Errer sans but, sans direction, sans savoir où ses pas vont la mener si même quelle âme elle est susceptible de croiser, c'est ce qu'elle sait faire de mieux. Elle a ce goût de l'aventure, ce besoin pressant de laisser la providence la guider peut importe si elle se heurte à un mur ou si elle marche sur les braises. Elle erre, ses pas l'emportent bien plus loin que l'enceinte rassurante du nid. Ses pieds foulent le sol du jardin, personne, pas âme qui vive, pas de regard auquel elle pourrait se raccrocher alors elle poursuit, toujours. Caressant de ses doigts les plantes qu'elle rencontre sur son chemin, elle se perd à penser à son mari, cet amant qu'elle regrette tant. Il lui arrivait bien souvent de la traîner dans des endroits comme celui-ci, le soleil caressant sa peau dorée alors que ses yeux d'enfants s'émerveillaient devant la beauté de cet univers, le sien. Celui où les deux planètes qui le composaient n'avaient de ce cesse de graviter l'une autour de l'autre se heurtant parfois sans jamais se détruire. Avant de partir, son psy lui a dit qu'elle allait bien, qu'elle était prête pour ce grand voyage dont elle lui avait tant parlé, pour cette aventure dans laquelle elle se jetait corps et âme. Deux ans de thérapie pour en arriver à cette si simple conclusion alors qu'elle aurait voulu lui hurler dès la première séance qu'elle n'avait jamais eu besoin de lui parce qu'elle n'était pas malade, juste mélancolique. En sortant du jeu, elle savait qu'il allait sûrement la rappeler, qu'elle aurait besoin d'une autre thérapie parce qu'elle se serait perdue et complainte dans le mensonge. La salvadorienne ne sait fait que ça, mentir, panser des plaies encore béantes pour masquer de douloureuses vérités qu'elle ne s'avouera jamais. Sa quête la mène bien au delà du jardin, près tout près du parc d'attraction où une douce odeur sucrée s'échappe. C'est comme si cet endroit transpirait l'insouciance. Et puis il y a cette grille, frontière entre le réel et l'imaginaire, entre le monde d'adulte et celui de l'enfant où elle retrouve une Scarlett accrochée à un barreau de métal comme si elle avait peur d'être happée par l'insouciance. Craintive, la rousse lui demande si elle l'a suivit. « Pourquoi j'aurai fait ça ? » répond-t-elle arquant un sourcil, dubitative, en attendant une explication de la part de sa voisine. Il est vrai que la salvadorienne est intriguée par le personnage de Scarlett, cette poupée désenchantée qui semblait toujours sur le point de s’effondrer. D'un geste inattendue, la rouquine lui propose une clope de son paquet encline à partager un moment avec elle. « Merci, j'apprécie ta générosité ». Elle souffle souriante en acceptant sa proposition.  Elle porte une cigarette à ses lèvres son regard s'ancrant dans les prunelles émeraudes de la rouquine tandis qu'elle sort un briquet pour allumer sa précieuse laissant la fumée emplir ses poumons. « Pas trop dur sans Lino ? ». Elle demande, soucieuse, peut être que cette peur qu'elle lit sur le visage de sa voisine est due au fait qu'elle ne peut pas approcher son partenaire de près ou de loin pendant une longue semaine. Enola ne sait pas ce que la rouquine peut ressentir n'ayant pas eu l'occasion d'être proche de son précédent partenaire, elle se doute que des liens très forts ont pu se créer entre les deux jeunes gens.