pas envie qu'il s'énerve, j'ai vraiment envie qu'il se calme un peu, qu'il arrête de se sentir responsable de ça. Il n'y a pas de raisons. « Va-t’en. » Et voilà. Je soupire. Comme si j'allais partir. N'importe quoi. « Non. Je reste. Je ne peux pas te laisser c'est hors de question.   » Non je reste, je ne peux pas partir, c'est impensable, je ne peux pas, j'en suis incapable de toute façon, incapable de le laisser. C'est sans doute pour ça que je ne peux pas m'empêcher de glisser ses mains sous son t-shirt, pour le sentir un peu plus sauf qu'il recule légèrement mais pas assez pour m'empêcher de le toucher encore. Il a reposé ses yeux sur moi quand je lui ai dit que ça ne servirait à rien de continuer d'être en colère, certes elle n'était plus là, elle allait peut être risquer sa vie, c'était triste, mais ce n'est pas de sa faute. Il n'a rien fait, au contraire, il a voulu l'aider. « Tu ne comprends pas.. » J'en ai bien l'impression. Oui, ça j'avais compris. Je retire l'une de mes mains de sa taille pour aller effleurer légèrement sa joue. « Explique moi alors...   » Je me redresse légèrement pour déposer un baiser sur sa joue. Je sais qu'il ne faut pas que je rêve mais bon, j'aimerais bien savoir vraiment pour comprendre, le comprendre pour pouvoir être en mesure de pouvoir l'aider. « Laisse moi être là pour toi Sandro.   » Et là bizarrement je me m'attends à me faire refouler, mais bon c'est pas grave, c'est pas comme si j'allais partir pour autant. Je laisse glisser mes doigts sur son torse assez distraitement, ma main retourne sa place sur sa hanche. Je n'arrive pas à quitter ses yeux, je le sens mal et du coup ça me fait super mal aussi mais je ne laisse rien transparaître dans mon regard, je n'ai pas envie qu'il pense que j'ai pitié ou je ne sais quelle autre connerie. Parce que ce n'est pas le cas. Déjà que j'suis super douce, j'imagine que c'est déjà trop. J'en sais rien, je me vois mal m'énerver en fait.

Spoiler:

Rien ni personne ne pourrait te faire changer d’avis. Tu restais convaincu du fait que tu aurais pu faire quelque chose. Mais que tu n’avais rien fait. Et c’était inadmissible. Et tu t’en voulais. Evidemment que tu t’en voulais. T’étais en colère contre toi-même, et aussi contre le monde entier. Alors Monroe pouvait dire tout ce qu’elle voulait, ça ne changerait rien. Tu te sentais coupable, et tu avais pour seule envie de cogner tout ce qui bougeait. C’était ta seule manière d’extérioriser tes sentiments, puisque tu n’étais pas doué pour parler. Tu n’aimais pas ça. Depuis quelques années tu préférais rester seul, tranquille. Tu n’aimais pas les gens. Tu n’aimais pas leur fausseté, ou encore leur compassion. Mais t’as tout de même arrêté de regarder Monroe dans les yeux. C’est sûrement la première fois. « Non. Je reste. Je ne peux pas te laisser c'est hors de question. » Pourquoi ? Pourquoi est-ce qu’elle faisait ça ? Tu ne prends pas la peine de poser la question, parce que t’es certain qu’elle va te répondre une connerie du genre elle est amoureuse de toi, ou quelque chose comme ça. Parce que bon, elle avait beau dire ça, ça ne t’avançait pas sur le pourquoi du comment elle restait là, et pourquoi elle était aussi obstinée à vouloir te rendre mieux. Parce qu’à coup sûr, elle n’y arriverait pas. Elle devrait se contenter d’abandonner, comme n’importe qui aurait fait. A croire qu’elle n’était pas n’importe qui. Et puis, elle avait forcement mieux à faire. Il y avait un tas d’autres candidats, et il avait fallu qu’elle choisisse de venir te voir toi. Tu secoues doucement la tête de droite à gauche, montrant en gros ton désaccord avec le fait qu’elle soit là. Non, elle ne pouvait pas comprendre. C’était impossible. Pourtant, tu la laisses faire ; tu la laisses te toucher et tout. Et tu n’as même aucune réelle réaction lorsqu’elle te caresse la joue. « Explique moi alors...   » Mais oui, bien sûr. Et si vous vous posiez autour d’une table ; et que tu lui expliquais toutes les horribles choses que tu avais faites ? Ça t’aiderait beaucoup, dis-donc. Ou pas. Et puis elle accompagne ses paroles d’un bisou sur ta joue. Tiens donc. Encore une fois, tu te contentes de garder ton regard dans le sien, sans grande réaction. Tu ne la touches même pas. « Laisse tomber, Monroe… » Parce qu’il en faudrait vraiment beaucoup pour que tu lui dises quoi que ce soit. Ou vraiment saoul. Mais même saoul, tu n’étais pas sûr que tu irais dire ce genre de choses. C’était bien trop douloureux à dire. « Laisse-moi être là pour toi Sandro. » Pourquoi ? Pourquoi est-ce que tu ferais ça ? Pourquoi même, est-ce qu’elle voulait être là ? Même après l’avoir autant rembarré, elle revenait à l’attaque. Et tu ne comprenais vraiment pas. Où était son intérêt dans tout ça ? Tu ne cesses pas de la regarder, essayant de dissimuler ton incompréhension. T’es toujours aussi en colère, rien ne change. Après t’être massé une énième fois le poignet, tu finis par poser ta main non endommagée sur la hanche de Monroe. Juste comme ça, tu ne sais pas trop pourquoi. « C’était quoi, ton plus grand rêve ? » Comment ça, tu changeais le sujet de la conversation ? Et bien oui. C’était le seul moyen pour que vous arrêtiez de parler de ça. D’Opaline, du fait que tu sois mal et en colère. Et puis, l’écouter parler pour dire tu ne sais quoi t’aiderais à ne plus y penser. Ça te changerait les idées. Sûrement. Tu ne savais pas trop. Peut-être que tu aurais dû te taire, en fait. Ça serait vraiment mieux si elle décidait de partir, t’étais mieux seul. T’étais toujours mieux seul. Surtout dans ces moments-là. Pourtant, ta main est toujours sur le creux de son rein.

Bien sûr que je pourrais partir, je pourrais le laisser dans sa merde, j'pourrais l'ignorer faire comme si ça me touchait pas. Après tout j'pourrais faire comme les autres, le prendre pour un gros con et ne pas chercher à le comprendre. J'pourrais, oh bah oui, mais je ne vais pas le faire parce que je ne suis pas du genre à abandonner aussi facilement. Certes je me heurte à un mur énorme mais peu importe. J'crois qu'au fond ça me plait, j'vois pas pourquoi j'resterais là sinon. Surtout que j'ai pas envie de le changer, il est comme ça et c'est tout, j'accepterais pas qu'on essaye de me changer alors non. Bon évidemment j'aimerais bien qu'il me parle parce que j'suis certaine qu'il se sentirait mieux après, pas sur le coup c'est certain mais il ne peut pas tout garder c'est impossible. Honnêtement j'aime pas le voir comme ça, il a l'air tellement, j'sais pas, vulnérable, il est super passif quand je le touche alors que j'suis super douce, j'suis presque sûre que je pourrais lui faire un câlin qu'il ne réagirait pas. Enfin j'tente pas il est suffisamment en colère pour ne pas en faire davantage. « Laisse tomber, Monroe… » Oui laisser tomber, c'est tellement plus simple. J'vais laisser tomber pour l'instant, mais pas pour toujours. Non j'ai bien envie de le faire parler, quitte à le faire chier. Je lève les yeux au ciel. « Tu m'emmerdes Sandro, vraiment. » Non mais vraiment, c'est sans doute pour ça que je me rapproche un peu plus de lui, il m'emmerde alors je me colle à lui, c'est logique, oui évidemment. On dirait qu'il ne comprend pas trop pourquoi j'agis comme ça quand je lui dis de ma laisser être là, mais pourtant évident. Si j'suis là c'est parce que je n'ai pas de raison d'être ailleurs, parce que je n'ai pas envie d'être ailleurs aussi. Surtout. C'est pas compliqué à comprendre. Il pose sa main sur ma hanche finalement et ça me fait sourire. Tiens. « C’était quoi, ton plus grand rêve ? » Quoi ? J'crois qu'il pourra lire de l'étonnement dans mon regard puisque on se regarde sans cesse. J'suis étonnée, j'suis presque sûre qu'il s'en fout de la réponse et j'ai bien envie de le lui dire. Mais d'un côté j'imagine qu'il me pose la question pour que j'arrête de le faire chier et si ça peut j'sais pas, détourner ses pensées d'Opaline un instant pourquoi pas. « Je rêve que tu me fasses confiance, que... bon d'accord plus sérieusement. J'en sais rien. J'voulais être journaliste, une vraie journaliste spécialisée dans la musique et qu'on me juge sur mon travail et pas parce que j'ai un père connu... » J'aurais pu lui raconter de la merde, ou un truc un peu stupide genre, la paix dans le monde. sauf que je lui confie un truc que je n'ai jamais dit à personne. Au fond j'vis bien le fait d'être une fille de, c'est pas le problème, de toute façon je n'ai pas trop le choix, mais bon, bref. Je me redresse légèrement pour attendre ses lèvres, je lui vole un baiser, un baiser assez tendre pour une fois. Je me détache sans pour autant me reculer énormément. « Qu'est-ce que tu aurais voulu faire si tu n'avais pas été soldat ? » Je demande, après tout, j'ai répondu, j'essaye de changer de sujet, j'sais pas, il ne répondra pas s'il ne veut pas de toute façon donc on sait jamais, peut être qu'il répondra. Ouais, bon c'est beau de rêver.

Depuis plusieurs semaines tu avais beau avoir essayé plusieurs méthodes, rien n’y faisait. Monroe ne partait pas, quoi que tu dises. Et au fond, vraiment tout au fond, sans savoir pourquoi, tu ne faisais pas réellement ton maximum pour qu’elle s’en aille. Comme si tu aimais bien sa présence, au final. Sauf que… non, c’était tout bonnement impossible. Oui, vraiment impossible. Tu aimais être seul, toi, c’était comme ça. Tu ne pouvais pas apprécier la présence de quelqu’un, même pas un tout petit peu. Non, non. Alors oui, ça serait mieux si elle partait. Si elle te laissait seul, toi et tes pensées. Toi et ta colère. Parce que cette colère, elle ne partait pas. Tu savais que tu aurais pu faire quelque chose, c’était évident. Tu aurais dû faire quelque chose. C’était de ta faute. Et personne ne pourrait te convaincre du contraire. « Tu m'emmerdes Sandro, vraiment. » Bah tiens. C’était elle qui venait te déranger, mais c’était toi qui l’emmerdais ? Logique. Très logique, bien sûr. Et puis Monroe commence à se coller un peu plus à toi, et tu ne la repousses pas vraiment, tu te contentes de la regarder. « Si tu n’es pas contente, tu peux toujours partir. » que tu annonces, dans une dernière tentative de la voir s’en aller. Mais tu savais que de toute manière, ça ne marcherait pas. Alors comme tu savais que quoi que tu fasses, elle resterait là à essayer de te faire parler, tu lui poses une question qui n’a rien avoir avec tout ça. Avec Opaline, avec le fait que rien n’aurait changé pour elle, entre son entrée et sa sortie de jeu. Et avec le fait que tout ça te mettait hors de toi. Alors oui, tu lui poses une question qui n’a rien avoir, alors que, soyons franc, ce n’était vraiment pas ton genre, de poser des questions. Tout simplement parce que la plupart du temps, t’en avais rien à foutre des réponses. Et puis, elle a bien l’air de le comprendre, Monroe, vu son air. Mais qu’importe. « Je rêve que tu me fasses confiance, que... bon d'accord plus sérieusement. J'en sais rien. J'voulais être journaliste, une vraie journaliste spécialisée dans la musique et qu'on me juge sur mon travail et pas parce que j'ai un père connu... » Mais bizarrement, tu l’écoutes, sa réponse. Ce n’est pas dans tes habitues, certes, mais tu écoutes tout de même. Tu ne peux pas t’empêcher de lever les yeux au ciel à la première partie de sa phrase, parce que c’était plutôt impossible. Tu ne faisais personne à confiance, même pas à toi-même. Alors bon, c’était plutôt impossible que tu lui fasses confiance à elle. « C’est qui ton père ? » que tu demandes tout simplement. Même si t’étais quasiment certain de ne pas le connaître. Tu étais français, elle était américaine. Les gens étaient connus pour n’importe quoi, aux états unis. Et puis, les médias, tout ça, tu ne suivais jamais, alors bon. Et puis elle t’embrasse. Et tu ne sais pas vraiment ce qui te prends, mais tu lui rends ce baiser, de la même manière. C’est-à-dire avec douceur. Ce n’était pas ton genre, et tu n’aurais sûrement pas dû. Mais bon, c’était trop tard maintenant. « Qu'est-ce que tu aurais voulu faire si tu n'avais pas été soldat ? » Tu arques un sourcil, tu ne cesses pas de la regarder, ta main et toujours sur le creux de son rein. Tu hausses un peu les épaules, tu ne sais pas si tu devrais vraiment répondre, parce que c’est un peu ridicule. Tu t’étais, à la base, enrôlé dans l’armée seulement pour suivre ton meilleur ami, et ne pas être séparé. Meilleur ami qui était maintenant six pieds sous terre… « J’aurai voulu faire un truc dans le dessin.. » Idiot, non ? Faire des études d’art à Pars, quel cliché. Mais ce n’était pas de ta faute, tu aimais dessiner. Les portraits, tout particulièrement. Tu faisais le portrait de toutes les personnes que tu rencontrais. Enfin, c’était avant. Parce que maintenant, c’était vraiment rare que tu te poses avec un stylo et du papier. Tout simplement parce que tu dessinais tout naturellement des visages que tu ne voulais plus voir. Que tu ne pouvais plus voir.

« Si tu n’es pas contente, tu peux toujours partir. » Je lève les yeux au ciel mais souris néanmoins. Oui bien sûre c'est beau de rêver. Je ne réponds pas ce n'est pas nécessaire de toute façon je me rapproche il va bien comprendre que je ne compte pas partir. De toute façon il me dit de partir mais n'est pas franchement convainquant je ne dis pas que ça changerait quoi que ce soit mais je l'ai vu plus déterminé à me voir me barrer. Certes il a bien vu que ses tentatives étaient vaines mais bon. Je commence a croire que j'aime ça qu'il le dise tout le temps de dégager. De toute façon au fond je pense que ça me ferait chier qu'il doit docile ça finit toujours par m'emmerder. Et puis l'avantage c'est que comme il ne l'est pas il y a une marge quand même importante. Contre toute attente il me pose une question, sur moi une question personnelle et je dois dire que ça me déroute légèrement. Je réponds tout de même parce que je ne vois pas pourquoi je garderais le silence. J'aime parler moi, de moi moins bizarrement mais a lui ça ne me dérange pas tellement. Certes tout le monde va entendre mais je m'en contre fiche. Je ne sais pas trop s'il écoute mais il me regarde toujours. Peu importe de toute façon. « C’est qui ton père ? » Je souris, un large sourire et il ne va sans doute pas comprendre pourquoi. Je ne sais pas si j'ai envie de répondre. Je n'ai pas voulu le dire à Sun-Hi alors certes c'est différent mais bon, de toute façon peut être qu'il ne le connait pas, alors bon j'en ai déjà parlé en plus, mais bon.  « Le leader et chanteur d'un groupe de hard rock.  » Après tout il ne m'a demandé comment s'appelait mon père. Ce qui explique que c'est chiant pour bosser dans la musique, obligatoirement t'as une étiquette, alors certes j'aime plus le rock que le reste, et j'vais pas travailler pour un magazine de hip-hip mais bon. Enfin bref, je hausse légèrement les épaules, c'est rien d'important. Et il me prend subitement l'envie de l'embrasser, un baiser tellement inhabituel puisque c'est super tendre, et aussi étrange que cela puisse paraître il y répond. C'est super agréable. Et puis à mon tour je lui demande ce qu'il aurait fait s'il n'avait pas été soldat. Je ne m'attends tellement à ce qu'il me réponde mais il le fait. « J’aurai voulu faire un truc dans le dessin.. » Ah oui ? Il n'a tellement pas le profil, c'est étrange. J'suis assez surprise mais dans le bon sens, j'savais bien que ce n'était pas qu'un gros con arrogant. Enfin ça je le savais mais... « Qu'est-ce que tu dessines ? Tu crois que je pourrais voir ? » On me donne un peu, je tente d'en obtenir encore un peu plus. Qui ne tente rien n'a rien. J'sais pas s'il est toujours en colère, j'imagine que oui. J'imagine que ça n'a rien changé, j'en sais rien. J'aime être avec lui, c'est dingue, c'est perturbant, j'ai l'habitude de m'attacher aux gens, j'suis sociable mais en général pas de cette façon mais Sandro n'est pas vraiment comme tout le monde. « Ça va ton poignet ? » Je finis par demander au bout de quelques minutes.