Premier jour du mois de février, un mois qui, chaque année, me rendait nerveuse et un peu déprimée, un mois qui m'avait vu naître et grandir, je détestais ce mois de février quelque peu étrange, beaucoup plus court sur les autres, pourquoi d'abord? Parfois, il prenait un jour de plus, une fois tous les quatre ans, les êtres nés en février devaient-ils se rendre à l'évidence même : ne pas être normal? Je l'avais espéré pendant longtemps avant d'ouvrir les yeux et me dire que non, ce n'était pas ce mois qui m'avait rendu étrange, c'était ce moment douloureux que j'avais passé, c'était sa perte tragique et son absence in-considérable, oui elle me manquait étrangement, plus encore en cette période, je détestais le mois de février, je détestais le premier février, il me l'avait retiré pourtant il m'annonçait que je vivais toujours ... J'étais passé à la salle de bain, quelque peu vide de toute émotion, nous étions peu nombreux dans la maison, c'était insensé et si rapide, dangereux même. J'avais fumé ma première cigarette avant même de manger, une habitude que je déplorais avoir du reprendre dans cette maison pour ne pas étrangler quelques personnes et puis, j'ai avalé un petit café avant de repartir à la cascade qui couvrirait mes larmes - ayant oublié que les yeux rougissaient - j'entrais donc dans le salon en trombe, il pleuvait, j'étais trempé, les yeux bouffis, les cheveux décoiffés et puis je l'ai aperçu ... assis dans l'un des canapés, les lunettes sur le nez, il était plus que craquant, je l'ai vu alors passé sa main dans sa tignasse, j'ai esquissé un sourire et je me suis appuyée un instant sur le pas de porte avant d'avancer dans la pièce pour rejoindre la suivante, espérant qu'il ne m'ai pas vu ... dommage j'étais bien plus incompétence que ça, j'aurais si bien pû passer gaiement et silencieusement mais je l'ai regardé et je lui ai lancé « Salut ... désolée je ne fais que passer » Il ne l'aurait pas remarqué, si je n'avais pas ouvert la bouche, mais il m'attirait ...

Je détestais ce jour pour de multiples raisons mais avais-je le droit de me plaindre? Je ne le pensais pas, non. Certains avaient vécu pire finalement dans leur vie, chacun avait vécu un passé trouble et majestueusement désastreux, il y avait Austin qui avait failli mourir et qui avait eu un passé amoureux délicat et puis il y avait Cassandre qui avait perdu la mémoire l'année dernière ou encore Nolan qui avait perdu celle qu'il avait aimé, je n'avais pas le droit de me plaindre et d'attirer la pitié des autres, je n'aimais pas attirer la pitié des candidats et je n'avais pas envie, certainement pour ça que j'avais agis comme une garce dans cette maison, ils n'avaient pas le droit, le moment venu, de me dire qu'ils étaient désolés ou qu'ils comprenaient, ils devaient me détester encore plus, même si au fond, je souffrais et que je n'étais coupable de rien. J'avais vu Austin, je lui avais promis de le laisser vivre tranquillement son idylle avec Cassandre, de ce fait, j'avais obéis, lors de l'interview, j'avais annoncé que je ne l'avais jamais aimé et puis, je m'étais rapproché de Nolan quelques heures après le prime, j'étais certaine que je serais heureuse avec lui, finalement, je tenais à lui, j'en étais sûre.

Alors, quand Austin me demandait de rester, je me plongeais dans une sorte de surprise, stoppant mes mouvements, je m'approchais doucement de lui, après tout, nous pouvions être amis ou bien faire semblant et puis il posa une question stupide, avais-je pleurer, je fronçais les sourcils, oubliant que l'eau de la cascade et de la pluie battante pouvait cacher les larmes mais pas les effets, je frottais un instant les yeux, et puis j'émis un petit rire « Je crois que le blond me monte à la tête, j'étais persuadé que ça ne se verrais pas » Je n'étais pas une vraie blonde, certains auraient pu le voir mais j'aimais ça tout de même, cacher certains côtés de mon moi, c'était inévitable. Je m'installais sur le canapé, forçant Austin à bouger légèrement, retroussant mes jambes, je les enlaçais alors tout en posant la joue sur mes genoux, regardant Austin, je lui demandais « Il n'y a pas des moments dans l'année où tu te sens déprimer sincèrement, où rien ne va, où tu ne peux pas être heureux parce que ton passé surgit ? » Je le fixais le plus intensément possible, attendant une réponse de sa part.

Spoiler:

J'étais presque certaine de partir à la fin de la semaine, je ne connaissais pas l'avis du public que mon cas et je m'en fichais simplement, en fait non, je voulais gagner de l'argent, je voulais avoir ce titre de gagnante de Fake Lover mais le méritais-je? Surement pas, d'autres personnes avaient su être sage et se lier d'amitié avec tout le monde, alors si c'était là la clé du mérite, j'apprendrais à devenir hypocrite et à me lier d'amitié avec tout le monde, me taire surtout, oui, il me faudrait apprendre à me taire, simplement. Et puis, à ma question, Austin répondit avec franchise, j'en étais la première surprise, il me dicta quelques dates importantes pour lui, ses divorces, son accident et puis sa rencontre avec Louison, j'ajoutais alors, entre deux larmes qui étaient revenues se glisser sur mes joues « Tu pourras ajouter le 29 novembre 2010 à tes dates » Savait-il ce que cette date représentait, je n'en savais rien mais je ne lui demandais pas, il saurait me demander ce qu'était cette date, ce qu'elle représentait ou bien, il affirmerait simplement. Il me demandait alors pourquoi cette question, je soupirais et laissais une nouvelle fois la tristesse m'envahir, je me redressais doucement, tournant la tête et fixant un point dans le vide, je tentais de reprendre mon souffle saccadé par les pleurs, je tentais de me calmer comme je savais le faire, je fermais les yeux et oubliais, j'espérais que je pourrais, je le devais, je pensais alors à une scène qui me faisait toujours sourire, cette scène du 29 novembre d'ailleurs, j'émis un petit rire pour moi même et puis je rouvris les yeux. « Parce que c'est ce que je ressens aujourd'hui. Il y a tout le mois de février à vrai dire ... Je n'aime pas ce mois, pourquoi il est là? Il ne sert à rien, il est beaucoup plus court que les autres, on lui rajoute parfois une date, c'est trop compliqué le mois de février ... » Je tournais une nouvelle fois la tête vers lui, fixant son regard bleus qui m'avait tant envoûté, je tentais vènement de l'oublier, mais c'était bien difficile dans cette maison. De la même façon que lui, je lui expliquais pourquoi je n'aimais pas le mois de février, ce qu'il disait pour moi « Ma soeur est décédée il y a aujourd'hui 17 ans ... Il y a 17 ans où je suis devenue une folle, tout est lié, je m'en veux toujours et puis, le mois de février ... j'aurais un an de plus et je n'aime pas ça » Je n'aimais pas grandir, me savoir plus folle que jamais à mon âge, je n'aimais pas savoir que j'avais un an de plus alors qu'elle croupissait dans le sol, je pleurais à cette évocation, me laissant emporter par les larmes, après tout, elles étaient utiles parfois. « Je suis désolée ... Les autres années j'oublie, j'entre ailleurs et j'oublie mais j'y arrive pas vraiment depuis quelques jours » Je n'arrivais plus à créer ces mondes dans lesquels je m'enfuyais délicieusement, je n'arrivais pas à me transporter ailleurs depuis ce jour où je m'étais donnée avec amour à Austin, depuis ce jour où il m'avait finalement détruit plus encore.

Nous parlions de nous sans réellement nous en rendre compte, je lui montrais une autre facette de moi, celle qui savait être douce et compréhensive, celle qui ne jouait finalement pas et qui avait des faiblesses, de grandes faiblesses. A savoir s'il m'avait détruit en couchant avec moi, certainement pas, je n'étais pas détruite. Il avait ouvert en moi ce coeur fané, j'étais triste de le laisser partir mais je l'avais fais pour son bonheur, à lui, à Cassandre et puis à Nolan, qui m'aimait et dont je ne pouvais voir le regard triste de souffrance, d'envie. Je l'aimais bien également, il était un très bon ami, un très bon amant. Et puis Austin me parlait du 29 novembre avec une force soudaine, il ne regretterait jamais, j'esquissais un petit sourire, avais-je le droit de lui annoncer que c'était là mon deuxième plus beau jour de la maison? Enfin, heure, oui, il y avait une autre heure que je tairais, une heure où il m'avait aimé avec passion et dévotion, je l'avais vu dans son regard et pourtant, il avait fui, il m'avait laissé seule pour se sentir plus fort encore, il avait joué alors que je ne l'avais pas fait. « Moi non plus » Moi non plus je ne regrettais pas ce jour, il m'avait ouvert les yeux et j'avais affronté ma peur de l'inconnu, avec lui, j'étais différente, c'était sûr, mais j'avais eu peur de l'amour, certainement, trop fort et trop brutal, c'était une envie irrésistible de ne pas devenir un couple aux yeux des autres, tout allait trop vite, et puis, j'étais une fille qu'il ne valait pas mieux d'aimer. Laissant les larmes couler sur mes joues, il me prit dans ses bras, je vins m'y lover avec surprise mais je me laissais aller, l'écoutant me dire qu'il était là pour moi. « Alors parles-moi d'un souvenir heureux ... Parles moi de toi » Je me pelotais un peu plus tout contre lui, posant ma tête sur son torse, je fermais les yeux, me laissant bercer par sa voix, finalement, je ne le connaissais pas et j'avais véritablement envie.

Nous étions l'un contre l'autre, il posait sa joue tout contre la mienne et je fermais les yeux, un sourire aux lèvres, je l'écoutais me conter son souvenir. Il parlait alors des dimanches qu'il passait en famille, allant tous ensemble à la messe, il me racontait combien la musique était belle, combien elle l'avait inspiré et combien elle l'avait touché. Je cherchais alors un souvenir à moi, un souvenir d'enfance heureuse. Il me disait que ce n'était pas terrible comme souvenir, pourtant, je pensais le contraire « Je ne le trouve pas stupide du tout, j'aime beaucoup ce souvenir » Je souriais et regardais dans le vide alors que je rouvrais les yeux un instant. J'attrapais l'une de ses mains pour la glisser dans la mienne, caressant de mon autre main le haut de sa main, d'une douceur extrême, j'avais juste envie de l'écouter me parler « Moi je me souviens d'un pique nique dans un champs, mon père aimait nous faire des surprises à ma soeur et moi, il nous avait emmené une fois, un été et on avait tenté de faire voler un cerf volant ... J'avais envie de voler comme lui alors je l'ai dis à mon père, il m'a pris dans ses bras et m'a fait voler ... » Je haussais les épaules et soupirais avant de demander à Austin « Tu as encore contact avec tes frères et soeurs? Ils s'appellent comment? Tu les aimes? » Je lui posais mille et unes questions. J'avais envie qu'il me parle de lui et de sa famille qui respirait le bonheur et la perfection. M'y plonger dedans, simplement.