TIFENN

Quand j’ai rien à faire à l’intérieur du nid, j’opte pour la solution de facilité : l’extérieur. C’est une valeur sûre. Je me promène, j’observe le paysage. Si je me suis lassée de la majorité des pièces ou des activités du nid, je me lasserais jamais des paysages. Hawaii, même si le climat me déplait, c’est quand même magnifique, on ne peut pas le nier, et niveau extérieur, la production a mis les petits plats dans les grands. Je me balade donc dans la forêt, mains dans les poches, appareil photo pendu à mon cou, au cas où l’idée de photographier les arbres me viendrait, hm. Sur mon chemin, je croise une silhouette familière, petite, brune. Ça doit être Tifenn. Je m’approche d’elle. « Tifenn, tu tombes bien. » Très bien même. En réalité, quiconque me tombant sur la main aurait fait l’affaire, hm. « Je cherche quelqu’un pour m’accompagner dans ma quête de vérité. » Que je dis, le plus sérieusement du monde, comme si je menais l’enquête la plus sérieuse de ma vie. M’enfin, il faudrait peut-être que je lui donne un peu plus de précisions, je crois. « Je suis sur les traces du sanglier de cette forêt. » Dit le sanglier sauvage, petit surnom donné par mes soins. Activité décidée il y a trois secondes. Je ne sais pas s’il s’agit là d’une légende ou non, même si j’opte pour la première option, quand même. Mais s’il y a effectivement un sanglier dans cette forêt, je veux une preuve. Et comme Tifenn est toute seule, je suis toute seule, autant s’occuper à deux, et j’en ai un peu marre de poser toutes sortes de questions à mes camarades. « Alors, partante ? » Que je lui lance, en la suppliant presque du regard.

Ça commence à faire un petit bout de temps que les candidats de cette saison sont à Hawaii. Pas que cela dérange Tifenn, mais c’est qu’elle commence à tourner en rond la p’tite. Elle connait tous les recoins du nid d’amour et les paysages sont toujours les mêmes. Certes magnifiques, mais toujours les mêmes. Pourtant elle opte toujours pour une petite balade à l’extérieur dès qu’elle commence à s’ennuyer la gamine. C’est souvent dans la forêt qu’elle s’en va gambader avec un sac à dos sur les épaules pour prendre avec elle toutes les choses dont elle pourrait avoir besoin au milieu de nulle part si jamais il venait à lui arriver quelque chose. C’est un petit peu comme une trousse de survie ce sac à dos. Hors de question qu’elle parte sans. Tifenn fait quelques pas sur le sentier lorsqu’une voix féminine qu’elle commence à connaître l’interpelle. « Tifenn, tu tombes bien. » Une silhouette blonde s’approche d’elle. Rowan. Un sourire s’installe sur le doux visage de la petite brune. « Je cherche quelqu’un pour m’accompagner dans ma quête de vérité. » L’accompagner dans sa quête de vérité ? Elle a peut-être entendu parler d’un trésor et elle veut savoir s’il y a bien une caisse pleine de pièces en or sous nos pieds. C’est une hypothèse tout à fait probable. En tout cas l’allemande fronce les sourcils en regardant sa camarade de la tête aux pieds. « Je suis sur les traces du sanglier de cette forêt. » Parce qu’il y a un sanglier dans cette forêt ? Ce n’est pas très rassurant quand on voit de quoi est capable cet animal. Le visage de Tifenn devient tout de suite un petit peu plus pâle. Se balader et chercher des preuves que le sanglier existe, comme des traces de pattes ou bien des crottes, pas de soucis, mais prendre le risque de se retrouver nez à nez avec ce frère du diable, non merci. « Alors, partante ? » La gamine ne sait pas trop alors elle se contente de hausser les épaules. « Si jamais on tombe en tête à tête avec lui, tu ne vas pas partir en courant et m’abandonner comme une vieille chaussette devant cet animal capable de me déchiqueter en un seul coup de défense ? » Bon, c’est peu probable que cela arrive, mais il faut tout envisage pour être prêt à affronter ce sanglier. On n’est jamais à l’abri de rien. « Parce que c’est quand même un petit peu dangereux un sanglier. » Même très dangereux parfois. Elle fait presque rie Tifenn avec son air de petite fille peureuse. C’est tout mignon. Du grand Tifenn.

J’interpelle Tifenn. Elle tombe bien, en effet, mais n’importe quel candidat serait bien tombée, honnêtement. Je lui propose une formidable activité, la chasse au sanglier. J’ai entendu dire qu’il y en avait un qui traînait dans le coin, c’est le moment de le vérifier. Enfin, ça m’étonnerait quand même qu’on le trouve aussi facilement, mais on peut toujours essayer. Dans le pire des cas, on tombera sur un lapin ou un écureuil, c’est mignon ces petites bêtes là, donc au moins la ‘’chasse’’ ne sera pas gâchée. Je propose donc mon petit plan à Tifenn, qui n’a pas l’air des plus emballées. Elle se voit déjà déchiquetée par la bête. Mais je suis sûre qu’elle est gentille cette petite bête, si on lui demande de nous épargner. « Quoi ? Mais pour qui tu me prends ? Bien-sûr que je ne t’abandonnerais pas ! » Non mais sérieusement. Je suis gentille, moi, je vais pas l’abandonner lâchement. « Non, je te pousserais, ça sera plus rapide comme mort. » Plutôt qu’elle doive courir et mourir de fatigue jusqu’à ce que le sanglier l’attrape enfin. Franchement, c’est généreux de ma part. J’esquisse un léger sourire, histoire que Tifenn soit bien consciente que je rigole, hein, je connais pas encore son sens de l’humour à la perfection. « Mais non, un sanglier c’est très gentil, penses à Pumba ! Enfin, c’est pas vraiment un sanglier, mais c’est le même genre.  » C’est un phacochère, mais on va pas chipoter, quand même. « Et je suis sûre que dans ton sac, tu as de quoi nous protéger en cas de danger imminent. Je me trompe ? » Je suis sûre que Tifenn est le genre de fille à penser à tout, et attaque de sanglier comprise. Du moins j’espère. Je fais quelques pas en avant. « Allez, Tifenn, c’est l’aventure de ta vie ! » Et là, si elle est pas convaincue, je ne sais plus quoi faire, hein. Et puis, plus sérieusement, je doute qu’il existe véritablement un sanglier par ici, ça m’étonnerait que Cupidon nous laisse avec une bête aussi sauvage. M’enfin, je veux en être sûre, même si j’ai déjà une idée de l’issue de cette recherche.

Partir sur les traces d’un sanglier c’est quand même pas de tout repos. Et puis c’est quand même super dangereux. Elle se fait un petit de soucis Tifenn. C’est normal, on parle de Tifenn qui n’est franchement pas très courageuse et qui n’ose pas grand-chose d’extravagant dans sa p’tite vie. Elle a peur de finir toute seule face à la bête et que Rowan l’abandonne. Après tout ce ne serait pas la toute première fois que quelqu’un l’abandonne alors c’est pour ça qu’elle reste sur ses gardes. « Quoi ? Mais pour qui tu me prends ? Bien-sûr que je ne t’abandonnerais pas ! » C’est rassurant. Un sourire vient naître sur les lèvres de la brunette. Elle est gentille comme tout cette grande blonde. Et jolie en plus de ça. « Non, je te pousserais, ça sera plus rapide comme mort. » Enfin là, elle est bien moins en train de sourire la gamine. Elle fait même la gueule là. Enfin, c’est surtout qu’elle ne s’attendait pas à ça. Ce n’est certainement qu’une boutade car Rowan n’oserait jamais faire une telle chose, surtout devant les caméras, mais la belle ne peut s’empêcher de paniquer un peu. « T-tu … ferais vraiment ça ? » Certainement pas, mais il vaut mieux être sûr. Après tout, elles ne se connaissent pas tant que ça les deux candidates. En tout cas cette histoire de sanglier ça ne la rassure pas des masses à Tifenn. « Mais non, un sanglier c’est très gentil, penses à Pumba ! Enfin, c’est pas vraiment un sanglier, mais c’est le même genre. » Sauf que Pumba c’est un gentil sanglier. Il chante, il danse, il parle et il raconte que des bêtises alors que celui de la forêt du nid d’amour ne doit pas être aussi gentil. « Et je suis sûre que dans ton sac, tu as de quoi nous protéger en cas de danger imminent. Je me trompe ? » Elle n’a pas tort. Il y a tout un tas de choses toutes plus folles les unes que les autres dans son sac à l’allemande. Surtout de quoi se soigner en cas de blessure et de quoi se protéger des animaux sauvages. « Allez, Tifenn, c’est l’aventure de ta vie ! » C’est à réfléchir. Mais pas trop longtemps. Juste deux minutes. La jeune femme se tort les lèvres et se pince l’intérieur de la joue avec les dents. Ca turlupine dans sa petite tête. « Bon, d’accord. » Un sourire s’empare sur les lèvres. « On commence par où ? » qu’elle dit en faisant un pas en avant et en mettant sa main en visière sur son front pour tenter de voir le plus loin possible.

Elle a pas l’air très convaincue la petite Tifenn, et je comprends pas pourquoi, c’est une chouette activité que je lui propose, elle tombera peut-être plus jamais sur un candidat aussi sympa que moi, qui lui propose une formidable activité pour s’occuper durant tout un après-midi. Et puis, elle tombe sur la bonne personne, je vais pas la pousser sur le sanglier si l’on vient à croiser celui-ci, malgré ce que je lui laisse croire. D’ailleurs, je pensais que la blague passerait sans souci, que soit elle esquisserait un sourire, soit elle ne réagirait pas, mais dans les deux cas, elle saurait que je ne suis pas sérieuse. Mais visiblement, elle a quand même besoin d’être rassurée. Vraiment ? « Mais non, jamais. » Franchement, je ferais même pas ça à mon pire ennemi, sauf en cas de force majeur, alors à la douce et gentille Tifenn… Non, je suis pas capable d’un tel acte, qu’elle se rassure. Et puis, je veux pas finir en prison à peine mon aventure Fake Lover terminée, non, je tiens trop à ma liberté pour risquer de sacrifier celle-ci. J’essaie de la convaincre en lui parlant de Pumba. Bon, certes, Pumba est un phacochère, et j’ai pas vu le film ou les films ou je sais pas quoi, donc je suis pas sûre de ce que je dis, mais c’est un Disney, tout le monde est sympa dans ces films, et des retours que j’ai eu, Pumba est une brave bête. Alors il n’y a pas de raison que notre sanglier n’en soit pas une, hm. Et vu le sac qu’elle se trimballe juste pour une balade en forêt, doit y avoir du lourd là-dedans, on va pouvoir survivre si l’on vient à se faire attaquer. Faut qu’elle accepte, elle va passer à côté d’une très belle aventure sinon. Je la fixe durant ce laps de temps, avec mon plus beau regard attendrissant. Elle va quand même pas me refuser ça, pas à moi ? Et finalement, elle accepte. Je laisse échapper un sourire. « Tu me remercieras pour t’avoir convaincue, tu verras ! » Ouais, enfin je sais pas trop. « Par… là ! » Que je dis ensuite en montrant un petit chemin sur la droite. Je m’y engouffre, laissant le soin à Tifenn de me suivre, comme ça elle est forcée d’avancer, hm. Finalement je ralentis pour aller à son rythme. « Et sinon, pourquoi tu participes à Fake Lover ? T’es plutôt timide de base, non ? » Que je demande tout en marchant, ne me déconcentrant pas pour autant et laissant vadrouiller mon regard sur chaque recoin de la forêt. Au final, j’aime bien poser des questions. Et puis Tifenn, je ne la connais pas tant que ça, donc ça m’intrigue. Je la vois mal venir pour l’argent, ou pour se faire tous un tas d’amis. Peut-être pour trouver l’amour à la rigueur, mais sinon, je saurais pas dire ce qu’elle est venue faire ici, alors je m’intéresse réellement à la réponse.