La vie est faite de désirs et d'envies. C'est selon la capacité qu'on a à répondre à ces désirs que se détermine le bonheur brut, basique. Et en l’occurrence, comme Pia aime bien être heureuse dans la vie, elle a décidé de ne pas aller à l'encontre de ses envies et lorsque la tentation lui est venu à minuit et quelques de se lever pour aller faire un tour dans le jardin, elle a choisi de ne pas résister. Elle s'est levé, tentant tant bien que mal de le faire sans réveiller son partenaire et a traversé la maison déserte dans le silence le plus complet. Elle aime le bruit, les mots, l'agitation ; ce sont même des termes que l'on pourrait utiliser pour la décrire tant la discrétion n'est pas son trip. Pour autant, elle a ressenti quelque chose de grisant à l'idée d'être la seule âme-qui vive dans cette immense baraque. Possible qu'il y ait quelques candidats en train de faire la fête dans un coin ou de s'envoyer en l'air dans la cage d'escalier, mais elle n'entend rien. Ça a quelque chose de reposant, l'absence de tout, lorsque vous êtes obligé de vivre vingt-quatre heures sur vingt-quatre avec d'autres personnes qui crient et qui s'agitent autant que vous, même pour une énergumène inépuisable comme Pia.
Elle pousse la porte de la maison et sort. C'est drôle, les fleurs et les arbres ont une toute autre dimension la nuit. On dirait les personnages d'un pays imaginaire genre le wonderland d'Alice, elle s'attendrait presque à tomber nez à nez avec une chenille qui lui fumera au visage le sens de la vie. En avisant la glacière qui se trouve à côté du barbecue, elle comprend ce que c'est. Le sens de la vie c'est de pouvoir se faire cuire un steak haché à presque une heure du matin. Elle en prend un et le pose sur la grille, cherchant le moyen d'allumer le barbecue quand il lui semble entendre quelqu'un derrière elle. Elle se retourne et distingue une silhouette, plisse les yeux sans réussir à reconnaître qui que ce soit. « Hey ?.. ». Elle hasarde, à l'intention de l'ombre-fantôme, sans trop savoir si elle doit attendre une réponse ; c'est peut-être juste le fait de son imagination, ou alors une hallucination due à la bouffe de ce soir qui serait mal passée. « Tu veux un steak ? On partage s'tu veux. Bon pour le moment il est cru mais voilà.. ». Amène toi connard, c'est l'heure du thé et t'es en retard.

Le drame de la vie de Pia, c'est peut-être de bosser dans un restaurant et pour autant de ne savoir rien cuisiner convenablement, si ce n'est les pâtes et les sauces qu'elle doit servir aux clients. Quand quelqu'un dit qu'il bosse dans la restauration, c'est limite si on ne lui saute pas dessus pour qu'il aille se mettre aux fourneaux histoire de préparer la bouffe ; mais s'il s'agit de la rouquine il y a de grandes chances d'être déçu, à moins d'être amateur de spaghetti à la napolitaine ; pas question d'avoir des goûts de luxe en tout cas. A la limite elle pourrait rajouter du foie gras aux Penne Zita et ça s'arrête là. Et en l’occurrence, ses non-capacités de cuisinière l'handicapent grandement. Elle n'a aucune idée de comment allumer le barbecue, de toute façon c'est con comme invention, on a les plaques à induction. Même si c'est beaucoup moins exotique, pour le coup. L'ombre s'avance vers elle pour devenir enfin visible. Isaac. Elle n'a pas encore retenu le prénom de tous les candidats qui se partagent la maison, mais sachant que c'est le premier joueur dont le secret a été dévoilé, ce n'est pas bien difficile. Surtout quand on voit la teneur du secret en question. Heureusement qu'il leur a accordé le privilège de connaître les raisons de son emprisonnement parce que sinon elle se serait peut-être méfié d'avantage, surtout qu'il y a un couteau pas loin. Elle sourit à sa remarque. « Pas du tout, je sais faire cuire un steak, qu'est-ce que tu crois.. Seulement ça a l'air de te faire plaisir d'allumer ce barbecue alors j'vais pas te refuser ça. ». L'art de manipuler les mots, ou comment retourner la situation alors qu'en réalité si il ne l'aide pas elle risque bien de le manger cru, son bout de viande. Mais par chance, il a l'air déterminé puisqu'il commence à bricoler elle ne sait trop quoi avec le charbon. « Si tu nous fait cuire ça convenablement, peut-être. ». Sourire en coin alors qu'elle s'installe confortablement à une table qui traîne juste à côté du barbecue. « Toi aussi t'as eu des envies carnassières à minuit ou c'est ton partenaire qui t'a fait tomber du lit ? ». Peu probable que ce soit également l'appel du steak qui l'ait attiré ici mais sait-on jamais.

Elle le regarde trifouiller le charbon tout en se disant qu'elle n'aide pas à combattre les clichés comme quoi monsieur allume le feu pendant que madame regarde en bavant d'admiration, et de faim peut-être devant le fumet de la viande, même si il y a des images plus glamour, qu'on se le dise. Mais en l’occurrence, ça lui passe complètement au dessus et à des kilomètres même. Elle veut un steak, il peut le lui faire cuire, pourquoi s'emmerder d'avantage. On pourrait même pousser jusqu'à dire que c'est elle qui donne les ordres et lui qui exécute. D'ailleurs ce n'est pas une pensée trop désagréable et ça la fait sourire. Être servie plutôt que servir, pour une fois. « J'savais pas qu'il en existait des comme ça. », elle remarque, sarcastique. Peut-être bien que pour le coup, elle l'aurait mangé cru, son steak. On peut facilement l'acheter contre de la nourriture, mais quand même. Elle regarde avec une certaine satisfaction le feu qu'il vient d'allumer. C'était sans doute pas sorcier, mais elle n'a pas eu à chercher pendant une demi-heure là façon dont elle allait pouvoir procéder et c'est assez plaisant. Elle est un peu étonnée lorsqu'il lui répond qu'il est célibataire avant de se rappeler que Ohana est aussi partie cette semaine. C'était donc le chanceux qui avait eu le loisir de partager la couverture avec la belle brune. « Ça te fait plus de place pour dormir. », elle tente, dans le but de le réconforter, un peu pour se moquer aussi. Il faut relativiser, dans la vie. Même si ce n'est certainement pas ce qu'elle penserait si Andreja venait à quitter leur lit. Elle rit à sa remarque suivante. « Pas de soucis, tu peux me rejoindre dans le mien, si t'as rien contre le ménage à trois.. ». Elle ajoute un clin d’œil. C'est sûr qu'il se retrouverait un peu à l'étroit coincée entre son partenaire et elle. Rien à voir avec le lit king size qu'il se tape pour lui tout seul, mais comme elle est sympa elle veut bien partager un peu de la chaleur de son compagnon avec lui. A voir si ce dernier a l'amabilité d'accepter ce pauvre Isaac. Elle se frictionne les bras et baille un coup. Son horloge interne a un temps d'avance ou une marge de retard, c'est selon. L'aiguille est tombée et elle a l'impression que tout est déréglé. « J'essaye d'adopter le rythme un bisou sur le front et au lit pour pas avoir l'air d'une déterrée à la caméra mais mon partenaire me tenait trop chaud donc je suis venue prendre l'air. ». C'est en voyant la glacière que l'envie d'un steak lui est venu. Elle est trop influençable, Pia, comme une gosse il suffit presque de lui faire miroiter quelque chose pour qu'elle en ai envie. Niveau bouffe en tout cas.