+ John

Je me réveille aux côtés de ma partenaire russe. J'ai du mal à m'y faire, à la rigueur me réveiller à côté d'une femme ça me gêne pas mais me réveiller à côté d'une russe ça me donne tellement l'impression d'être mon père se réveillant aux côtés de ma mère que ça me met de mauvaise humeur. J'ai envie d'être comme mon paternel mais d'éviter de faire toutes les bourdes qu'il a faite donc me réveiller avec Becca ça m'agace. Elle y est pour rien si elle est née à Saint-Saint-Pétersbourg, si ma mère est qu'une conne, mais voilà, moi ça me saoule, c'est tout. Je me lève donc vers neuf heures et des brouettes. Je m'habille un peu, en tout cas j'enfile un T-shirt en plus de mon pantalon de pyjama pour aller prendre l'air quelques minutes afin de me rafraîchir les idées avant de m'aventurer dans la cuisine pour prendre mon petit déjeuné. Je m'installe sur un siège et baille, plaquant ma main sur ma bouche grande ouverte. Je suis encore fatigué en fait je crois. Un gars arrive. Je n'ai aucune réaction au début, je me contente de le regarder sans trop le voir. Je ferrais surement mieux d'aller me remettre au lit. Ah, mais non, Becca doit encore y être, hm. Je toise le petit brun encore quelques minutes avant de vraiment réaliser qu'il est là. « Hey, amigo, tu m'fais un café, por favor ? » Oui, j'avoue, je l'ai un peu pris pour mon cuistot sur le coup, mais il faut pas m'en vouloir, j'ai l'habitude qu'on fasse les choses à ma place, même dans mon appartement à Madrid j'ai des gens à mon service alors que mon père voulait que je me débrouille par mes propres moyens. Le truc c'est que quand on vie dans la facilité toute sa vie bah on sait plus comment faire des trucs tout simples, tout cons donc voilà, il faut pas m'en vouloir.

Ce matin quand je me lève j'ai plus ou moins la tête dans le cul. C'est à cause de Becca, elle est russe, voilà, elle y peut rien mais moi ça me fais terriblement chier. Il faut que je me sorte ça de la tête, c'est trop con en plus. Je me rends jusqu'à la cuisine où je tombe sur un type que je ne calcule pas tout de suite puis quand mon cerveau a enfin analysé mon environnement et me signale que je suis en présence d'un individu je ne trouve rien de mieux que de lui demander s'il peut me faire un café. J'y mets les formes, c'est déjà pas mal, je dis s'il te plait, en espagnol, mais c'est toujours ça de pris. Il le fait. Bon bah cool, je suis tombé sur un type sympa, en même temps il venait d'action la machine pour lui-même donc le faire pour moi ne devrais pas être trop dur. Je le toise un instant et recherche son éventuel prénom dans ma mémoire. Il y a trente-et-une autres personnes à mes côtés et jusqu'à présent je crois que j'ai surtout réussi à nommer des femmes. Très étonnant, n'est-ce pas ? Mais je crois que lui a un prénom pas mal répandu, un prénom qui fait bien anglais, il me semble. Peter, peut-être. Je ne crois pas. James ? Possible. De toute façon je n'ai pas le temps de m'attarder plus sur la question puisqu'il me demande si je suis espagnol. « Ouais. Comment t'as deviné ? » Question rhétorique, je me doute que c'est parce que j'ai parlé dans ma langue maternelle qu'il en a déduit que j'étais espagnol, et il a raison. « Et toi, t'es...anglais ? » Ouais, à l'accent je dirais qu'il est anglais. Je passe pas mal de temps à Londres, comme dans d'autres capitales du monde, donc je sais plus ou moins deviner la nationalité des gens à leur façon de s'exprimer.

Le candidat à qui je viens de demander un café le fait presque immédiatement. Il me demande si je suis espagnol, au passage, mais je crois qu'il s'en doute. Enfin, comme certain le pense, j'aurais très bien pu faire semblant d'avoir un accent et de parler espagnol pour séduire les filles. Mais non, je suis espagnol, point barre. Je lui demande donc ce qui l'a mis sur la piste, mais je connais déjà la réponse. Après avoir enclenché la machine, il me répond ce à quoi je m'attends tout en me tendant la tasse de café qu'il vient de faire couler, et le sucre aussi. J'esquisse un petit sourire en coin. Mon père dit que quand on met du sucre dans un café, ce n'est plus un café, mais un café avec du sucre. Moi, non plus je n'ai jamais compris le sens caché de cette phrase, si toute fois il y en a un. Pour ma part, j'ajoute toujours au moins une cuillère de sucre à mon café, je trouve ça meilleur, mais chacun ses goûts et je suis bien content d'en avoir des différents de ceux de mon père. « Gracias. » Que je dis en saisissant de ce qu'il me tend. Puis je lui demande s'il est anglais, parce que son accent me le laisse penser. Il acquisse et me demande si c'est bel et bien son accent qui l'a trahit, lui aussi. Je fais oui de la tête après avoir ajouté une cuillérée de sucre dans mon café et l'avoir touillé. Je porte la tasse à mes lèvres. Tout mon organisme s'éveille rien qu'à l'odeur. Ah, je me sens mieux. Pendant que l'anglais se fait son café, il sort un paquet de cookie. Il me dit que je peux me servir. « Hm, non, merci. Je déjeune jamais beaucoup. » Le mensonge. Je mange pour quarante le matin d'habitude. Je me réveille même super tôt pour être sûr de pouvoir tout manger. Franchement on se demande comment je fais pour gagner la ligne vu tout ce que j'englouti alors que je ne pratique aucun sport, à part la natation de temps à autre, quand j'ai le temps. C'est sans doute un truc génétique qui m'empêche de grossir. M'enfin bref, au final je m'en fiche, j'ai de la chance. « J'imagine que t'as un nom, l'anglais ? » Ouais, il faut pas m'en vouloir si j'ai du mal à retenir les nom des candidats et pas ceux des candidates. Je reste toujours convaincu qu'il a un nom qui sonne vachement anglais, mais j'arrive pas à mettre la main dessus, même maintenant que j'ai bien entamé mon café.

L'anglais m'a servi mon café, ce dont je lui suis très reconnaissant, même si je n'en ai pas tellement l'air, parce que grâce à lui j'ai les idées plus clairs. Il aurait aussi pu me dire d'aller me faire voir avec mon café comme certain l'aurait fait, mais non, il semblait bien élevé. Tant mieux. Enfin, s'il avait refusé je me serais mon café moi-même, ça ne me gênait pas tant que ça au fond. On commençait à faire un peu connaissance, apprenant la nationalité de chacun. Je lui demandais son prénom, présumant qu'il devait en avoir un. Il m'assura que bien que nos origines et cultures étaient différentes, on donnait aussi des prénoms aux gens, en Angleterre. Je souris. « Ah ouais ? Tu m'apprends un truc, là. » Que je dis pour blaguer. Il me dit donc s'appelait John. Hm, j'en étais sûr qu'il avait un nom dans le genre. « Esteban. » Que je dis en tendant une main vers lui, histoire qu'on se salut comme de vrais hommes, même si nous devions faire partie des plus jeunes de l'aventure, en tout cas je lui donnais mon âge ou moins à l'anglais. « Vous mangez pas des trucs comme du fromage et des oeufs d'habitude pour le petit déjeuné, vous les anglais ? » Je crois que si, en tout cas une bonne partie des habitants du pays, mais lui n'en fait peut-être pas partie. Après, rien ne me dit qu'il mange des cookies tous les matins, si ça se trouve il prend ce qu'il trouve dans les placards. Je me renseigne simplement, c'est pour ma culture, j'aime apprendre. C'te bonne blague.