neuf juin, 12h05
ft. hivana

Il était aux environ de midi, et Quinn crevait littéralement la dalle. Ce garçon avait un appétit des plus étranges. Il pouvait tenir plusieurs sans rien avaler sans ressentir de tiraillement dans son estomac, comme il pouvait avoir faim toutes les cinq minutes. Et en l’occurrence, là, tout de suite, on était dans le deuxième cas de figure. C'est pourquoi, avant que son ventre ne se mette à devenir trop bruyant, Quinn s'était bougé jusqu'au cellier, où il espérait se dégoter quelque chose à se mettre sous la dent. En entrant, il esquiva un fil à linge sur lequel étaient suspendus toute une tripotée de strings. Sans mauvais jeux de mots. Il sourit, moqueur, se dirigeant vers les armoires. Il farfouillait dans un placard, lorsque la porte se réouvrit dans son dos. Il regarda par-dessus son épaule et découvrit Hivana. Tiens, comme une impression de déjà vu. Il retourna dans son armoire, laissa quelques secondes de suspense. « Je peux te poser une question indiscrète ? » Il continua avant même d'attendre la permission de la jeune femme. « Pourquoi t'as accepté de coucher avec Vadim dès le premier soir ? » Il n'y avait aucun reproche, aucune accusation dans sa voix - bien qu'il ne comprenne pas ce qu'elle pouvait trouver au blond - juste de la curiosité.

Ce matin, je m'étais levée de bonne heure, et je n'étais pas la seule puisque Shane se trouvait déjà debout également. Alors, nous en avions profité pour faire tourner une machine, puisque, à par si les candidats se levaient la nuit pour mettre leurs fringues à laver, il y avait peu de chance que la machine soit prise. Suite à ça, nos vêtements, lavés, furent étendus sur le fil à linge, et d'ailleurs nous avions volontairement laissé dessus que nos sous-vêtements, par dur de voir de quoi il s'agissait donc. Puis j'avais continué ma journée tranquillement, ne me rappelant que vers mini et quelques que le linge était toujours suspendu. J'avais donc fini de préparer la salade de tomates que je préparais pour les autres habitants, et moi bien entendu, avant de me rendre dans le cellier. Dans la pièce se trouvait déjà Quinn, un des quelques candidats avec lesquels je n'avais jamais franchement prit le temps de discuter. Je le vis sourire, mais me contentai d'aller attraper les strings qui m'appartenais et laissais ceux de Shane pendu sur le fil. C'est à ce moment là que le jeune homme se mit à parler, brisant le silence qui trônait dans le cellier. J'allais lui répondre, mais il ne m'en laissa pas le temps et enchaîna, chose qui m'amusa puisque c'était tout à fait mon genre de faire ce coup là aux autres également. Je riais à sa seconde question, regardant l'habitant du nid. « Par simple envie ? » Supposant que ma réponse ne lui suffirait pas, j'argumentais un peu plus. « Comme tu l'as dit c'était la première soirée, je venais de faire mon entrée dans le jeu, j'étais autant excitée qu'angoissée, et j'ai bêtement écouté ce qu'on me disait de faire. » Je ne regrette rien de ce qui s'est passé ce soir là, au contraire. J'ai passé un bon moment, je pense pouvoir affirmer sans me tromper qu'il en était de même pour le Russe, et ça s'arrêtait là. En tout cas, j'espérais cette fois-ci que ma réponse irait. De toutes façons, autant être honnête, c'était la seule explication qui me venait en tête à ce moment là. « Ca t'intriguait tant que ça ? » demandais-je à mon tour en lui souriant.

À vrai dire, Quinn n'était pas le genre à mettre tout son coeur dans cette activité incroyablement appréciée qu'était le racontage de ragots. Certes, c'était toujours drôle d'être au courant de deux trois trucs sur quelques personnes, mais quoi ? Au lycée, il était le mec jamais au courant de rien. Il avait beau avoir pleins de copains, à cette époque autant que maintenant, il avait beau être bien placé - en plein centre du carrefour des mines à potins - il n'avait jamais réellement porté d'intérêt particulier à connaître la vie de personnes qu'il ne connaissait... et bien pas. La situation était légèrement différente, cependant, dans le nid. C'est vrai, Vadim et Hivana restaient des personnes avec qui il vivait H24. « Vadim... » Il eut l'air perplexe, avant d'éclater d'un grand rire. Après tout, ce n'étaient pas ses affaires, et il ne désirait pas être au courant plus que de raison. « Pas vraiment. Disons que comme ça, je pourrai expliquer efficacement à mes futurs petits-enfants ce qu'on appelle une erreur de jeunesse » précisa-t-il avec un sourire railleur. Bon, c'était une jolie fille. Et Vadim... Ben c'était Vadim. Pas que le jeune homme préférait lorsque tout entrait dans les petites cases ordinaires de la vie, mais quand même.

Bêtement, je tournais la tête vers l'endroit où c'était déroulé la sauterie entre moi et Vadim, ainsi qu'Adélaïde qui nous avait rejoints quelques temps plus tard. Pas que j'aimais m'en souvenir, ce n'était pas un souvenir désagréable mais c'était fait, je n'allais pas m'y attarder. Et d'ailleurs, si Quinn ne m'en avait pas reparlé, je n'y aurais probablement pas pensé en venant ici. En parlant du candidat, il eut un grand fou rire, rire qui m'entraîna également mais certainement pas pour les mêmes raisons. Je le regardais, un tantinet nerveuse. « Ca te choque tant que ça que ça soit tombé sur Vadim ? T'as une dent contre lui, toi aussi ? » Je souriais. Je ne serai pas étonnée si j'apprenais que Vadim s'était également mit Quinn à dos, faut dire que c'était dans ses habitudes finalement, de se faire détester par tout le monde, ça n'était pas nouveau. Ne sachant que faire de mon regard, je posais mes yeux sur mes pieds, les relevant seulement après que le candidat face à moi reprenne la parole une seconde fois. « Tes petits-enfants ? Carrément ? » C'était exagéré je pense, d'ici là il ne se rappellera certainement plus de moi, personne ne se souviendra d'Hivana et de sa partie de jambes en l'air avec Vadim dès l'entrée dans l'émission. Sans le faire vraiment exprès, je laissais tomber mes sous-vêtements sur le sol. Je me baissais alors pour récupérer ma collection de dessous et, au moment de me relever, je me cognais la tête dans une étagère. Je me laissais m'écrouler sur le sol, trop occupée à me frotter le crâne avec ma main, enfin, écrouler, puisque j'étais accroupie je ne tombais pas de très haut.

Avec un sourire triomphant, Quinn finit par mettre la main sur un paquet de céréales au chocolat non ouvert. Son plat préféré. Il entrouvrit le paquet, versa quelques unes dans sa main pliée en coupe. En écoutant Hivana rire, puis parler, il enfourna le tout dans sa bouche, d'une façon des plus sensuelles. Bonjour, je suis un goinfre. « Non. T'as raison. Trop officiel, vu que je ne compte pas me marier. Disons aux futurs membres de la famille, s'il y en a. » Il avait les yeux levés vers le plafond du cellier, réfléchissant tout en mâchonnant son repas. Il ignorait totalement s'il parviendrait à trouver un jour une femme pour qui il serait capable de se poser. Il en doutait fort, à l'heure actuelle, mais après tout, l'avenir était toujours plein de surprises. De plus, il n'avait pas de frères, pas de soeurs, seulement quelques cousins. Sur eux reposait l'honneur de la famille. « C'est plutôt lui qui a une dent contre moi, en fait. Il a essayé de me noyer, l'autre jour » rigola à l'évocation de ce doux souvenir. Puis un méga PAF retentit dans la pièce, et il ne vit plus Hivana. Ce n'est qu'en baissant les yeux, qu'il comprit les deux secondes d'action qu'il venait de louper. Il posa son paquet de céréales, s’accroupit face à Hivana, lui prenant les bras d'un air inquiet. « Punaise, tu viens de provoquer un nouveau séisme au Japon ! » s'exclama-t-il en se penchant. Bon, il blaguait, mais il était quand même soucieux qu'elle ne se soit pas éclatée le crâne en se redressant. « Rien de cassé ? » Stupide réplique inévitablement sortie lorsque quelqu'un se casse la gueule mais bon.