+Jessica

Réveil habituel ce matin. Je quitte le lit conjugal et je vais prendre un petit-déjeuné pour me réveiller, émerger, passer de l'état de zombie à l'état d'humain. Après mon café et mes tartines au beurre, je me sens tout de suite revivre et apte à affronter la civilisation parce que ça a du bon aussi, d'être un zombie. Tu ne penses à rien, donc tu n'as aucun problème, tu te laisses guider sans compter les secondes, minutes qui passent à une allure folle. Désormais, je monte pour me doucher pour émerger complètement. Une douche tout ce qu'il y a de plus rapide et concis, le genre de douche à prendre avant de partir au boulot de bon matin, chose que je n'ai pas l'habitude de faire mais dont je devrais surement et rapidement prendre l'habitude. Et encore là, il est plutôt tard, si je pouvais prendre ma douche à neuve heure moins quart, j'estime que j'aurais de la chance hm. Je finis, me sèche, me change et c'est lors de mon brossage de dent que Jessica arrive pour se maquiller je crois. Je lui adresse un sourire, un simple regard, ne pouvant pas dire grand chose pour le moment. Je me rince pour parler enfin. « T'as un petit côté peste sur les bords toi non ? » Je lui demande et au ton de ma voix, elle peut savoir que c'est loin d'être un début de reproche. Non non, c'est tout gentil, et presque malicieux, le genre qui en dit long sur mes intentions. « Je suis d'humeur farceuse aujourd'hui, pas toi ? » Oui, je me dis qu'elle pourrait me souffler une blague à faire à quelqu'un.

J'ai l'impression que la routine s'installe, c'est affreux, ça m'était pas arrivé depuis longtemps. C'est vrai que je commençais à le sentir arriver chez moi, à Chicago, vu que je fais tout le temps les mêmes trucs, ou presque, depuis six ans à peu près. Je dis pas que ma vie est chiante, loin de là, je m'amuse bien quand même, mon job me plait, il est pas idéal mais j'ai pas non plus à me plaindre, je vis pas sous un point, j'ai de quoi manger, je suis pas du genre à rester seule toutes les nuits, bon ça fait un moment que j'ai pas été en couple mais c'est plus par choix qu'autre chose et je suis pas proche de ma famille, j'ai pas non plus envie d'en fonder une, si c'est pour que tout parte en cacahuète. En vrai, si, ma vie est un peu chiante et cette aventure c'est une pause sympa, mais en touillant mon thé ce matin, j'ai eu l'impression que cette "pause" devenait aussi un peu chiante, lassante. Je suis pas du genre à vite me lasser des choses pourtant, j'aime même les faire durer le plus longtemps possible, mais parfois c'est juste pas possible, c'est comme ça. Alors bon, Fake Lover ça a rien à voir, si je suis là c'est qu'il y a une raison, j'ai un but, et je vais pas tout lâcher parce que je m'ennuie plus que je l'aurais imaginé. Il faut se faire une raison et tenir encore quelques semaines. De toute façon c'est bientôt finit, c'est la neuvième semaine déjà donc il doit en rester quatre, cinq à tout casser, un truc comme ça. Ça devrait plus être long. Et n'empêche que si je remportais la victoire, ce serait une belle récompense pour avoir attendu aussi longtemps que le temps passe sans rien faire. Je souris à ma tasse vide avant d'aller la mettre à laver et de monter à l'étage. Je passe d'abord au dressing où je croise Aaron. « Salut. » Je dis dans un sourire pour répondre au sien. Mais les premières paroles qu'il m'adresse de la journée me laissent perplexe. « Han, genre, ce qui faut pas entendre. » Je réplique l'air faussement indigné par ses insinuations comme quoi j'aurais un petit côté peste sur les bords. Non mais ! « Je suis un petit ange trop adorable, moi, j'ai rien d'une peste, n'importe quoi. » Je poursuis en hochant la tête et levant les yeux au ciel, un petit sourire pincé aux coins des lèvres. Bon l'ironie c'est peut-être pas mon fort, hm. Quoi qu'il en soit, le jeune homme se dit d'humeur farceuse et me demande s'il en est de même pour moi. Je lui adresse un sourire narquois et le regard qui va avec. « Ça se pourrait bien, oui. » Je dis en me rapprochant de lui. « Alors, vas-y, dis-moi, c'est quoi le plan ? » Je lui demande tout bas, comme si nos micros ne pouvaient rien capter. Il doit bien avoir une petite idée derrière la tête, hm. A moins qu'il compte sur moi pour en trouver une, et heureusement pour lui, il s'avère que j'en ai déjà une, mais je ne préfère pas la lui souffler tout de suite, voyons d'abord ce qu'il a à me proposer.