C'était long. L'attente était longue. Les gens étaient longs à passer. Bref, tout était long. J'avais l'impression que c'était un coup monté tout ça jusqu'au point de chercher une caméra dans la pièce. Je devenais très vite paranoïaque. J'étais debout en attendant mon tour, je ne savais pas comment était construit l'ordre des passages des potentiels candidats, mais je refusais catégoriquement de passer en dernier, surtout si nous étions à peu près quinze à attendre dans la pièce. Je scrutais tous les candidats tout en analysant leurs vêtements et en pensant à nos relations au cas où nous serions pris, je me basais beaucoup sur les vêtements afin de définir la relation, j'avais beaucoup d'imagination, on me l'avait déjà dit. Un homme laissa sa place vacante, je ne perdis pas de temps afin de la récupérer en pensant qu'il allait sûrement rejoindre les casteurs dans l'autre pièce. Je profitais du fait d'être assise afin de sortir mon portable, mon seul ami dans la pièce et cela faisait passer le temps par la même occasion, je ne savais d'ailleurs pas, si l'objet était autorisé, mais le mal étant déjà fait, autant le faire jusqu'au bout. Le jeune homme dont j'avais pris la place était de retour. Merde. Il était encore là, celui-là. S'il pensait pouvoir me faire bouger, c'était mort. Mes fesses étaient parfaitement installées et puis, il n'avait qu'à rester assis. C'était de sa faute. Mais, il devrait penser à bouger de là avant que je lui mette un coup là où ça faisait vraiment mal.

J'avais fini de nourrir l'autre blondinet. Il était pas aussi désagréable que ceux que j'avais pu voir jusqu'ici. Peut-être parce que je ne lui avais pas franchement parlé des heures. Toujours est-il que je m'étais remis à mon livre, le temps semblant s'écouler toujours aussi lentement. Le dernier mec appelait devait être parti depuis au moins une bonne demi heure, c'était n'importe quoi, ils auraient pu nous envoyer ailleurs en attendant. Je me faisais incroyablement chier. Ouais. D'ailleurs, je n'arrêtais pas de regarder ma montre pour tenter d'évaluer à quelle heure j'allais passer. Rien à faire, il était hors de question que j'attende que tout le monde passe hein, j'avais pas que ça à foutre. Baillant un bon coup, je sentais le sommeil s'éprendre de mon corps. Pas hyper agréable comme sensation, d'autant plus que les autres semblaient être à fond sur leurs portables ou avaient la musique à fond branchée dans leurs oreilles, si bien qu'aucune mélodie n'était franchement reconnaissable. Et puis qu'est ce qu'il pouvait faire chaud par ici, c'était fou. Alors, j'avais fini par me lever pour rejoindre la salle d'eau, histoire de me passer un peu d'eau sur le visage. J'étais pas parti longtemps, cinq minutes environ, mais ça avait suffisant pour qu'une brune prenne ma place. Sérieusement ? Je m'étais donc placé devant elle en lui demandant « Ça va, j'te gêne pas trop peut-être ? » la fille semblait totalement à son aise, comme si c'était normal et qu'elle était là depuis des heures. Les gens n'étaient pas gênés parfois hein. « Je reviens des chiottes et j'me suis pas lavé les mains, donc si tu veux éviter que mes doigts au parfum exotique viennent déranger ton fond de teint, tu ferais mieux de me rendre ma place. » bon, c'était un mensonge, j'étais pas si sale que ça. Mais je ne comptais pas rester debout encore une heure, rien à faire que ce soit une femme ou pas, les mal élevés n'étaient pas excusables.

« Ça va, j'te gêne pas trop peut-être ? » Ah, mais il l'a voulait vraiment sa place. Persistant à ce que je voyais. Malheureusement pour lui, il s'était attaqué à la mauvaise personne, je n'allais pas m'excuser pour lui avoir pris sa place pour ensuite le lui a laisser. Non, ce n'était absolument pas dans mes habitudes. Je pris tout de même le soin de lever mes yeux une demi-seconde afin de jeter un oeil sur ce dernier, il devrait s'estimer heureux, je ne l'aurais pas fait pour tout le monde. « Ta gueule. » Je sentis tous les regards de la pièce braqués sur moi, à croire qu'ils n'avaient jamais entendu d'injures de leurs vies. Ils allaient être servis avec moi, j'étais plutôt vulgaire comme nana, enfin, pas gratuitement, non plus, mais quand on m'énervait, ça pouvait aller très loin. Je supposais que j'allais me faire exclure par Cupidon pour avoir giflée une personne et non par élimination du public. « Je reviens des chiottes et j'me suis pas lavé les mains, donc si tu veux éviter que mes doigts au parfum exotique viennent déranger ton fond de teint, tu ferais mieux de me rendre ma place. » Il était encore là, lui. Je soupirais. Qu'est-ce que je m'en fichais, d'ailleurs, je n'avais écoutée que la moitié de sa phrase, je ne le connaissais pas, mais il faut dire qu'il était sans intérêt. « Qu'est-ce que je viens de dire ? T'es sourd en plus ? » Je lui avais demandé de la fermer, voyons. Enfin, pas de la même manière, mais cela voulait dire la même chose. Mes yeux se portèrent de nouveau sur mon portable, je racontais la situation à ma meilleure amie, qui allait sûrement se marrer en lisant le message.

Je n'aimais pour ainsi dire pas ce genre d'attitude. Oui, je me demandais bien pour qui elle se prenait celle la, à faire comme si je n'étais pas là juste après m'avoir volé ma place. C'est bon, y'en avait d'autres, mais elle pouvait au moins s'excuser quoi. Cela dit, cette place était juste à côté de la fenêtre, soit le seul endroit avec un minimum d'air. En tout cas, il était certain que je ne m'étais pas attendu à ce qu'elle me réponde un « Ta gueule. » quoi, elle était sérieuse ? Et elle croyait qu'elle allait s'en tirer aussi facilement. Ce qui était bien, c'était que mon petit frère avait le même genre de vocabulaire, ce qui n'était pas franchement un compliment pour la jeune femme qui semblait encore bien plus absorbée par son portable que par ma simple présence. Quoi, y'avait que des gens qui pétaient plus haut que leur cul par ici ou quoi ? J'avais jamais vu autant de crétins dans une seule pièce, c'était assez fou. « Qu'est-ce que je viens de dire ? T'es sourd en plus ? » dit-elle en levant à peine le regard de son appareil avant de le braquer à nouveau sur celui ci. Marquant un léger blanc, je tentais de comprendre pourquoi tous les chauffeurs de la ville n'avaient pas essayer de lui rouler dessus plus tôt dans sa courte vie. Levant les yeux au ciel, ma main droite venait s'emparer du portable de la jeune femme, d'un geste vif et sec. Me reculant quelque peu, mes yeux détaillèrent alors le sms qui était entrain d'être composé « "Y'a un connard qui me fait chier parce que je lui ai pris sa chaise, tu devrais voir sa gueule, il fait pitié". » lisais-je à haute voix « C'est toute une poésie, dis moi. T'aurais au moins pu préciser que je suis plutôt canon. » ironisais-je en me foutant légèrement de sa tronche tout en continuant de reculer, son portable encore entre mes doigts, je m'appliquais à écrire un nouveau message tout en le lisant une nouvelle fois de façon à ce qu'elle puisse l'entendre. « "D'ailleurs, il a l'air aussi con que toi, vous feriez la paire. J't'ai déjà dit que j'en avais rien à foutre de toi ? Va t'acheter une vie. Amicalement. Ta salope." » je fronçais un instant les sourcils tout en appuyant sur "envoyé" « Tu crois qu'elle te reconnaitra, signé ainsi ? Quoi que, oui, ça colle plutôt bien au personnage. » il faut dire que je n'envoyais pas souvent d'sms, hm.

Qu'est-ce qu'ils pouvaient être bruyants ces pauvres, pour rien du tout, de surcroît. Ce n'était qu'une chaise, il ne s'était jamais assis de sa vie ou comment ça se passait ? C'était hallucinant tout ce raffut pour rien. Ce dernier n'avait pourtant pas l'intention de lâcher l'affaire, il allait même jusqu'à me piquer mon téléphone afin d'avoir mon attention. Mon premier réflexe fit de crier, mais un cri qu'on entendrait à l'autre bout de la terre, je criais fort, certains se sont mêmes bouchés les oreilles ou alors j'avais momentanément pris la place de leur musique. « "Y'a un connard qui me fait chier parce que je lui ai pris sa chaise, tu devrais voir sa gueule, il fait pitié". » Avait-il reprit en lisant le message que j'avais envoyé à ma meilleure amie. Je l'observais sans bouger d'un poil, il était ridicule. Tout ça pour une place. « C'est toute une poésie, dis moi. T'aurais au moins pu préciser que je suis plutôt canon. » Ajouta-t-il. Mon regard se portait toujours sur mon interlocuteur, mais je le scrutais nettement plus attentivement, il n'était pas vilain, enfin physiquement, il aurait pu me plaire, mais devra avant tout changer de vêtements, cela le rendait encore plus pauvre qu'il ne l'était déjà. Mauvaise qualité, bien évidemment. « "D'ailleurs, il a l'air aussi con que toi, vous feriez la paire. J't'ai déjà dit que j'en avais rien à foutre de toi ? Va t'acheter une vie. Amicalement. Ta salope." » J'avais profité d'un petit moment afin de croiser mes jambes, mais également jeter un coup d'oeil à mes ongles. C'était fou, il ne me laissait pas en placer une. Quand, je pensais que tout cela était partie d'une place, il n'y avait absolument pas de raison de prendre mon téléphone portable en otage, c'était puéril. « Tu crois qu'elle te reconnaitra, signé ainsi ? Quoi que, oui, ça colle plutôt bien au personnage. » J'applaudissais. Il devait sûrement être fier de lui, non ? Bon assez joué. « T'as fini ? » Demandais-je tout de même histoire de faire la polie, hein. Je remarquais tout de même qu'il avait reculé de plusieurs pas. Quel était le but ? Me faire lever ? C'était raté. Je n'allais pas lui donner ce qu'il voulait, c'est-à-dire la chaise. C'était une sorte d'affrontement et je l'emportais pour ainsi dire, oui, en fin de compte, j'étais assise et lui debout. Le fait d'avoir mon portable ne changerait rien du tout. D'autant plus que j'avais ma tablette dans mon sac. J'avais tout, j'étais l'inspecteur gadget au féminin. Qu'est-ce que c'était bien d'être riche. « Ce portable coûte sûrement plus chère que ta baraque .. » C'était seulement histoire de parler, mais rien ne prouvait que c'était un mensonge. « Je suis d'une humeur charitable aujourd'hui, tu peux donc le garder. » Ajoutais-je tout en lui faisant mon plus beau sourire hypocrite. C'était sûrement le moment où je devrais le faire enrager, je n'allais pas perdre cette occasion, je sortis donc ma petite tablette de mon sac, enfin, celle de mon mari, plutôt. Je pouvais envoyer un mail à ma meilleure amie afin de lui expliquer la situation, c'était vraiment un connard. Mon sourire hypocrite laissa place au sourire provocateur. Où en étions nous ? J'avais gagnée ? Oui, je prenais ça pour un jeu.

Je ne comprenais pas franchement pourquoi toutes les filles ici semblaient aussi sûres d'elles. Evidemment, l'assurance, c'était sexy, je n'avais jamais dit le contraire, mais à ce point... Je me demandais encore comment elle arrivait à tenir debout, sans craquer ses talon aiguilles. La jolie brune n'avait donc pas tardé à me dénigrer une nouvelle fois, en envoyant ce qui semblait être un sms "drôle" à sa copine. Pour sûr que celle ci devait être aussi conne que celle que j'avais en face de moi. Ça me désolait. Limite, j'avais envie de faire demi tour et de me casser de ce nid à putes, hein. Certes, je n'avais probablement pas le porte monnaie le plus rempli du coin, mais il était certain qu'au moins, j'avais mes valeurs. Et elles devaient de toute évidence être bien différentes des leurs. Mes potes, ils étaient pas riches non plus, et mes clients encore moins. Moi je vendais mes produits sur le genre de marché où une donzelle dans son genre n'oserait même pas y poser un orteil. C'est clair que les gens se foutraient sacrément de sa tronche. Elle ou d'autres ici, puisqu'elle n'était de toute évidence pas la seule à péter plus haut que son cul, hm. J'avais donc pris son portable pour écrire à sa pote tout en continuant à reculer. En fait, j'en avais un peu rien à foutre du message, voyez, parce que sa pote, j'la connaissais ni d'Eve ni d'Adam, et que je comptais pas remédier à ce détail. Non, moi j'voulais qu'elle bouge son joli petit cul de cinq cent mille dollars de ma chaise, et qu'elle aille gentiment voir ailleurs. Mais elle n'était décemment pas pressée, apparemment. « T'as fini ? » avait-elle dit tout en gardant tout son calme, ce qui semblait tout de même étrange puisqu'elle avait pété les tympans de tout le monde, quelques instants plus tôt. « Ce portable coûte sûrement plus chère que ta baraque. Je suis d'une humeur charitable aujourd'hui, tu peux donc le garder. » elle était sérieuse là ? Le portable ? Elle voulait que je garde son portable ? Mais j'en avais rien à foutre de son portable hein. J'me faisais pas acheter aussi facilement « Pour qu'il soit plus cher que ma baraque, faudrait déjà que j'en ai une. » ironisais-je en lui lançant de là où je me trouvais, donc portable. J'étais adroit, et ne lui avais envoyé de façon à ce que même une gamine de trois ans soit apte à le rattraper. « T'as l'habitude d'acheter les gens non ? » du moins, c'est ce qu'elle semblait vouloir faire. Tiens, prends mon portable et boucle la. M'asseyant un peu plus loin, je reprenais la parole. « Ta pote, tu lui as offert quoi pour qu'elle te supporte ? Une voiture ? Une maison de vacances ? Ou tu lui a donné le petit ami de son choix peut-être ? » tenté qu'elle l'ait acheté lui aussi. « J'comprendrai jamais les nanas dans ton genre, j'crois. » et je me demandais franchement si j'en avais envie ou non, en fait.

Bon, il semblait avoir compris que sa chaise ne s'appelait pas revient comme tous les objets l'appartenant. S'il souhaitait entrer dans l'aventure, il devrait songer à s'y habituer dès maintenant, car ce sera bien évidemment les mêmes règles dans le nid, même pire. « Pour qu'il soit plus cher que ma baraque, faudrait déjà que j'en ai une. » Oh, c'était donc un clochard. Bon, pourquoi n'étais-je pas surprise ? C'était certainement dû à ma vision des choses. Il y avait deux catégories de personnes pour moi, les riches, enfin, les personnes ayant les moyens de se payer le luxe ainsi que les autres, peu importe où et comment vivaient-ils, c'était les mêmes. « Sans domicile fixe, hm. » Ouais, pas de commentaires. Ce dernier me rendit mon portable en le lançant, franchement, il aurait pu me l'apporter tout en se mettant à genoux et s'excuser, bon, nous ne pouvions pas avoir tout ce que nous désirions. « T'as l'habitude d'acheter les gens non ? » Me demanda-t-il. Je rangeais tout d'abord ce que j'avais sorti auparavant avant de prendre le temps de gaspiller ma salive afin de répondre à sa question. « Non, du tout. Les gens ont l'habitude de faire ce que je dis, sauf quelques exceptions qui souhaitent défier l'autorité .. mais bon, ils finissent par comprendre que cela ne sert à rien. » Je reprenais mon activité favorite, c'est-à-dire envoyer des messages. Je me devais de clarifier la situation avec ma meilleure amie qui avait répondu au message envoyé par le jeune homme dont je ne connaissais toujours pas le prénom. Je devrais songer à demander les noms de mes interlocuteurs avant de leur crier dessus, c'était peut-être un criminel venant tout juste de sortir de prison, nous n'en savions rien. « Je suppose que tu vois de quoi je parle. » Finis-je par ajouter. Je disais ça, je disais rien. Il ne se reconnaissait peut-être pas dans la situation, enfin, peu importe. « Ta pote, tu lui as offert quoi pour qu'elle te supporte ? Une voiture ? Une maison de vacances ? Ou tu lui a donné le petit ami de son choix peut-être ? » Ah oui, celle-là. J'appuyais sur la touche envoyé avant d'oublier. Les paroles du jeune homme étaient amusantes, pourquoi ne pouvait-il pas croire que je pouvais être sympathique, de temps en temps ? Et par conséquent, créer une amitié. M'ouais, non, il avait raison, cette amitié était tout simplement par intérêt. « Mon amitié. » Répondais-je avec sourire. Je n'allais pas lui faire plaisir en lui disant qu'il avait raison et que tout cela n'était que du bidon. « J'comprendrai jamais les nanas dans ton genre, j'crois. » J'haussais les épaules, que voulait-il que je fasse ? Personne ne lui demandait de comprendre, jusqu'à preuve du contraire. « Tu en connais beaucoup des nanas dans mon genre ? » Demandais-je par curiosité. Il pouvait me donner les numéros de ces dernières afin de que je puisse les contacter et monter un club. Trêve de plaisanterie, le temps commençait vraiment à être long. « Dépêchez-vous ! On n'a pas que ça à faire ! » Criais-je au jury dans l'autre pièce. Nous n'avions pas le droit, c'était certain, mais comme je l'avais mentionné précédemment, je faisais ce que je voulais.

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