SIDO

Je revenais d'un jogging plutôt intense à travers les bois. La production nous avait pourtant bien prévenu de ne pas trop nous éloigner des sentiers, pourtant je n'en avais fait qu'à ma tête et m'étais enfoncé dans la forêt. A vrai dire, c'était plus excitant que de suivre un chemin déjà tout tracé. Certes, il y avait toujours le danger de rencontrer le fameux sanglier, bien que je pensais plus à une légende de ce côté ci qu'autre chose. Ça devait faire un bon moment que la production avait du descendre cette bestiole, car ça pouvait être franchement dangereux de le laisser près d'un plateau tv non ? Enfin, pour ce que j'en savais. En sueur, j'avais donc regagné l'immeuble, traversant les coulisses pour me rendre jusqu'à l'ascenseur. J'actionnais donc le bouton d'appel, alors qu'une candidate se joignait à mon côté pour l'attendre à son tour. La blondasse -la voix- de l'ascenseur me tira de mes pensées une fois celui ci arrivé à notre niveau. Bien. Je laissais donc par galanterie la candidate passer devant moi, alors que je soulevais le pan inférieur de mon débardeur à moitié trempé, pour le porter jusqu'à mon front, histoire d'essuyer les goutes de sueur qui y perlaient. Tout était silencieux, et seule la petite musique extrêmement agaçante du huit clos semblait raisonner à travers les murs. Et puis d'un coup, plus rien. Lumière grésillante, léger tremblement, et nous ne montions plus. Elle et moi étions coincés. « Il faut croire qu'ils ne sont même pas foutu d'avoir du matériel de qualité, par ici. » que je lâche en un soupir, avant de porter mon regard vers la candidate, mes yeux détaillant un court instant son frêle corps avant de remonter jusqu'à ses prunelles. « Tu veux t'occuper comment en attendant que ça se débloque ? » parce qu'on allait en avoir pour un bout de temps.

Si il y avait bien une chose à laquelle je ne m'étais pas attendu, c'était bel et bien de rester coincé dans un ascenseur. Pas ici. Ça m'apprendra à ne pas prendre les escaliers, comme à mon habitude. Je n'étais pas fan de tout ce qui était technologie, je crois que je préférais encore vivre à l'ancienne. Cela dit, ça n'était pas très étonnant lorsque l'on savait que je vivais dans une caravane, et non pas dans une maison. C'était pas mon truc les huit clos, je préférais encore dompter la nature. J'étais un mec de l'extérieur, le genre de garçon à passer ses journées en plein air, la peau brulée par le soleil et les goutes de sueur perlant sur le front. J'aimais ça. J'aimais sentir le soleil tout contre ma peau, chaud ou froid, je n'étais pas du genre à être sensible à la moindre température un peu trop en dessous. Je ne m'étais pour ainsi dire que rarement retrouvé dans un endroit fermé, comme maintenant. Cependant, j'étais bien loin de paniquer ou de crier au scandale. Certes, mon côté animal des bois n'avait pas tardé à surgir, alors que je ronchonnais tel un vieil ours face à la qualité du matériel, mais j'allais rester parfaitement calme, du début à la fin. J'avais les épaules solides. Je proposais donc à la candidate de nous occuper comme l'on pouvait, ce à quoi elle répondit « Faire connaissance c'est déjà un bon début, tu ne trouve pas ? » pourquoi pas. Ça n'était pas tout à fait ce que j'avais en tête, mais je n'étais pas non plus contre cette option. De toute façon, tout était bon à prendre à ce stade. Oui, prendre était bel et bien le verbe à employer, hm. « Puis, on avisera par la suite. » nos regards se croisèrent alors qu'un sourire presque imperceptible s'esquissait sur mes lèvres « Selon nos envies, qu'en dis-tu ? » fourrant ma main droite dans ma poche, je portais ma seconde vers ma barbe de trois jours, tout en reprenant la parole. « J'en dis qu'on a pas mal de temps à perdre, et que maintenant ou plus tard, on sait que l'inévitable se produira. » et par là, je n'avais absolument pas besoin de préciser ma pensée, puisqu'elle devait probablement déjà la partager. « Sido. » Son prénom évoqué, je passais donc au mien. « Archie. » Voilà, nous étions officiellement intimes elle et moi. M'approchant de la jeune femme, je laissais mes deux mains se poser avec délicatesse sur ses hanches, alors que mes yeux océans capturaient les siens. « Et si tu veux apprendre des choses sur moi, il va falloir aller chercher de toi même. » et par là, j'entendais ne pas seulement se contenter de poser des questions, il n'y avait pas que ce genre de détails qui m'importaient.

Dire que la jolie blonde n'était pas séduisante serait mentir, j'étais même certain qu'elle avait déjà son petit auditoire à elle toute seule. Mais plus que ça, elle dégageait quelque chose d'attractif, peut-être de par le fait qu'elle ne parle que très peu. Tout en elle semblait vouloir m'attirer, il était donc évident que j'en vienne à l'approcher. Peut-être étais-je trop direct, mais je savais ce que je voulais, chose qui pouvait parfois mettre mal à l'aise certaines personnes, mais qui avait l'air d'amuser la candidate. « Tu es bien sûre de toi, l'ami. » J'étais audacieux, et n'avais jamais eu peur de demander ce que je souhaitais. Je lui faisais part de mes envies, là, tout de suite. J'étais honnête, et c'était bien tout ce qui comptait. Je n'aimais pas ces gens qui se cachaient derrière des apparences, non, je préférais me contenter d'être direct, d'aller droit au but, non sans cultiver une part de séduction, bien évidemment. Je savais ce que je voulais, et même si je ne l'obtenais pas toujours, j'avais au moins la force de caractère requise pour le demander. Mes mains s'étaient donc guidées d'elles mêmes jusqu'aux hanches de la candidate, alors que celle ci reprenait la parole. « Pas si vite, Apollon. » arquant un sourcil, je l'observais un court instant, me reculant quelque peu à son geste, sans pour autant trop m'éloigner non plus. Il ne faudrait pas qu'elle m'échappe, comprenez. Mon dos ne tardait pas à se coller au mur. « Chaque chose en son temps. » J'avais l'impression que j'étais un chasseur, et qu'elle était cette biche esquivant tous mes tirs. De quoi me faire sourire un peu plus. « Le faire dans un ascenseur a toujours été un de tes fantasmes ? » Je ne savais pas bien si c'était le cas, non, à vrai dire je n'y avais même pas réfléchi jusqu'ici. J'observais les doigts de la jeune femme longer mon torse pour s'arrêter à la bordure de mon jogging, avant que mes yeux ne remontent aux siens, mes lèvres se plaçant non loin de l'oreille droite de la jolie blonde. « Disons que je n'ai pas peur de saisir une opportunité. » et que celle ci en était une en or. Saisissant la candidate par les hanches, j'inversais nos positions, mes doigts longeant la peau dénudé de son bras gauche alors que mon souffle chaud se déposait contre sa clavicule. « Le tout est de savoir si tu es de ce genre là également. » repris-je alors que mes yeux s'ancraient à nouveau dans les siens.