Mercredi c'est le jour de la lessive. J'suis triste aujourd'hui parce que d'habitude ça me fait un peu chier de faire la lessive, j'en ai toujours plein, j'attends toujours au dernier moment et c'est la merde, sauf que là je n'ai que mes fringues, c'est nul, et forcément y'en a moins que d'habitude, même si d'habitude mes fringues sont le plus gros du truc. Enfin j'suis un peu dans la merde aujourd'hui parce que d'habitude je retire mes fringues et je mets tout dans le tambour et j'enfile la plupart du temps un t-shirt de Sandro, forcément hein. Bon du coup j'vais garder mon t-shirt des Guns sur moi, il est un peu troué, enfin non, il est même plutôt carrément découpé sur tout le bas, c'est moi. Mais bon en même temps j'peux avoir dix milles t-shirt comme celui là alors je customise et tout. Bref, je garde mon short du coup, tant pis je le laverais la prochaine fois, ou alors je le laverais chez moi. Tout dépend des résultats. Bref. J'enfourne le tout dans le truc, je fous la lessive, et je mets en marche. Je m'installe sur les sèches linges face à l'extérieur, je mets mon Ipod en route, et me voilà parée. Use your illusion, c'est parfait pour une lessive, en plus j'ai apporté de la glace avec moi. Cookie dough. Yummy. Je mange ma glace et aux premières notes de don't cry, je me mets à pleurer justement. Saloperie de chanson tiens. Et forcément c'est à ce moment là que Cosmas choisit pour rentrer. Forcément. « Ce n'est absolument pas ce que tu crois. J'ai une poussière dans l’œil.  Je pleure pas. Bon peut être que je pleurais, mais c'est la voix de mon père, ça m'émeut. Et la glace c'est parce qu'il fait chaud, pas parce que je déprime. Absolument pas.   » Il n'a rien dit et alors ? Non mais je les connais les gens, un pot de glace, une chanson triste, des larmes et hop on s'imagine des trucs, mais ce n'est pas ça du tout. Vraiment pas. Bon peut être un peu, mais ça arrive un coup de moue. Et on s'en fout. « Il faut absolument que tu me dises ce qu'il se passe avec Jaileen. T'as embrassé Jaileen. T'as embrassé Jaileen ! Jaileen quoi ! J'savais bien que c'était du flan votre embrouille. T'as embrassé Jaileen putain ...   » J'arrive pas du tout à y croire, j'suis sur le cul c'est pour ça que je le repète plusieurs fois.

Après avoir vu Jaileen, ce matin, je me dirige vers la laverie. J'aimerais bien rentrer avec du linge propre dans ma valise, en fait, accessoirement. Je rentre donc dans l'endroit muni de machines à laver avant d'en mettre une en route, me demandant comment je pourrais tuer le temps, le temps que mes fringues tournent et soient tout propres, tout bon-odorants ... Et c'est là que je vois ... Un corps, qui me tourne le dos. Je n'ai pas besoin de le dévisager trop longtemps pour savoir qu'il s'agit du dos de Monroe. Je commence à la connaitre par coeur, elle. Comme si c'était ma femme, ou ma soeur, enfin, ouais. Une femme que je vois tous les jours, quoi, ce qui n'est pas faux, depuis onze semaines, environ. Elle se retourne alors, parle. Elle parle de ... Je ne sais trop quoi. Ne pas pleurer. Pleurer, mais c'est pas ce qu'on croit. Tout ce que j'en retiens, de son petit speech, c'est qu'elle pleure, moi. Je n'avais rien vu, mais elle éprouve le besoin de se justifier avant même que je ne lui pose la moindre question. Je pense que ça, c'est assez explicite en soi. Je me demande, par contre, si ça a quelque chose à voir avec le départ de Sandro. Non. J'en suis persuadé, plutôt. C'est ... inné. Une impression de déjà vu. Je ne pleurais pas après le départ d'Odessa, quand même pas, ni après celui d'Hadatt ... Mais j'ai senti le vide, tout comme elle doit le sentir là. Je m'approche donc d'elle, je pose une main sur son épaule, et je la tapote, doucement. J'ai envie de la prendre dans mes bras, aussi, donc je le fais. Je dois juste la porter, un peu, pour la tourner vers moi, mais bon, ça va. Elle est relativement légère, par rapport à tout ce que j'ai déjà pu porter, par le passé. Je suis paisible, mais elle non. Elle s'excite, à propos de ce qui s'est passé avec Jaileen. Je crois qu'elle ne comprend pas. Comment lui dire que moi non plus ?

- Je ... Je suis tout aussi surpris que toi, si ça a de la valeur. Je lui avoue alors, dans un sourire. Je ne sais pas trop quoi dire. Je crois que je suis un peu gêné, en fait.

J'sais pas pourquoi je vide mon sac à propos de mes larmes, de la glace parce qu'il n'a rien demandé. Et c'est Cosmas alors il n'aurait sans doute rien demandé, mais bon voilà c'est trop tard. C'est juste que bon, j'suis toute seule, je fais la lessive et voilà y'a une toute petite garce de larme qui coule juste au moment où il se pointe. Je suis faible alors voilà j'éprouve le besoin de me justifier. Je ne le fais jamais d'habitude, je m'en fous totalement qu'on me surprenne ou non mais j'veux pas qu'on me prenne pour une pleurnicharde. Je ne suis pas une pleurnicharde, j'ai juste eu un moment de moins bien, il n'est pas parti depuis si longtemps alors je ne me suis pas encore habituée, enfin peu importe. Il me tape l'épaule et me prends dans ses bras pour le faire un petit câlin. C'est agréable. Je m'agrippe un peu à ses épaules juste pour profiter de l'étreinte parce que ça fait un bien fou et ensuite et bien je me mets à péter un plomb à propos de Jaileen. Au prime ça m'avait choqué, évidement mais j'avais l'esprit obnubilé par les résultats et tout, et puis là il est là, seul c'est l'occasion où jamais j'ai envie de dire. - Je ... Je suis tout aussi surpris que toi, si ça a de la valeur. Il a l'air tout gêné, il est mignon. Je souris et je me sers à nouveau contre lui.  « Mais pourquoi t'as fait ça ? T'éprouves un truc pour elle ou c'était plutôt une pulsion animale ?   » Ouais un truc qui vous prend, que vous ne pouvez pas contrôler, tout ça. Parce que bon, on ne peut pas dire qu'ils aient eu des relations ... amicales jusque là.

Je n'ai pas l'habitude de pleurer, mais encore moins d'en voir d'autres pleurer. Je crois qu'Anna a pleuré ... Deux fois, en ma présence. Une fois lorsqu'elle a appris que sa mère était décédée. La deuxième ... Par ma faute. Je n'en suis pas fier, et je ne compte pas m'étaler sur le sujet plus longtemps que cela, par ailleurs. Toujours est-il qu'il faut respecter les larmes d'autrui ... Et surtout, qu'il ne faut pas y accorder trop d'importance. Leurs histoires ne me regardent pas, et inversement. Et c'est mieux ainsi, je pense. C'est toujours mieux ainsi. Je me contente d'enlacer Monroe. Quelque part, je tiens à elle. C'est étrange, vu que, tout compte fait, on ne se connait pas tant que cela ... Et pourtant, j'ai comme l'impression de la connaitre depuis toujours. Si on en oublie les quelques baisers programmés par Cupidon, nous avons une relation fusionnelle, plus saine que les relations passionnées que j'ai pu connaitre avec mes conquêtes. C'est comme une amie. Une très bonne amie que je connais depuis tellement longtemps que, malgré certains écarts, je ne pourrais imaginer dans mon lit. On parle alors de Jaileen. Elle, par contre, ça ne me gênerait pas de l'avoir dans mon lit, je crois, mais passons ... Je lui dis ne pas savoir pourquoi l'avoir embrassée. J'ai dit pareil à Jaileen, d'ailleurs, quelques heures auparavant. Monroe ne semble pas satisfaite de ma réponse. Elle m'interroge. Elle me demande ... Pourquoi j'ai fait ça. Qu'est-ce que j'en sais, moi ? Je lui souris, énigmatique, avant de lui déclarer, dans le plus grand des calmes :

- Disons juste que ... Ça semblait être la chose à faire, dans ce lot de circonstances. Je ne pense pas que je le ferais autrement si j'en avais l'occasion à nouveau, d'ailleurs.

Cosmas est entré au moment où il ne faut pas, j'ai contenu ma tristesse toute la journée et il faut que ça tomber maintenant. C'est sans doute ce moment qui sera diffusé à la quotidienne et non les moments de joie intense, ouais enfin peut être pas intense. L'avantage avec Cosmas c'est qu'il n'est pas intrusif. J'vais pas dire qu'il s'en fout parce qu'il ne m'aurait pas enlacé sinon mais il ne pose pas de questions, et c'est ce que j'aime chez lui. Un câlin de réconfort c'est précisément ce qu'il me faut à vrai dire, je ne demande rien de plus. Je ne demande rien en fait mais c'est très bien et je le remercie pour ça. Enfin tacitement parce que ça ne sert à rien de le faire à voix haute. Il le sait. Enfin j'imagine, non mais oui. J'apprécie beaucoup Cosmas, pour ça et pour tout un tas d'autres choses à vrai dire. En tout cas moi je suis beaucoup plus intrusive parce que ça ne me pose la moindre problème de lui parler du baiser avec Jaileen alors qu'il doit en avoir plein le cul qu'on lui rabâche, mais bon d'un côté j'aimerais bien comprendre. Je les ai vu évoluer ces deux là, je les ai vu s'embrouiller, et là, enfin étrange. - Disons juste que ... Ça semblait être la chose à faire, dans ce lot de circonstances. Je ne pense pas que je le ferais autrement si j'en avais l'occasion à nouveau, d'ailleurs. Hum hum, la chose à faire. Ouais. Bizarre. Surtout qu'il me dit qu'il recommencerait si c'était à refaire Tiens donc. « Je comprends mieux que tu me parlais d'Odessa la semaine dernière. Elle te plait ? Jaileen, pas Odessa. Désolée, tu peux le dire si je te fais chier, moi je te le dirais si tu me faisais chier, c'est simplement... étrange. Et Odessa est mon amie, Jaileen, c'est Jaileen, m'enfin, bref. Laisse tomber, je me tais.   » Ouais c'est mieux si je me tais en fait, c'est super bizarre tout ça.

Je ne pose pas de questions, parce que ce n'est pas à moi de le faire. Si elle veut parler, elle le fera. Je crois que mon étreinte la rassure. Je crois qu'elle a simplement besoin d'un peu de soutien ... De se sentir entourée. Aimée, quelque part, mais pas dans le même style qu'aimée par Sandro. Elle a juste besoin d'un peu de réconfort, quoi. Néanmoins, je ne comprends pas tant pourquoi elle est aussi triste que cela. Elle le retrouvera dans une ou deux semaines ... Non ? Elle me parle alors ... D'Odessa. De ce que je lui avais dit sur Odessa. Je ne suis pas vraiment sûr de comprendre où elle veut en venir. Il faut dire que je ne me rappelle pas exactement de mes mots à son égard. Mais il ne me semble pas avoir dit, un jour, ne serait-ce qu'une fois, qu'Odessa ne me plaisait pas, ou plus, car c'est faux. Si je devais choisir entre Jaileen et Odessa, à coup sûr, je choisirais la rousse. C'est vers elle que mon coeur se tourne. Je n'ai pas à y penser. Je ne comprends réellement pas ce qui m'a pris, avec Jaileen. J'ai toujours été un homme fidèle, moi ... Mais il faut dire que je ne savais pas où m'en tenir avec Odessa, non plus ... Et puis, on avait fait que de s'embrasser ... Ce n'était pas comme si je lui avais fait un gosse dans le dos ... Si ? Monroe me demande cependant si Jaileen me plait. Question piège, non ?

- Physiquement ? Il faudrait être aveugle pour ne pas la trouver belle. Ne t'inquiète pas, tu ne me dérange pas, et je comprends. Je n'ai jamais voulu faire de mal à Odessa, si ça a de la valeur ... Je lui fais un petit sourire timide, mais je ne sais pas du tout à quoi m'en tenir, en réalité. Je me décide cependant à changer le sujet :

- T'écoutes quoi ?