Je suis énervée, tellement énervée que j'ai nettoyé la salle de bain de fond en comble, les salles de bain, j'ai fait une lessive, deux même, j'suis tellement géniale que j'ai nettoyé les vêtements de mon partenaire parce que c'était trop court de nettoyer mes vêtements, et je crois que j'aurais pu nettoyer tous les vêtements des caddiats, mais non, je me suis arrêté au panier d'Ivan même si je ne suis pas sûr d'avoir le droit. Enfin non mais ça m'apaise. Je crois que la durite pète, je suis calme, trop calme, et au bout d'un moment je m'énerve et là, je suis énervée et je crois que je pourrai arracher la tête de quelqu'un. Et ce n'est pas moi du tout d'être énervée. Je passe dans la chambre avec le panier de linge propre que j'ai rapporté du cellier. Je me suis installée sur mon lit pour plier le tout. Au moins il y fait clair, il n'y a pas grand monde dans la chambre à cette heure-ci, juste Cian que je viens de repéré étendu sur son lit pas très loin. Je n'avais jamais remarqué que nos lits étaient si proches. Et je ne prête pas attention à lui jusqu'à ce que je tombe sur une chemise à carreau, une chemise à carreau dans mes affaires et mes yeux vrillent automatiquement sur Cian. C'est à lui et il est hors de question qu'elle reste là. Je me lève en trombe du lit et je vais lui lui jeter dessus.  « Je ne suis pas ta bonniche !  » Je le fusille du regard. Vraiment, comme s'il venait de commettre le pire des crimes, encore. J'ai tellement envie de pleurer que je dois le fixer comme ça.  « Je ne sais pas ce que Judith te faisait mais tu n'es pas obligé de semer tes affaires dans les miennes, je ne les laverai pas...  » Et ça n'a aucun sens parce qu'elle est propre, elle sent très bon d'ailleurs c'est parce que je mets de l'assouplissant et elle ne doit pas avoir touché de l'assouplissant depuis... jamais cette chemise. Et je la récupère d'ailleurs.  « Tu sais ce que je t'ai dit la semaine dernière ? Et bien oublie, j'ai changé d'avis. Je te déteste... Parce que tout est de ta faute, tout.  » Et je le frappe avec sa chemise, un peu comme une hystérique, je suis une vraie hystérique.  « Noah, Lenny, Ivan. C'est toi... Je ne sais pas ce que tu lui as dit, je ne sais pas ce que tu as fait... Mais c'est vraiment stupide. Tu es stupide Cian. Stupide. Tu n'es qu'un crétin.  » Je frappe de toutes mes forces, mais je suis tellement énervée que je brasse plus de l'air que lui. Je le déteste tellement, enfin j'pense que c'est moi que je déteste plus que lui, mais je sais que je peux lui dire ça. Je crois. Et c'est faux, mais c'est trop difficile, beaucoup trop difficile.

Je ne devrais pas agresser Cian, parce que, si finalement il le mérite. Toutes ces choses qui arrivent, c'est de sa faute. S'il n'avait pas joué au cowboy dans la rue, jamais je ne me serais retrouvé dans une telle situation. S'il n'avait pas dit toutes ces choses à Ivan, s'il ne m'avait pas non plus bourré le crâne je ne souffrirais pas autant. C'est uniquement de sa faute, c'est lui qui fait de ma vie un enfer et il mérite que je le veuille l’assommer avec sa chemise, oui il le mérite. Il mérite tout ça, il mérite que je lui hurle dessus, et je ne mérite pas de souffrir encore, je ne devrais pas et pourtant ça me fait tellement mal, j'ai l'impression que je ne vais pas arriver à supporter tout ça. Je ne suis pas sûre de supporter toutes ces choses, encore, je n'arriverai pas à me relever parce que ça a été tellement dur de croire que je pourrai à nouveau être heureuse et là, tout ça c'est insupportable. Et ça ne me soulage même pas de le frapper, non j'ai simplement envie de pleurer et je ne peux pas pleurer, encore et toujours pleurer c'est fatiguant. Mais je ne peux plus être constamment en colère, j'ai simplement envie de retrouver le calme, de me calmer et que tout aille mieux. Oui, je veux aller mieux. Je me fige quand je le sens m'attirer contre lui. Pourquoi il fait ça ? Je viens de lui dire toutes ces choses pourtant il est adorable, il ne devrait pas. Mais je m'allonge, je me recroqueville sur moi même. « Qu'est-ce qu'il a fait ? » Des larmes roulent sur mes joues. « Il m'a... Il.... Je lui... Je lui ai dit que je... que... que j'étais amoureuse de lui et... il... J'aurais jamais dû, j'aurais jamais dû venir ici, j'aurais jamais dû éprouver tout ça parce qu'il... il m'a ... rejeté, et... j'aurais jamais dû venir ici...  » Non, je n'aurais jamais dû venir ici. Parce que ça fait plus de mal que de bien et parce que je n'arrive plus à respirer. Et je ne supporte pas d'être là avec Cian, je ne supporte pas mais je reste là, je ne bouge plus et je n'écoute pas tellement ce qu'il me dit. Si il est désolé mais j'en ai un peu rien à faire à ce moment précis, je m'en fiche qu'il soit désolé ou non. Et je ne sais même pas de quoi il est désolé. « Y'a un truc que j'peux faire ? » Rien, non il n'y a rien à faire, rien du tout. Je ne vois pas ce qu'il peut faire. Si finalement je sais. « Fais que ça s'arrête, ramène moi là bas, ne poursuis pas ces types, ne... fais que tout s'arrête. Je ne veux plus sentir ça, je ne veux plus sentir ce vide énorme, cette douleur lancinante, j'en ai marre de pleurer, j'en ai marre d'être seule, j'ai envie de... je n'y arrive plus... Il me manque et... pourquoi ils partent tous ? Pourquoi, je... fais que ça s'arrête Cian... S'il te plait.  » Je veux juste que tout s'arrête. Tout. La douleur, cet effet de manque, j'ai envie que tout s'arrête. J'ai tellement envie que tout s'arrête.