Vautrée dans mon lit, dormant à côté de Blaise, ou plutôt Blaise dormant à moitié sur moi je me rendais bien vite compte que ce dernier avant tiré la couette d’un côté -en l’occurrence le sien- et je me retrouvais sans rien, pour changer. Une maladie ce tamagotchi. Et la maison avait beau être chauffée, là j’avais froid, et ce foutu froid qui m’avais réveillé, putain, puis je tirais la couette sur moi, regardant l’heure. 6h21. Fuck, je tentais vainement de retrouver le sommeil jusqu’à ce qu’énervée, je ne pousse Blaise et ne me lève, sorte de la chambre, faisant escale dans la salle de bain avant de me diriger vers la cuisine. Je m’y servis un café avant d’aller me poser à la table dans la salle à manger. A ma -grande- surprise, BJ y était déjà, je m’asseyais en face, non loin, d’elle en grommelant un « Bonjour »

Je ramenais mes jambes en tailleur sur la chaise, les recouvrant de mon énorme pull, serrant ensuite ma tasse entre mes mains froides. Je bus une gorgée en haussant les épaules à la réponse de Betty-Jayne. Je n’allais certainement pas assister en demandant ce qui n’allait pas blablabla, chacun ses problèmes. Point. « Super l’humeur.. » grommelais-je ensuite en portant ma tasse de nouveau à mes lèvres, plus fort que moi c’était sorti. Pourtant je comprenais que vu l'heure etc.. l'envie de parler ne pouvait pas être au rendez-vous, m'enfin.

BJ dans toute sa splendeur, enfin. Je savais bien que le rôle, le masque, de la fille joueuse et tout le temps de bonne humeur allait finir par tomber un jour. « T’as tes règles ou quoi » lâchais-je en arquant un sourcil, avant de reporter mon attention sur ma tasse. Ouais, ouais, c’était était bas et franchement nul comme remarque, je m’en rendais compte, et même à 7h j’aurais pu trouver mieux mais ça me faisais tellement rire intérieurement que je ne pourrais m’arrêter de déblatérer des conneries maintenant juste pour l'énerver un peu plus. En me levant je pensais que ma journée aurait été merdique à souhait en traînant une sale humeur mais désormais, je crois que c’est bel et bien fini. En fait, je jubilais presque de la voir ainsi, dans cet état s’entend et aussi vile que j’étais j’allais en profiter pour "m’amuser". Tout n’était que jeu ici de toute façon. Bref. Je le reconnais, c’est assez contradictoire, vu qu'elle ne m'avais rien fait etc.., et presque malsain comme attitude et façon de penser mais c’était ainsi. De plus, c’était "connu" que je n’éprouvais que rarement de la compassion pour les gens.

« Non, je suis chiante au naturel. » fis-elle la voix dénuée de tout agacement ce qui me fis d’autant plus sourire. « Heureuse de l’apprendre » répondis-je simplement en haussant les épaules portant de nouveau la tasse à mes lèvres, buvant une gorgée de café. « Et, en fait, tu comptes passer ta journée à te morfondre et à être désagréable c’est ca … vive l’utilité » constatais-je ensuite d’une voix qui se voulait comme nonchalante, narquoise sur les bords, me calant un peu plus sur le dossier de ma chaise, pensive. « Utilité » Oui, dans le sens où la demoiselle n’était ni candidate, ni je ne sais quoi, conclusion elle avait un statut franchement intéressant et privilégié: elle ne pouvait être ni nominée, ni touchée par les « règles » ou « mission » de Cupidon alors à par s’éclater tout au long du jeu, profiter, elle n‘avait rien d‘autre à faire. Par conséquent, je ne voyais même pas ce qui pourrait entraver sa bonne humeur ou la plonger dans un doute. Ce n'était qu'une humaine certes mais.. et alors. Bref.

Je voyais ses doigts se crisper subtilement presque imperceptiblement autour de sa tasse. Et j’en conclu, en fine observatrice que j’étais, qu’elle faisait preuve d’une grande force pour ne pas céder à l’énervement. Et là, demeurait toute la satisfaction et le plaisir pervers, malsain, que procurait ce petit jeu, mon petit jeu favori qu’était de pousser les gens à bout. Je pratiquais cet art depuis petite en plus, c’est pour vous dire que j’ai de l’expérience. Le pire, à mon sens, c’est qu’il n’y a aucune raison qui explique cela, pas de raison valable à cela disons. Mais passons. « Tout à fait. Je vais pourrir l’humeur de tous les candidats parce que j’ai que ça à faire. » répondit-elle avec un faux sourire aisément décelable. Et moi je vais tenter de te pousser à bout pensais-je en affichant un sourire narquois. Je n’avais pourtant rien contre la demoiselle, c’était un simple concours de circonstance : elle était juste là au mauvais endroit au mauvais moment. « Rusty, si tu as quelque chose à me dire, dis-le tout de suite et avec franchise, plutôt que de tourner autour du pot en me cherchant un peu. » ajouta-t-elle avec un air entre le sérieux et la curiosité et j’arquais un sourcil. « Moi ?! Avoir quelque chose contre toi. » répétais-je en affichant un air pseudo innocent absolument agaçant. Un sourire mutin s'étira rapidement sur mes lèvres, la situation me rappelant étrangement les nombreuses disputes que j'avais avec mon ainée. « Qu’est-ce que je pourrais avoir contre toi hein ? » fis-je ensuite un sourire aux lèvres calant ma tête sur ma main, coude posé sur la table, dévisageant la jolie blonde. Ma réponse était « rien » mais la sienne m’intéressais tout autant. « Ou alors l’inverse peut être » ajoutais-je d’un ton presque mielleux.