On était déjà vendredi. Que ça passait vite, quand même, le temps, ici. Déjà la cinquième semaine. C'était fou de se dire ça. Cinq semaines enfermée avec des débiles à se faire épier par des gens à l'extérieur toute la journée. Et le pire - enfin le meilleur plutôt - dans tout ça, c'était qu'elle était encore là. Elle qui pensait tenir, allez, une semaine ? Peut-être deux, pas plus. Bon évidemment, ils n'étaient pas encore arrivés à la moitié du jeu mais elle trouvait que c'était déjà un beau parcours. Evidemment elle souhaitait le prolonger un peu plus, elle n'était pas folle. Même s'il fallait avouer que sa vie à l'extérieur avait parfois tendance à lui manquer un peu, à savoir les soirées sur les yachts, des mecs et des meufs à baiser un peu partout dans le monde, ce genre de trucs. Oh ici il y avait bien des gens sexy mais franchement ils n'étaient pas du même monde. C'était triste tout ça. Enfin quoi qu'il en soit, la jeune femme était sortie, un peu plus tôt dans la journée, histoire de profiter du bon temps. Enfin ça, c'était ce qu'elle avait cru. Très vite, le temps s'était recouvert et avait laissé place à quelques gouttes de pluie. Allez, trois à la seconde. C'était pas beaucoup, non. Mais pour elle, et ses cheveux ? C'était déjà beaucoup. “Ah non, hein.” fit-elle en recevant une goutte de pluie sur sa joue. “S'il pleut je pète un câble.” sérieusement ? Il pleuvait, ici ? Ah bah oui, c'était la fin d'année.. mais franchement ils étaient pas obligés de foutre de la pluie dans ce putain de dôme. “AAAAAAAAAH MES CHEVEUX !!!!!!!” cria-t-elle en courant dans le jardin. Ses cheveux. SES CHEVEUX !!!

Aujourd'hui, il prévoyait de la pluie. Et bien sûre, je n'étais pas déçu puisque les temps pluvieux étaient fréquents à Londres. Tous les jours de l'année ou presque. J'aimais les jours de pluie plus que tout. Cela me rappelait mon Angleterre natal avec une certaine nostalgie. Les après-midi orageux chez Tante Myrtle, les soupers avec la famille Eberhardt le Dimanche et les succulentes tartes de Mères en rentrant de l'école. La pluie ravivait de bons moments dans mon esprit. Appuyé contre la fenêtre du salon en buvant tranquillement mon thé, j'admirais le ciel recouvert d'un gris opaque. Il ne pleuvait pas encore. Cela n'allait pas tarder. L'occasion pour moi de faire une promenade avant que cela ne gâte pour de vrai. Je finis mon thé et m'empressai de me vêtir chaudement. Je sortis mon trench du placard que j'enfilai, puis m'armant d'un parapluie, je quittai le château. Sur le chemin, je fredonnais une mélodie quelconque. Je sentis quelques gouttes tomber sur ma main. J'entendis un cri derrière moi. Je me retournai et vis une candidate courir en ma direction, protégeant comme elle le pouvait ses cheveux peroxydés des gouttes d'eau. Je dégainai mon parapluie, puis l'ouvris et m'avançai vers elle. Je me postai à ses côtés pour qu'elle puisse se réfugier sous le parapluie. Je l'observais alors en silence avant de lui sourire poliment. Kinga, pensai-je en reconnaissant son visage. - C'est ton jour de chance, on dirait., que je dis en lui souriant toujours. Je ris légèrement et reportai mon regard sur un point imaginaire. J'étais arrivé à temps avant que la pluie, impitoyable, ne s'abatte sur elle. Et soudain, la pluie tomba, se déversant sur nous protégés sous cette parapluie. Mon sourire s'élargit alors. J'en aimais le bruit et l'odeur surtout que je ne tardai pas à humer avec une certaine satisfaction. Cela m'apaisait en quelque sorte.    

Franchement, un jour, elle allait péter un câble auprès de la production, hein. Sérieusement, de la pluie, pourquoi, quand comment, qui aime la pluie de toutes façons ? Personne ! là était le soucis ils s'amusaient à faire des trucs exprès pour faire chier les candidats. Et ils ne pensaient même pas aux cheveux de Kinga, quoi, franchement c'était dégueulasse. Elle qui avait pourtant été une candidate exemplaire tout le long. Et bien fuck hein. Du coup, la jeune femme s'était mise à courir dans tout le jardin, à la recherche d'un abri ou d'une merde dans le genre, histoire que ses cheveux n'en pâtissent pas, quoi. Franchement c'était pas gagné. À part trois quatre arbres au mètre carré ils s'étaient pas vraiment creusé la tête ces connards. Bon. Les mains toujours sur la tête, et la blonde presque en pleurs, elle se retrouva très vite sous un parapluie, tenu par un autre candidat. Orson. Elle ne le connaissait pas, mais franchement, il était devenu son candidat préféré là. Un sourire aux lèvres elle écoutait les dires de son camarade. “T'es mon sauveur, je crois. Mes cheveux, c'est toute ma vie.” enfin, il devait avoir compris, non ? C'était pour ça qu'elle n'avait pas d'amis. Ni de famille, ni de vie sentimentale, genre amour tout ça. Simplement parce que ses cheveux lui prenaient trop de tôt. Elle n'allait pas être canon et avoir une vie de famille non plus ? N'abusons pas. Enfin quoi qu'il en soit, elle ne remercierait jamais assez le gentil Orson pour lui avoir prêté son parapluie. “J'imagine que je dois te remercier, t'as une idée ?” sur la façon, elle voulait dire. Oh, elle ? Elle avait bien une idée mais bon.. HAHA. Enfin bref. Le jeune homme avait l'air d'apprécier la pluie et tout ça. Il était fou, sans doutes. Oui voilà il était fou.