ft MALLAURY

Ce prime est un véritable bordel, sans nom. J’ai l’impression qu’une nouvelle mauvaise semaine se profile à l’horizon. Bizarrement, je suis un brin touchée par le départ d’Ana et celui d’Isaac. Je ne suis pas triste non plus, mais alors pas du tout, mais ils faisaient partie, en quelque sorte de mon écosystème restreint. Assez pour que leur départ me fasse légèrement chier et surtout pour me dire que si l’inverse c’était produit, ça ne les aurait pas fait réagir. Mais je suis comme cela. Il faut aussi que je choisisse mieux mes fréquentations, par la même occasion. Je quitte le plateau dont l’atmosphère me semble désormais étouffante. Je suffoque presque. C’était un peu tendu. Je quitte Percy, m’excusant presque parce que j’ai l’impression de fuir, j’avoue. Je vais me fumer une cigarette dehors, dans le jardin, j’en profite pour retirer mes chaussures qui me font maintenant souffrir. Je m’égare un moment. Peut-être dix minutes. Le tissu de ma jupe se bat violemment contre mes jambes lorsque je m’approche d’un peu trop près de la plage. Je décide qu’il est temps de rien, pour plonger dans un sommeil réparateur. Je zone encore dans le Nid. J’aperçois Mallaury sur le balcon, un soupir de soulagement s’expulse de mes lèvres, je pose mon paquet de cigarette n’importe où, en vrac, peu importe avant que mes pas ne s’alignent vers le candidat, plus que pressés. Mon buste se fracasse contre son dos alors que mes bras entourent son torse plus pour l’emprisonner que pour le câliner, je l’avoue. Pour l’empêcher de lui laisser une chance de me repousser comme la dernière fois, de s’écarter. Je m’en fous de le forcer, à vrai dire. « Pardon, pardon, pardon (...) pardon » je laisse échapper simplement de ma voix fluette en resserrant mon étreinte. J’espère qu’il ne se transformera en le Mallaury austère auquel j’ai eu affaire à la plage, mais apparemment, je suis celle qui a tout gâché, si on suit l’ordre des choses, je me dois de faire le premier pas. Parce que je ne compte pas laisser les choses actuelles en l’état et ne plus lui parler. Ou alors l’éviter comme j’ai pu, honteusement, le faire la dernière semaine car je ne savais plus quoi faire. Je l’avoue.

Il m'accueille. En même, je ne lui laisse pas vraiment le choix. Je finis par pivoter, quitter son dos pour que mon menton ne se pose sur mon torse. Oui, j'ai des élans affectueux et Mallaury est l'une des seules personnes avec qui je peux le faire sans créer de malaise en fait, parce que c'est simple justement. J'suis juste un peu en demande de tendresse ces derniers temps mais les autres captent pas. Enfin, ils captent pas grand chose non plus, leurs ondes sont complètement brouillées. Il prétend qu'il n'aurait pas tenu un jour de plus, menteur. Mais je m'en fous, ou presque. « Pourtant tu ne semblais pas enclin à venir non plus » je l'accuse d'une voix douce parce que c'est réaliste, j'avais eu un bon moment sa réaction à plage en boucle dans ma tête si bien que j'avais considéré que si je lui laissais quelques jours de pause, il finirait par revenir. Mais j'en ai ma claque d'attendre les autres, alors je viens provoquer ma chance on va dire. Et puis vu que Mallaury ne me repousse pas, on peut dire que c'est tout bonus non ? Il finit par me dire que ce n'est pas qu'avec moi que ça n'allait pas, je culpabilise presque en plus. Je mordille simplement ma lèvre inférieure, ne sachant quoi dire face à cela. « Cela doit être une accumulation » j'ose pas trop m'avancer, prudente, parce que je ne suis pas dans la tête des autres, je ne connais pas leurs problèmes. « Et il faut bien que cela s'exprime à un moment » je tente de lui offrir une explication un peu rationnelle, mesurée. Je n'ai rien d'autre en stock, je l'avoue. Il change complètement de sujet en abordant Percy. Encore ?! Je fronce légèrement les sourcils parce que ça suffit ! En plus, quoi qu'il puisse me dire, la compagnie de Percy n'est pas si désagréable que cela, soyons honnête, il m'avait évité de passer un prime trop long, trop chiant, il avait parfaitement rempli sa fonction, pour le coup. « Il est devenu ton obsession, avoue » je laisse simplement entendre en posant un regard presque désapprobateur sur sa personne. Je pince simplement les lèvres. De toute façon, Mallaury, Percy, c'est de nature publique tout cela« Moi, je l'aime bien » je finis simplement par déclarer en haussant les épaules. « D'ailleurs, je pense que vous vous vouez une passion l'un pour l'autre parce qu'il m'a aussi parlé de toi à un moment » je réponds, presque taquine. Je commence à croire qu'ils sont amoureux l'un de l'autre et qu'ils prétendent simplement qu'ils se "détestent" pour brouiller les pistes.

Je m'excuse. En réalité je ne sais même pas pourquoi je m'excuse. Surement parce que je suis très chiante avec lui, la plupart du temps, ou alors pas assez compréhensive. J'ai tellement de choses à me reprocher en réalité, j'ai mauvaise conscience. Clairement. Alors je me dis que le seul moyen de l'apaiser c'est d'aller le voir. J'ai juste l'impression qu'il s'était partiellement satisfait de cette situation. « Tu aurais pu essayer   » je proteste faiblement. « En plus tu sais que c'est faux » je fais mine de lui rappeler, je ne suis clairement pas du genre à mal accueillir les gens lorsqu'il tente un semblant de contact. Bref, je n'ai pas réellement envie de partir sur ce terrain parce que j'ai peur qu'on revienne au point d'origine qui était: ne plus se parler. Je ne peux pas m'empêcher de soulever le fait que Mallaury me parle souvent de Percy. Troublant, right ? Je le taquine simplement mais sa réponse très sérieuse m'arrache un léger sourire tout de même avant qu'une moue ne se dessine sur mes lèvres. Je pourrais presque le vexer si je continue sur ce sujet, j'imagine. Non, Percy n'est pas son obsession du mois. Je suis un peu septique quand même ... Sa question me fait rouler des billes, si bien que je me contente de répondre un énervant: « Peut-être » en tentant d'y insuffler un minimum de suspense, pour une tension au maximum. Il veut que je lui raconte. J'esquisse une mine effrayée comme si cela risquait de me prendre un temps fou pour tout lui raconter. La seconde d'après, mon visage récupère sa composition originelle. « Que des trucs gentils » je fais mine de dire en me demandant s'il peut bien me croire. Evidemment que non. « Non il a juste évoqué le détecteur de mensonge   » je lui dis en haussant les épaules avant de le relâcher, l'autorisant enfin à respirer normalement sans que j'y suis accrochée. Une vraie libération pour lui, en réalité. « Que tu étais constamment dans la friendzone des filles » je me souviens en croisant ses prunelles, j'esquisse un sourire, léger. « Je suis sûre que tu t'attendais à pire » je ne peux pas m'empêcher de dire en le regardant, parce qu'il s'imagine toujours le pire concernant Percy que je trouvais assez attachant dans un sens. D'une manière différente que Mallaury, certes.

J'écoute les vagues remarques de Mallaury qui m'arrachent un sourire assez amusé. « Arrête un peu, il n'est pas si terrible que cela  » j'ajoute en roulant des yeux.  Percy n'est pas un monstre, enfin sa présence ets parfois agréable je trouve. « Il faut simplement l'apprivoiser » je lui dis bien que cela ne changera rien. En plus, je crois qu'ils aiment bien se détester, enfin le mot est un peu fort, ils aiment ne pas s'apprécier. Mallaury soulève qu'il n'a pas la même relation avec les filles que Percy a. J'hoche délicatement la tête. « Je pense que ça te réussit mieux  » je me permets d'ajouter parce que c'est Percy qui avait des légères complications avec Elsa et pas Mallaury qui héritait de la simplicité. J'ai toujours été pour ce genre de relation très claire, je les apprécie plus. Je ne me vois pas rajouter ce que Percy avait balancé de plus sur Mallary parce que l'image est bien trop dégueulasse pour que les mots la décrivant puissent franchir mes lèvres qui se veulent bien trop pures. « Non, je ne pense pas  » je préfère répondre de ma plus belle voix en croisant ses prunelles mais Mallaury insiste comme s'il sentait les choses. J'esquisse une moue qui se veut boudeuse. « Tu me crois pas ?  »  je finis par lui demander, d'un air léger comme pour le faire culpabiliser de douter de ce que je peux lui confier. Je sais que Mallaury avait passé son prime avec Alistair, j'avais même hésité à m’incruster à un moment mais j'avais vite renoncé à l'idée. « Je ne le connais pas vraiment » j'avoue alors à Mallaury en relevant ma tête blonde, bizarrement je suis plus proche de Ghika avec qui je n'ai eu qu'une semaine de partenariat qu'avec Alistair alors que cela fait bien un mois qu'on est en binome. Mais j'ai pris l'habitude qu'il en soit ainsi. Je veux bien croire Mallaury lorsqu'il fait des éloges sur Alistair, je n'en n'ai jamais douté. Si je suis satisfaite de son sauvetage. Pardon ? Je pousse un léger sifflement de surprise tant j'ai l'impression que sa question est stupide. « Bah bien sûr  » je réponds en haussant les épaules avant de le serrer deux secondes dans mes bras comme s'il était mon nounours transportable de la soirée, et de le relâcher. « C'est une évidence  » j'ajoute même pour le rassurer, si c'était le but d'une telle question.  « Et moi, je vais te manquer quand tout cela sera fini ?  » je lui demande, en étirant un léger sourire sur mon minois. Pensera t-il à moi quand on saura tous lâchés dans la nature ?