MY SIN
MY SOUL.
my sin, my soul.
20H32
Le temps passe ici d'une manière très particulière. Dans la vraie vie on ne le sens pas passer, on ne ressens pas ses effets. Ici on a conscience du temps qui passe, peut être parce qu'il existe cette échéance. Une semaine de plus passé dans le nid ça signifie aussi qu'on se rapproche de la fin. Ce n'est pas encore là, pas tout à fait. Mais faut dire que les nominations sont de plus en plus compliqué. De fortes têtes sont parties et ça laisse quand même un vide. Je n'y était pas spécialement attaché alors il est clair que ça n'influence pas mon aventure mais je n'en reste pas moins touché. Je suis malade depuis hier, j'ai donc dormis très tard et je sens que ça va mieux. Un peu de tisane, de grosses chaussette et ça va mieux. J'en ai quand même toujours la voix cassé de point de vu là ça s'arrange pas vraiment d'ailleurs. Du coup j'évite le monde, j'évite de parler parce que c'est franchement pas agréable de s'entendre parler de cette façon. Et pire encore de te faire demander de répéter ce que tu racontes toutes les cinq secondes, alors autant ne pas parler du tout. Bizarrement ça ne me dérange pas, je crois que j'en ai besoin en réalité de ce silence autour de moi de cette sérénité. Toute la journée je la passe dans cette tranquillité ambiante, je zone dans la chambre, dans le salon ou encore comme en ce moment dans la bibliothèque. Je referme mon livre le regard perdu une légère satisfaction naissant sur mes lèvres. Je viens de finir une nouvelle de Salinger et la fin me surprend, je ne m'y attendais pas. Et malgré le tragique de la situation je trouve cette chute tout à fait plaisante du fait de son caractère totalement inattendue. Je remets le livre à sa place et réserve une prochaine nouvelle pour un autre jour. Je pense que je vais aller me doucher et puis glander dans le lit avec l'ipadmachin. Sauf que ça ne va pas se passer comme prévu. Je récupère ma tasse de tisane pas encore terminé mais dont le contenu est malheureusement froid. Je souffle je vais peut être aller faire un tour dans la cuisine histoire de réchauffer tout ça. Lunette sur le nez, mes lentilles me gênant toujours lorsque je suis malade, je franchis la porte de la bibliothèque direction le couloir et est stoppé par un obstacle de taille. En effet je percute le plein fouet Orson. « Oups, pardon. » Je lui chuchote pour ne pas pousser ma voix cassée. Je lui souris comme toujours et bizarrement je n'ai plus très envie d'aller réchauffer cette satanée tisane froide. Je me recule histoire de le laisser passer tout de même. Je commence à être habitué au silence du coup je ne trouve plus rien à dire et je reste là comme une idiote.

Lundi, post prime. J'avais dormi peu, vu peu de monde. Je m'isolai volontairement. Je fuyais la foule pour ainsi dire. Ce qui n'était surprenant, étant donné mon côté solitaire. Je le faisais inconsciemment. C'est ainsi que je procédais. Je m'enfermais dans mes livres d'art, je dessinais quelques esquisses, blotti contre la fenêtre du salon et je voyais le temps passer à une allure monocorde. Il faisait beau. J'en avais profité pour une balade, une cigarette au bec, admirant la verdure et le ciel au bleu angélique. J'arpentais les couloirs à la recherche de nouvelles distractions. Lors du dîner, j'observais les allées et venues des candidats près du plan de travail où je me préparais dans mon coin un velouté aux potirons du jardin. Une fois le soupé terminé, je me retirai dans le dressing pour me changer. Je troquai ma chemise grise contre un pull noir en laine des plus ordinaires. Je repassai dans ma chambre pour venir chercher mon carnet et crayon sur la table de chevet. Je repartis. J'arrivai dans le couloir menant vers la bibliothèque lorsqu'au détour, une personne me rentra dedans. Je reconnus le minois de Judith. Un sourire amusé s'esquissa machinalement sur mes lèvres. Elle s'excusa. - Ce n'est rien., que lui rétorquai-je en agitant la main d'un geste nonchalant avant de la fourrer dans la poche de mon pantalon. Elle s'écarta un peu, se mettant en léger retrait. Ne bougeant pas d'un iota, je la dévisageais sans savoir quoi ajouter de plus. Un silence gênant s'immisçait entre nous. Je passai ma derrière ma nuque et continua à la fixer sans mot dire. Je me raclai légèrement la gorge, je repris alors la parole. - On dirait que ça s'est empiré., dis-je en parlant de son état de santé. Je la savais malade depuis hier, mais cela ne s'était pas amélioré depuis hier. Je fronçai les sourcils et baissai les yeux, découvrant une tasse entre ses mains graciles. - Eau chaude, citron et miel. Le meilleur des remèdes, énumérai-je d'un ton doux. Je repensai à un remède miracle que ma mère concoctait pour faire passer un mauvais toux. En l’occurrence dans le cas de la jeune femme, elle en aurait bien besoin. Elle devrait mieux se couvrir également. Je lui souris un instant. De nouveau, le silence. Je soupirai. Le dos de ma main vint caresser sa joue en douceur et je murmurai : - J'ai l'impression que quelque chose te tracasse depuis quelques jours. Je me trompe ? Je plantai mon regard dans le sien. Elle n'était plus la même. Elle semblait différente. Un contraste saisissant s'opérait. J'entrevoyais des nouvelles facettes de sa personne. Distraitement, je laissais mes doigts parcourir sa peau. Je ne disais plus rien. Je n'attendais plus qu'elle me réponde.

Le mutisme me va bien, enfin quelques heures, une journée tout au plus. Je sais bien que sur la longueur je vais commencer à me lasser et ça va m'énerver. Pour l'instant ça va. Je tombe nez à nez sur Orson alors que je sors tout juste de la bibliothèque. Ma maladresse ma rattrape. J'aurais presque pu renverser sur lui le contenue froid de la ma tasse. Il répond à mon sourire comme d'habitude. - Ce n'est rien. Et puis c'est le silence. Le silence complet, c'est presque gênant. Il me dévisage, je soutiens son regard et puis rien pas un mot, ni de sa part ni de la mienne. C'est assez étrange d'ailleurs, j'en viens même à chercher nerveusement le premier sujet de conversation qui me vient à l'esprit. Sauf qu'il me devance. - On dirait que ça s'est empiré. Si on veut. J'ai la gorge en feu mais j'ai beaucoup moins mal à la tête. « Je suis toujours malade après les premières pluie et ensuite le reste de l'année j'ai un santé de fer. » Je murmure pour ne pas trop pousser sur ma voix fragile. Une semaine de maladie c'est le prix que je paye pour rester en forme tout le reste de l'année. Je crois que ça se vaut non ? Ouais carrément même.  - Eau chaude, citron et miel. Le meilleur des remèdes Il ajoute en regardant ma tasse. Je lui souris. J'ai entendu parlé de ce remède mais je ne supporte pas l'acidité du citron ça me fait grincer des dents c'est super désagréable. « Je déteste le citron. » Je lui dis sur le ton de la confidence, fronçant légèrement le nez et terminant par un léger rire. Et puis c'est de nouveau le silence, gênant. Je le regarde, il me regarde. Je n'ose rien dire, je me contente de rester là sur place et d'attendre. D'ailleurs je ne sais même pas ce que j'attends réellement. Disons que je suis mieux ici qu'ailleurs alors pourquoi ne pas rester dans ce couloir juste devant l'entrée de la bibliothèque à tenter de mettre fin à ce silence gênant qui n'a pas lieu d'être. Il soupire et je souris légèrement alors que sa main vient caresser ma joue fatiguée. - J'ai l'impression que quelque chose te tracasse depuis quelques jours. Je mordille ma lèvre inférieur. Je pensais bien que quelqu'un allait finir par me demander comment je vais. Enfin ça déjà été le cas mais j'ai toujours réussis à juste éviter d'en parler même alors que je pleurais dans la salle de bain. - Je me trompe ? Il me regarde avec insistance ne quittant ma sa main de ma joue. Je soutiens son regard un instant avant de baisser les yeux timidement. Je ne lui pas pourtant, timide. Je parle facilement de moi, de ce qui m'entoure, de mes souvenir. Je reste tout de même une femme pudique qui rougis facilement lorsqu'il s'agit de parler de ses doutes, de ses angoisses. Je triture nerveusement ma bague de fiançailles. « Je me pose des questions. » Je dis du bout des lèvres en relevant la tête vers lui. « Je n'ai pas été très honnête... dans mon casting. » Je commence hésitante. « … Je, j'ai... Oliver... mon fiancé... on a pas une relation de couple très idyllique ces derniers temps. On a … juste laissé les choses …. en suspend. » Je ne sais pas ça me met un peu mal à l'aise de lui en parler comme ça. « … c'est stupide. » Je conclue rapidement décidant que finalement je n'en dirais pas plus. « Tu vas à la bibliothèque ? » Sans blague...

Elle m'avoua qu'elle était souvent malade aux premières semaines de pluie. Elle avait un santé de fer, sinon. Chose que je ne doutais absolument pas. Le meilleur moyen d'éliminer la toux, c'était de boire de l'eau chaude, agrémentée de citron et de miel. Sauf qu'elle détestait le citron. Sans doute, trop acide pour elle. - C'est noté. Je m'en souviendrais pour la prochaine fois, tiens. Je ris à sa suite avant de redevenir silencieux. Je ne pouvais mettre de mots sur ce qui était en train de se passer entre nous en cet instant. D'habitude, il n'y avait aucun réel gêne entre nous. Là, c'était différent. Mon comportement se calquait inconsciemment au sien. Je ne trouvais plus les mots. En vérité, je me faisais du soucis pour elle. Ces derniers temps, elle semblait différente, ailleurs surtout. Elle était certes malade, mais quelque chose la tracassait. J'aurai aimé savoir ce que c'était. Je comprenais le fait qu'elle soit sur la réserve sur certaines choses. J’espérais qu'elle s'ouvre à moi un peu plus. Elle me parla de son fiancé. Leur histoire battait de l'aile apparemment. Les choses entre eux étaient en quelque sorte en suspend. J'acquiesçai, compréhensif. J'étais sur le point de lui dire quelque chose que je fus interrompu par l'intervention de Cupidon. Je grimaçai un peu. Satanée musique. Je n'étais pas très confortable à l'idée de l'embrasser. Là, tout de suite. Je devais un effort. De l'argent était en jeu. J'avançai vers elle.  - Puis-je ?, murmurai-je. Je supposais que cela la générait d'une certaine façon. Cela dit, elle ne voudrait pas perdre de l'argent aussi bêtement. Ce n'était qu'une baiser après tout, me disais-je. Je pris alors les devants. Je retirai doucement les lunettes de la jeune femme. Je plongeai mon regard dans le sien pour la rassurer. Je m'approchai d'elle et levai légèrement son menton pour que ses lèvres atteignent les miennes. Je l'embrassai alors à pleine bouche sans pouvoir m'arrêter. Je me ressaisis à temps pour retrouver une certaine contenance. Je me raclai la gorge et reportai mon regard ailleurs.