Je me suis levé à 8h. Encore une fois, j’ai eu beaucoup de mal à dormir. Ça commence sérieusement à me taper sur le système. C’est trop demandé une nuit de sommeil complète ? Merde y en a marre. Je devrais peut être ma gaver de somnifères tiens, ça marcherait peut être. Je suis sur que certains doivent en avoir en plus. M’enfin je préfère éviter quand même. Malgré le temps pourri, la neige et le froid, j’ai quand même décidé de faire mon jogging quotidien. Ce n’est pas quelques flocons qui vont me faire peur. Une douche plus tard, je suis parfaitement réveillé. Que faire maintenant ? Je me rends dans la salle de jeux. Un lieu que j’aime bien pour combler l’ennui. Je n’ai que l’embarras du choix, billard, babyfoot (bon tout seul ça risque d’être compliqué), jeu de fléchettes, flipper, console de jeux… J’opte pour taper quelques boules de billard. J’y joue de temps en temps avec mes potes le soir quand on sort dans un bar, alors je suis plutôt doué. Mais au bout de 5 minutes, ça me saoule déjà. Je change d’activité et passe à la Xbox. Peut être que tuer des zombis ça va me détendre. Mais non. Je perds, ça m’agace, je balance la manette sur la table. « P’tain de jeu à la con » Et c’est là que je me rends compte que je ne suis plus tout seul. Mado a fait son entrée dans la pièce. Super. « T’es venue pour me donner des conseils d’éducation ? Non parce que tu peux repartir. » Oui, je ne suis pas de bonne humeur, et je n’ai aucunement envie de lui parler. Et je fais référence au fait que mademoiselle trouve que c'était limite à son rôle d'éduquer Mason, qu'elle aurait fait bien mieux. Oh oui je suis au courant de tout ça. En voyant les images, j'avais juste envie de la noyer dans la piscine.

Cette petite sale devait être le repère de tout candidat se faisant éperdument chier. C'est en tout cas ce que supposait Mado, qui s'y était déjà rendue une ou deux fois mais qui n'avait pas franchement eu l'impression d'avoir passé le moment de sa vie dans un cas comme dans l'autre. Okay, c'était adorable de la part de la production que de mettre à disposition des candidats maints jeux plus abrutissants les uns que les autres, mais à choisir, Mado préférait encore s'amuser en plein air avec un ballon de football, courir dans la forêt ou faire du yoga dans un endroit tranquille. Sauf qu'en ce mercredi matin, il neigeait. Et pas qu'un peu. Alors il semblait totalement inconcevable de sortir par ce temps. Pourtant, l'ennui la guettait, et elle n'aimait pas ça. Alors oui, elle avait finalement décrété qu'elle ne serait pas plus mal au sein de la salle de jeux qu'ailleurs, espérant trouver de quoi s'occuper pour une petite heure au moins. Le choix ne manquait pas, mais il n'était pas particulièrement fameux non plus. La compagnie, elle, laissait également un tantinet à désirer. Non pas que Mado ait un problème avec Myles, disons simplement qu'il ne faisait pas tellement partie de ses proches fréquentations au sein du jeu, et que c'était très bien ainsi. En tous les cas, son camarade semblait bien remonté contre la xbox. Voyez vous ça ... « Tiens donc, on dirait bien que ça n'est pas moi la mauvaise perdante aujourd'hui » souffla-t-elle, taquine, sans nécessairement chercher à le provoquer. Elle n'était pas venue là pour se prendre la tête, ni avec lui ni avec personne d'autre, mais l'occasion fut trop belle. Mais la suite lui fit froncer un sourcil. Pourquoi lui parlait-il subitement d'éducation ? Oh, sans doute parce que Sydney avait montré des extraits de sa dernière conversation avec Mason lors du prime. Ah mais oui, Myles était son frère. Elle l'avait déjà presque oublié, voyez-vous. « Je n'ai jamais considéré que l'éducation était un domaine où je pouvais me permettre de donner des conseils ... » Ne se considérant pas comme une excellente mère, loin de là. « ... Pour autant, Mason serait probablement beaucoup moins déphasé si tu avais eu le cran de lui dire les choses avant, et surtout ailleurs. » Qu'il le prenne comme il le voulait, qu'importe. Elle n'allait quand même pas le féliciter. Qu'il ait voulu protéger Mason était une chose, qu'il l'ait rendu engourdi et dépendant en était une autre.

« Tiens donc, on dirait bien que ça n'est pas moi la mauvaise perdante aujourd'hui » Tu parles. Y a juste tout qui m’énerve aujourd’hui, c’est tout. Parce qu’habituellement je ne m’agace pas sur une console à propos d’un jeu stupide. Et la présence de Mado n’est pas là pour améliorer mon humeur, bien au contraire. Elle ne m’a rien fait directement à moi, mis à part être une chieuse, mais depuis le début du jeu, je n’apprécie pas son comportement envers Mason. Seulement notre secret n’étant pas encore pété, je devais me contenter de la fermer, et la regarder s’amuser à tyranniser mon gosse, Mason, sous de faux prétextes. Genre c’est pour son bien, blablabla, mon cul oui. « Je n'ai jamais considéré que l'éducation était un domaine où je pouvais me permettre de donner des conseils ... » Et bien tant mieux. Donc si elle peut arrêter sa phrase là, ça me va. Sauf que non, c’est trop lui demander, elle a autre chose à dire. « ... Pour autant, Mason serait probablement beaucoup moins déphasé si tu avais eu le cran de lui dire les choses avant, et surtout ailleurs. » Evidemment, mademoiselle a une opinion sur tout ça. « Bien sur…Parce que je lui aurais dis la vérité plus tôt, aujourd’hui Mason serait un jeune adulte tout ce qu’il y a de plus normal, sans le moindre problème mental. » Et sinon elle en a d’autres des comme ça ? Après ça n’enlève rien au fait que oui, j’aurais surement dû lui dire plus tôt. Comme si ça ne m’a pas traversé l’esprit. Mais dans tous les Mason ne serait pas devenu comme par magie un gosse débrouillard, autonome, avec des capacités mentales plus évoluées, et n’ayant plus besoin de ma personne. Mais bon après tout qu’est ce que j’en sais moi, ce n’est pas comme si je le connais depuis tout ma vie. Mado doit surement être mieux placée pour en parler.

Okay, bon, Mado commençait à comprendre qu'elle n'avait pas agi de la meilleure manière qui soit à l'égard de Mason, ou tout du moins, étant donné que celui qui l'avait élevé était finalement dans les parages, soit bien plus près qu'elle ne l'aurait pensé jusqu'à présent. Pour autant, que personne ne s'y méprenne, Myles ne lui faisait assurément pas peur. Il avait beau avoir une sacrée force - chose qu'elle avait pu vérifier lors d'une soirée, en début d'aventure - elle était suffisamment entrainée pour se défendre s'il venait à l'esprit de son camarade de lui faire payer l'acharnement dont elle avait plus ou moins fait preuve sur la personne de Mason. Soyons sérieux, jamais elle n'avait été véritablement mal intentionnée à l'égard du jeune garçon. Jamais elle n'avait foncièrement cherché à lui nuire, hein. Simplement, il est vrai qu'elle s'était plus d'une fois employée à le secouer un tantinet. Personne ne pouvait comprendre combien elle était révoltée qu'il soit aussi engourdi, aussi peu apte à faire preuve d'indépendance. A son âge, c'était grave. Et elle, particulièrement, ça la frustrait. Alors oui, elle avait insinué que son éducation avait été bâclée, car elle l'avait plus d'une fois pensé. Bien sûr qu'elle avait conscience que la situation familiale de Mason n'avait rien eu de simple, mais tout de même, à ses yeux, Myles aurait véritablement du éviter de l'amener ici. Ce n'était pas une solution de lui faire accepter la réalité devant maintes personnes qui n'étaient absolument pas concernées. Si encore il avait cherché à faire passer un message, d'accord, mais là, c'était surtout à titre personnel, alors oui, elle avait tendance à penser que cette fratrie n'avait tout bonnement rien à faire à Fake Lover. Des tires-larmes, au pire, c'est tout ce qu'ils devaient être. Et il pouvait bien prendre de grands airs avec elle, très franchement, ça ne lui faisait pas grand chose. « Est-ce que c'est ce que je viens de dire ? Non. Moi je dis simplement qu'il n'était peut être pas utile de vous enfermer ici pour régler vos affaires. Je me doute que tu as du essayer de lui faire entendre raison, de nombreuses fois, car moi même j'ai pu constater qu'il était plus borné que ça n'était permis, mais je ne sais pas ... il n'a tellement pas le profil psychologique d'un candidat de télé-réalité. Et si ça le détruisait plus qu'autre chose ? » Elle ne voulait pas lui faire peur, mais à en juger par la réaction de Mason l'autre jour, il était à craindre qu'il vive cela bien plus mal que quiconque l'ait imaginé. « Tu sais, je ne lui ai jamais voulu le moindre mal, à ton frère » confessa-t-elle ensuite, sincèrement. Ce gamin, elle ne voulait simplement pas qu'il reste comme il était. Il avait la chance de pouvoir évoluer, de pouvoir changer. Cette chance, il fallait qu'il la saisisse, ou qu'on le pousse à la saisir tout du moins.

Mado me confie qu’il n’était pas utile qu’on vienne s’enfermer ici pour régler nos affaires. Mais pire que ça, elle ose insinuer que ce jeu pourrait détruire Mason. Très réconfortante cette jeune femme, n’est ce pas ? « Tu crois que c’est moi qui ai voulu faire cette émission ? Que j’ai regardé la télé et je me suis dis, oh tiens si on tentait notre chance nous aussi pour que je puisse enfin lui balancer la vérité. C’est lui qui voulait faire le jeu. Il en était hors de question. Mais comme tu dis, il est très borné… Quand il a une idée en tête…Il se serait inscrit sans moi. Il est majeur après tout. » Même si on a du mal à le croire, légalement, il a les droits d’un adulte. Puisque c’est ce qu’il est. « Et si toi, ça ne te dérange pas d’abandonner ton gosse plusieurs mois, ce n’est pas mon cas. » Elle a un fils en bas âge, et mademoiselle vient s’enfermer dans un jeu de téléréalité avec son frère. Je pense que pour les leçons de morale, elle est très mal placée. « Et je me suis laissé dire au bout du compte, que ça serait peut être bénéfique pour lui. Qu’il en ressortirait…Je ne sais pas, grandi. Et personnellement je préfère le savoir en sécurité, ici, plutôt que dehors, à trainer n’importe où parce qu’il aurait fugué. » Comme je sais qu’elle aime bien avoir raison, ainsi que le dernier mot, elle va surement trouver à redire. Je ne sais même pas pourquoi je lui explique tout ça. La dernière fois, pareil dans la salle de bain, au lieu de l’envoyer bouler comme j’aurais dû le faire, j’ai pris le temps de répondre à ses questions. « Tu sais, je ne lui ai jamais voulu le moindre mal, à ton frère » Mine de rien ça fait bizarre d’entendre « frère ». Parce que durant 13 ans, c’est le mot fils que les gens utilisaient pour parler de lui. Et moi aussi, du coup..Il va me falloir du temps pour m’y faire je crois. « Je veux bien le croire. Mais laisse-moi te dire que tu t’y prends très mal avec lui. Tu ne fais que le traumatiser plus qu’autre chose. Lui faire croire que tu vas le noyer, en quoi ça va l’aider ? »

Bien sûr que Mason n'avait pas la maturité psychologique nécessaire pour supporter ce genre d'aventures. Bien sûr qu'il était trop fragile, et susceptible d'en ressortir détruit. Elle ne faisait que se fier à ce qu'elle avait connu jusqu'à présent, partant du principe que si quelqu'un comme elle commençait à avoir les nerfs en pelote, quelqu'un comme Mason risquait fort de vivre les choses bien plus péniblement encore. Après, peut être ne voyait-elle le verre qu'à moitié vide, car elle était toujours d'un naturel bien pessimiste, mais elle ne voulait honnêtement pas que Mason souffre de tout ça. La Production, elle, devait se foutre de l'état de ses candidats, tant qu'ils faisaient de l'audience, et donc, du fric. Myles lui confia alors une chose qu'elle n'avait même pas pris en compte et qui la surprenait quelques peu. Ainsi donc, c'était l'idée de Mason, et non la sienne ? Elle peinait à y croire, tellement Mason semblait dépendant et peu apte à prendre ce genre d’initiatives. Mais en y réfléchissant bien, c'était logique. L'idée n'était pas franchement saine, alors savoir qu'elle venait finalement de quelqu'un de complètement déphasé n'avait finalement rien de très étonnant. « Dans ce cas, tu as bien fait de venir avec lui » confia-t-elle alors, sincèrement. Parce que oui, dans ces conditions, il était mieux avec son frère que seul avec une trentaine d'inconnus. Lorsque Myles évoqua son fils, Mado resta de marbre. Elle ne le trouvait pas tellement correct d'utiliser ça contre elle, surtout qu'il ne savait rien d'Aaron, mais soit, elle n'avait aucune envie de s'emporter à ce sujet. « Ezra et moi avions besoin de vacances » avoua-t-elle, en un fin sourire. Qu'on pense d'elle ce que l'on veut, elle s'en fichait. Elle n'avait jamais prétendu être une mère fabuleuse, loin de là. Elle assumait d'être mieux sans Aaron, c'est vrai. « Donc toi, tu vois Fake Lover comme une expérience pouvant lui être bénéfique ? C'est peut être comme ça qu'il faut voir les choses, effectivement. Je ne sais pas. Si c'est une chance pour lui de "grandir" comme tu dis, j'ai simplement peur qu'il ne la saisisse pas. » Mason semblait se complaire dans sa naïveté, vouloir rester un grand enfant. Ne voyait-il donc pas qu'il lui suffisait de faire preuve d'un peu de bonne volonté ? C'était dans l'optique de le faire réagir que Mado l'avait un peu secoué ces dernières semaines. Elle se doutait qu'on ait pu mal interpréter ses intentions, mais qu'importe, elle avait bonne conscience et c'était le principal. « J'ai joué avec lui et avec ses angoisses, je le reconnais, et je l'assume. J'attendais de lui qu'il les affronte, qu'il les dépasse. Je lui ai fait croire que je le noierai, mais j'ai tâché de l'aider, à ma façon. C'était extrême, mais nécessaire. Je ne veux pas lui créer de traumatisme. Je veux lui créer un électrochoc. » On ne pouvait pas le laisser dans cet état, pas alors qu'il ne tenait qu'à lui d'être autonome. Il ne se donnait les moyens de rien, c'était désespérant. Elle, en tout cas, ça la désespérait.

Evidemment que ce n’est pas mon idée cette émission. La téléréalité, ce n’est tellement pas ma came. En vrai, j’ai toujours plus ou moins méprisé ce genre de jeu, que je considère comme de la télépoubelle. Puis quel genre de personne aurait envie de venir s’enfermer pour plusieurs mois en compagnie d’une trentaine d’inconnu, sous l’œil des caméras ? Faut vraiment être en mal de notoriété je ne sais pas. Ou avoir quelque chose qui ne tourne pas rond. Vous m’auriez dit qu’un jour je participerais moi-même à Fake Lover, je vous aurais ri au nez. Et pourtant aujourd’hui me voilà… Peut être n’aurais je pas dû laisser à Mason le loisir de regarder tous les programmes qu’il désire à la télé tiens. On en serait pas là aujourd’hui. Ou peut être que ce n’est pas plus mal. « Dans ce cas, tu as bien fait de venir avec lui » Il est clair que jamais de la vie, je l’aurais laissé y aller tout seul. Même si ça n’aurait pas dérangé à la Prod eux, ils n’ont aucune conscience. J’évoque ensuite le fils de Mado. Elle est bien prompte à juger ma situation, mais quand on regarde la sienne…Je ne pense pas qu’elle ait de leçons à donner à qui que ce soit. « Ezra et moi avions besoin de vacances » Comme c’est mignon. Uel veinard ce gosse. Ceci dit, putain, moi aussi j’en aurais besoin de vacances. Sans Mason. Parce qu’en venant dans ce jeu, on ne peut pas dire que ce sont des vacances pour moi. « Vous auriez pu choisir une meilleure destination » Que venir s’enfermer ici, m’enfin bon, pourquoi pas. « Donc toi, tu vois Fake Lover comme une expérience pouvant lui être bénéfique ? C'est peut être comme ça qu'il faut voir les choses, effectivement. Je ne sais pas. Si c'est une chance pour lui de "grandir" comme tu dis, j'ai simplement peur qu'il ne la saisisse pas. » Elle a peur qu’il ne la saisisse pas…Elle se sent aussi préoccupée à ce point par Mason ? « Je préfère voir les choses comme ça oui » C’est quand même préférable à sa version que ça va le détruire hein. Plus pessimiste qu’elle, tu meurs. « On verra bien. Je ne prédis pas l’avenir encore. » Malheureusement. Même si bon je l’avoue, j’ai les mêmes craintes qu’elle. « J'ai joué avec lui et avec ses angoisses, je le reconnais, et je l'assume. J'attendais de lui qu'il les affronte, qu'il les dépasse. Je lui ai fait croire que je le noierai, mais j'ai tâché de l'aider, à ma façon. C'était extrême, mais nécessaire. Je ne veux pas lui créer de traumatisme. Je veux lui créer un électrochoc. » Alors là, ses propos ont tendance à me révolter. Vous l’écoutez parler ? Franchement, pour qui se prend-elle à agir de la sorte avec lui ? Comme ça, elle a décidé que c’était son rôle de faire réagir monsieur ? Et genre, c’était nécessaire. Bah oui, parce qu’elle sait très bien ce qui est le mieux pour lui. « Non mais attends, qui a décrété que tu devais prendre les choses en main ? Que c’était ton rôle de faire une chose pareille ? Aux dernières nouvelles, tu n’es pas sa mère. Ni même son amie. » Elle se permet bien des choses. Chacun a sa place. « Et puis franchement, tu crois que je n’ai pas déjà essayé ? J’ai déjà tout tenté. Alors crois moi, quand je te dis que ce n’est certainement pas la meilleure façon » Oh oui j’ai tout essayé. Elle se croit la première ? J'ai déjà tenté de le bousculer mainte fois. De manière brutale parfois. Mais je me suis rendu compte, que ce n'est pas la meilleure approche. Bien au contraire.

Ainsi donc, l'idée de participer à Fake Lover était une idée de Mason, et non de Myles. Naturellement, et puisqu'elle connaissait à Mason une certaine tendance à être dépendant aux autres et à leurs choix, Mado n'avait pas manqué de supposer que tout ça était l'idée de l'ainé de la fratrie, ayant été bien loin de se douter que le cadet, finalement, avait été capable de prendre ce genre initiatives. Bien sûr, ça n'était pas pour autant une idée à saluer, dans la mesure où il semblait évident qu'un garçon comme lui, aussi fragile, aussi vulnérable, n'était pas à sa place au sein de ce genre d'émissions. Pour autant, savoir que la décision venait de lui avait un coté presque rassurant, puisqu'elle pouvait au moins partir du principe que son frère n'avait pas d'idées aussi farfelues que ça, mais également qu'il n'avait pas hésité à le suivre ici, histoire de ne pas le laisser au beau milieu d'inconnus, livré à lui-même et dans un environnement assez particulier. Myles évoqua par la suite l'enfant de Mado. Que croyait-il, au juste ? Qu'elle se prenait pour une mère exemplaire ? Qu'elle estimait avoir des leçons à donner ? Bien sûr que non, jamais elle n'irait prétendre ce genre de choses. Une mère disant aussi clairement avoir besoin de vacances pour s'éloigner de son fils n'était assurément pas des plus honorables. Pourtant, elle l'assumait. Elle avait trop longtemps mis certaines choses entre parenthèses pour Aaron. Aujourd'hui, elle voulait penser un peu à elle, tout comme elle voulait qu'Ezra se fasse passer en priorité également. A la réplique de son camarade, elle haussa doucement les épaules. Jusqu'à preuve du contraire, Ezra et Mado étaient des adultes stables et censés, alors ils savaient dans quoi ils s'étaient embarqués. « Mais celle-ci nous attirait particulièrement. » Le jeu l'avait attiré, en fait. Et puis, elle s'était dit qu'elle gagnerait à tenter de se sociabiliser un peu. Pour autant, il est vrai qu'elle n'était pas pleinement satisfaite de ce début d'aventure. Elle regrettait même partiellement Paris. Mais elle restait intimement persuadée qu'il lui fallait ce genre d'expériences, à elle aussi. Myles partait en tout cas du principe que cette aventure pourrait permettre à Mason de grandir, ce qu'elle lui souhaitait également. Il valait sans doute mieux voir le verre à moitié plein que l'inverse, hm. Restait simplement à espérer que Mason se réveillerait au bon moment. C'était une chance pour lui. Oui, sans doute. Mais voilà que Myles ne manqua pas de s'offusquer des propos de Mado. Quoi, il n'aimait pas qu'elle se sente concernée ? Il ne supportait pas qu'elle veuille aider Mason ? Elle, elle pensait surtout qu'il avait un problème avec elle depuis le départ, et qu'il campait sur ses positions. « Je ne me suis jamais prise ni pour sa mère, ni pour quelqu'un dont le rôle serait d'éduquer Mason. Mais je me sens concernée, en tant qu'adulte et en tant que responsable d'un enfant moi-même. Excuse-moi de vouloir son bien, Myles. » De toute manière, quoi qu'elle fasse, il trouverait toujours à en redire. « Je n'en doute pas. Je ne me voyais simplement pas le cajoler ou me contenter d'agir avec lui comme avec un idiot, comme certains ont du le faire ici. » Alors peut être n'avait-elle pas été utile, peut être ses intentions avaient elles été mal interprétées, mais au moins, elle aurait essayé de réveiller Mason. « Tu as essayé de te faire aider ? Je veux dire, de t'offrir les services de quelqu'un qui pourrait peut être résoudre certains de ses problèmes ? Ça te reposerait. » Bien sûr, elle ne prétendait pas qu'un professionnel, qu'il soit médecin ou simple éducateur, puisse changer du tout au tout leur quotidien. Mais Myles, au moins, aurait éventuellement plus de temps pour lui. Car s'occuper de quelqu'un comme Mason prenait du temps, elle en était certaine.

« Mais celle-ci nous attirait particulièrement. » Et bien tant mieux pour elle. Chacun son kiff après tout. Pas le mien clairement, mais bon, soit. Moi si j’avais les moyens, je m’offrirais des vacances au soleil, sur une île reculée, avec pas grand monde, pour pas qu’on vienne me faire chier. Le tout sans Mason, évidemment. En parlant de lui d’ailleurs, je n’apprécie guère ses propos. « Je ne me suis jamais prise ni pour sa mère, ni pour quelqu'un dont le rôle serait d'éduquer Mason. Mais je me sens concernée, en tant qu'adulte et en tant que responsable d'un enfant moi-même. Excuse-moi de vouloir son bien, Myles. » Ouais bah si vous voulez mon avis, elle se sent un peu trop concernée. Puis son bien c’est vite dit…Je la soupçonne de prendre du plaisir à martyriser Mason. Après je ne doute pas que ça soit une pseudo tentative pour l’aider. Mais complètement ratée. « Je n'en doute pas. Je ne me voyais simplement pas le cajoler ou me contenter d'agir avec lui comme avec un idiot, comme certains ont du le faire ici. » Ah et elle ne voit pas d’autres façons de se comporter avec lui ? Il faut qu’elle fasse les extrêmes. « Oui mais entre le cajoler et le traumatiser…Je pense que tu peux trouver un juste milieu » Je ne m’attends pas à ce qu’elle soit toute gentille avec lui. Mais de là a se comporter comme elle le fait, non. Donc ses électrochocs à la con, si elle peut se les garder pour elle à l’avenir, ça serait pas mal. « Donc je te prierais à l’avenir, d’arrêter de vouloir aider de cette manière, parce que tu fais plus de mal que de bien. Surtout que t’as l’air de croire que son comportement ce n’est qu’un problème d’éducation…Loin de là. C’est un handicap mental, qu’il aura toute sa vie. Il ne va pas du jour au lendemain se réveiller et devenir un adulte normal » Parce qu’elle lui aura provoqué un électrochoc ou je ne sais quoi. Même si j’aimerais bien. Et si je pensais qu’elle pouvait être réellement utile je n’hésiterais pas à faire appel à ses services. Parce que je ne demande que ça que Mason devienne un homme complètement indépendant et autonome. Un temps soit peu réfléchi. « Tu as essayé de te faire aider ? Je veux dire, de t'offrir les services de quelqu'un qui pourrait peut être résoudre certains de ses problèmes ? Ça te reposerait. » Ah bah ça du repos j’en aurais bien besoin, c’est clair. « Il voyait un éducateur spécialisé fut un temps…Mais ça n’a rien donné. Il se montrait exécrable avec lui. Alors on a changé d’éducateur, un deuxième, puis un troisième…Même résultat. Alors j’ai abandonné l’idée. » Soupire.

Mado avait tendance à assumer le fait d'avoir ressenti le besoin de s'éloigner quelques temps de son fils. Oui, parfaitement, c'était une chose qu'elle évitait de se reprocher, tout simplement parce qu'elle avait mises certaines choses entre parenthèses pour lui ces dernières années et qu'elle avait vu cette aventure comme une chance de changer un peu de priorités, d'apprendre à faire plus attention à elle, à ses envies, à ses besoins. Ezra et elle - inséparables, évidemment - avaient donc confié Aaron à une personne qualifiée et responsable, histoire de ne pas avoir trop mauvaise confiance non plus, hm. Aaron n'était pas malheureux là où il était, elle en avait la certitude. Et elle, loin de lui, ne s'en portait pas plus mal non plus. Elle avait eu besoin de cet éloignement, c'était certain. Peut être passerait-elle pour une mère un tantinet indigne, mais au fond, c'est probablement ce qu'elle était. Voilà pourquoi elle n'avait jamais cherché à donner quel conseil que ce soit au niveau de l'éducation de Mason. Elle avait simplement tenté de le faire réagir, à sa manière, ayant eu beaucoup de mal à le voir faire aucun effort, n'être pas du tout disposé à faire preuve de bonne volonté. Bien sûr, elle se doutait que Myles n'avait pas du apprécier, il était simplement dommage qu'il semble encore se méprendre sur certaines de ses intentions de départ. « Je suis quelqu'un d'extrême, je n'y peux rien. Et je n'aime pas ménager quand je pense que ça ne peut pas aider. » Et puis bon, restons sérieux, elle n'avait fait que le provoquer. Elle ne l'avait ni insulté, ne lui avait pas hurlé dessus à proprement parlé, et ne l'avait jamais frappé non plus. « Si c'était à refaire, je le referais sans hésiter » confia-t-elle sincèrement, lorsqu'il la pria de ne plus recommencer. Non, il ne pouvait pas lui demander une telle chose, parce qu'elle était bien trop frustrée de voir Mason patauger dans ses soucis pour se résoudre à ne plus rien tenter. Par contre, elle pourrait tâcher d'être un peu plus diplomate, s'il y tenait. Mais voilà qu'il lui confia que Mason avait en fait un handicap mental, ce qui ne manqua pas de la troubler. Clairement, elle ne s'était pas attendue à cela. Il semblait différent, mais jamais elle ne s'était dit qu'il l'était à ce point. « Je suis désolée, je ne savais pas » soupira-t-elle. Elle se mettait à sa place, et se sentait d'autant plus concernée par le cas Mason. Cela devenait délicat, et assez bouleversant. Mais elle ne montrerait rien de son émotion, tout simplement parce que ça n'était pas son genre. « Je vois. C'est dommage, alors. » Car c'aurait pu être une solution, mais s'il disait avoir déjà essayé, par plusieurs fois, c'est que ça n'en était pas une. « Et que se passera-t-il, tu penses, le jour où tu ne seras plus là pour veiller sur lui ? » Oui, c'était brutal, et oui, c'était très pessimiste à nouveau. Mais elle cherchait à savoir, par le biais de cette question, s'ils n'avaient pas un peu de famille malgré tout, plus ou moins proche, et sur qui compter ... Ou bien s'il avait déjà songé à inscrire Mason dans un centre de sociabilisation, le genre d'endroits où l'on devait aider les grands enfants, sans doute. Elle espérait qu'il ne s'offusquerait pas de sa question. Ça n'était pas de la provocation, qu'on se le dise.