En une semaine, t’as un peu foiré. Beaucoup, même. Ca a commencé par la roulette. Par ta faute, ta partenaire s’est retrouvée sur le banc des nominés, et honnêtement, t’aurais préféré t’y foutre toi-même. Et si ça n’avait pas été assez, t’avais pris la plus mauvaise des décisions au prime, en te déguisant en elle. Au début, t’as fait ça pour lui faire plaisir, pour lui montrer que c’était elle que tu soutenais. Sauf que t’as entendu qu’elle l’avait un peu mal pris, qu’elle t’avait trouvé trop caricatural. Tu t’sens un peu mal, et t’as envie de remonter la barre. T’as envie de faire un truc pour elle qu’elle apprécie, et t’as envie d’arrêter de passer pour un con avec tes décisions merdiques. T’as mis ta sœur à contribution, pour qu’elle la surveille toute l’après-midi. En effet, t’as besoin que Nicola reste loin de la cuisine, et encore plus loin de la cave à vin. Parce que t’as tout prévu. Tu t’es mis aux fourneaux, même si t’es pas le meilleur des cuistots. T’as jamais été trop branché cuisine mais aujourd’hui, un livre de recettes était devenu ton meilleur ami. T’es aussi allé faire un tour dans le jardin pour cueillir plusieurs roses rouges, te faisant quelques entailles aux mains à cause des épines. Les pétales, t’en as foutu un peu partout dans la cave à vins autour d’une table sur laquelle est posée une chandelle et des couverts pour deux personnes. Enfin, t’as posé une jolie robe sur votre lit, et lui as fait savoir d’aller voir dans la chambre une heure avant que le repas soit prêt, pour qu’elle ait le temps de se préparer. Finalement, 20h30, tout est prêt. La pièce pour le diner. Le repas qui est resté bien au chaud. Et toi, dans un petit costard cravate bien élégant. La porte s’ouvre, et Nicola entre. Elle est ravissante. Tu t’avances jusqu’à elle. « Avant que tu dises quoi que ce soit, j’tiens à m’excuser ! Pour la roulette, même si c’est pas ma faute. Et pour le prime, si ça t’a vexé. Alors peut être que t’aurais préféré passer cette soirée avec Cian ou Pavel, j’sais pas, mais j’tenais à faire quelque chose pour toi pour me rattraper de toutes mes boulettes. C’est bon, tu peux parler. Et dis moi que j’ai choisi la bonne robe parce que perso, j’te trouve superbe là-dedans. » Tu reprends finalement ta respiration, ayant débité toutes ses paroles sans t’arrêter.

Y’a quelque chose d’étrange. Définitivement, la journée est bizarre et je ne saurais savoir pourquoi. Déjà, Lulu-Belle ne me lâche pas une seconde et bien que je la trouve sympathique, je ne vois pas pourquoi on devrait passer toute la journée collé l’une à l’autre. C’est à peine si elle n’est pas venu aux toilettes avec moi. Et puis je n’ai pas vu mon partenaire de la journée. Pas que je le cherchais ou quoi que se soit, mais c’est un peu bizarre de ne l’avoir croisé dans un couloir ou autre. En plus, je n’ai pas pu aller à la cuisine. Non mais c’est quoi la blague ? Jusqu’à ce que je monte à la chambre et que je découvre une robe sur mon lit, avec une note. Ah c’est donc ça ? Je ne sais pas ce qui m’attend à la cave, mais j’y suis invitée. Bien. Je ne vais pas refuser, c’est certain. J’enfile donc rapidement la robe, me maquillant légèrement et laissant mes cheveux sur mes épaules, naturels. Ça ira je crois. Je me dirige donc vers le lieu du rendez-vous pour y découvrir un Antwon bien élégant, je dois l’avouer. « Waouh ! » Ouais, faut dire qu’il c’est forcé quand même pour tout ça. Et je suis expressive, je dois le démontrer. Sauf que je n’ai pas le temps de dire quoi que se soit que mon partenaire se lance déjà dans un discours. Je l’écoute attentivement, fronçant légèrement les sourcils lorsqu’il parle de Cian et Pavel. Non mais ça y est, je suis étiquetée aux deux. Bref. Je souris finalement lorsqu’il termine par un compliment sur mon apparence. « Tout d’abord, oui merci, la robe est parfaite. » Je baisse le regard rapidement sur la dite robe avant de le regarder à nouveau. « Et bien ça va, t’es pardonné, t’avais pas besoin de faire tout ça même si c’est apprécié. Je t’avoue que c’est vrai par contre, j’ai pas trop apprécié ton déguisement, en fait, je voyais pas pourquoi tu faisais ça. Mais surtout, j’avais l’impression que tu me ridiculisais, ce qui n’était pas le cas, je comprend, mais sur le coup, ça me choquait plus qu’autre chose. » J’aime mieux être honnête avec lui. Je tourne la tête vers la table, mon ventre me criant soudainement famine. « Qu’est-ce que tu nous a préparé ? » Ça sent bon.

T’espères ne pas lui avoir fait peur avec ce discours. C’est tout toi ça. Quand t’es stressé, t’as  tendance à parler énormément, à dire tout ce qui te passe par la tête même si ton discours ressemble à rien. Encore une fois, ça a pas loupé, et t’as même pas laissé Nicola en placer une. La pauvre, elle doit te prendre pour un gros dingue là. Tu reprends doucement ta respiration, et décides de la laisser s’exprimer. « Tout d’abord, oui merci, la robe est parfaite. » Ca ouais, elle est parfaite. Nicola est magnifique à l’intérieur, ses yeux ressortant encore plus dans cette tenue. Elle a de beaux yeux quand même. Tu penches un peu la tête en la regardant, avant qu’elle te sorte de ta rêverie. Ah oui, c’est vrai, faudrait peut-être qu’elle réponde à ta tirade. « Et bien ça va, t’es pardonné, t’avais pas besoin de faire tout ça même si c’est apprécié. Je t’avoue que c’est vrai par contre, j’ai pas trop apprécié ton déguisement, en fait, je voyais pas pourquoi tu faisais ça. Mais surtout, j’avais l’impression que tu me ridiculisais, ce qui n’était pas le cas, je comprend, mais sur le coup, ça me choquait plus qu’autre chose. » D’un côté, t’es rassuré, parce qu’elle te pardonne toutes tes conneries, et faut l’avouer, t’en as fait des belles en une petite semaine. D’un autre, t’es un peu dégoûté qu’elle ait eu l’impression que tu te moquais d’elle. Parce que tout ce que t’as fait, c’était clairement pas pour faire un portrait noir de ta partenaire, bien au contraire. T’avais voulu montrer que c’était elle que tu soutenais avant tout. Mais t’as foiré. Tu baisses la tête, un peu gêné. « En vrai, j’ai vraiment pas voulu te caricaturer. La discussion avec Cian, c’était juste pour le faire chier en fait. Le déguisement, j’voulais que tu vois que j’étais derrière toi et que j’te soutenais. Après, j’avoue, j’étais pas le sosie le plus convaincant, bien au contraire, j’ressemblais plus à une caricature. « Tu hausses à nouveau les épaules, et tournes ta tête vers la table, une odeur appétissante s’en échappant. « Bon j’te préviens, j’suis pas Cyril Lignac hein, mais j’me suis un peu démerdé. » Tu tends ta main vers elle en parfait gentleman pour l’accompagner jusqu’à la table, et soulèves le couvercle du plat. « Magret de canard à la clémentine et au gingembre, pommes dauphine à la patate doucet et fondue de poireaux » Et c'est là que la musique se lance. Tu regardes en l'air, puis reposes tes yeux sur ta partenaire avec un sourire un peu timide. Ouais, toi, un peu timide, va savoir. Tu poses alors doucement ta main sur sa joue et approches délicatement tes lèvres des siennes pour lui donner un tendre baiser.

« En vrai, j’ai vraiment pas voulu te caricaturer. La discussion avec Cian, c’était juste pour le faire chier en fait. Le déguisement, j’voulais que tu vois que j’étais derrière toi et que j’te soutenais. Après, j’avoue, j’étais pas le sosie le plus convaincant, bien au contraire, j’ressemblais plus à une caricature. » Non mais je comprend l’intention qu’il avait derrière la tête et c’est pour cette raison que je ne vais pas lui faire la gueule jusqu’au restant de ses jours. Mais je trouve qu’il est important de me montrer franche avec lui et de lui dire comment je me suis sentis face à cette petite surprise. Pour ce qui est de Cian et lui, je ne comprend pas pourquoi ils ne s’aiment pas, mais ce n’est pas vraiment de mes affaires et je ne compte pas m’en mêler tant qu’autre chose n’éclatera pas entre eux. « Oui, ça ressemblait plus à une caricature... Mais c’est bon, on oublie. C’était une erreur ! » Oui, on peut tourner la page, je n’y vois aucune problème et je ne lui en tiendrai pas rigueur. Je change de sujet, lui demandant ce qu’il a bien pu nous préparer, parce que... ça sent vraiment bon. « Bon j’te préviens, j’suis pas Cyril Lignac hein, mais j’me suis un peu démerdé. » Je n’ai aucune idée de qui il me parle en ce moment. « Cyril qui ? Je suis américaine han ! » Ouais, alors j’imagine que c’est un chef français, mais je ne fais qu’une déduction, je ne pourrais réellement savoir. Je me laisse entraîner vers la table en souriant. « Magret de canard à la clémentine et au gingembre, pommes dauphine à la patate doucet et fondue de poireaux » Houla, tout ça pour moi. « Ça donne l’eau à la bouche tout ça ! » Le regard brillant, je le regarde, sur le point de prendre place à table sauf que ce cher Cupidon décide d’intervenir. Rendu là, je ne suis même plus surprise, depuis deux semaines, il arrive toujours au bon moment avec sa musique celui là. Antwon n’attend pas une seconde et profite de la situation pour s’emparer de mes lèvres. Je ne vais pas le repousser, je n’en ai aucune intention. Et puis c’est le jeu. Ma main vient entourer sa nuque alors que je profite tout de même du doux baiser, me reculant finalement après un petit moment, souriant à mon partenaire. « Cupidon, il aime ça se mêler de ce qui ne le regarde pas ! » Mon rire se fait entendre dans la pièce alors je me tourne à nouveau vers la table. « Faudrait peut-être manger avant que ça ne soit froid... » Ça serait dommage, avec tout le trouble qu’il s’est donné.

« Oui, ça ressemblait plus à une caricature... Mais c’est bon, on oublie. C’était une erreur ! » Oui oublions, c’est une bien bonne idée. Les choses ont été mises au clair. Tu lui as dit tes vraies intentions lorsque tu avais enfilé ce déguisement, et elle, elle t’a fait part de son ressenti. Tu sais que tu l’as un peu blessé et aujourd’hui, t’es là pour rattraper le coup. C’est pour ça que t’as fait tout ça, pour lui faire plaisir pour une fois et pour pas qu’elle te prenne pour un mongole qui a rien dans le cerveau. Pour pas qu’elle soit déçue d’être tombée avec toi. Vous venez ensuite à parler du menu, et voilà que tu te mets à citer un chef français. Bien sur qu’elle connait pas. Y a déjà pas mal de Français qui ne le connaissent pas, alors pourquoi une américaine en saurait plus ? Bref, autant ne pas s’éterniser là-dessus et passer au repas, parce que tu commences à avoir faim quand même. Et elle aussi. Sauf que Cupidon, il veut pas vous laisser bouffer en paix. Nan, il a décidé de rendre la soirée encore plus romantique en foutant cette satanée chanson. Ce son qui t’annonce que t’es obligé d’embrasser la personne avec qui tu es sous peine de représailles. Du coup, tu te démontes pas, et tu t’approches d’elle pour s’emparer de ses lèvres. T’aurais pu lui demander si elle était ok. Mais t’es un peu impulsif comme gars, donc t’y vas. Et ça a pas l’air de lui déplaire, vu qu’elle glisse sa main derrière ta nuque, ce qui a le don de te faire frissonner. Oui, ton cou, ta nuque, c’est ton point sensible. Quand on te le touche, quand on te l’embrasse, quand on souffle dessus. Vos lèvres finissent par se détacher, et tu ouvres doucement les yeux. « Cupidon, il aime ça se mêler de ce qui ne le regarde pas ! » Pour le coup, tu vas pas t’en plaindre. « J’crois qu’il est un peu pervers sur les bords. Il doit pas avoir une vie amoureuse des plus palpitantes le pauvre. », dis-tu avec un petit rire. Elle te propose ensuite de s’installer à table, et tu la fais s’avancer vers celle-ci. En bon gentleman, tu tires la chaise pour qu’elle s’asseye. « Il manque un dernier truc. Tu préfères le rouge, le rosé ou le blanc ? », demandes-tu en t’approchant des bouteilles. Une fois sa décision prise, tu récupères une bouteille et reviens vers la table pour servir les deux verres. Tu t’installes, et lèves ton verre. « A notre premier diner en tête à tête. »