La silhouette fine d'Adélaïde se dessinait au fond du bassin alors qu'elle faisait une longueur sous l'eau. Sa chevelure de feu faisait une étrange tâche de couleur sur le damier immaculé qu'était le fond de la piscine, et lorsqu'elle remonta à la surface pour respirer, elle les plaqua en arrière pour apercevoir les alentours. Il n'y avait pas un chat dans l'immense salle ce qui la surprit. C'était comme si elle s'arrangeait pour toujours se retrouver seule, depuis le début de l'aventure. C'était possible en fait.

L'irlandaise soupira et fit quelques brasses pour rejoindre le bord de l'eau. Au lieu de sortir de l'eau qu'elle trouvait agréable, elle resta accrochée au rebord, son visage calé dans ses bras croisés. Elle était heureuse d'avoir emportée sa panoplie de maillot de bain, comme ça, elle ne mettra pas toujours le même pour venir se baigner aussi souvent qu'elle le souhaite...

[MICAH ; avec big dédicasse pour le titre, si ça te dit quelque chose (a)]

Je ne comprenais pas pourquoi l'hôtel disposait d'une piscine intérieur avec le beau temps qui se profilait avant de réaliser que le soleil était peu souvent fréquent en Irlande. C'était bien dommage à vrai dire, mais au moins nous allions tout de même profiter de la chance de pouvoir s'occuper différent. De la terrasse du premier étage, j'observais la piscine où une crinière rousse dansait allègrement dans le fond de cette dernière. Un sourire sur le coin des lèvres, je profitais de la vue qui s'offrait à moi dégustant chaque bouffée de cigarette avant de finalement l'écraser dans le cendrier. Il était clair que la personne qui s'y trouvait m'intriguait énormément. En effet, elle semblait presque enfermé dans la bulle, seule, de puis il était clair qu'elle devait être plus vieille que la majorité des autres personnes dans ce nid. Piqué par ma curiosité, je me dirigeais vers le grand escalier avant de rejoindre la piscine où la rousse se trouvait toujours. Je me dirigeais à pas feutré vers le bassin ne souhaitant la déranger pour rien au monde. Je m'installais sur une chaise longue silencieux, un air malicieux qui illuminait mon visage.

Adélaïde n’a jamais été une grande bavarde en fait. Ni d’une très bonne compagnie. Elle avait toujours tendance à se mettre à l’écart des gens, pas parce qu’elle pensait qu’elle gênait mais parce qu’elle se dit souvent que personne n’est indispensable. Enfin bref, la trentenaire ne remarqua pas dans l’immédiat la présence d’un candidat, mais lorsqu’elle ouvrit les yeux, elle le vit. Son regard pétillait de malice alors qu’il était installé sur l’un des transats. Le coin de la bouche de la rouquine s’étira en un petit rictus et elle ne put s’empêcher de lui demander :

« La vue te plait? »

Adélaïde avait déjà croisé ce candidat, mais son nom lui échappait complètement.

Muet comme une tombe, mes iris étaient rivées sur la jeune femme à la chevelure électrisante. Ce n'était pas dans mes habitudes de rester silencieux. Peut être était-ce parce qu'elle semblait apprécier le silence et la solitude que je n'avais pas jugé de bon de briser le silence. Quoi qu'il en soit, elle ne tardait pas à me remarquer. Après tout ce n'était guère étant puisque je n'étais qu'à quelque mètres d'elle. Mon sourire s'élargissait alors qu'elle m'interrogea. « Ce serait être difficile d'affirmer le contraire. » Répondis-je simplement alors que je m'approchais de la candidate afin de faciliter le dialogue bien que je n'ajoutais rien d'autre. Sur le moment, j'étais presque déçu de ne pas avoir mon maillot sous mes vêtements.

Adélaïde sourit à la réponse du candidat, et passa sa main dans ses cheveux mouillés. Elle n'était qu'une femme, bien sûr qu'elle aimait qu'on la complimente sur sa beauté - qu'elle savait grande. Pour une trentenaire, elle était plutôt bien conservée, et aucune ride ne venait ternir le paysage. Elle était grande et minces, de longues et fines jambes, une taille à en faire pâlir toutes les femmes proches de la ménopause... non, Adélaïde était belle et elle le savait.

« Je pourrais en dire de même.. »

En effet, plus le jeune homme avançait vers elle, plus elle le trouvait séduisant. L'irlandaise leva le bras en l'air, en lui tendant la main.

« Adélaïde. »

Je me contentais de sourire à la jeune femme lorsqu'elle me retourna le compliment. J'ignorais si elle était sincère ou si elle se contentait d'être polie mais quoi qu'il en soit, j'étais plutôt flatté. Un compliment était toujours agréable à recevoir, mon ego bien que déjà relativement bien gonflé, appréciait d'autant plus. Une fois arrivée à la hauteur de la jeune femme, elle me tendit la main, m'informant de son prénom. J'attrapais sa main humide et y déposait un doux baiser, avant d'ajouter. « Micah, enchanté. » Je m'installais en tailleur sur le carrelage de la pièce, tout prêt de la jeune femme. « C'est français, Adelaide, si je ne m'abuse, je dois en conclure que tu as des origines française ? » L'interrogeais-je, curieux. A en juger par son accent, elle devait être irlandaise, alors peut être qu'elle avait pu avoir un parent originaire de ce charmant pays.

En plus d’être séduisant, le jeune homme de son nom, Micah, se trouvait être un parfait gentleman. Adélaïde lui fit un petit sourire aguicheur, ravie des bonnes manières du garçon. Sa question ne la surprit pas plus que ça, en effet, il n’était pas le premier à la lui poser.

« Ma mère n’a jamais fais dans le demi-mesure. Elle voulait que sa fille soit un exemple pour toutes les gamines de notre village. Elle a toujours voulu faire de moi, une bonne petite bourgeoise française... Celle des bonnes familles, avec leurs grandes manières et tout le reste... »

Emportée dans ses souvenirs, elle soupira. Au fil des années, plus Adélaïde prenait de l'âge, plus elle devenait une déception pour sa vieille mère qui s'était imaginé une autre fille.

« Elle regardait beaucoup trop de films. »

Un rire gêné s'échappa des lèvres pulpeuses de la rouquine, trahisant son malaise. Elle avait toujours un peu de mal de parler de sa mère, avec qui elle a coupé les ponts, suite à de sombres histoires. Aujourd'hui, elle devait pourrir dans le fin fond de son village natale.

« Et toi, mon chou? D’où est-ce que tu viens? »

Visiblement ma petite courbette plut à Adélaïde, pas peu fière je répondis à son sourire, charmeur, avant d'entendre son explication quant à l'origine de son prénom. « C'est tout à son honneur de construire de grands projets pour sa fille je trouve. Enfin j'veux dire, au moins ça te fait une anecdote intéressante à raconter au sujet de ton prénom. Le mien est tout droit sorti d'un livre de prénom sur les bébés, tout simplement. Pas génial comme histoire. » Je me tus finalement, distinguant sans grande difficulté son malaise soudain. Je pouvais comprendre qu'évoquer des souvenirs relatifs aux parents ou à l'enfance pouvait être difficile, j'avais moi même de grande difficulté à parler de ma défunte mère. « J'ai grandi dans un petit village perdu au fin dond de l'Arizona et maintenant, je vis dans une plus grande ville nettement moins paumé, toujours en Arizona, autant dire que le soleil me manque. » Je riais, levant légèrement la tête vers l'une des fenêtre où l'on pouvait apercevoir les nombreux nuages obstruant le ciel. « Tu ne m'as pas dit, ton village est en Irlande ? »

Le rire de Micah effaça les sombres souvenirs qui hantaient Adélaïde, et au lieu de l’accompagner, un sourire tendre se dessina sur ses lèvres. Elle resta silencieuse, buvant toutes ses paroles alors qu’il lui racontait d’où il venait. Vivre dans un patelin, elle connait. En effet, elle avait grandi dans un village si petit, que tout le monde se connaissait. Le problème avec ce genre de cambrousse, ce sont les rumeurs et compagnie… il y aura toujours une bonne femme pour vous cracher dessus. Et dieu sait qu’Adélaïde a souvent été au centre des cancans.

« Ballymore, du conté de Kerry. Maintenant, je me suis établie non loin de Dublin. »

La rouquine s’arrêta et sembla absorber par quelque chose sur l’américain. Elle se leva à l’aide de ses bras, et s’assit sur le bord du bassin. Sa main s’approcha du jeune homme.

« T’a quelque chose… la… »

Et sans savoir comment, il se retrouva à l’eau, alors que la traitresse rigolait.

J'écoutais silencieusement l'Irlandaise, à vrai dire j'ignorais où se trouvait le conté de Kerry, par conséquent, je ne pouvais pas situer l'endroit d'où elle venait, Dublin en revanche, je maîtrisais et à juste titre. Mais lorsque cette dernière s'arrêta, comme absorbée pour ma personne, je l'observais dubitatif. Jusqu'à ce que je me retrouve dans l'eau par je ne sais quel moyen. J'avais du reflex et je ne me laissais pas avoir aussi facilement pourtant, elle avait réussi à détourner mon attention pour que je baisse la garde l'espace de quelques secondes. Un cri de surprise plus tard, je m'approchais d'elle malicieux. « J'espère que tu es fière de toi, tu viens de bousiller mon micro. » Lançais-je alors que je me débarrassais de la petite boîte noire détrempée, avant de me hisser vers la sortie, à vrai dire, la piscine ne me dérangeait pas, le jeans trempé qui me collait à la peau nettement plus. « tu m'accordes une minutes, j'ai des choses à enlever. » Sur le rebord de la piscine complètement trempé, je commençais à ôter mes chaussures, particulièrement collante elles aussi. Mon t-shirt détrempé lui aussi, ne fit pas long feu, sans quitter les yeux de la jeune femme je continuais mon strip-tease improvisé. Le jeans, fut la dernière étape, lorsque mes yeux descendirent sur le dernier vêtement qu'il me restait, je remarquais avec stupeur que j'avais comme par hasard choisit d'enfiler un caleçon blanc soit complètement transparent dorénavant, mais peu importait, je plongeais à nouveau dans l'eau sans prendre garde à ne pas éclabousser au passage ma colocataire, une petite vengeance personnelle en quelque sorte. Je ne mis que quelques minutes pour la rejoindre. « Tu as quelque chose à dire pour ta défense avant que je ne décide de me venger ? »