ARÈS.

Je ne sais même pas pourquoi cette idée m’a traversé l’esprit. C’est même complètement idiot, mais en toute honnêteté, je ne sais pas à qui d’autres je pourrais demander ce genre de… conseils. Si c’est vraiment ce dont il est question, ici même. En plus d’être mon partenaire, Arès est en quelque sorte mon point d’ancrage, la première personne que j’ai connue en arrivant dans le Nid de Cupidon. Et en quelque sorte, j’ai confiance en son jugement et son avis. Donc, il est légitime que je me tourne vers lui, n’est-ce pas? Ce n’est pas pour autant que je me sente plus à l’aise. Au contraire, je ressens une profonde gêne et je suis nerveuse. C’est vraiment idiot. Je pourrais encore changer d’idée et tourner les talons, mais non, je continue d’avancer. Et je viens me poser de mon côté du lit que je partage avec lui. C’est qu’il est passé près de minuit, et je suis relativement surprise de ne pas m’être encore couchée. Ce qui, à vrai dire, ne devrait pas tarder. Mon partenaire traîne là, je remarque le bouquin sur la table de chevet, ma présence ayant peut-être interrompu le cours de sa lecture. Ce n’était pas volontaire, ce n’est pas dans mon intention, jamais, de le déranger. « Dis Arès… je peux te poser une question? » que je lui demande sans me tourner vers lui, mon regard déviant sur la pièce qui s’étend devant moi. Ça me trouble de lui demander ça, mais je n’ai pas le choix. Je dois savoir. « Est-ce que… tu me trouves attirante? » Je rougis en prononçant ces mots. J’espère qu’il ne vas pas se faire d’idées, je cherche seulement à avoir un avis objectif sur la question, pour mon bien-être personnel, et peut-être pour me redonner un peu de cette confiance en moi que j’ai perdu avec les années et ce confinement familial que j’ai subit, dans lequel j’ai fini par considéré la sensualité et l’art de se mettre en valeur comme quelque chose de vil, de tabou. Je ne suis pas normale, docteur.

Mes yeux glissent sur les lignes avec facilité. J'ai emprunté un bouquin à la bibliothèque du village, un bouquin en vieux français. Mes pupilles roulent, mon cerveau surchauffe. Je me sens enfin dans mon élément. La littérature. Elle me permet de m'évader, totalement. Lorsque je lis, plus rien n'existe. Autour de moi tout n'est que néant. Je sombre dans une sorte d'extase de laquelle j'aimerais ne plus jamais sortir. Ne plus jamais être confronté à la réalité. A la vie. Je lève néanmoins les yeux lorsque les pas de Tris s'approchent de notre lit. Je ferme mon livre et le pose délicatement sur la table de chevet avant de m'enfoncer sous les couverture. Elle annonce l'heure du coucher. Le moment où nous sommes sensés sombrer et nous préparer à affronter la journée suivante. Elle s'assied près de moi et me regarde. Ce n'est pas dans ses habitudes. Depuis que nous sommes là, nous n'avons pas énormément échangé et je le regrette. Je la scrute, je remarque cette gêne et je me demande ce que j'ai bien pu faire pour la contrarier. « Dis Arès… je peux te poser une question? » Je ne réponds pas, j'incline simplement la tête. Bien sûr qu'elle le peut. Au fond, je suis heureux qu'elle brise ce silence qui s'installe constamment quand nous nous couchons. On ne se connaît pas et j'ai l'impression que nous sommes un vieux couple enclin dans une routine barbante. « Est-ce que… tu me trouves attirante? » C'est surprenant. Ma bouche forme un 'o', je suis surpris. D'abord, je souris. Sereinement. Et je pose ma main sur la sienne comme pour la réconforter. « Oui, depuis le premier jour. » je réponds avec une douceur infinie. Ce n'était certes pas dit avec douceur, mais je suis comme ça. Un peu bourru. Je ne me rappelle plus de mes mots exacts ni même de ceux postés sur son blog qui lui avaient fait peur. Mais j'ai toujours trouvé Tris très jolie. Elle est simplement un peu.. réservée. « Pourquoi cette question ? » je demande après un silence de quelques secondes. En douterait-elle ? Lui a-t-on dit qu'elle ne l'était pas ? Je suis prêt à lui prouver par a + b ou par thèse, antithèse et synthèse qu'elle est attirante.

Mon regard s’est tourné vers lui afin de l’apercevoir faire ce geste de la tête m’invitant à poursuivre sur ma lancée. Je bloque tout de même quelques secondes avant de lâcher la bombe, avant de laisser couler entre mes lèvres ces mots qui me peinent à prononcer. Suis-je attirante? Ai-je ce petit quelque chose qui pourrait rendre un homme fou de désir pour moi? Ce charme que semble possédée la majorité des autres candidates, et dont j’ai cette impression d’être dépourvu. Je sens une main se poser doucement sur la mienne. Un contact réconfortant que dans nos moments de silence, nous avons pris pour habitude. « Oui, depuis le premier jour. » Je me souviens de notre première rencontre, de nos premiers moments passés ensemble. Sa réaction lors du prime d’entrée, et son commentaire presque grivois sur mon blog. C’est idiot que je lui pose cette question alors que les preuves sont là. En image, et écrit mot sur mot devant la face du monde. Il semble si convaincu que je n’ai pas envie de le contredire. En fait, la plupart semblent majoritaires à ce sujet, mais je m’exclus volontairement du lot. « Pourquoi cette question ? » Je savais qu’elle viendrait. Arès est intelligent, il a surement déjà compris. Mais il veut me l’entendre dire, je le sais. Sauf que les mots ne se bousculent pas pour franchir le pas de mes lèvres. Ils se coincent dans le fond de ma gorge, et je sens cette oppression sur mes épaules resurgirent. Elles s’affaissent, me plongeant dans un état d’apitoiement familier, routinier. « Parce que je n’arrive pas à me voir de la sorte, de croire que c’est vrai… » Je n’ai jamais été complimenté pour mon apparence par mes proches. Mon grand-père, ma mère. Il voulait cultiver mon intellect, mais au dépens de mon identité physique. Même mon mari, du temps de notre mariage, ne mentionnait mon corps, ma supposée beauté, dans la majorité de ses propos. J’en étais venu à croire, par moment, qu’il m’avait épousé pour mes idées, mon argent, et ma famille. Mais que le corps auquel se rattachait tout ça ne l’intéressait point. Non, bien sûr. Il préférait ces maîtresses. Je n’avais jamais été assez belle pour lui. « Personne ne m’a jamais fait sentir… ainsi. » Comme la femme que j’étais, que je voudrais être.

Je me relève sur mes coudes et je la scrute. Sa question me bouleverse et me chamboule. Qu'est-ce qui dans sa vie l'a poussée à se sentir si peu sûre d'elle ? Un tas de questions se bousculent en moi. J'ai envie de les lui poser, en apprendre plus sur sa vie, les mots ne dépassent pas la barrière de ma gorge. Il s'y forme un nœud de mots, de propos que je bloque. Je ne veux pas la bruquer. Elle a l'air si fragile que s'en est déroutant. « Parce que je n’arrive pas à me voir de la sorte, de croire que c’est vrai… » Je baisse les yeux. Je suis un incapable. Pas foutu de savoir trouver les mots pour la consoler. Je ne sais pas m'y prendre. J'ai pas les mots, pas les gestes approprié. Cette discussion est sérieuse, pourtant. Et je suis étranger à tout cela. Aux mots que l'on est sensé prononcer quand tout va mal. Je me contente d'afficher une mine déconfite et j'attends. Ce que j'attends ? Je n'en suis pas sûr. Je ne sais pas. J'ai envie de tenter quelque chose, lui dire ce que je pense mais ce nœud dans ma gorge est ficelé, et correctement. Impossible à dénouer. « Personne ne m’a jamais fait sentir… ainsi. » Sa main toujours dans la mienne, je l'attire près de moi et l'enlace. Avec toute la douceur dont je sais faire preuve. J'embrasse tendrement ses cheveux et je ferme un moment les yeux. « Tu me plais, à moi. » je dis simplement. C'est ridicule, ça ne l'aidera certainement pas. Je me balance de droite à gauche pour la bercer. Je me redécouvre maternant. « Ton ex mari était un con. Il doit s'en mordre les doigts. Il a laissé passé une perle rare. » Je continue à m'enliser. J'essaie d'être le plus doux possible. J'aimerais lui expliquer qu'elle est belle. Que son corps est parfait dessiné sous nos draps. Que son sourire me réchauffe, que ses yeux sont perçants et qu'ils me troublent. Je resserre mon étreinte, encore un peu. Les mots ne sont pas mon fort. Les gestes l'aideront peut-être un peu plus.

c'est à chier je suis désolée. Je suis crevée. ->

Vulnérable, fragile, désillusionnée. Mon univers a bousculé du jour au lendemain que j’ai décidé de changer ma vie, quand les portes de Fake Lover se sont ouvertes devant moi. Quand, enfin, j’ai décidé de franchir le pas et de faire quelque chose pour celle que j’étais, et non pas celle que les autres voulaient que je sois. Continuer de prétendre que la vie telle que je l’ai vécu me convient, continuer de me prêter à leur petit jeu, je n’y arrive plus. Ils veulent me faire confiance, veulent faire de moi quelqu’un que je ne suis pas, du moins, pas encore. Mais ils ne me laissent aucune chance. Aucune liberté d’action. Comme si j’étais une marionnette, une poupée de chiffon qu’ils contrôlent à leur guise. Qu’ils façonnent selon leurs désirs. Je dois déployer mes ailes et apprendre à voler de mon plein gré. Et tout ça commence ici, dans cette aventure, avec cette conversation qui n’a ni queue ni tête, mais qui, pour moi, signifie le monde entier. S’ils savaient ce qu’est ma vie… Même Arès, qui connait pourtant mon plus précieux secret, ne pourrait pas comprendre toute cette pression que je m’impose continuellement. Elle est malsaine, suffocante. Mais nécessaire. Il ne prononce pas un seul mot, mais son visage se décompose à mesure que je lui livre mes confessions. Puis, je le sens qui m’attire dans ses bras. Je m’y réfugie, mon visage trouvant asile dans le creux de son cou, mes bras enserrant sa taille dans la mesure qu’il m’est possible de le faire. « Tu me plais, à moi. » l’entendais-je dire, alors que doucement, il me berce tout contre lui, comme une enfant qu’on console, qu’on rassure, qu’on réconforte. « Ton ex mari était un con. Il doit s'en mordre les doigts. Il a laissé passer une perle rare. » Il s’avance sur des choses qu’il ne connait pas, des gens dont il connait à peine l’histoire, voir même pas le prénom dans le cas présent. Je m’en pince les lèvres. Repenser à mon mariage, songer à ces quelques années de vies communes que j’ai partagées avec cet homme. Du bonheur factice, une vaste plaisanterie. Pas au début, non. Mais avec les années, c’est ce que notre couple est devenu. Faux. Mais je n’ai jamais eu le courage de le laisser partir, malgré les tromperies, les mensonges, les querelles incessantes. Ce n’est que lorsqu’il a demandé le divorce, et que je n’ai eu qu’à signer un bout de papier qu’il a enfin pu reprendre sa liberté. Cette relation m’avait complètement anéanti, et avait laissé place à la Tris d’aujourd’hui, effaçant celle d’autrefois. Il n’en était pas le seul responsable, oh non. Mais un facteur aggravant. « Je suis mieux sans lui… il ne me méritait pas. » furent les seuls mots qui franchirent mes lèvres, après un long moment de silence. Au moins en étais-je consciente. Je ne voulais pas m’apitoyer sur mon sort, je tentais de garder une vision optimiste, positive de la vie, malgré les quelques failles visibles dans ma carapace. Il fallait seulement que j’apprenne à en recoller les morceaux cassés, c’est tout. « Dis-moi ce qui te plait chez moi, s’il te plait. Je veux savoir. » lui demandais-je d’une toute petite voix, toujours niché dans le creux de ses bras.

Bien sûr qu'elle me plaît. Elle me plaît depuis le premier soir. C'est son visage angélique qui m'est apparu le premier tandis que nous entrions dans le nid. Plus qu'une simple attirance -il faut dire ce qui est – elle est rapidement devenu mon pilier. Et si je n'oserai jamais la toucher ou tenter quoique ce soit avec elle – sans savoir réellement pourquoi – je ne peux pas nier le fait qu'elle soit extrêmement jolie. Et je me suis souvent demandé d'où venait ce manque de confiance. En la détaillant le premier jour du prime, dans cette robe clinquante et vulgaire, je l'avais imaginée un peu à la Daphne. En moins vulgaire et bitch, bien entendu. J'avais pensé que Tris était une femme forte, féministe, sûre d'elle et déterminée. Je me devais de revoir mes jugements. Là, enveloppée de mes bras comme dans un cocon, elle a l'air d'une enfant que je tente d’apaiser. D'endormir. Je ne cesse de la bercer. Et d'embrasser la cime de ses cheveux avec une douceur que je ne me reconnais pas. Cette discussion est embarrassante et je tente d'y faire face. Je mets les pieds dans le plats. Mes mots sont tout sauf rassurants, j'en ai conscience. Et je ne comprends même pas comment Tris peut continuer à me répondre avec une telle douceur et se serrer avec tant de force contre mon torse. Je suis un idiot pas même capable de trouver les mots justes. « Je suis mieux sans lui… il ne me méritait pas. » Un véritable idiot. Je ne connais rien de la vie de ma partenaire. Je suis sur un terrain pentu et glissant. Je ne réponds rien. Je reste un instant groggy sous le poids de ces mots. Je m'imagine un tas de scènes. Était-elle trompée ? Bafouée ? Violentée ? J'ai un tas de questions à lui poser. J'ai envie d'en apprendre plus, de me nourrir de sa vie. « Dis-moi ce qui te plait chez moi, s’il te plait. Je veux savoir. » Ses mots s'entre-choquent dans ma tête. Ils me filent la migraine. J'ai envie de crier que non, je ne peux pas. Que je ne suis pas doué pour ça. Qu'il vaudrait mieux pour elle de poser cette question embarrassante à un autre homme. Un homme qui sache utiliser les mots avec éloquence. Qui sache s’improviser poète. Moi, je suis brute. Je me défait de cette étreinte dans laquelle nous sommes plongés depuis plusieurs minutes. J'approche mon visage du sien, mes mains se posent sur ses joues. Et mes prunelles la fixent, intensément. « J'aime me plonger dans tes yeux. J'aime caresser tes joues. J'aime ton corps dessiné sous nos draps. J'aime te regarder dormir pendant des heures. J'aime ta voix apaisante. J'aime ta poitrine, même si tu ne la montre pas assez. Tu me plaît toute entière, Tris. » et je suis sérieux, vraiment. J'aurais put être plus doux. Plus littéraire. Mais je suis brute. J'ai pas les beaux mots. Je ne suis pas un véritable écrivain. Mais, je suis sincère. Et mes lèvres viennent embrasser la commissure des siennes, furtivement.

Je suis une inconsciente, je ne me rends pas compte à quel point mes questions sont une torture mentale pour mon partenaire, et que la situation est malfaisante, autant pour lui – et surtout pour lui – mais aussi pour moi. Car elle pèse lourd sur mes frêles épaules au point ou je m’affaisse, cherchant support chez le seul être capable de me suffire. Il me berce tout contre lui dans ses bras enveloppants, ses lèvres papillonnant à la cime de mes cheveux, l’effleurant délicatement par moment. Il y a si longtemps que je me suis sentie aussi démunie, aussi défaite. Et je m’en veux de lui imposer ça, de l’avoir confronté à mon affreuse vérité. Car au-delà de l’image que je protège, il y a cette fragilité toute timide qui sommeille en moi et que je tente bien, avec mal, de cacher. Mais ce soir, les mots qui ont glissés de mes lèvres ont fait remontés à la surface tous ces doutes qui n’ont de cessent de m’assaillir. Je veux comprendre, je veux savoir, je veux qu’il me raconte, qu’il m’explique. Et je sens que les mots ont du mal à venir, que sa gorge se serre devant l’énormité de ma demande. Je devrais me raviser, lui dire de se taire, et mettre de côté cette discussion, faire comme si elle n’avait jamais existé. Je regrette de l’avoir dérangé pour si peu. De l’avoir mêlée à mes histoires personnelles. Ses bras me repoussent avec douceur, et ses mains viennent encadrer mon visage, ses yeux se plongeant dans les miens. « J'aime me plonger dans tes yeux. J'aime caresser tes joues. J'aime ton corps dessiné sous nos draps. J'aime te regarder dormir pendant des heures. J'aime ta voix apaisante. J'aime ta poitrine, même si tu ne la montres pas assez. Tu me plais toute entière, Tris. » Il semble si sérieux, si convaincu de ce qu’il avance, que j’aimerais tant le croire. Une partie de moi, oui, le désire. Mais l’autre, cette éternelle insatisfaite, doute encore. Doute toujours. Je suis si absorbé à me débattre avec mes monstres intérieurs que je réalise un poil trop tard que ses lèvres ont franchis une barrière en s’imposant contre les miennes. Furtivement, délicatement. Le moment est passé, il est venu, et je ne saisis pas son geste après coup, mon visage dépeignant cette incompréhension qui m’envahit soudainement. Je frôle du bout des doigts ses lèvres qu’il a osé caresser, puis ma main vient effleurer l’une de ses joues. J’ai fini par comprendre que par ce geste, il a simplement voulu me faire concevoir ce qu’il n’arrivait point à dire. « Merci. » Je ne sais que dire d’autre. Parce qu’il n’y a rien à dire, de toute façon. Il a répondu à mes questions, s’est montré plus que coopératif, et je sais désormais ce qu’il pense réellement de moi. Ça ne m’effraie pas. Ou ça ne m’effraie plus, pas comme au premier jour de notre rencontre.

Je réserve d'habitude mes proses pour mes cahiers d'écrits. Pour des feuilles blanches qui ne verront certainement jamais le jour. Que j'enferme soigneusement, trop honteux de ce que j'ose écrire. Mes émotions me font peur, me paraissent ridicules. Je n'ai jamais dis d'une femme qu'elle était belle. Je n'ai jamais eu besoin d'autre chose que de phrases toutes faites pour les appâter. Tris est différente. Est-ce ce jeu qui me rend sentimental ? Qui m'oblige à l'apprécier plus que comme de la vulgaire chair à croquer ? J'ai peur. Et je regrette instantanément mes gestes, mes paroles. Je suis tellement peu apte à aimer qui que ce soit.. A rendre heureux une femme.. A la réconforter, à lui prouver qu'elle est unique.. Ses doigts effleurent mes lèvres, puis ma joue. Je ferme un moment les yeux. J'apprécie ce moment de douceur entre nous. Qui casse cette affreuse routine. Je redécouvre ma partenaire, elle me trouble. Je ne sais plus quoi faire, quoi dire. « Merci. » Sa voix est un doux murmure, une caresse. Elle fait frissonner ma peau, elle me fait esquisser un sourire. Je pose ma main sur la sienne, les yeux toujours clos. De tels gestes m'avaient manqués. Tris est sincère. Je le sens. Elle ne se joue pas de moi. Et j'aimerais tant pouvoir être tout aussi nature avec elle.. « Et.. qu'est-ce qui te plaît chez moi ? » ma question est certainement moins existentielle. Elle sonne beaucoup moins sérieuse. Le sérieux ne me ressemble pas, il me fait peur. Je délaisse sa main. Je m'allonge et pose délicatement ma tête sur ses genoux, comme un enfant. Nous sommes si proches, s'en est déstabilisant. Et pourtant, j'aime ça. J'aime être près d'elle. Je me sens bien. Mon coeur bat à tout rompre. Mon souffle est court, saccadé. Mes muscles sont relâchés. Elle m’apaise. Elle me fait me sentir vivant. Elle brise toute mes façades en un battement de cils.

Ton post était tellement parfait ! Je me sens ridicuuule.

Il y a quelque chose de changer, quelque chose de différent dans l’air. La relation que j’entretenais avec mon partenaire depuis le début de l’aventure semble être portée sur un autre vent, une autre route, et je ne sais qu’en penser. Nous étions proches, oui, comme deux êtres qui dorment ensemble soir après soir peuvent l’être. Mais cette proximité n’est plus la même. Elle est devenue plus intimiste. Il n’aurait jamais dû m’embrasser, tout comme je n’étais en droit de lui poser toutes ces questions. Je n’étais pas prête à faire face à tout ça… non, je ne le suis pas, ne le serai surement jamais. Mais je vais composer avec cette situation, je n’ai pas le choix. Ma main s’égare sur son visage, ses doigts viennent s’entrelacer au mien. Un court silence occupe l’espace entre nous deux, puis sa voix vient le briser. « Et… qu'est-ce qui te plaît chez moi ? » En toute sincérité, je ne sais quoi lui répondre. Sa question me perturbe autant que la mienne l’a troublé, lui. « Je… je ne sais pas. » je réponds, hésitante. « Tu te montres si… gentil, attentionné à mon égard, tu n’as jamais eu un geste déplacé à mon égard, quelques paroles peut-être, lors de nos premiers instants, mais jamais dans l’intention de me blesser. Je… je me sens bien en ta compagnie. Je n’ai pas l’impression d’avoir quelque chose à te prouver, à toi… » Contrairement à tous ces autres gens qui composent ma vie. Son corps bouge, et je détache ma main de la sienne, et de sa joue où elle séjournait depuis trop longtemps. Sa tête, en douceur, vient s’échouer sur mes genoux, et je mêle mes doigts à sa chevelure dans un geste machinalement naturel. Il semble si détendu, et je me rends compte que cette impression est réciproque. Je ferme les yeux et adosse ma tête contre le mur derrière moi. Je n’ai pas conscience que le marchand de sable passe, pour lui, pour moi, mais nous nous endormons ainsi, sans rien ajouter d’autre à cette conversation déjà trop lourde de sens.

THE END.