@Ronan

La curiosité peut parfois s’avérer comme étant un bien vilain défaut. Je m’étais bien dit que je n’irais pas dans la fameuse suite Rose & Jack simplement parce que l’idée de me retrouver dans la même chambre que Ronan ne m’apparaissait pas comme une option envisageable. Je suis têtue, bornée, même. Ma sœur me le reproche souvent. Marian aussi durant de longues années. Et ce n’est même pas la peine de parler de ce qu’en pense mes ex. C’est un critère bien établi chez moi. Tout comme la curiosité. En ce moment. Et puis, si moi je décide de m’y rendre, rien n’indique que Ronan en fera de même. Je suis persuadée qu’il ne daignera se pointer dans la pièce secrète. Et donc, je pourrai profiter de l’espace pour moi seule, le temps d’une nuit. Ce n’est pas plus mal. Me laissant donc tenter, j’attrape le grand t-shirt qui me servira de pyjama et m’aventure dans la galerie des glaces comme me l’avait indiqué la production. Et c’est sans plus attendre que je découvre la fameuse pièce. La décoration est chic et de bon goût, bien que le côté thématique du Titanic est quelque peu cliché, il faut l’avouer. Seulement la grandeur du lit réussit à me séduire, c’est pas peu dire. Et j’avais vu juste, aucune trace du grand et musclé candidat. Je dois avouer que je me sens presque rassurer de ne pas le voir présent dans la chambre. Je crois sincèrement que nous ne sommes pas fait pour nous entendre. Décidant de prendre mes aises, je découvre la salle de bain et l’immense douche. Le tout, sans aucune caméra. Bien. Pouvoir prendre une douche sans mon maillot de bain aura quelque chose de particulièrement appréciable. Je me délaisse de mes vêtements, les laissant tomber sur le sol alors que je règle la température pour une chaleur parfaite. Il n’y a pas à dire, cette douche, ce moment, est un de mes préférés depuis que j’ai intégré l’aventure. De longues minutes s’écroulent. Je ne sais même plus exactement depuis combien de temps de suis sous l’eau lorsque je me décide à sortir. La serviette autour du corps, c’est alors que je sursaute lorsque j’entends du bruit dans la pièce voisine, n’ayant pas pris la peine de fermer la porte de la salle de bain. Si je suis surprise d’entendre du bruit, je ne le suis pas de découvrir de qui il s’agit. Les cheveux dégoulinants, une serviette sur le corps seulement, je fixe Ronan. Je ne suis pas gênée d’être à moitié-nue, mais plus gênée de sa présence en générale. « Je ne pensais pas que tu viendrais. » sincèrement. Je suis étonnée. À moins que la production l’a forcé. « L’idée d’être en ma compagnie pour une nuit te semblait être la pire idée qui soit. » Parce que j’ai bien remarqué sa réaction face à la décision de Gigi. Pas que ma réaction avait été positive non plus. Bon, et maintenant? Je devrais peut-être m’habiller.

Il faut bien l’avouer, je n’avais pratiquement pas envisagé de voir Ronan apparaître dans la suite secrète. Je me disais que ce n’était pas son genre de truc et que surtout, surtout, il ne voudrait pas être enfermé dans cette chambre avec moi. Non mais quelle horreur, oui. Sauf que je dois maintenant admettre que je m’étais trompée. Et je ne sais pas s’il réagit de la sorte parce qu’il pensait être seul, ou si c’est la tenue légère qui le surprend mais je crois, durant le temps de quelques secondes, l’avoir figé. Faut dire que je le suis autant que lui pour le coup. Bon et bien on a maintenant la confirmation que nous sommes tous deux présents dans cette chambre puisque nous pensions tous deux que nous serions seuls. Ça en dit long sur notre envie de partager une nuit ensemble. C’est que ça en serait presque insultant… si j’étais une femme d’une grande susceptibilité. Ce que je peux être… à mes heures. Je le regarde prendre place sur le lit, mes yeux glissant sur l’omelette qu’il a dans son assiette. Je suis certaine qu’elle n’est pas aussi bonne que celle que je fais. Oui, c’est ce qui me traverse l’esprit le temps d’une demie seconde. Déformation professionnelle. Il prend le côté gauche du lit. D’accord. « Si ça peut te faire plaisir. » J’en ai un peu rien à faire personnellement. Et sinon, je ne suis pas convaincu qu’il préfère réellement être avec moi qu’avec un autre candidat, mais je vais essayer de le prendre positivement. « Je vais me sentir choyée dans ce cas. » j’ajoute donc, non pas sans une légère ironie qui se fait entendre dans ma voix. C’était plus fort que moi. Je continue de le fixer, ne me rendant pas compte à quel point cela peut être dérangeant pour le coup. Jusqu’à ce qu’il me fasse une autre remarque tout en douceur, comme toujours. « Parce que ça te dérange si je reste comme ça? » Je lève un sourcil, le temps d’un instant, mon regard lance une sorte de défi. Je compte m’habiller, qu’il ne s’inquiète pas, mais une partie de moi a envie de la jouer provocatrice. Il n’y a pas de caméras ici, après tout. Mes enfants ne pourront me voir. Soupirant, je me tourne pour lui faire dos, retournant à l’intérieur de la salle de bain sans fermer la porte, mais prenant la peine de laisser tomber ma serviette qu’une fois dans un angle mort. Enfin, je crois. S’il veut se rincer l’œil qu’il le fasse, cela ne me fera ni chaud, ni froid. J’enfile des sous-vêtements propres puis mon grand t-shirt, voulant être confortable avant tout. Celui-ci arrive tout juste en bas des fesses. Disons que je ne me balade dans cette tenue habituellement dans la maison. Je reviens dans la chambre, fixant Ronan qui en a terminé avec son omelette, me dirigeant vers le côté droit comme monsieur en a décidé. Me glissant sous les couvertures, ma tête contre l’oreiller alors que mes cheveux encore trempes se collent sur mon visage, je me tourne légèrement pour poser à nouveau mon regard sur le candidat. « Bon, et donc maintenant tu me dis pourquoi tu ne m’aimes pas? » Autant ne pas y aller par quatre chemins. « Parce qu’il doit bien y avoir un trait de ma personnalité qui t’énerves. Ou peut-être même plusieurs. » Il ne peut pas avoir cette attitude pour rien. D’accord, il n’avait pas aimé que je tire sur Gigi au paintball et il n’avait pas apprécié ma petite attaque sur lui dans la salle de bain il y a deux semaines, mais c’est impossible que ce soit seulement. « Je peux te dire ce que j’aime pas chez toi, moi. »j’ajoute, presque l’air de rien. On peut se dire nos quatre vérités. Cela restera entre nous après tout. « En fait, t’es juste terriblement attiré par moi et ça t’énerve. » je me permets de compléter, un faible sourire s’invitant sur mes lèvres.

Ronan ne compte pas partager son omelette. Comme je suis déçue. Non mais bien franchement, je n’en voulais pas, elle n’a même pas l’air si bonne que ça. Et puis à cette heure, je n’ai pas particulièrement faim, c’est bon. « Je ne comptais pas demander. » Je fais de courte phrase, comme pour m’adapter à cette façon qu’il a de s’exprimer courtement. J’ai une grande facilité d’adaptation. En général. Et pas pour tout non plus. On ne peut pas dire de même pour mon compagnon de soirée. Il préfèrerait être seul. On est deux dans ce cas. Mais moi, je le garde pour moi. Quoi que j’aurais aussi pu en parler rendu là. La vérité semble être de mise ce soir. Pour l’instant, je reste plantée là, presque nue devant lui, cherchant peut-être un peu la provocation finalement. Ses mots ne me choquent pas. « Classe. » Une femme a toujours envie de se faire dire qu’on fait bander l’autre. Enfin, il y a certaine situation qui s’y prête plus, il serait hypocrite de prétendre le contraire. Mais là, maintenant, pas vraiment. Quoi que je l’avais un peu cherché. Et sans plus attendre, je fais un tour vers la salle de bain avant de revenir, sans vraiment plus de vêtements sur le dos. Il devra se faire à l’idée. De toute façon, je gagne le lit et les couvertures, me disant que maintenant que nous sommes enfermés ensembles, autant en profiter pour parler. Qu’il me dise ce qu’il n’aime pas de moi. Qu’on soit franc l’un envers l’autre, bien qu’au fond, on ne se doit rien lui et moi. Évidemment, je me doutais qu’il y avait un lien avec Gigi, le contraire m’aurait surprise. Cela me fait soupirer. Il n’a pas complètement tord. « Je ne pensais pas l’atteindre à la tête. J’avais sous-estimé mes talents de snipper. » Pas comme si je me pratiquais tous les jours non plus. « Et on va arrêter de dramatiser la chose veux-tu. Ce n’était que du paintball. Ce n’est pas parce que j’ai tiré une fois sur elle, et ce avant de voir sa réaction et à quel point elle détestait ce jeu, que cela veut dire que je n’ai pas les intérêts de Gigi à cœur et que je ne l’affectionne pas. » Y’a pire que ça dans la vie, on est d’accord. Qu’il ne me fasse pas porter le chapeau de l’hypocrite alors qu’il ne me va aucunement. On peut parler de lui aussi, s’il désire. Sauf que non, monsieur à assez de son ex pour ce genre de reproche. D’accord, un divorce douloureux j’imagine. À voir la façon qu’il descend sa bouteille d’alcool, je peux facilement tirer une conclusion. Je le fixe, émettant une hypothèse plus que probable sur le fait que je dois l’attirer et c’est ce qui explique son comportement. Semblerait que le monde entier est attiré par moi. Je saisi que c’est un compliment, pourtant ça a plus tendance à m’agacer qu’autre chose. « N’importe quoi. » je murmure, alors qu’il continue. Je n’aime pas la façon qu’il a de mentionner Sayid. Quand à l’artiste, je ne sais même pas de qui il parle. « Je vais choisir personne. » je réponds, catégorique. Je ne choisi pas les hommes comme des numéros. Je sais d’où doit venir ce préjugé et je ne suis pas d’accord à ce qu’il me soit accordé. J’aime charmer, j’aime séduire. Dans mon existence, j’ai eu plusieurs prétendants, plusieurs amoureux. Hommes, femmes. Ma relation avec l’idéalisation du couple est loin d’être simple. Cela ne fait tout de même pas de moi une mante religieuse. Et j’espère que ce n’est pas l’image qu’à Ronan de moi. Bien que je devrais me foutre de l’image qu’à Ronan de moi. Sa question suivante me fait automatiquement froncer des sourcils. Mais de quoi est-ce qu’il parle et surtout, pourquoi est-ce qu’il aborde ce sujet avec cet angle. Mes enfants, puis mes exs. Cela vient confirmer ce que je pensais. « Non, mes enfants ne me saoules pas. Ils ne vont jamais me saouler. Ils sont le point central de ma vie. Je dis pas que c’est toujours facile. Y’a rien de facile. Mais jamais je ne vais affirmer que mes enfants m’énervent. » Jamais. Mon cœur se pince alors que cette idée m’est complètement inconcevable. Pour ce qui est de mes exs… « Les pères de mes enfants et moi sommes en bon termes. » L’affirmation est presque vraie… presque. « Celui de Joshua, mon plus jeune, est encore bien présent dans ma vie, bien que nous ne sommes plus en couple depuis trois ans. Et celui d’Harper m’a beaucoup aidé financièrement. Pour ce qui est de Charles, celui du milieu, il ne connaît pas son père, et c’est probablement mieux ainsi. » Et pourquoi je lui confis tout ça? Allez savoir. Je m’étire le bras et viens sans aucune gêne voler la bouteille de Ronan. « J’imagine que tu ne veux pas parler de ton ex, donc je ne prendrai même pas la peine de poser des questions. » Je bois une grande gorgée, beaucoup trop grande, avant de lui rendre sa bouteille pour pas qu’il ne tire la gueule. Plus qu’habituellement. « On pourrait coucher ensemble, n’en parler à aucun candidat, et personne ne le saurait. » je lâche finalement. C’est ce qu’il aimerait non ? Ce n’était pas une proposition. Simplement une constatation.