J’ai manqué à mes quelques séances d’entrainement et je m’en veux énormément. Je me dois de garder la forme durant cette aventure, je ne peux pas me permettre de prendre un seul kilo supplémentaire : mon travail en dépend, et ma santé mentale aussi. Je suis obsédée par mon corps et je veux l’admettre, mais c’est bien la seule chose de laquelle je m’occupe autant. Du reste, je m’en fiche éperdument. J’ai lentement, mais surement récupéré de ce vilain virus qui m’a tenue au lit une bonne partie des derniers jours, mais je sens enfin que mon corps reprend de son entrain. J’admets être soulagée de la chose, puisque même si j’apprécie l’enferment – jusqu’à un certain point – j’ai besoin de mes séances quotidiennes de course. Ma drogue à moi, mon petit plaisir dont je ne peux plus me passer. J’enfile tenue et souliers, et je pars à la quête des sentiers, mes pieds foulant le sol à un rythme régulier, sans être trop rapides. Je cours sans m’arrêter, observant le paysage qui défile devant mes yeux à une vitesse accélérée. Cependant, je dois être à l’écoute du corps qu’il me faut porter, et au niveau de l’étang, je décide de prendre une pause et me stopper. Je ne sais pas pour combien de temps, peut-être juste assez pour récupérer, ce qui ne devrait pas tarder. Le banc qui surplombe l’étendue d’eau m’attire, et ma tête tournant légèrement, je préfère m’y poser avant de perdre pied. L’endroit est calme, paisible. Un petit havre de paix dans ce chaos permanent.

Mes balades dans le dôme sont un peu devenues un rituel. Faut dire que lorsqu'on ne sait pas comment s'occuper, et qu'on manque d'air c'est la meilleure chose à faire. J'aime bien ce dôme. Même si ça n'est rien comparé à la véritable nature. J'aime bien l'atmosphère que la production a donné a certain endroit. Etant donné mon métier, je m'y connais pour dire à quel point l'atmosphère d'un lieu peut-être importante. J'aime beaucoup celle de la fontaine ou de l'étang. C'est d'ailleurs vers ce dernier que je me rends afin de me vider la tête et pourquoi pas, prendre quelques photos puisque je suis armée de mon ipad. Je marche lentement par rapport à d'habitude, je souhaite observer le lieu avant tout. Je souhaite pourquoi pas, m'en inspirer lorsque je retournerai chez moi à Liverpool. Et alors que je pensais m'y retrouver seule, je constate que Donia est déjà là. Elle s'est assise sur le banc qui se situe tout près de l'étendue d'eau. Je me rapproche alors doucement et pointant celui-ci du doigt, je décide de lui demander l'autorisation de me mettre à ses côtés. Nous ne nous connaissons pas encore mais cela n'est pas très grave, au contraire, vaut mieux apprendre à se connaître tard que jamais. « Donia, je peux me mettre près de toi ?» J'avoue, c'est pour la forme que je lui pose la question parce que j'ai tellement envie de m'asseoir que je m'y mettrais de toute façon. Sauf que vaut mieux paraître gentil et sympathique lors d'un premier contact, tout le monde le sait. Enfin, tout le monde sauf Henley.«Cet endroit est apaisant ... Il me permet parfois d'oublier qu'il y a milles caméras braquées sur nous en permanence.» Que j'ajoute finalement histoire de faire la discussion.

Je n'étais pas plus gênée que cela par les caméras de l'émission. Ce serait mentir mentir de dire que je suis pudique et je n'aime pas m'exposée à l'écran. J'aime bien. J'aime savoir que des millions de gens me regardent tous les jours, que des filles rêvent de me ressembler et que certains mecs rêvent de me foutre dans leur lit dès ma sortie. Vraiment, toute cette notoriété me plait déjà. Seulement, par moment, quelques minutes par jour, j'aimerais que les caméras me lâchent la grappe. J'aimerais pouvoir respirer et me sentir libre et non épiée de la sorte. Malheureusement, on a pas le choix, c'était dans le contrat que nous avons signé. Alors même si nous ne pouvons pas les enlever, nous pouvons les oublier. Ou essayer en tout cas. C'est ce que je comptais faire en me rendant à l'étang. C'est un endroit apaisant alors je m'étais simplement dit que ça pouvait être le lieu idéal. Donia s'était assise sur ce banc également. Pas pour les mêmes raisons si je fais attention à la tenue qu'elle porte et à la bouteille d'eau qu'elle a emporté avec elle. Elle a sans aucun doute fait du sport et s'est arrêté là pour souffler un peu. « On peut en faire abstraction pendant quelques instants, mais je doute qu’on oublie vraiment qu’elle nous observe, et ce,  en tout temps. » J'lui souris, très légèrement. C'est à peine si elle doit l'avoir remarqué. Elle dit la vérité et cette vérité n'est pas vraiment pour me plaire. « Tu as raison, on oublie jamais vraiment. On reste toujours un peu sur nos gardes. » Enfin, je suis malgré tout très naturelle. Seulement, j'pense que beaucoup de candidats ont plus de mal que moi à être vraiment eux-même face à la caméra. « Mais je doute qu’on soit réellement à plaindre, nous sommes tout de même assez bien nantis, en comparaison de certains plateaux de tournage de cette envergure. » J'approuve une fois de plus. Ma mère me retournerait certainement une gifle si elle entendait l'une de mes plaintes. Elle a connu des conditions de vie bien plus difficiles que ça, j'peux pas me plaindre. C'est interdit.  «Le château est tout à fait plaisant ... Même si certains détails ne me plaisent pas plus que cela ... On va pas s'en plaindre. » Clairement pas. Je fixe un instant le sol, mes pieds, mes jambes.  « Parle-moi de toi Donia, tu fais quoi dans la vie ? Tu viens d'où ? »