rp libre.


Jenni sortait à peine de la cabine pour se changer que son agent était déjà sur le coup, muni d'une série de bouteilles d'eau. Un assistant avait bien pris soin de percer chaque bouchon des bouteilles pour y glisser une paille, pour éviter que Jenni ne ruine son maquillage des lèvres en buvant.
Jenni, vingt ans, un mètre cinquante, un peu plus avec ses chaussures à talons compensés. Elle venait d'enfiler une tenue "casual" sans pour autant déroger à son contrat d'image : une jupe très courte, mais faite en tulle, qui lui donnaient l'air de se déplacer dans une grosse meringue ou un petit nuage, un tee-shirt Superman à la coupe un peu customisée pour que ce soit un peu plus féminin, des baskets blanches à plateforme compensées, des chaussettes rouges (pour le côté Superman, évidemment). Une telle tenue allait sûrement dénoter des candidats venus en jean et tee-shirt, mais Jenni était une candidate un peu... particulière.
« Ah- l'interview est enfin terminée... » fit Jenni en anglais en s'affalant sur une chaise de la loge, alors que la maquilleuse engagée par son agent se dépêchait de faire une retouche maquillage plus naturelle pour ses apparitions "de tous les jours".
L'équipe qui accompagnait Jenni était composée de trois personnes : son agent, un homme plutôt jeune vêtu d'un costume trois-pièces noir, équipé d'une oreillette Bluetooth et d'un calepin, un assistant, un garçon d'environ dix-sept ans, en jean et chemise blanche, baskets flambant neuves, et d'une insigne signée de l'agence de talents dans laquelle Jenni avait signé, et la maquilleuse, en pantalon à pinces noir et chemisier rose, transportant une valise entière de produits et outils en tous genres. Tous asiatiques, tous parlant japonais entre eux.
Les autres potentiels candidats avaient regardé l'équipe entière arriver aux studios pour les interviews d'un oeil plutôt intrigué. Ca attirait l'attention, pour sûr, mais pour tout ce qui touchait les médias publics, Jenni était obligée d'être suivie d'au moins son agent. Qui lui avait engagé un stagiaire. Et eux deux ayant été d'accord pour engager une maquilleuse pour la journée.
« Yoshiki-san, je peux avoir de l'eau ? » lança Jenni à son agent, en japonais, qui lui fit signe au stagiaire. Il tendit alors une des bouteilles à paille en s'agenouillant près de la chaise sur laquelle était assise Jenni ; question de hiérarchie. « Merci~ »
Mais leurs mains s'embrouillèrent et la bouteille manqua sa destination initiale, pour rouler et s'écraser un peu plus loin, aux pieds de plusieurs candidats dans la pièce, déversant de l'eau un peu partout...
« Ahhhhh- désolée ! »

J'avais rarement vu une réception aussi mauvaise, à part peut-être sur les pistes de trek de la Grande île, quoi que ça se valait très certainement ... bref, la réception était dans cet immeuble aussi mauvaise qu'au fond d'un gouffre, et il était étonnant que mon téléphone n'ait pas encore fait les frais de ma frustration devant cette simple constatation. Mais ça, c'était parce que j'essayais de prendre sur moi, parce que je n'avais pas envie de passer pour un homme de néandertal à peine arrivé ici ... ouais, j'étais à peu près certain que cela ferait mauvais effet, un type qui de rage balançait son téléphone contre un mur avant d'écrabouiller ce qui en resterait à l'aide de ses chaussures. Et en parlant de chaussures, je ne vous racontais même pas à quel point mes tongs me manquaient, là tout de suite. Les chaussures fermées ce n'était pas vraiment ma nature première, disons ; Là aussi, il s'agissait simplement de ne pas passer dès le départ pour un homme des cavernes. Habille toi correctement que m'avais répété Keona, comme si tu passais un entretien d'embauche, tu vois, faut faire bonne impression ... on aurait pourtant pu croire qu'étant ma soeur elle se souviendrait parfaitement que justement, je n'avais jamais passé le moindre entretien d'embauche de ma vie, mais non. De toute évidence elle était bien trop heureuse de pouvoir pour une fois me sermonner comme un gamin qui ne tenait pas en place. J'aurais bien eu envie de lui dire ma façon de penser, d'ailleurs ; Ce que j'aurais pu faire, si ce satané réseau voulait bien me faire le plaisir d'atteindre mon téléphone avant que je ne décide de le manger. « Pays de sauvages. » que j'avais marmonné entre mes dents, envoyant un regard provocateur à la candidate qui à côté de moi m'avait regardé d'un air courroucé ; Elle semblait être la seule à m'avoir entendu, de toute façon. Finalement j'avais rangé rageusement mon téléphone dans la poche de mon jean, sûr et certains qu'ils avaient installé un brouilleur et que c'était exprès pour me contrarier, rien que ça. J'avais bien envie d'aller prendre l'air, d'ailleurs c'était ce que je m'apprêtais à faire lorsque sortie de nul part une bouteille d'eau était venue rouler jusqu'à mes pieds, déversant du même coup son contenu sur mes chaussures. « Ahhhhh- désolée ! » Instinctivement j'avais relevé les yeux vers la voix à qui appartenait ce cri des plus pressé, mes pupilles se posant sur la silhouette apprêtée d'une gamine aux yeux en amandes et à l'air presque boudeur. Bref, mignonne, mais une gamine, quoi. « J'ai déjà pris une douche ce matin. Enfin, je dis ça comme ça hein. » Disant cela je m'étais baissé pour attraper la bouteille, en resserrant le bouchon avant de lever à nouveau les yeux vers sa propriétaire, jetant un instant un coup d'oeil au bonhomme tiré à quatre épingles qui semblait la suivre comme son ombre (donc c'était vraiment une gamine ? Elle n'était même pas majeure, si ça se trouve). « Tu attrapes ? » Je n'avais pourtant pas attendu sa réponse avant de renvoyer la bouteille vers sa propriétaire, laquelle n'avait plus qu'à avoir de bons réflexes si elle espérait ne pas voir son tee-shirt aussi trempé que mes chaussures.

HJ:

Un potentiel candidat, grand, costaud, et curieusement, le hasard avait voulu que lui aussi, aie les yeux bridés et les cheveux noir corbeau des asiatiques. A cela près que les cheveux de Jenni, eux, étaient légèrement décolorés et teints couleur marron glacé. Elle s'inclina plusieurs fois en guise d'excuses - réflexe culturel, en espérant qu'il comprendrait - tout en cherchant autour d'elle un mouchoir.
« Je suis vraiment désolée je suis maladroite au possible ! » ajouta-t-elle, alors que le stagiaire, étant aussi légèrement fautif, lui tendait un paquet de mouchoirs neuf. « Merci, je m'en occupe, » ajouta-t-elle au stagiaire en japonais.
Elle sortit des mouchoirs alors que le grand asiatique, la prenant par surprise, lui lançait déjà la bouteille avec un « Tu attrapes ? ». N'importe qui aurait pensé que Jenni aurait laissé s'écraser la bouteille une seconde fois, mais elle avait de très bons réflexes, contrairement à ce que les apparences pourraient laisser entrevoir. Elle mesurait peut-être un mètre cinquante et portait peut-être des robes à jupons improbables, mais elle était plutôt sportive.
« Merci, » fit-elle en saisissant parfaitement la bouteille, « je me suis même pas présentée... Jenni, enchantée » ajouta-t-elle avec un légère courbette de la tête. Son agent se précipita alors soudainement pour tendre une carte de visite, saisie des deux mains, la tête penchée en avant en signe d'humilité et de hiérarchie, mais Jenni le repoussa d'un bras d'un air courroucé, « Pas besoin de ça, Kato-san, je m'en occupe, j'ai dit... » murmura-t-elle en japonais, « Désolée, c'est mon agent, il est un peu à cheval sur le protocole » Elle haussa les épaules et eu un petit rire timide. Elle tendit alors les mouchoirs au grand asiatique avec un air un peu gêné, « Besoin de renfort ? »


(wahh c'est court, je suis rouillée XD)

J'étais ce genre de type qui pouvait avoir envie de piétiner son téléphone de colère simplement parce qu'il ne captait pas de réseau, mais qui d'un autre côté savait rester zen même lorsqu'une bouteille d'eau arrivée d'on ne sait où venait s'écraser sur ses chaussures ; Ouais, j'étais un paradoxe à moi tout seul. « Je suis vraiment désolée je suis maladroite au possible ! » avait en tout cas bafouillé la propriétaire de la bouteille d'un air confus, et allez savoir c'était peut-être parce qu'elle me faisait penser à une gamine, particulièrement avec la manière dont elle était habillée, mais cela m'avait fait sourire « Y'a pire défaut que la maladresse. » avais-je d'ailleurs concédé dans un sourire, tandis que le type étriqué qui semblait la coller comme une sangsue assurait qu'il allait s'en occuper. S'occuper de quoi je n'en savais trop rien, mais bon. Enfin, j'avais peut-être mal compris, mon japonais à moi était un peu rouillé ... hm, bref. « Merci, » me dit-elle enfin en attrapant la bouteille au vol ; Bons réflexes, hm. « Je me suis même pas présentée ... Jenni, enchantée. » Elle m'avait même gratifié qu'une petite courbette que je trouvais des plus désuètes, à vrai dire. J'avais à peine ouvert la bouche pour répondre que déjà son ombre me mettait une carte sous le nez comme si j'étais un vendeur de tapis ou un représentant en aspirateurs, parfait. « Désolée, c'est mon agent, il est un peu à cheval sur le protocole. » Je voyais ça en effet. Néanmoins j'avais décidé de faire des efforts, alors pas la peine d'être désagréable, d'ailleurs le pauvre bougre ne faisait sans doute que son boulot ... et pour avoir deux soeurs à la maison, je savais que garder un œil sur une fille de cet âge, ça vous donnait parfois presque des cheveux blancs. « Nul besoin de s'excuser de faire son métier. » avais-je finalement répondu, tant à lui qu'à elle, bien qu'un peu hésitant sur le vocabulaire de mon japonais plus que basique, mais affichant tout de même un sourire amusé. « Et c'est Akela. Mon prénom, j'veux dire. » l'art de repasser du coq à l'âne. Examinant un instant la tâche d'humidité sur le bas de mon jean, j'avais relevé les yeux vers la dénommée Jenni au moment où sortant un paquet de mouchoirs de je ne savais où (sérieux on pouvait en cacher des trucs dans sa jupe, en fait, à moins que ce ne soit l'assistant qui lui ait filé ... enfin bref, on s'en foutait un peu de la provenance du paquet de mouchoirs de toute façon) elle me l'avait tendu en demandant « Besoin de renfort ? » et de mon côté j'avais secoué la tête à la négative, un nouveau sourire se dessinant sur mon visage tandis que je répondais pour me justifier « C'est qu'un peu d'eau, rien qui ne finira pas par sécher. » Remettant machinalement en place le col de ma veste, j'avais enfoncé les mains dans mes poches avec nonchalance avant de finalement lui demander sur le ton de la conversation « Japonaise donc, je présume ? T'es sacrément loin de chez toi. » Enfin, pas beaucoup plus loin que moi à bien y réfléchir, mais c'était une question de point de vue, quoi.

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