Ces derniers jours je fais pas mal d'efforts pour être la plus sociable possible. J'en ai fini avec les doutes et les petites baisses de régime, je veux profiter de tous les instants passés dans le nid. J'ai conscience qu'on nous enferme dans un cocon loin de tous les dangers et agitations de l'extérieur et que tout est conditionné pour que nous nous sentions protégés. Nous étions comme coupés du monde sur nôtre île australienne. Et même si parfois mes amis et mon travail me manque ce n'est en rien comparable avec ce que l'on peut vivre ici. Peut être qu'à ma sortie j'oublierai certains de mes camarades mais je ne risque pas d'oublier l'aventure en elle-même. J'y voyais plus clair maintenant, je savais ce qu'il me restait à faire à la sortie et je compte bien m'y tenir. C'est ce qui m'importait le plus. Alors oui, cette semaine ma bonne humeur a grimpé en flèche mais j'ai toujours ce besoin de m'accorder un peu de temps pour moi, pour mes dessins. C'est humain comme comportement, s'octroyer quelques moments en solitaire pour ne pas tout gâcher avec les autres. J'opte pour une petite marche en direction de la falaise où je suis sûre de ne croiser personne. J'ai besoin d'entendre les vagues s'écraser contre les rochers dans un violent fracas, ce bruit m'appaise. Je ne croyais pas si bien dire car en arrivant je remarque qu'un candidat campe fermement sur le banc sans remarquer ma présence. Je m'approche pour découvrir l'identité du candidat en question avant de me rendre compte qu'il s'agit de Mallaury. L'irlandais a peut être besoin de rester seul lui aussi, je devrai sûrement partir et me trouver un autre endroit. Je suis sur le point de faire demi-tour quand un bruit me trahit, Mallaury se retourne. On repassera pour la sortie en toute discrétion. « Salut » . Je lui lance avec un signe de la main. J'espère juste ne pas avoir interrompu quelque chose, je m'en voudrais. « Ça va ?  » . Il n'a pas la tête des bons jours et il a l'air d'avoir envie de rester seul. « Je peux te laisser seul si c'est ce que tu veux » . Je ne tiens pas à imposer ma présence ici, surtout s'il ne le souhaite pas. Je pouvais comprendre.
   

La fin est toute proche, le jeu est sur le point de se terminer. Voilà déjà plus de deux mois que j'évoluais au sein du nid et le temps était passé à une vitesse folle, j'avais du mal à réaliser que l'aventure allait bientôt prendre fin. Les nominations de cette semaine me permettaient d'assurer une semaine supplémentaire dans le nid, je ne m'imaginais pas aller si loin dans l'émission. C'était inespéré. Mon moral remontait en flèche ces derniers temps, j'avais chassé tous les nuages qui avaient obscurci mon jugement. Je ne tenais pas à finir cette aventure sur une mauvaise impression. J'étais partie pour une simple ballade autour du nid pour m'évader, pour prendre le temps de dessiner sur la plage ou sur la grande falaise. J'avais besoin de me retrouver face à l'immensité de l'océan, d'entendre le bruit des vagues s'écraser contre les rochers. Cet environnement n'avait de cesse de m'inspirer. J'opte finalement pour la falaise où je retrouve Mallaury assis sur le banc seul sans même remarquer ma présence. Pourtant on ne peut pas dire que je sois la reine de la discrétion. Il finit par remarquer ma présence après quelques instants. Je le salue et lui demande comment il se porte. Il n'a pas l'air d'aller très fort depuis le prime dernier, et l'irlandais traîne sa misère depuis presque une semaines. Il le dit lui-même, c'est plutôt compliqué. «  Ça ira mieux la semaine prochaine ». Mallaury devait avoir une petit coup de mou, ça nous arrivait à tous. Dans ces moment-là, je comprenais parfaitement qu'on préfère rester seul. Alors je tiens à m'assurer que ma présence ne le dérange pas. Il est resté seul trop longtemps, il m'invite même à le rejoindre sur le banc. « Petite baisse de régime ? ». Il venait de m'avouer avoir passé sa semaine en solitaire, je ne comprenais que trop bien ce qu'il ressentait. Il se décale pour me laisser m'asseoir à ses côtés sur le banc, lorsque je le rejoins je lui adresse un maigre sourire. « Merci ». Il n'était pas obligé de m'accepter dans sa bulle après tout. L'irlandais finit par me demander si j'ai apporté mes dessins avec moi, c'est vrai qu'il est l'une des rares personnes à avoir pu y jeter un coup d'oeil depuis le début de l'émission. Et vu l'envie qu'il manifestait à l'idée de les revoir, je pouvais en déduire que mes réalisations lui avaient plût. « Oui … tu veux les revoir ? ». Je lui propose tout en posant mon carnet sur mes genoux, je doute qu'il refuse ma proposition. Je préférai juste m'assurer qu'il le veuille vraiment, je ne veux pas être une des ces artistes exhibitionnistes qui montrent ses œuvres à tout bout de champ. « Je ne t'ai jamais demandé ce que tu faisais à l'extérieur ». Il était temps de réparer cette erreur, il devait bien savoir que j'étais tatoueuse mais je ne savais presque rien de la personne qu'il était en dehors de ce jeu. C'était dommage.