@allen
Elle s’est levée un peu plus tard que d’habitude ce matin, et ce à cause du prime qui l’oblige à se coucher tard. Et quand elle repense au prime de la veille elle se dit que cela aurait été la même chose si elle était restée à l’intérieur du nid à discuter avec Mylah, puisqu’elles sont restées toute la soirée assises, à ne rien faire d’autre que parler. Elle n’aime pas être décalée, mais généralement elle parvient à reprendre son rythme habituel au bout de deux jours, même s’il finit toujours par être décalé les dimanches soirs. Il est neuf heures passé lorsqu’elle se réveille ce matin, alors qu’elle est habituellement debout aux alentours de huit heures, même avant parfois. Allen n’est même plus là lorsqu’elle émerge, d’ordinaire, elle se réveille avant lui. Ne souhaitant pas perdre plus de temps que cela, elle fait un rapide détour par le dressing pour prendre des vêtements propres et part prendre sa douche. Une fois prête pour affronter la journée, elle passe prendre une tasse de café et de quoi prendre son petit-déjeuner et elle emporte tout cela sur le balcon. C’est tout de même plus agréable de débuter la journée à l’air frais en ayant une vue comme celle qui leur est offerte sur ce balcon. Elle qui se pensait seule, tombe sur Allen qui lui aussi, semble avoir décidé de passer une partie de sa matinée ici. Un sourire étire ses lèvres, elle est contente de le voir, comme à chaque fois. « Oh c’est donc là que tu es, quand j’ai vu que tu n’étais pas là ce matin, j’ai pensé qu’on t’avait enlevé. » Tandis qu’un sourire amusé prend place sur ses lèvres, elle vient poser son petit-déjeuner sur la table et s’assoit en face de son partenaire. « Tu sais, par rapport au détecteur de mensonges hier. » Il y avait une question sur laquelle elle souhaitait revenir, parce qu’elle ne voulait pas qu’il y ait de malentendu entre eux, et elle avait eu l’impression qu’il pourrait y en avoir un suite à une de ses réponses. « Quand j’ai dit que j’avais l’impression d’être dans ton ombre ce n’était pas nécessairement péjoratif, et surtout pas contre toi. » Allen, lui, il n’a rien à voir là-dedans, et elle espère qu’il ne l’a pas pris personnellement. « C’est simplement que, tu sais ... J’ai l’habitude d’être dans l’ombre de mon père, en quelque sorte… Et ici j’ai aussi l’habitude qu’on me parle parfois plus de toi, que de moi. » Elle hausse les épaules, elle en a l’habitude, et elle espérait qu’ici ce serait différent. Ce n’est pas grave, elle sait aussi relativiser les choses, c’est son quotidien, elle sait vivre avec.

En l'espace de quelques semaines, Allen avait pris quelques vilaines habitudes qu'il aurait bien du mal à abandonner une fois rentré chez lui. L'une d'entre elles étant qu'il était rare de le voir quitter son lit avant neuf ou dix heures du matin, alors que chez lui, courir les castings l'obligeait bien souvent à se lever aux aurores. Ici, on ne pouvait pas dire que ses journées soient chargées, il était même parfois difficile d'occuper tout son temps, alors c'est vrai qu'il en profitait pour traîner un petit peu au lit, à l'image de la plupart de ses camarades, car l'avantage avec le fait de côtoyer autant de jeunes gens c'était qu'il culpabilisait moins de faire la grasse matinée. Il y en avait cependant une qui se levait toujours avant lui, et c'était sa partenaire, qui semblait toujours réglée comme du papier à musique. Tout du moins, c'était ce qu'il observait la plupart du temps, car ce matin il avait ouvert un œil et avait eu la surprise de constater qu'elle dormait encore. Il n'avait pourtant pas le souvenir de l'avoir vu prendre part aux activités de la veille, ce qui aurait justifié le fait qu'elle soit fatiguée, pour autant il la laissa dormir et fit en sorte de quitter la chambre en silence, prenant la direction du balcon pour prendre un peu l'air, comme il aimait généralement le faire en début de journée. Il fut tenté d'allumer une clope, mais il essayait de fumer un peu moins depuis qu'il était ici, alors il prit sur lui et se concentra sur la vue. Et puis, contre toute attente, c'est bel et bien sa partenaire qu'il vit apparaître dans son champs de vision après une demi-heure, elle qu'il était toujours ravi de croiser, même si dimanche soir il avait pu ressentir une certaine gêne après que les réponses au détecteur de mensonges aient été diffusées. Il s'amusa néanmoins de sa prise de parole, lui adressant un large sourire. « Et moi j'ai pensé que tu étais souffrante quand j'ai vu que tu dormais encore au moment où je me suis levé. » Il n'avait pas l'habitude, c'est bien pour ça qu'il avait été surpris. Il l'observa en tout cas s’asseoir, et son sourire eut tendance à s’atténuer légèrement lorsqu'elle fit référence au détecteur, justement. Il n'aurait sûrement pas mis le sujet sur la table de lui-même, mais il n'était pas contre l'idée qu'ils en parlent. « Ça m'a pas laissé indifférent, je vais pas te mentir » confessa-t-il alors, parce qu'il avait forcément porté une attention toute particulière à ce qu'avait répondu sa partenaire, et que l'une de ses réponses l'avait un peu affecté. Il l'écouta alors lui expliquer que ça n'avait rien eu de péjoratif, puis qu'elle avait déjà l'habitude d'évoluer dans l'ombre de son père, et il hocha doucement la tête. « Je sais que dans ta bouche ça n'était pas un reproche, mais c'est vrai que j'ai eu un peu l'impression de devoir m'excuser de ma place dans la cote de popularité, des prix qu'on m'a remis la semaine dernière ou des questions qu'on a pu me poser … alors que j'ai pas le sentiment d'avoir tout entrepris pour attirer l'attention. » Elle serait peut être d'un autre avis, mais lui savait qu'il n'était pas comme ça, qu'il avait beau avoir eu des facilités à s'entendre avec la plupart de ses camarades, ça n'était pas si naturel que ça pour lui d'aller vers les autres. Quant au reste, il n'agissait pas dans l'optique d'attirer les projecteurs sur lui, ne réfléchissait pas à ce qu'on pourrait dire de ce qu'il faisait, ou disait. Il baissa par la suite légèrement la tête. « Et puis, je me suis dit que tu regrettais peut être du coup de m'avoir comme partenaire, et c'est sûrement ce qui m'a fait le plus de peine. » Il dramatisait facilement, mais c'est vrai qu'il ne pouvait pas s'empêcher de se dire qu'elle aurait peut être préféré être associée à quelqu'un qui prenait un peu moins de place, puisque c'était ce qui semblait poser problème. Entre eux, les choses avaient toujours été des plus simples, mais il la gênait peut être plus qu'il ne lui était utile.

Ce matin est presque exceptionnel, Agata n’a pas l’habitude se lever aussi tard. D’ordinaire, elle est debout vers neuf heures les lendemains de prime, ce qui reste assez exceptionnel pour elle, mais ce matin, sans trop savoir pourquoi, elle ne s’est pas réveillée avant qu’il ne soit dix heures. Elle n’avait pas eu besoin de regarder sa montre pour savoir qu’elle avait dormi plus que d’habitude, il lui avait simplement fallu constater qu’Allen n’était plus dans le lit. Cela faisait bien des années qu’elle n’avait pas dormi si tard, elle n’était même pas capable de s’en souvenir. Rapidement, elle s’était levée pour se préparer et ne plus perdre une seule minute de cette journée déjà bien entamée. Elle avait récupéré une tasse de café et une pomme avant de prendre la direction du balcon, où elle eut l’heureuse surprise de croiser Allen, qui semble-t-il, avait eu la même idée qu’elle. « Tu pensais que j’étais malade et tu m’as laissé agoniser dans le lit ? » commente-t-elle suite à sa remarque, bien évidemment elle dit cela sur le ton de la plaisanterie comme ils le faisaient depuis le début de cet échange. Pourtant, Agata voudrait lui parler d’un sujet un peu moins léger, et souhaiterait revenir sur les réponses au détecteur de mensonges qui ont été diffusées hier soir. Il y a une question sur laquelle il est important qu’elle s’explique, ne souhaitant pas créer un quelconque malaise entre Allen et elle. Si elle a répondu avoir l’impression d’être dans son ombre, ce n’est pas de sa faute, et elle ne lui en veut pas bien évidemment. Une légère moue vient s’afficher sur son visage lorsqu’il dit que ça ne l’a pas laissé indifférent, ce n’est pas ce qu’elle voulait, alors elle tente de s’expliquer, en espérant qu’il la comprenne. Et son sourire disparaît définitivement lorsqu’elle l’entend dire qu’il avait l’impression de devoir s’excuser. « Oh non, je n’ai jamais pensé que tu devais t’excuser, Allen. Je sais bien que ce n’est pas ce que tu cherchais, et je n’ai jamais dit ou pensé le contraire. Ce n’est pas de ta faute si tu fais une si bonne impression et que les autres semblent tous unanimes à ton sujet. Et je suis très contente pour toi d’ailleurs. » Elle ne voulait pas qu’il se méprenne sur ce qu’elle pensait, elle était contente de voir qu’il était si apprécié des autres, Agata n’est pas une personne nécessairement envieuse, mais elle aime qu’on sache qu’elle existe, qu’elle n’est pas que l’ombre d’un autre. « Et c’est comme ça, on me voit moins et on m’apprécie moins que toi, c’est un fait, que j’ai remarqué, c’est la réalité, ce n’était pas un reproche. » Il faut aussi voir la réalité en face, et elle l’a bien compris, Agata. Et ça lui fait de la peine aussi à Agata, de savoir qu’elle a pu lui en faire, quand elle n’en avait absolument pas l’intention. « Non, je ne voudrais changer de partenaire pour rien au monde. » lui dit-elle dans un léger sourire, elle est évidemment contente d’être tombé sur lui comme partenaire, et elle ne voudrait vraiment pas en changer, et elle ne veut surtout pas qu’il pense une telle chose. « Et je t’assure que c’est la vérité, je serais perdue si jamais on me changeait de partenaire. » Ce qui n’arriverait probablement pas, elle sait qu’elle durera moins longtemps dans le jeu qu’Allen et que si l’un deux devra s’habituer à un nouveau partenaire ce n’est certainement pas elle.

Ça n'était pas tous les jours que sa partenaire se levait après lui. C'était même une première, car jusqu'à présent il avait toujours ouvert un œil et constaté qu'elle n'était déjà plus dans le lit. Mais ce matin, il semblerait qu'elle ait besoin de dormir un peu plus, c'est pourquoi il avait quitté la chambre sans faire de bruit. Il semblerait néanmoins qu'Agata ne se soit pas levée beaucoup de temps après lui, puisque c'est quelques instants après s'être installé sur le balcon qu'il la vit apparaître. Elle laissa alors entendre qu'elle avait cru qu'on l'avait enlevé quand elle ne l'avait pas vu près d'elle, après quoi le canadien répliqua qu'il avait de son coté pensé qu'elle était souffrante. « Bien sûr que non, pour qui me prends-tu ! C'est juste que je ne suis pas médecin, moi, alors j'ai pensé qu'il valait mieux que j'aille chercher quelqu'un qui saurait t'examiner » prétendit-il alors, après qu'Agata se soit étonnée du fait qu'il l'ait laissée toute seule alors qu'il venait de dire qu'il l'avait pensé malade. Il va de soi qu'en réalité, il n'avait rien pensé de tel, il s'était simplement dit qu'elle s'était couchée tard. « J'étais justement en pleines recherches quand t'es arrivée. » Il avait repris sur un ton encore plus convaincu, en allant même jusqu'à hocher vivement la tête. Tout ça était évidemment on ne peut plus crédible. Agata ressentit ensuite le besoin de revenir sur l'histoire du détecteur de mensonges, et sur ce qu'elle avait pu répondre à une question qui le concernait. Elle avait laissé entendre qu'elle avait l'impression d'être dans l'ombre de son partenaire, et ça l'avait forcément affecté, comme il le lui précisa, avant de tenter de lui livrer ce qu'il avait sur le cœur. Il avait en fait eu l'impression de devoir s'excuser de tout un tas de choses, notamment de sa place dans la cote de popularité. C'est qu'il n'avait pas l'impression d'avoir tout fait pour se faire bien voir, ou d'avoir cherché à attirer à tout prix l'attention, alors oui ça lui avait fait un peu de peine. Il écouta en tout cas attentivement Agata lorsque celle-ci lui fit savoir qu'elle n'avait voulu qu'il s'excuse de quoi que ce soit, avant de se pincer doucement la lèvre. « Tu sais, moi j'ai jamais été tellement populaire. Au lycée, on était branché si on faisait partie de l'équipe de crosse, beaucoup moins si on avait intégré la troupe de théâtre. Et puis, par la suite, les amis que j'ai pu me faire quand j'ai été connu m'ont pour la plupart tourné le dos quand ça n'a plus marché pour moi. » Il avait effectivement été beaucoup plus entouré pendant les trois ans où il avait rencontré le succès, que lorsque tout s'était arrêté. A croire qu'il y avait les vrais amis, et les autres. « Je me souviens qu'en arrivant ici, j'avais un peu peur des aprioris, de ne pas trouver ma place. Et si on m'avait dit que je serai encore là après six semaines de jeu, j'y aurais probablement pas cru. » Il voulait qu'elle comprenne qu'il n'avait pas l'habitude d'être prétendument aussi apprécié, de passer du temps avec des personnes qui l'aimaient pour ce qu'il était, et qui se fichaient de sa condition d'acteur déchu. Il n'avait probablement jamais eu autant d'amis que dans ce jeu, c'était nouveau pour lui. Agata reprit alors la parole et il mouva légèrement la tête, parce qu'il la trouvait sans doute un peu trop fataliste et qu'il n'aimait pas l'entendre parler comme ça. « Ceux qui sont tes amis t'apprécient réellement, c'est ça le plus important. Et puis, c'est pas notre place dans la cote de popularité qui détermine la manière dont on est apprécié, c'est l'affection qu'on nous témoigne directement » souffla-t-il alors, parce qu'il avait l'impression qu'elle s'estimait peu populaire, or ça n'était pas l'impression qu'il avait eu. Il avait remarqué qu'elle s'était liée d'amitié avec certains candidats, et rien que dimanche soir elle avait été entourée alors que lui avait passé le prime seul. Comme quoi. « Tu m'as moi, tu as Mylah, tu as Sayid, et d'autres encore pour qui je suis sûr que tu comptes beaucoup. » Il y avait des gens ici sur qui elle pouvait assurément compter, alors quelle importance pouvait bien avoir le reste, dans le fond ? Elle n'était pas seule, c'était bien le plus important. Lui, en tout cas, avait eu tendance à craindre qu'elle regrette inévitablement de l'avoir comme partenaire, mais ce qu'elle s'empressa de lui répondre eut évidemment tendance à le rassurer. Son sourire s'était pour ainsi dire largement élargi. « Merci » énonça-t-il alors, parce que c'était évidemment ce qu'il avait besoin d'entendre, qu'elle était contente d'être liée à lui et que ça n'était pas un détail qu'elle aimerait changer à la première occasion. « Je ne voudrais pas non plus d'une autre partenaire. » Elle n'en doutait sûrement pas, mais c'était afin qu'elle en soit sûre, car lui non plus ne pourrait pas être séparé d'elle, écoper de quelqu'un de différent. Ils étaient entrés ensemble et ça voudrait toujours dire beaucoup pour lui, même lorsque le jeu serait terminé. « A ce propos » reprit-il cette fois sur un ton qui s'annonçait beaucoup plus léger, parce qu'il avait l'intention de détendre un peu l'atmosphère, lui qui savait qu'Agata était souvent réceptive à son humour. « J'ai été outré que tu oses prétendre ne pas craquer pour moi en secret. » Il lui adressa un regard incrédule, l'air d'avoir véritablement été étonné par sa réponse, alors que c'est l'inverse qui l'aurait surpris, vu ce qu'elle avait déjà pu lui dire par le passé. « Et plus encore que le détecteur aille dans ton sens, alors qu'on sait tous les deux ce qu'il en est vraiment. » A savoir qu'elle était folle de lui, oui, bien entendu. Et c'était d'autant plus crédible qu'il l'encourage dans ce sens, alors qu'on avait déjà tendance à dire qu'il se rapprochait de toutes les filles du coin. « Si c'est pas la preuve qu'il ne faut pas lui faire confiance, à cet engin de malheur » conclut-il, en affichant une mine excédée, alors que son ton n'était même pas un tant soit peu sérieux, comme elle n'aurait sûrement aucun mal à le noter.

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