Ce soir j'avais décidé de faire un petit tour par la piscine. J'aimais bien me baigner assez tard, quand tout le monde dormait, c'était tranquille. Bien qu'on risquait toujours de se faire déranger par un insomniaque ou un oiseau de nuit comme moi, mais ce n'était pas très dérangeant en somme. Enfin tout dépendait de la personne. Je passai ensuite par la case douche, ne voulant pas sentir le chlore en me couchant. Je rejoignis ensuite la chambre simplement vêtu d'un boxer, et m'étalai de tout mon long sur le lit. J'avais préalablement remarqué l'absence d'Andréa, peut être était elle aux toilettes, ou à bouder dans un coin, allez savoir. Bref, sur le ventre, la tête sur le coussin, je fermai les yeux dans le but de trouver le sommeil. Sauf que simplement deux minutes après mon arrivée, une personne s'écroula sur mon dos.  « Hmmm » me contentais je de grogner. La voix d'Andréa se fit alors entendre. Évidemment que c'était elle, qui d'autre pour faire une chose pareille ? Heureusement qu'elle n'était pas très lourde sinon je serais mort écrasé. Je daignai alors me retourner, pour la distinguer vaguement, la chambre étant seulement éclairée par le peu de lumière qui passait dû à la porte entrouverte.  « Pour un peu je croirais que t'essaie de me tuer dans mon sommeil » Bien que ça serait plus logique que ça soit Caleb qui tente.  « T'arrive pas à dormir ? Remarque je comprends, deux hommes qui s'intéressent à toi, ça doit pas être facile à vivre tous les jours. » J'étais bien évidemment ironique sur ce coup là.

 « Certes. Mais tant qu'à faire, s'il y a quelqu'un que je devrais éliminer discrètement ça serait plutôt Caleb. » Il serait plus logique d'éliminer la concurrence, non ?  « Je pensais à du poison, discret, on remontera même pas jusqu'à moi. Tu crois que ça marcherait ? » Apparemment ça ne la faisait pas rire, rhalala on pouvait même plus plaisanter.  « Bon d'accord je me tais. » Andréa s'approcha alors de moi, inquiète de l'état de sa pommette. Dans la semi-obscurité ou nous étions, c'était plutôt difficile à dire si elle avait un bleu, de toute manière il ne risquait pas d'apparaître de suite si c'était le cas. Je passai néanmoins délicatement une main sur sa joue, où se situait sa dite blessure, avant de la retirer aussi rapidement qu'elle n'était venue.  « Non, si ça peut te rassurer je n'ai pas entendu craquer non plus. » Pour ma part j'avais l'épaule douloureuse dû au choc justement, mais ça passerait très vite. Ce problème étant réglé, la demoiselle désirait savoir si je lui en voulais. Bonne question.  « Pour avoir tenté de me tuer ? Non » Bon d'accord ce n'est pas ce qu'elle attendait de moi.  « Ça serait mentir de dire que je ne t'en veux pas. Oui je t'en veux. Surtout pour ne pas savoir faire un choix. Parce que c'est bien de ça dont il s'agit au final non ? » Elle et son incapacité à trancher.  « Sois franche, si Caleb n'avait pas été là, m'aurais tu sortis le même discours au jacuzzi ? »

« La poussière d’or, quasiment indétectable, ce serait le mieux. » Hou mais c'est qu'elle s'y connaissait en plus. Une autre blague me venait à l'esprit, mais valait mieux arrêter là les frais non ? Je me contentais alors de répondre  « J'y penserais. » J'avais comme adage qu'il fallait savoir rire de tout, mais ce n'était pas forcément le cas de tout le monde. On en revint alors sur un sujet beaucoup plus sérieux. Non Enfin un peu d'honnêteté ! Elle m'avait donc bel et bien dit des conneries l'autre jour, simplement destiné à cacher la vérité qui n'était guère plus glorieuse. Bien que je ne doutais pas que certaines de ses paroles aient été réellement sincères, comme le fait qu'elle pensait que vivre avec elle ne serait pas une partie de plaisir tous les jours. Elle m'avoua donc ne pas vouloir faire de choix, afin de ne blesser personne. Le fait est qu'elle ne venait pas de dire qu'elle n'arrivait pas à choisir. Cela sous entendrait donc, que dans son cœur il était déjà fait.  « Et alors, comment ça marche pour toi ? » Oui parce que son but n'était de blesser personne, mais au final sa décision n'était elle pas encore pire ? AU lieu de n'en blesser qu'un, elle décidait de blesser tout le monde. Ah bah ça au moins elle mettait tout le monde à la même enseigne.  « Je suis désolé de te le dire, mais pour moi ça s'apparente ni plus ni moins à de la lâcheté. » A mes yeux ça l'était.  « Je te signale que j'ai 30 ans, je suis assez grand pour tout entendre. Je peux supporter la vérité. Si ça peut te rassurer je ne compte pas me jeter du toit parce que tu aurais choisi Caleb. Tu vois, à la limite, je préfèrerais t'entendre dire de vive voix que c'est lui que tu veux, plutôt que de rester dans l'inconnu. » Bon évidemment je préfèrerais plutôt l'entendre dire que c'était moi. Mais tout ça pour dire que c'était complètement ridicule de vouloir nous épargner, je savais encaisser.

Cela m'agaçait prodigieusement qu'elle me mette dans le même lot que Caleb. Et vous par ci, et vous par là. Je me demandais si elle avait du tenir le même discours avec lui. Peut être aurait elle mieux fait de nous réunir dans la même pièce, ça lui aurait éviter d'user sa salive une seconde fois. Elle disait ne pas savoir faire de choix, foutaises. J'entendais ce qu'elle me disait, mais je n'arrivais pas à comprendre sa manière de raisonner. Elle veut en perdre aucun des deux, donc elle ne fait pas de choix, mais au final elle perd les deux...Wouah. En plus de cela elle persistait ensuite dans sa connerie. Le fait qu'elle se dévalorise au passage m'énervait aussi. « Ta façon de voir les choses craint. » Je n'étais pas tendre avec elle, pour autant je ne cherchais pas à être méchant. Seulement à me montrer franc envers elle, et à essayer de lui ouvrir les yeux sur l'erreur qu'elle était en train de faire. Il fallait bien que quelqu'un le fasse. « On est pas dans une de tes séries pour ado, Andréa. Tu n'es pas Brooke je ne sais pas quoi, et moi je ne suis pas ton Lucas. Réveille toi merde ! » Moi qui avait dit que je ne voulais pas m'emporter. Je repris alors plus calmement.  « Je conçois qu'on puisse aimer deux personnes, mais pas au même niveau, tu ne me le feras pas croire. Quoi que tu en dise, au fond de ton cœur, ton choix est déjà fait, et tu le sais. Tu n'as simplement pas le courage de l'avouer. » Et qu'elle n'ose pas me contredire, je ne la croirais pas de toute manière.  « Et puis qui a dit que tu étais obligé de perdre les deux ? » Non non calmez vous je ne proposais pas de plan à trois. « Caleb ou moi ne cesseront pas d'exister parce que tu auras pris une décision. »

Ce que je disais ne plaisait apparemment pas à mademoiselle. Peut être n’avait elle pas l’habitude qu’on lui dise ainsi la vérité. Ou s’attendait-elle sans doute à ce que ses deux prétendants chéris se battent comme des coqs pour elle. « C’est toi qui craint. » Ooh voilà une nouvelle réplique très mature venant de sa part. C’est tout ce qu’elle avait en stock ? J’haussai les épaules. « Que veux tu, je ne suis pas parfait. » Comme elle avait pu me le sortir la dernière fois. Très loin d’être parfait, ce n’est pas comme si j’avais eu un jour la prétention de l’être. Elle rit ensuite jaune à ma réplique, certes il était hautement improbable que tous les trois nous devenions de très grands amis, mais tout de même. Notez sa capacité à éviter soigneusement ma réplique d’avant, comme quoi elle avait déjà choisi au fond de son cœur. « Tu sous estime ma très grande capacité à faire comme si de rien n’était. » Oui j’étais très doué pour savoir cacher mes sentiments quand je le désirais. « Moi je pense en fait, que ce que tu désirais au final, c’est qu’on se batte tous les deux pour toi. Je suis sur que Caleb à du te jouer le grand jeu, te déclarer sa flemme, sortir les violons…Mais je suis désolé de te dire que ça ne sera pas mon cas. Je ne m’abaisserais pas à ce genre de choses.» Non moi je n’avais pas envie de jouer à son petit jeu malsain. De toute manière je n’allais pas lui ouvrir mon cœur, pour qu’elle s’empresse de le piétiner par la suite, et ce en direct à la télévision. Parce que c’est ce qu’il arriverait je le savais pertinemment. « Alors tu sais quoi ? Tu ne peux pas choisir ? Je vais te faciliter grandement la tâche, et le faire pour toi. Je me retire de la compétition. Tu passes ton temps à dire combien c’est difficile pour toi que deux hommes s’intéressent à toi et blablabla, alors au final je t’enlève un poids. Tu es libre de faire ce que tu veux avec Caleb ou Vadim, ou peut importe qui, sans avoir à te sentir coupable. » Je n’en revenais pas de ce que je venais de dire…mais c’était fait. Elle ne trouvait pas le courage de trancher, et bien je venais de le trouver pour elle. De toute manière je préférais la voir heureuse avec un autre, plutôt que malheureuse comme les pierres, et qu’on se pourrisse tous la vie. Alors je lui rendais service. Aussi douloureux soit il.