La semaine allait bientôt s’achever. Ce qui voulait dire que, peut-être, celle-ci fut ma dernière au sein du nid. Ce qui veut dire que ce pourrait être aussi la dernière de Hamad. Un sourire naquit justement, lorsque je le vis entrer dans les toilettes. Finalement, mis à part quelques réflexions et quelques moqueries, je m’étais tenue à carreau avec lui. Pourtant Dieu sait si j’aurai bien balancé des tas choses sur lui, fausses ou complètement fausse. J’étais tentée, ça oui, mais ma petite conscience qui parfois fait en sorte de se montrer ma poussé à rester calme. Bah oui, ce pauvre chéri, si je commençais à m’acharner sur lui, il en deviendrait fou. Je le regardais alors traverser la pièce, toujours ce sourire satisfait sur mes lèvres. « Près à partir ? » lui lançais-je dans une œillade. Non parce que tout le monde savait qu’il allait prendre ses cliques et ses claques dimanche soir.

Si j'avais su que je croiserai Irène en faisant un tour à la pissotière ce soir-là, j'aurais sûrement fais demi-tour. Pourtant l'envie pressante me pousse à l'incommendant siège des toilettes du nid tandis que la porte de l'autre côté de la cloison se claque sur celle que je n'ai pas encore identifié. J'entends des talons qui claquent contre le carrelage, je ne m'en formalise pas et remonte ma braguette prestement avant de sortir de mon jardin secret. Je l'aperçois, elle m'aperçoit aussi puisque l'on se fixe l'espace de quelques secondes. Je sens son regard railleur sur moi. Le mien est indifférent tandis qu'avec nonchalance je m'avance devant elle, vers les lavabos. Elle m'apostrophe. Rira bien qui rira le dernier. Je me lave tranquillement les mains, prends le malin plaisir à me savonner les doigts. « La question ne se pose pas. » Qu'elle l'interprète comme elle le souhaite. Je la fusille du regard, ou plutôt fusille son reflet qui se tient dans mon dos, et soutient ces deux billes rieuses et provocatrices. Une vraie connasse. « En revanche, toi, je me demande si tu es prête à m'accompagner jusqu'au SAS. » Je poursuis, un sourire arrogant sur le visage, avant de me retourner pour aller m'essuyer les menottes. Je passe à côté d'elle, la serviette entre les doigts, sans cesser de sourire. « Il va t'en falloir du temps pour boucler tes valises, avec tous ces chiffons que tu traines depuis des semaines. » Je continu en haussant un sourcil, la jaugeant de haut en bas sans véritable gêne. Parce qu'on est quatre, que deux sortiront, et qu'elle tend à oublier qu'elle est loin d'être la favorite. Autant le sort de London est bouclé, autant néglige-t-elle que face à moi elle est sérieusement en danger.

Nous étions tout les deux sur la sellette, en plus de London et Sive. Autrement dit, j’étais sur la sellette avec trois personnes que je n’aimais pas et que je voulais voir partir. À tous les coups, l’issue finale de ces nominations, le résultat me plaira, j’en étais certaine. J’en étais certaine, parce que j’ai cette nette intuition que mon cul ne bougera pas d’ici d’aussitôt. « La question ne se pose pas. » Je laissais échapper un rire, posant mes mains sur mes hanches. Mon petit doigt me disait que Hamad était très confiant. Peut-être un peu trop d’ailleurs, parce que malheureusement, en peu de semaine, je m’étais fais une plus belle place que lui. Belle, dans le sens où l’on parlait bien plus de moi que de lui, à mon avis. Si les candidats ne m’aimaient pas et grand bien leur fasses, je savais que le public préférait plébisciter une salope dans mon espèce qu’un mec comme lui, insignifiant. « En revanche, toi, je me demande si tu es prête à m'accompagner jusqu'au SAS. » Je ne lui répondais pas, me contentant d’un large sourire et d’un clin d’œil, alors qu’il passait à côté de moi. J’étais surtout prête à rester encore longtemps dans l’aventure et qui sait, l’emporter face à tous ces petits personnages que sont les autres candidats. « Il va t'en falloir du temps pour boucler tes valises, avec tous ces chiffons que tu traines depuis des semaines. » Je ne cessais pas de sourire tout comme lui. Je lâchais même un rire en entendant cette petite réflexion… « C’est vrai… mais t’es un gentleman, tu vas m’aider à les faire… après tout si t’as envie de me voir partir, tu te feras une grande joie de me faire mes valises ! » J’haussais les épaules comme lui. C’est vrai, je le voyais bien s’empresser pour tout m’emballer et m’expulser illico presto. « Sauf que tu la feras pour rien, je te le dis, je ne vais pas m’en aller… » Je fis une petite grimace. Il n’en sera pas de même pour lui, j’en étais sûre.