Je ne sais pas trop ce que je fais dans cette salle de sport, à la base, je ne suis pas trop sportive. Je déteste même le sport, j'ai toujours eu la chance d'avoir une bonne ligne même si je mange beaucoup, mais jamais de sport. Aujourd'hui, je suis juste curieuse de tester toutes ses machines qui ont des formes marrantes. J'ai même faillit croire qu'il s'agissait de machine pour s'amuser et non des machines de torture pour tout ceux voulant ressembler à Sylvester Stallone. J'enfile donc un short, le seul short de sport que je possède d'ailleurs avec un t-shirt sans manche aussi rose que mes cheveux. D'ailleurs, je préfère faire un chignon pour ne pas les coincer dans une machine. Avec une bouteille d'eau, je me jette sur la première machine que je vois, il s'agit d'un tapis de course. J'appuie un peu sur tout les boutons et sans prévenir le tapis accélère. J'arrive à tenir la cadence une trentaine de secondes, mais le tapis accélère de plus en plus et je fais une chute terrible, envoyé un peu plus loin. Je me retrouve sur les fesses et lorsque je m'appuie sur ma main pour me relever, sauf que je ressens une douleur dans le poignet qui me fait pousser un hurlement de fillette. « Aie, putain de merde, ça fait mal. » que je crie, en me tenant le poignet toujours sur le sol. Même pas cinq minutes que je suis ici et je me casse déjà des trucs.

Je n'avais pas encore testé la salle de sport du troisième étage. Je passais pourtant souvent devant pour aller à la bibliothèque, mais je n'y avais encore pour ainsi dire jamais mis les pieds. Principalement parce que pour moi sport se résumait à courir - et au ski, aussi, mais autant dire que sur une île du pacifique c'était une option à rayer - et que courir je pouvais très bien le faire dehors. Je préférais même, courir dehors et profiter de l'air frais c'était tout de même plus agréable et bien moins monotone ... Du moins c'était mon avis. Et soulever de la fonte, tout ça, c'était pas trop mon truc, disons. Mais il faisait un peu gris aujourd'hui, comme quoi même à Hawaii le temps pouvait se couvrir, et du coup j'avais décidé de me rabattre sur la salle de sport exceptionnellement, parce que j'avais vraiment besoin de courir un peu ... Pour compenser les huit clopes que j'avais grillé hier soir avant d'aller dormir, entre autres. Repassant donc par le dressing j'avais troqué mon jean contre un short de sport noir et mon polo contre un tee-shirt à l'effigie des JO d'Albertville - celui-là même que mon paternel avait fini par me donner, lassé sans doute que je lui emprunte à tout bout de champ. Puis j'étais remonté à l'étage suivant ; J'allais entrer dans la pièce quand j'avais entendu un « Aïe, putain de merde, ça fait mal. » ... C'était mauvais signe. Et lorsque j'avais enfin poussé la porte j'avais trouvé la miss avec les cheveux de toutes les couleurs, les quatre fers en l'air. Façon de parler du moins. « Est-ce que tout va bien ? Tu t'es fais mal ? » Question un peu inutile c'est vrai, à la grimace sur son visage on voyait bien que non, tout ne devait pas aller comme sur des roulettes, et à en juger par la façon dont elle tenait son poignet elle s'était effectivement fait mal. L'art de poser les questions, et de faire les réponses dans ma tête. « Tu me laisses regarder ? » Bon ça ne changerait pas grand chose pour elle, je serais tout juste capable de lui dire si c'était cassé ou non mais que vouliez-vous que je fasse de plus de toute façon ? Au pire si ce n'était qu'une foulure j'irais lui chercher de la glace et puis voilà ... C'était pas très glorieux, hm.

Je pense que je suis certainement la sportive la moins doué en ce qui concerne le sport. Comment en si peut de temps, je peux me retrouver sur les fesses, avec un poignet détruit par une chute ridicule. Et alors que je suis en train de râler sur moi-même et ma débilité, une voix me sort de mes plaintes. Il s'agit d'un grand blond, sûrement aussi âgé que Jorah qui me demande si je vais bien et si je me suis fais mal. Je ne réponds pas, parce que j'ai l'impression que ça se voit à vrai dire. Je n'ai pas l'habitude de me traîner par terre, en me plaignant et en tenant mon poignet de cette manière. Je continue alors à le regarder, sans vraiment savoir quoi lui répondre pour le coup, parce que ça l'avancera certainement à rien. Il finit par me demander s'il peut voir et je me dis alors que peut être, il est médecin. Il sera certainement me dire si j'ai un problème grave à mon poignet ou non. « Bon, t'appuie pas dessus hein !? » Non parce que je suis une fille assez douillette, donc je préfère pas qu'il me fasse trop mal. Je lui tends alors mon poignet pour qu'il regarde et je ne peux m'empêcher de me mordre la lèvre et de fixer le moindre de ses gestes, prête à reculer mon bras s'il tente quoi que ce soit de trop douloureux à mes yeux. Au bout d'un moment, j'ai quand même envie de savoir. « Alors c'est grave euh ... Euh c'est quoi ton nom déjà ? » Ouais parce qu'en plus je connais même pas le prénom de mon sauveur, c'est assez bête. Et dire que tout ça arrive parce que j'ai voulu faire du sport. La prochaine fois je me contenterais de lire le sport pour les nuls, c'est moins dangereux.

Je ne vais pas dire que je n'avais jamais fait attention à cette fille, déjà parce qu'avec sa couleur de cheveux il était difficile de passer à côté ... Et puis c'est à peu près tout en fait, je veux dire, comme je ne lui avais encore jamais vraiment adressé la parole, autrement que pour lui demander son étage dans l'ascenseur ou si elle pouvait me passer la corbeille de fruits à table, je n'en savais pas beaucoup plus à son sujet. Maintenant je savais qu'elle venait de perdre par KO face à un tapis de course, chose qui même si elle n'était pas d'une utilité folle pouvait être rajouté à la liste. Ça aurait simplement été un peu moins emmerdant si elle ne s'était pas fait mal au passage ... Après une semaine et demi de jeu en plus, ça serait quand même con de se casser un truc. Du coup j'avais posé un genou à terre à côté d'elle, me proposant de jeter un coup d'oeil ... Bon fallait pas croire non plus, tout ce que j'avais c'était un brevet de secouriste passé à l'époque où j'étais moniteur de ski. Juste assez pour pouvoir donner l'impression de maitriser le truc quand un gosse se cassait un truc et qu'il fallait attendre l'arrivée des CRS de montagne. Mais le nœud du truc au final c'était simplement de faire croire que l'on savait ce que l'on faisait, comme avec un gamin qui venait de tomber et à qui on faisait un bisou magique, hu. « Bon, t'appuie pas dessus hein !? » qu'elle m'avait alors demandé avec un air suspicieux, comme si elle craignait que je profite de m'approcher trop pour la manger avec un peu de sel et du ketchup. « Promis, mais si je te fais mal tu me dis ? » Quand même, mon but ce n'était pas non plus de lui faire plus mal que cela semblait déjà être le cas, et de risquer de me manger une gifle en retour ... Sait-on jamais, certaines nanas étaient du genre violentes. Le plus délicatement possible en tout cas, j'avais fini par prendre son poignet entre mes doigts, comme je l'aurais fait avec Alicia après une chute à vélo. « Alors c'est grave euh ... Euh c'est quoi ton nom déjà ? » qu'elle avait fini par me demander, après quelques instants durant lesquels je n'avais rien dit d'autre. Je doutais qu'elle se soit cassé quelque chose, ou alors elle avait une très bonne résistance à la douleur parce que le simple fait d'attraper même doucement son poignet aurait du la faire réagir ... Mais non, c'était simplement un peu enflé, en fin de compte. Même si sur le coup elle devait quand même douiller un peu. « Un peu de glace, une bande alcoolisée cette nuit et un bisou magique et ça devrait aller, je pense. » que j'avais alors répondu en souriant, et d'un ton légèrement amusé. « Et c'est Maxence. » avais-je aussi rajouté en réalisant que je n'avais pas répondu à la fin de sa question. Question que je ne lui avais pas retourné puisque j'avais réussi à retenir le sien, encore une fois pour la simple raison qu'elle passait difficilement inaperçue. « Tu veux que j'aille en chercher ? De la glace, je veux dire. Ou alors tu peux venir avec moi à la cuisine, et comme ça tu me raconteras comment ce tapis de course à lâchement essayé d'attenter à ta vie. » Je suis sûr que ça passait mieux ainsi, de remettre la faute sur ce pauvre tapis sans chercher à savoir si c'était vraiment de la faute de l'objet, ou bien plutôt le fait que la jeune femme ne savait pas s'en servir où avait "loupé la marche" ... Ouais, j'avais comme le sentiment que mon interprétation passerait mieux.