Je riais, rire presque sarcastique enfin de compte mais c'était rire ou pleurer, et j'avais déversé trop de larmes pour ce soir. J'en étais finalement incapable. Je l'écoutais se défiler lâchement, se cherchant des excuses plus que bidon, je n'étais pas dupe, il ne l'était pas. Son attitude en était la preuve, ses paroles dures contrastaient avec son expression. Comme je m'y attendais, il se dégageait de mon emprise, attrapant mes mains, qu'il disposait sur ton torse, son cœur battait bien trop fort pour que ce soit sans raison. « C'est toi que tu essayes de convaincre là. Ton regard humide, ton cœur battant à tout rompre, c'est évident, que tu n'es pas ce genre de personne, ça crève les yeux. » Ma voix était douce, et étrangement calme, je murmurais presque. Il se reculait, puis comme moi quelques minutes plus tôt, il se retournait. Il se voulait odieux mais ça en m'atteignait pas, j'étais passé par de nombreux stades en l'espace de quelques minutes à peine, que finalement mes réactions juraient avec la situation dans laquelle il voulait nous enfermer. « Je suis censé me mettre à hurler, à te détester à fuir les larmes aux yeux ? Je suis désolée. Si tu veux que je m'en aille, très bien seulement, je serais toujours autant attachée à toi et finalement rien n'aura changé, on en sera toujours au même point. Toi qui me dit vouloir être amis alors que ton corps me dit tout le contraire et moi, moi qui est persuadée que tu perds ton temps ... » Je soupirais, une fois encore.

Son rire me blessa quelque peu, me discréditant tout de suite de tout sérieux. Mais je n'en fis finalement rien, ma gorge était comme paralysée et une étrange lassitude semblait naitre en moi. Je ne voulais plus me justifier, je ne souhaitais plus exprimer ce que j'avais sur le cœur, ça en devenait trop complexe et surtout ridicule. Ne voulant plus écouter une seule seconde de plus ce qu'elle avait à me dire, ces paroles qu'elle se plaisait à m'envoyer car profondes de vérité, je pris ainsi le chemin me menant vers la porte de la cuisine, ouvrant celle-ci en soupirant longuement, tournant la tête vers la candidate. Une larme fugace, de rage peut-être, de déception, ou à cause de toute cette pression soudaine, dévala ma joue avant de s'envoler sous ma paume qui vint intercepter celle-ci à temps. Je supposais qu'elle ne l'avait pas vu, mes sourcils froncés du moins pourraient toujours lui faire penser à une illusion.

Alors c'est bien regrettable pour toi Sydney.

Claquant la porte derrière moi, je retournai m'isoler dans le salon, m'affalant sur le canapé en silence, la respiration courte et saccadée, mes yeux échoués sur le mur d'en face.