Je me suis levée terriblement tard. En même temps, je ne sais même plus exactement l’heure à laquelle j’ai finalement réussi à fermer l’oeil, mais ça devait être aux petites heures du matin. Faut dire que j’ai partagé le lit d’India qui n’était pas au mieux de sa forme. J’ai tenté du mieux que je le pouvais à la réconforter, mais ce n’était pas particulièrement évident. Mais d’un côté, j’ai dit que je prendrais soin d’elle, j’ai fait une sorte de promesse que je compte bien garder. De toute façon, ça me faisait bien trop mal de la laisser dans cet état, je ne pouvais me résoudre à la laisser seul ainsi. Et c’est peut-être aussi parce que je n’avais pas envie moi-même de me retrouver seule dans un lit cette nuit. Puisque depuis que Pavel et moi avons prit nos distances, j’ai déserté notre lit commun. Je dormais évidemment avec Cian, mais là, maintenant qu’il n’est plus dans le château, j’aurais du me résoudre à dormir en solitaire. Finalement, c’était mieux de dormir aux côtés d’India. Moins de testostérone, mais quand même beaucoup de réconfort. Bref, je décide de me lever du lit bien tard, mon humeur n’étant évidemment pas au meilleur de sa forme, bien que je ne vais pas rester sous les draps toute la journée non plus. J’ai donc suivi mes petites habitudes quotidiennes, c’est à dire, une petite course à l’extérieur, douche puis un petit déjeuner bien mérité. Sauf qu’avec tout ça, et bien on arrive à la fin de l’après-midi. Faut croire que je suis décalée. Je suis en route pour me rendre à ma chambre, histoire de me changer, puisque j’ai un peu enfiler n’importe quoi lorsque je suis sortie de la douche un peu plus tôt, étant un peu presser d’aller me nourrir. Et voilà que je croise Pavel. En fait, j’arrive bien face à lui, comme ça, sans avoir pu l’éviter. Je ne sais même pas si j’aurais réellement eu la force de l’éviter cette fois-ci pourtant. Je le fixe, alors que le silence ne désire pas se briser. Parce qu’on est les deux là, à ne pas savoir comment agir avec l’autre, ce qui est tellement ridicule, lorsqu’on y pense. Mais c’est ce qu’on a souhaité, lui et moi. C’était ce qui semblait le mieux, sur le coup. Bon, je devrais peut-être dire quelque chose. « Tu, euh... » Ah mais non, il me devance. Enfin, presque... Parce que ça ne veut pas dire grand chose ça. Je le regard intriguée, me retenant de ne pas sourire quand même. « Ça va comme tu veux ? » Ok, je souris, je suis incapable de me retenir, ça donne rien. Ça fait tellement... formel. Et pas vraiment le genre de Pavel. C’est peut-être pour ça que je souris. Ou peut-être parce que je suis contente qu’il me parle. J’opte pour la deuxième option. « Ça va... Pas trop pire, oui. » Je lui répond, hochant la tête doucement, n’arrêtant pas de le fixer. Je suis sur le point de lui retourner sa question, mais Pavel me devance en ouvrant à nouveau la bouche. Et je l’écoute attentivement. Je viens mordre légèrement ma lèvre inférieure pour m’empêcher de rire face à ce qu’il est entrain de raconter, alors qu’il se mêle dans cette sorte de déclaration. Je manque à mon partenaire. Je sais qu’il a tourné ça à la blague, mais le plus important est là. « Hm... Pauvre lit, oui. Je le comprend... Ça doit être mes pieds froids qui lui manquent le plus. » Je dis sérieusement, alors que mon sourire me trahit. Cette distance entre Pavel et moi, ça me semblait tellement ridicule, alors que lorsque nous avons eu cette discussion la semaine dernière, je croyais vraiment que c’était la solution et surtout le comportement que nous devions adopté. « Mon partenaire me manque aussi... » Petite déclaration, voilà. Je baisse les yeux au sol, presque gênée de la situation. Je ne sais toujours pas comment me comporter avec lui, mais je me rend aussi compte que lui parler comme ça, me fait du bien. « Par contre, je t’ai un peu remplacé... Je dors avec India maintenant. Et... » Enfin, depuis hier, parce qu’avant je dormais avec Cian, mais je vais bien prendre la peine de ne pas le préciser, ne voulant pas tout ruiner en ne prononçant qu’un seul nom. « Et au moins, elle ne parle pas dans son sommeil... » Je le taquine. Oui, je me le permet. Comme si de rien n’était. Alors qu’on sait bien, lui comme moi que ce n’est pas le cas. Que je n’ai pas été particulièrement douce avec lui dans mes paroles la semaine dernière. Mais il m’a dit qu’il ne m’en voulait pas. J’ose espérer que c’est toujours le cas. Bien que ça doit l’être, s’il vient me parler. Je sais pas.

Je ne suis pas surprise que Pavel s’avance vers moi, je suis heureuse qu’il le fasse, mais pas surprise. J'espérais peut-être qu’il n’allait pas se contenter de continuer son chemin, me sourire et puis c’est tout. Parce que c’est ce qu’on a fait depuis les derniers jours, et finalement, je ne suis pas certaine que ça me plaise tout. Mais je ne peux pas aller le voir et lui demander de tout oublier, ça sonnerait comme si je me suis jouer de lui encore une fois. Et ce n’est pas ça. Absolument pas. Je pensais pourtant que c’était la meilleure solution pour nous. Que nous n’arrivions pas à nous entendre, que la situation devenait étouffante et que c’était préférable de prendre nos distances. Peut-être que pour lui, ça va, mais pour moi... Bah je sais pas, c’est juste étrange. De ne plus lui parler. De l’ignorer. Alors, lorsqu’il vient vers moi, je ne peux m’empêcher de lui sourire. Sauf que je ne sais pas si je dois lancer la conversation ou si c’est lui qui osera dire quelque chose. Mais faudrait peut-être parler, avant qu’il y ait un malaise entre nous. Et c’est Pavel qui se lance, ce qui me rassure. Je répond à sa question, et lorsqu’il avoue que je lui manque, de façon un peu détourner, cela me réconforte en quelque sorte. Je suis presque contente qu’il me dise une telle chose, puisqu’au moins, je peux lui confier qu’à moi aussi, il me manque. « Ce doit être la première fois que je manque à quelqu'un. » Je secoue la tête, puisque je ne le crois pas vraiment sur le coup. Non mais c’est certain qu’il a déjà manqué à quelqu’un. Je ne peux pas croire qu’aucune fille ne s’est déjà enticher de Pavel. Il est tellement charismatique, il doit en avoir séduit plus d’une. « Je ne te crois pas. » J’annonce simplement, une fine moue se dessinant sur lèvres. De toute façon, je lui fais comprendre que bien qu’il me manque et que se soit réciproque, et bien je l’ai un peu remplacé depuis hier par India. « Tu fais bien je pense, elle doit avoir besoin de toi. » Je souris faiblement et un peu tristement aussi, puisqu’il a un peu raison. Je ne sais pas si c’était réellement à moi d’agir comme ça, mais je ne me voyais aucunement laisser India dans sa détresse. Puisque je l’apprécie beaucoup, de plus en plus, et qu’elle me touche d’une certaine manière. Je n’agis pas par pitié, mais simplement pour être présente pour elle. « Je crois oui... Je ne sais pas si je vais vraiment réussir à calmer sa peine... Mais je ne me voyais pas la laisser seule. » Et Pavel le comprend bien, mais ça ne m’étonne pas, il semble bien apprécier India lui aussi. Et je tourne un peu le tout à la blague, voulant détendre l’atmosphère, en parlant du fait qu’India, au moins, elle ne parle pas dans son sommeil. Ok, c’est arrivé une fois, et il n’avait pas vraiment parlé, mais plutôt marmonné des trucs incompréhensibles, mais c’est drôle non ? « Et tu sais à peu près combien de temps ça va durer, j'veux dire... tu reviendras dans notre lit, quand même, un jour ? » Sa question me surprend sur le coup, bien que c’était un peu le sujet de notre présente conversation. C’est juste que je ne pensais pas qu’il me demanderait directement si je reviendrais dans notre lit d’ici la fin de l’aventure. « Je... » Je ne sais pas. Dans un sens, j’en ai envie, d’un autre, je ne sais pas si c’est une bonne idée. « Tu crois que si par miracle je reste dimanche, on pourra à nouveau dormir ensemble une nuit, rien qu'une seule ? Ça ferait tellement plaisir à notre lit, ça, eh oui j'pense à lui avant tout. Il m'a confié se sentir très seul sans toi, il a beau donner le change, en vrai, je crois qu'il supporte mal cet... éloignement. » Mais oui, le lit. Évidemment, il est question du lit qui s’ennuie de moi. Je comprend le message détourner. Et il me touche réellement. Je savais que ce n’était pas facile de prendre une telle distance, il me l’avait dit que ça ne lui plaisait pas, mais voilà. Je baisse les yeux, gênée. « Premièrement, tu vas rester dimanche. Je refuse que tu partes. » Ça, c’est impossible. Il ne peut pas partir à son tour, je le prendrais très mal. « Déjà que c’était toi qui aurait du avoir cette immunité, et pas moi. » Mais ce n’était pas la décision qu’avait prit Pavel. Je n’étais toujours pas d’accord, mais je ne pouvais plus rien y faire. « Et oui... Je pourrais bien revenir pour une nuit... Pour notre pauvre lit. » Mais oui, si le lit ne supporte pas notre éloignement, je ne peux pas le laisser dans cet état. J’étire ma main pour venir saisir la sienne, relevant finalement les yeux vers les siens, captant son regard. Je sais pas trop ce que je fais en ce moment. Mais je n’essaie pas trop de réfléchir. « Ce n’était peut-être pas la meilleure idée finalement... De prendre nos distances... De ne plus s’approcher... » C’est la conclusion à laquelle je viens, celle qui me semble la plus évidente vu notre comportement du moment. « J’ai juste peur que tout devienne compliqué encore une fois... » Qu’on revienne encore à la case départ. Je sais pas. Mais je suis certaine de ne plus vouloir l’éviter. C’était ridicule comme décision.

Croiser Pavel dans ce couloir est une bonne chose. Qu’il vienne me parler encore plus. Parce qu’autant que la situation devenait étouffante la semaine dernière lorsque nous nous sommes parlés et avons prit la décision de prendre nos distances, autant elle me semble tout aussi étouffante maintenant que nous ne nous parlons plus. Parce que ce n’est pas naturel. Cela aurait peut-être été plus simple à l’extérieur d’ici, puisque nous ne nous croiserions pas aux deux minutes. Mais nous sommes enfermés ici, c’est ainsi. Et le fait de parler à Pavel me rassure. Même que l’atmosphère est détendue. Nous y allons même de quelques confessions, comme le fait que nous nous manquons mutuellement. Ce qui a quelque chose de rassurant. J’avoue aussi avoir changer de lit pour retrouver celui d’India, pour qui je veux être présente en ce moment. « L'important c'est que tu sois là pour elle. Et c'est ce qu'elle en retiendra, crois-moi. » J’hoche la tête doucement, d’accord avec ce qu’il dit. Je ne peux pas faire beaucoup pour India, mais je fais définitivement mon possible pour la réconforter. Et on en revient à notre lit commun à Pavel et moi, et au fait qu’il aimerait que je vienne y passer une nuit. Sauf que moi ce que je retiens d’abord, c’est le fait qu’il va devoir être sauvé face à l’élimination de dimanche. Et ça ne me plait pas. Je n’aime pas qu’il se retrouve dans cette situation quand je considère que c’était à moi de me retrouver à cette place, les gens de notre équipe ayant émis le désir de lui offrir à lui, l’immunité et non à moi. « Dis pas ça... C'est l'une des rares satisfactions que je tire du prime de dimanche, celle de t'avoir sauvée de la nomination. Vraiment je regrette pas. » Ça me touche. Vraiment, mais reste que je trouve cela passablement injuste. « Et je t’en remercie, mais je sais pas... je crois que je vais m’en vouloir si tu viens à partir dimanche. » Ce que je refuse, mais qui pourrait toujours arrivé. Ça ne serait pas ma faute, mais j’aurais le sentiment de lui avoir volé sa place dans l’aventure. Mais le sujet n’est pas vraiment là, puisque je n’ai toujours pas répondu à sa question initiale. Celle de dormir à nouveau dans le même lit que lui. Ce que j’accepte, je ne peux pas lui refuser, je ne me verrais pas le faire. « Je suis sûr qu'il en sera ravi. » Le lit, toujours le lit. C’est beaucoup plus facile de se cacher derrière l’image du lit. « Et toi ? Tu seras ravi ? » J’ose demander, bien que je connais déjà la réponse. Je veux simplement qu’il l’affirme de lui même. Sans blague ni plaisanterie. Peut-être que tout ça devient un peu trop sérieux. Mais je sens le besoin de lui avouer que cette distance n’était finalement pas l’idée du siècle. Je ressens aussi le besoin de glisser ma main dans la sienne, comme si en parlant de cette séparation, je voulais y mettre fin une bonne fois pour toute. Ce qui me rassure encore fois, c’est que Pavel soit d’accord avec moi dans tout ça. Si seulement tout pouvais être simple entre nous. Si seulement on pouvait ne pas se retourner le cerveau à coup de questions sans réponses. « De toute façon tu as été très claire la semaine dernière, je sais déjà ce vers quoi nous n'irons pas toi et moi. Mais... j'ai malgré tout beaucoup de mal à te voir comme une amie, et rien de plus. J'suis pas... j'suis pas entrain de remettre en cause ce que tu as défini pour nous deux, quoi que je ne sais pas si je réussirai un jour à m'y faire, hum... » Je le fixe, je n’arrive plus à détourner mon regard du siens. C'est vrai que j'ai été clair dans mes propos la dernière fois. Mais s’il n’arrivera pas à me voir comme une amie... Il est entrain de me dire que... « Tu sais j'crois qu'on est un peu compliqués dans notre genre, alors au fond ce qui nous lie est plus ou moins à notre image, non ? » Il ne peut pas s’en sortir en me disant une telle chose pour simplement détourner mon attention sur autre chose. Non, ça ne fonctionne pas sur moi. Et il me connait assez bien maintenant pour le savoir. « Hm... » Je me contente d'acquiescer. Je me rapproche doucement. Pourquoi est-ce que je me rapproche ? Ma main toujours dans la sienne, je pense encore à ce qu’il a dit plus tôt. Et ce que j’ai pu dire moi aussi par le passé. « C’était un peu égoïste de ma part... de t’imposer ce statut d’ami, comme ça... Mais euh... Je... » Je ne sais même plus ce que je voulais dire. On est un peu proche là... Trop proche ? Je cligne des yeux, le fixe, cherchant mes mots. « Et on fait quoi... si tu ne me vois pas comme une amie... ? » C’est une question qui demande réflexion non ? Je devrais peut-être me reculer aussi. C’est le couloir qui est petit aussi et... Mais non, je reste là, attendant une réponse. Qu’il ne me donnera pas, encore une fois.

Sur ce point, je crois qu’on ne pourra jamais être d’accord. Parce qu’à mes yeux, je ne méritais pas cette immunité qu’il m’a offert lors du dernier prime. Il aurait du l’avoir et ne pas se retrouver dans la situation actuelle, celle où il risque de partir dimanche. J’aimerais mieux ne pas penser à cette éventualité. Si toutes les personnes auxquelles je tiens commencent à partir l’une après l’autre, je vais faire quoi moi ? Non, il doit rester ici, avec moi et ce, jusqu’à la fin de cette aventure. Je l’ai décidé ainsi et c’est comme ça que tout ce passera. Hm. Si seulement je pouvais avoir un contrôle sur les votes... « Dis pas de sottises, ce sera pas de ta faute et puis je le vois venir comme ça, de toute façon. » Qu’est-ce qu’il voit venir ? Son élimination ? Non. J’ai dit non quoi ! Je secoue vivement la tête d’une négation bien établie dans mon esprit. « Il est hors de question que tu sortes. » Ça doit faire cinquante fois que je le dis, mais une fois de plus ou une de moins. Pour autant que le message passe auprès du public et qu’ils votent pour lui. Moi c’est tout ce qui m’importe. Et puis oui, s’il reste dimanche, j’accepte de bien vouloir réintégrer notre lit commun pour une nuit, histoire de faire plaisir à ce dernier. Le lit. Sauf que j’aimerais bien que Pavel avoue de lui même qu’il sera ravie de me voir à ses côtés aussi. Parce que c’est bien beau toutes les blagues autour de ce dit lit, mais j’aime bien lorsqu’on parle de nous. Même si oui, je connais déjà la réponse qu’il m’offrira. « Oui, évidemment que je le serai. » Je lui souris pour toute réponse à cette affirmation. Je viens aussi glisser ma main dans la sienne, pour y trouver un certain refuge, pour renouer un contact qui semblait s’être brisé la dernière fois que nous nous étions parlés. Le fait qu’il resserre celle-ci ne me confirme que mon geste n’est pas déplacé, qu’il est même le bienvenue dans cet échange de retrouvailles. Sauf que la conversation devient évidemment plus sérieuse, alors que Pavel me confirme qu’il n’arrivera surement pas à me voir comme une amie. Et j’ai beau essayé de me dire que cela ne veut rien dire justement, j’ai le sentiment qu’il a révélé ici beaucoup plus qu’il n’en avait l’intention. Et inconsciemment, voilà que je me rapproche de lui, que je fais un pas vers l’avant, puis un autre. Lui posant une question, qui n’aura pas de réponse. Puisque cette question, ça doit bien faire cent fois que je la laisse m’échapper, et qu’à chaque fois, j’essaie de la reformuler autrement, comme si un jour, Pavel m’offrirait une réponse. Mais à quoi cela servirait de toute façon. Je n’arrive pas à décrocher mon regard du siens, alors qu’à un moment, j’ai cette certitude que nous sommes seules ici, dans ce couloir, dans ce jeu. « Si j'étais toi, je ne resterais pas si près. » J’arrête de respirer le temps d’une simple seconde, me rendant réellement compte de la proximité de nos corps. Je suis pourtant figée, me demandant à quoi je joue. Qu’est-ce que je fais ? Pourquoi être aussi près de lui, maintenant ? J’ouvre la bouche, ne laissant pourtant aucun son ne franchir la barrière de mes lèvres. Aucun. Je me surprend à ne pas savoir quoi répondre à cette demande, si réellement cela est une demande. Ne veut-il pas que justement, je reste près de lui ? « Je... » Nicola, qui perd ses mots. Nicola, qui ne sait pas quoi faire. « Oui... T’as raison. » Je finis par avouer, reculant d’un pas. D’un simple pas. Qui met fin à cette tension qui était monté en flèche durant les dernières secondes. Je serre sa main une dernière fois avant de la lâcher, baissant les yeux pour briser le contact définitivement. Parce que c’était allé beaucoup trop loin, et que je ne peux pas jouer à ce jeu avec lui. « Je dis que je ne veux pas que les choses se compliquent... Mais j’ai l’impression que je fais tout pour que ça arrive finalement. » Je laisse un rire léger, tinté d’une certaine nervosité, mais aussi d’une simple tristesse, envahir l’espace. « Je tiens à toi Pavel. Je me suis attachée à toi, inconsciemment, j’imagine. Et que tu me vois comme une amie ou non, ça ne change pas le fait que j’ai envie de passer du temps en ta compagnie. Que cette histoire de distance était conne. Mais je ne veux pas que toi... ça te fasses du mal... » Je ne prétend pas être celle qui le fera souffrir ou je ne sais quoi. Mais dans tout ça, dans cette relation où l’on arrive pas à mettre un terme, j’ai l’impression que c’est lui qui ne sera pas satisfait. Et ça m’embête. Parce que ce n’est pas mon but. Mais nous ne vivons pas dans un monde où aucune de mes actions n’aura de répercussions. Et si j’ai fait un choix, durant les semaines passés, ce n’est pas pour recommencer à jouer comme j’ai pu le faire durant les premières semaines. Dans tout ça, je veux juste qu’il comprenne que je tiens à lui. Je crois que c’est le plus important. Enfin, à mes yeux.

Si le début de notre échange semblait être léger et à la blague, plus nous nous exprimons sur différents sujets, plus j’ai le sentiment que nous allons vers que chose de sérieux. Que ce soit le fait que je ne veux accepter qu’il y a des chances qu’il me quitte dimanche, ou qu’encore, Pavel est simplement incapable de me voir comme une amie, tout ça vient me virer à l’envers. J’en viens à me questionner pour la millième fois, à douter, à penser autrement. À me rapprocher aussi. Je lui tiens la main, fermement. Le retrouvant. Mon partenaire, mettant fin à cette histoire de distance que nous avions instaurer il y a seulement quelques jours et auquel nous avions lamentablement échoué finalement. Ce n’était pas une mauvaise chose, puisque je suis aujourd’hui persuadé que ce n’était pas ce qui allait nous aider à éclaircir la relation qui nous englobe et qui fait que tout me semble compliqué. Sauf que ce n’est pas non plus en m’approchant aussi près de lui que je vais arranger les choses non plus. Pourtant, je met un certain temps à comprendre que cette proximité qui me semble d’abord réconfortante, est plutôt inapproprié. Et c’est d’autant plus surprenant que ce soit Pavel qui me demande de reculer. Même si je ne suis pas certaine que c’était ce qu’il désirait au fond. Mais il a raison. Et je brise ce contact définitivement, me disant que c’est pour le mieux. Je dois arrêter ce jeu, qui n’est pas un jeu à mes yeux. Cela ne l’a jamais été. Mais d’un point de vu extérieur, on pourrait ne pas penser la même chose. Parce que je complique tout. J’ai le pressentiment d’être l’investigatrice de tout ce qui se passe. Et je me permet d’émettre cette pensé à Pavel. Et que finalement, dans toute cette relation, j’ai peur de lui faire du mal. J’ai peur qu’il soit celui insatisfait face à notre relation, face au stade auquel nous sommes et qui n’évoluera pas de la façon dont il le souhaiterait. Son regard dévie et il sourit, pourtant, ce sourire ne semble presque ironique. « Ça fait bien longtemps que je ne laisse plus qui ou quoi que ce soit me faire du mal, tu sais. » Je veux le croire. Pour l’instant, c’est à moi que ça mal. Parce qu’il ne me parle jamais de ce genre de sentiment, et de ce qui le rattache à cet état d’esprit. Parce qu’on est plus loin que notre partenariat d’en ce moment, je l’ai très bien compris. Et j’aimerais tant pouvoir faire quelque chose pour changer ce qu’il vient de m’affirmer. J’aimerais oui, mais je ne crois pas en avoir le pouvoir. « Tout va bien, t'as pas à t'en faire et quand bien même je souffrirais de cette situation, je suppose que je finirais par m'en remettre. » Oui mais non. Je ne veux pas le faire souffrir. Ce n’est pas ce que je souhaite. Jamais même je ne pourrais souhaiter une telle chose. Je me dis que tout ça serait tellement facile si je ne me souciais pas de l’impact de mes gestes, de mes décisions. Oui, tout serait simple. Pour moi. Mais je ne suis pas comme ça, je ne serai jamais comme ça. Et même si je me suis reculée d’un pas quelques minutes plus tôt, je suis suffisamment près de lui pour venir glisser mes doigts sous son menton, le forçant à plonger son regard dans le miens à nouveau. Ne lui donnant plus le choix de regarder ailleurs. Je ne saurais dire exactement ce que mes yeux veulent lui dire, puisque j’ai un peu de difficulté à canaliser tout ce qui me traverse dans la tête à cet instant même. Je veux qu’il me regarde en fait. Ce n’est Pavel de fuir de cette façon. « Je veux bien te croire... Mais reste que... Ce n’est pas mon intention. Je... même si tu dis ne plus laisser personne te faire du mal. Tu fais bien en fait... Ne me laisse pas t’en faire. Je ne veux pas être cette personne. » Je secoue la tête. Clairement, je ne veux pas être cette personne. Celle qui cause du tord. Même si je ne crois pas pouvoir lui donner ce qu’il désire réellement. Je ne pense pas non plus être cette personne. « Il n'empêche que je... » Je fronce les sourcils, le regard interrogateur, attendant qu’il termine sa phrase pour savoir ce qu’il est sur le point de me demander. Ou d’avouer. Je ne sais pas trop. « Hm... ? » Je le sens terriblement hésitant. « Non rien. Garde simplement en tête que si jamais je venais à sortir dimanche, il est pas dit que tu te débarrasses de moi aussi facilement. » Quoi ? Me débarrasser de lui ? Non mais en plus, il vient clairement d’éviter la confession qu’il semblait être sur le point de faire. Mais en plus, pour me dire ça. Mon expression doit en dire beaucoup sur comment je me sens soudainement. « Me débarrasser de toi ? Non mais Pavel... Non... » C’est ridicule. Mais aussi rassurant, puisque cela confirme qu’il veut qu’on se revoit à la sortie, ce que j’aimerais aussi. « Je ne veux pas me débarrasser de toi, je t’ai dis que je voulais passer du temps avec toi, peu importe ce qui arrive. Alors que ce soit ici, ou après... Ça change rien » Dans le jeu ou non, je vais continuer à vouloir le voir. Parce que je me suis attachée à lui. Parce que c’est comme ça. Peu importe l’état de notre relation, ou celle que j’entretiens avec un autre candidat. Enfin, bref, il n’est pas encore partit à ce que je sache. Il est encore dans le château. Ne parlons pas de malheur. « Et on verra tout ça en temps et lieux... T’es encore ici pour une semaine certainement et surement plus. Alors on pourrait en profiter un peu non ? » Surtout qu’on vient de se retrouver en quelque sorte. J’aimerais bien lui demander ce qu’il était sur le point de me dire avant cela, mais je sais qu’il évitera la question. Et j’ai plutôt envie de passer le reste de l’après-midi en sa compagnie. Être avec mon partenaire et parler de tout et de rien. Simplement. Oui, un peu de simplicité après tout ça.