AUSTIN

Mon rituel d'après repas n'avait pas changé d'un pouce, je mangeais et j'allais m'emplir les poumons de nicotine, seul le lieu changeait. Aujourd'hui j'allais rejoindre le balcon où je n'avais pas remis les pieds depuis ma dispute avec Franz, dispute qui c'était très bien terminé à vrai dire. J'étais sereine, plutôt guillerette à vrai dire, j'avais envie de m'amuser, pourquoi ? Peut être pour profiter des derniers jours que m'offraient cette maison. J'avais beau avoir tout fait pour ne pas m'attacher je l'étais indéniablement, à certaines personnes plus que d'autres. Cette aventure m'avait quelque peu changé, en bien je pouvais à présent l'affirmer. J'avais réussi à ouvrir mon coeur, et par le plus grand des miracles, laisser un homme y rentrer, j'avais par conséquent revus certains aspects de ma personnalité, me fidélisant par la même occasion. J'avais appris à mettre mon narcissisme de côté me consacrant d'avantage aux autres. Ce qui finalement me confortait dans l'idée que j'étais faite pour la voie professionnelle que j'avais choisi. J'ignorais si j'allais revoir certains candidats, j'ignorais même si j'allais pouvoir revoir Franz. Seulement j'y tenais, Cassandre, Héléna c'était une évidence, pour le reste tout était moins sûr, j'aurais incontestablement dit Austin mais ces derniers jours cette évidence semblait l'être beaucoup moins. Je le sentais s'éloigner, muter en quelque sorte. Appuyée sur la rambarde du balcon, j'entendis la porte fenêtre s'ouvrir, les bruits de pas se faisaient de plus en plus proches, pourtant je ne bronchais pas, me contentant de tirer sur ma cigarette qui commençait à se consumer toute seule.

L'inconnu ne tardait pas à se manifester puisqu'il s'agissait d'Austin. Sa voix, me tirait d'ailleurs de mes sombres pensées qu'il valait mieux occulter. Toujours les mêmes, toujours celle qui me faisaient frémir plus les jours avançaient. Je tirais sur ma cigarette tel un robot le regard perdu dans le vide avant de me tourner vers Austin, affichant un fin sourire sur mes lèvres. « Comment ça va beau gosse ? J'ai l'impression que ça fait une éternité qu'on ne s'est pas croisé tous les deux. » Je pouvais affirmer que ça présence m'avait manqué, l'homme que je considérais comme un ami, et avec qui je passais le plus clair de mon temps s'était légèrement éloigné. Bien sûr je comprenais les raisons de son éloignement et je ne lui en voulais même pas. Il avait ses occupations, j'avais les miennes, cet éloignement me faisait prendre conscience d'autant plus que cette aventure touchait à sa fin.