Je n’arrive pas à dormir. C’est problématique. Sommeil où es tu ? Moi qui ai été si gentil…Pourquoi me fuis tu maintenant ? Je suppose que cela devait arriver. J’ai trop dormi comme un bébé durant ce jeu. Du coup ces derniers temps Dieu me punis. Pour avoir trop dormi. Et maintenant il dit stop. Tu seras obligé de rester éveillé mon enfant, pendant que les autres piquent un roupillon. Non mais en vrai je crois que c’est le stress des demies finale, l’approche de la fin, la sortie, tout ça. Cela me travaille. La journée, c’est facile, il suffit de t’occuper pour ne pas penser à tout ça. Sauf que la nuit venue, cela vient te rattraper. J’embêterais bien Aliénor, mais elle a l’air de dormir. Je pourrais la réveiller en mode chieur, mais la pauvre. Je décide de l’épargner pour ce soir. Du coup je me lève du lit, en boxer, et sors de la chambre. Ça va, personne pour se plaindre de ma tenue, vu qu’ils pioncent tous. Pieds nus, je me balade dans la maison. Je me rends d’abord à la cuisine ou je prends un verre d’eau, et me prépare un sandwich. Quoi, vous n’avez jamais un petit creux à 3h du matin vous ? Moi souvent. Une fois englouti, je bouge. Les lieux sont vraiment déserts. Trop déserts. Ça fait limite château hanté là. Je m’apprêtais à retourner dans le lit conjugal, quand a la dernière minute je change d’avis. Je n’arriverais pas à dormir, je le sais, puis j’ai pas sommeil là en plus, alors à quoi bon. Non je vais passer par la salle de musique tiens. C’est insonorisé, alors c’est parfait, je n’embêterais personne. Je commence à toucher à tous les instruments. La batterie, le piano, le violon. Tines, je trouve même un triangle. Je m’amuse. J’attrape le micro, et offre un mini concert…à la salle vide. Je chante terriblement faux en plus, donc bon. A la fin de ma chanson, je fais des petites courbettes et remercie le public imaginaire. Je m’imagine une foule en délire. Qui en redemande. « Encore une ? Rho bon…D’accord, mais c’est bien parce que c’est vous. Allez, tous ensemble ! » Je me passe une main sur la poitrine, je suis bien droit, et je me mets à chanter l’hymne américain. Je le connais par cœur. Bon et sinon je vais bien, je vous assure. Pas besoin de m’attendre à la sortie avec une camisole. Je m’occupe comme je peux, c’est tout. Puis tout à coup la fatigue me tombe dessus. Je mets un vinyle, ce cher Elvis. My Way résonne dans la pièce, alors que je me couche sur le canapé, enfouis sous une couverture. Et je m’endors sous ces mélodies. Sauf que ce ne sont pas de beaux rêves que je fais, mais plutôt un petit cauchemar. C’est la demie finale. On est sur le plateau. Les résultats ont lieu. Et je finis bon dernier, avec 0% des votes. Le public commence à me huer, et même à me lancer des objets, leurs chaussures, des tomates, tout ce qui leur passe sous la main. Oui parce qu’ils se trimbalent avec des tomates, normal. Je viens de me prendre une énorme tomate dans la tronche, lorsqu’il doit se passer quelque chose à l’extérieur, qui me tire de mes songes. « Hein, quoi ? » Pris de surprise, je m’agite, et m’étale sur le sol, moi qui étais déjà dans un équilibre précaire en fait. De là où je suis j’aperçois des pieds. « Hm t’as de beaux pieds tu sais. » Et je lève la tête, et oh, ils appartiennent à Aliénor. Bon je le savais en vrai, je reconnaîtrais ses pieds parmi mille. Je suis trop doué. Je reste sur le sol, couché sur le dos, on est bien là non ? « T’fais quoi ? Laisse moi deviner, t’es venue assister à mon concert ? Je suis désolé, mais t’arrives trop tard, c’est passé. Un show exceptionnel d’ailleurs, le monde de la musique s’en rappellera longtemps. »

Une chute pour Lewis, une. Je suis reveillé en susaut, et je bascule dans le vide, moi qui étais déjà en équilibre précaire. Bon heureusement je ne tombe pas de bien haut. Du coup j’ai une vue imprenable sur les pieds de l’arrivant. Aliénor. « Mais oui je sais que j'ai de beaux pieds. Et toi, tu sais que t'es pas censé aller dormir sur un canapé à moins qu'on se soit disputé ? » Ah ouais, c’est ce qu’il se passe d’habitude quand t’as une dispute dans le couple. T’as le mec qui va pioncer sur le canapé. D’ailleurs, pourquoi c’est toujours que le mec qui doit se taper le canapé hein ? Pourquoi ça ne serait pas la femme qui hérite du salon ? Injuste. Bon je n’ai encore eu jamais à expérimenter la situation, donc bon, ça va. « Bah j’en avais marre de toi qui ronfle, je voulais être un peu tranquille ! » Que je réplique taquin. Avant de donner la vraie raison. « Non, mais je n’arrivais pas à dormir. Je suis gentil, je ne voulais pas te réveiller. » Qu’on me donne une médaille. « Mais bon au final j’ai dû finir par m’assoupir…Faut dire que mon concert a été plutôt éreintant. » Oui ça m’a fatigué tout ça. C’est dommage pour elle, elle l’a raté. « Exactement. Je voulais arriver plus tôt, mais y'avait un amas de groupies qui me laissaient pas entrer. On voulait pas me croire quand je disais que j'étais une VIP, t'as dû oublier de me mettre sur la liste. Enfin, tant pis, je regarderai le replay. » C’est une bonne idée, comme ça elle n’en loupera pas une miette. « Sérieux ? Pourtant je leur avais dit de te laisser entrer. Quelle bande d’incompétents, va falloir que je pense à les remplacer. » Genre y a des videurs et tout devant la porte. « Tu m’aides à me relever ? » Que je lui demande en tendant la main. Je l’attrape, sauf qu’au lieu de me laisser tirer, c’est moi qui l’entraine vers moi. Du coup elle me tombe dessus. « Oups. » Mettons ça sur ma légendaire maladresse bien sur, rien de plus. J’en profite pour lui voler un baiser. Puisqu’elle est là hein, autant en profiter. Tant qu'il en est encore temps.

« Oh oui, parce que toi t’es consciente des bruits que tu fais lorsque tu dors. » Elle a même le recul nécessaire pour se rendre compte que ses petits bruits sont adorables, voyez vous ça. « Ou alors tes ex ne voulaient surement pas te vexer. Heureusement que je suis là pour rétablir la vérité. » Il en faut bien un qui ait le courage de lui dire. Bon pour être honnête c’est vrai qu’elle est plutôt adorable quand elle dort, mais chut. Enfin quand elle reste sage et ne gesticule pas dans tous les sens. J’ai le droit de la réveiller selon elle, tant que je m’y prends de la bonne façon. Le problème c’est que si je la reveille au beau milieu de la nuit, moi ce n’est pas tellement de parler que j’aurais envie. Donc c’était peut être préférable ainsi. « Ouais mais j’aurais manqué le plaisir de te voir partir à ma recherche. » Enfin techniquement je ne l’ai pas vu partir, mais plutôt arriver, m’enfin bref. D’ailleurs rien ne dit qu’elle me cherchait, mais bon, que ferait elle d’autre dans cette pièce à 4 ou 5h du matin ? « Si t’es sage, t’auras peut être le droit à un concert privé. » Là voilà toute honorée n’est ce pas ? Ce n’est quand même pas tout le monde qui a le droit a son concert privé. Par contre en public c’est moins rare. La preuve elle a loupé mon dernier. Même si elle est arrivée trop tard, elle a quand même réussi à forcer le passage et faire son entrée. « M’étonne pas, t’as du les charmer. » N’empêche on arrive à faire toute une discut’ sur une situation qui ne s’est pas réellement produite. Enfin si j’ai fais un petit concert, mais évidemment, j’étais tout seul, et il n’y a pas le moindre videur. Puis je lui demande de m’aider à me relever. Parce que ne l’oublions pas, je suis toujours couché sur le sol après ma magnifique chute à mon réveil. Sauf que dû à ma grande maladresse n’est ce pas, et bien je la fais basculer, et vl’a qu’elle me tombe dessus. Oups oups. « Voyons, je suis innocent. » Comment peut-elle remettre en doutes mes intentions ? M’en prêter de malhonnêtes ? Puis allez trop savoir comment –hm – on se retrouve propulsé sur le canapé. Elle se love dans mes bras. Je peux sentir la chaleur de son corps contre le mien. « Bon, maintenant on bouge plus de ce canapé jusqu'à ce qu'on meurt d'inanition ou genre de vieillesse. Ok ? » D’ina quoi ? Mais bon, je comprends quand même ce qu’elle veut dire. « Oui ça me va. Ya pire comme mort que de finir dans tes bras. » Une belle mort même. Pas celle que je m’imaginais ceci dit. Je me voyais plutôt mourir dans un accdent tragique – provoquée par ma connerie oui non – mais ça c’est quand même beaucoup mieux. Je suis tellement bien avec toi.. » Et moi donc. Mais c’est terrible d’avoir conscience que malheureusement tout ceci aura bientôt une fin. « Moi aussi. Un peu trop… » Trop trop trop… « On est tout seuls tu sais… » Je dis ça, je dis rien.