Par chance, à l’issue du prime de ce soir j’avais été sauvé in-extremis par Eibhlin, d’ailleurs je ne la remercierais jamais assez même si je ne comptais pas le lui faire savoir explicitement. J’étais donc apaisé et suffisamment satisfait d’avoir obtenu mon ticket pour une semaine supplémentaire que je comptais me coucher sans faire trop de chichis, d’ailleurs, cette nuit j’allais découvrir ma camarade, mon binôme et pas n’importe laquelle, Myndi. Je m’étais déjà familiarisée avec la jeune femme lors de la soirée placée sous le thème de la mafia durant laquelle nous avions pu faire plus ou moins connaissance lorsque j’avais escorté cette jeune fille jusqu’à sa prison. Mon dos s’en souvenait encore, j’entends par là que des traces de griffures persistaient bien qu’elles soient en train de se résorber. Notre couple risquait d’être haut en couleur si il était à la hauteur de notre première rencontre et j’étais donc curieux de voir comment nous allions nous comporter l’un avec l’autre à partir de maintenant, puisqu’aucune barrière ou aucun mur ne m’empêchait d’aller voir qui je voulais. Je me sentais toujours en mauvaise forme, notamment à cause du fait que je sois grippé mais je restais tout de même de bonne humeur, en arrivant dans la chambre j’avais donc retiré mon jean et mon t-shirt pour uniquement me retrouver vêtu de mon boxer, attendant Myndi, cette dernière arrivait finalement à notre lit. Je lui faisais donc remarquer, taquin. « Dis-moi, tu comptes me faire la peau pendant la nuit ? Non parce que si c’est le cas je dois me tenir prêt à te rendre la monnaie de ta pièce hein. »

Durant le prime je m’étais attendu à me situer plus bas encore dans le classement des personnes que l’on appréciait le moins, de toute manière ce n’est pas comme si j’étais venu ici pour vivre une aventure au pays des Bisounours, au contraire, je ne cherchais pas de la guimauve à gogo mais plutôt la réalité et si j’étais ici c’était pour exposer une partie de ma vie qui ne me rendait pas vraiment fière de moi mais qui m’avait permis de survivre d’une certaine manière, difficile de lire à travers cette métaphore et c’est l’une des raisons pour laquelle je me sentais si confiant à l’idée de conserver mon secret au maximum durant l’aventure, peut-être même jusqu’à mon départ qui, à en juger par ma popularité, risquait de ne pas être bien éloigné de ce jour-ci. Passons, dès ce soir j’allais donc dormir dans la chambre mille et une nuit qui rassemblait une douzaine d’entre nous, bonjour l’intimité mais je m’en doutais, comme beaucoup d’autres candidats je m’étais longuement penché sur Fake Lover à la télévision avant de songer à rejoindre moi-même le casting d’une édition. Aujourd’hui je ne regrettais pas cette décision bien entendu et j’allais donc me faire rapidement à la colocation entre Myndi et moi dans un premier temps, puisque nous partagions le même lit, mais également avec tous mes camarades qui dormaient dans la même chambre que moi, dans le lit juste à côté du mien par exemple. En voyant arriver ma colocataire je m’étais amusé à la chambrer légèrement alors que cette dernière s’était dévêtue pour pouvoir changer de tenue. « Tu ne regardes pas, attention j'te vois. » Je souriais, visiblement amusé. « Tu as des yeux derrière la tête c’est ça ? Je m’en doutais ! » Ou pas mais bon, je n’allais pas avouer que je parlais pour ne pas dire grand-chose au final. Une fois vêtue de son long t-shirt, la jeune femme s’était immédiatement élancée sur le matelas m’ayant brièvement fait rebondir. « Huuuum ... Ça dépend, mais pourquoi pas, ça peut toujours être marrant, non ? » Pas marrant pour mon dos ni pour une quelconque autre partie de mon corps. « Quitte à faire, pour que ce soit marrant je passerais moi aussi à l’attaque alors ! » J’avais des ressources, bien plus qu’elle ne pouvait l’imaginer d’ailleurs.

Je pouvais avoir le pire comportement au monde, un caractère de merde mais cela ne m’empêchait pour autant pas d’avoir un bon fond, il fallait juste que je sois suffisamment motivé pour le laisser transparaitre. Je n’aimais pas particulièrement cette partie trop « humaine » de ma personnalité, je me trouvais trop gentil et je m’attendais toujours à ce qu’on me la fasse à l’envers à la première occasion. Le passé parlait pour moi et j’avais bien trop souffert d’être rejeté par mes familles d’accueil pendant toutes ces années, je ne pouvais rien faire contre un sentiment d’abandon qui s’était développé à l’infini avec le temps et qui ne me laisserait probablement jamais en paix. Du coup, même si je plaisantais là-dessus je ne comptais pas me rincer l’œil, je n’étais pas comme ça du tout. « Ouais, j'en ai et des gros même. » Je souriais longuement avant de rajouter, toujours dans le même genre. « Et tu arrives à voir quelque chose avec autant de cheveux devant ? » Elle n’avait pas énormément de cheveux mais dans l’hypothèse ou des yeux auraient vraiment pu se développer sur le derrière de la tête alors ils n’allaient pas servir à grand-chose aurais-je envie de dire. « Ouais, on va faire des dingueries ce soir ! » Je ne savais pas de quel genre de dingueries est-ce qu’elle était en train de parler, quoi qu’il arrive j’étais à peu près capable de donner le meilleur de moi-même dans chacune des catégories sur lesquelles je pouvais m’imaginer avec le mot dinguerie. « Petite coquine va, méfies toi du loup qui dort ! » Un conseil à prendre à la rigolade mais pas trop, n’oublions pas que j’étais ce que je qualifiais moi-même d’accro au sexe, il ne m’en fallait donc pas trop pour monter en pression. « Je t'ai vraiment amoché ? Montre moi ça. » Je m’étais redressé afin de m’asseoir en tailleur sur le lit. « Tu veux juste te rincer l’œil en réalité avoues ! » Okay je la taquinais plus qu’autre chose, très sagement je m’étais retourné et allongé sur le lit afin qu’elle puisse avoir une bonne vue sur mon dos. « Tu vois l’étendue des dégâts ? »

Je m’étais amusé à longuement taquiner le fait que Myndi puisse avoir des yeux derrière la tête, nous savions l’un comme l’autre que c’était humainement impossible jusqu’à preuve du contraire mais admettons, je m’étais pris au jeu et j’avais donc posé une question toute aussi stupide que la situation actuelle. « Ouais, j'arrive à voir, je vois tout ... » Je souriais, manquant même de pouffer de rire mais cela m’aurait fait perdre en crédibilité puisque je m’apprêtais à renchérir encore un peu, histoire d’atteindre le plus haut palier de la connerie. D’un sujet à l’autre je m’étais permis de mettre en garde ma nouvelle colocataire à propos de quelques allusions sexuelles provenant de sa part, on ne sait jamais, je pouvais être tenté tôt ou tard de me manifester moi aussi et généralement je le faisais lorsque j’atteignais le point de non-retour, vous savez… Quand le désir devient plus fort que la raison ? « Oui je sais, je devrais m'en méfier plus souvent du loup qui dort, mon beau. » Je souriais amusé, devais-je comprendre qu’elle était du genre à se lancer corps et âmes dans les petits jeux auxquels nous commencions à nous adonner ? Le petite ange qu’elle semblait être à première vue n’était donc pas aussi innocent que cela ? J’étais curieux de voir cela. « Attention, tu risques de te brûler les ailes à trop faire preuve d’insouciance ! » Je ne parlais pas forcément de moi, mais on ne sait jamais, je pouvais un jour être tenté de faire quelque chose si elle me faisait du rentre-dedans hein, enfin je dis ça… Je ne dis rien ! De là elle m’avait demandé de lui montrer mes traces de griffures, ces dernières venaient d’ailleurs d’elle mais plutôt que d’accepter sans rechigner je m’étais empressé de la taquiner en lui faisant comprendre que j’avais, à plus ou moins juste titre, compris son petit manège et qu’elle cherchait juste à me mater. « J'avoue que oui, mais autant en profiter non ? » Je n’avais rien répondu, excepté si on considérait le petit rictus que je venais d’avoir comme une forme de réponse quelconque. Je m’étais donc sagement allongé sur le ventre afin qu’elle puisse avoir la meilleure vue possible sur mon dos. « Ouuuuuh ... Tu as dû avoir mal, je m'excuse encore, mais c'était marrant quand même. Je serai prête à le refaire tu sais, fait attention à toi. » Je n’avais pas vraiment ressenti la douleur dans l’adrénaline du moment, ce n’était qu’en fin de soirée que je m’étais rendu compte que les griffures étaient légèrement sanguinolentes, de là j’avais prêté un peu plus d’attention à la douleur mais pas de quoi en faire toute une histoire non plus, je m’étais habitué à ressentir bien pire que ça. « Tu serais prête à recommencer ? Tu sais… Tu n’auras pas l’effet de surprise la prochaine fois, je pourrais riposter moi aussi, d’une manière plus terrible que ça encore. » Concédais-je avec un gloussement sadique, je ne violentais pas les femmes mais ce n’était pas pour autant une raison pour ne pas rendre la pareille, je savais très bien comment m’y prendre pour la mettre K.O sans avoir à user de la moindre violence. « Ça doit te faire très mal, hein ? » Sentir ses doigts très froids sur ma peau avait entrainé une réaction physique… Non, je ne suis pas en train d’exploser les boutons de mon jean, j’ai juste un frisson qui me parcours l’intégralité du corps. « Non ça va, je devrais survivre. » L’ironie était plus que présente dans mes propos, parce que j’étais passé par tellement de choses que cette simple griffure était vraiment insignifiante à mes yeux. Pas le temps de continuer à profiter des caresses de la jeune femme sur mon dos musclé que Cupidon mettait en marche son plan diabolique en faisant retentir sa chanson favorite dans la pièce. J’allais donc devoir embrasser Myndi tout comme j’avais été obligé de le faire avec Mai-Lan la semaine dernière. La brunette était déjà parée, elle n’attendait peut-être que mon autorisation d’ailleurs ? Sans hésitations je m’étais donc rapproché afin de pouvoir lui voler un très simple baiser, ainsi je n’aurais pas d’argent en moins sur ma cagnotte. « Avoues, tu kiffes Cupidon maintenant ! »