Sorcha et Anael.
Samedi 19 novembre, 13h21.

Le réveil avait plutôt été difficile, ce matin, et ce n’est qu’en constatant que j’avais un terrible mal de tête que je compris ce qu’était un lendemain de veille. Hum. Une première pour moi. Et franchement, probablement une dernière aussi. Je détestais ce sentiment de me sentir comme une loque, et ma seule envie, une fois débout, fut de retourner dormir. Mais par malchance, il y avait toujours des gens qui trainaient dans la chambre. Pareillement dans le salon, où je m’étais installée en second recours. Soupirant, je m’étais finalement rendu dans la chambre Juliette, vide à cette heure. Un véritable soulagement. Je ne pris même pas la peine de m’installer sous les couvertures, et je me couchais à plat ventre sur le lit, mon visage enfoui dans l’un des oreillers. Je sombrais alors dans un demi-sommeil, mais le simple bruit de la porte qui s’ouvrait suffit à me réveiller à nouveau.

Des accords de ma guitare se firent entendre dans la pièce de musique, je jouais une chanson d’un de mes groupes favoris, les textes mais surtout le coup de guitare de BB brunes m’avait toujours incroyablement plu. Je n’avais pas mis très longtemps à attraper ma guitare pour apprendre à reproduire ces rythmes que j’aimais tant. Je jouais en ce moment Cola Maya, une chanson que j’aimais particulièrement. Finalement quand j’eus finis, j’eus envie d’aller me reposer un peu – je m’étais levée exagérément tôt ce matin par rapport à l’heure à laquelle je m’étais endormis. Seul d’ailleurs, est-ce vraiment utile de le préciser ? Ok, j’avais en travers de la gorge le fait que Sorcha se fiche totalement que, lors du prime, je me voyais clairement sortir par la grande porte. Cool ma vie, soit. J’ouvris la porte de la chambre Juliette – elle est toujours libre à cette heure, normalement – sauf que non. Je trouvai Sorcha allongé qui releva la tête vers moi. Elle semblait avoir la tête… dans l’cul. Je claquais la porte avec un plaisir presque sadique mais ne laissa rien transparaitre sur mon visage, je l’avais vu boire et je savais qu’une gueule de bois + un bruit violent ce n’étais pas du tout la joie. Avale ça.

Je me demandais bien qui avait eu l’idée de se rendre dans la chambre Juliette à cet heure… une personne comme moi, peut-être, qui souhaitait un peu de calme et de tranquillité, je suppose. Je relevais légèrement la tête – tout un effort – pour apercevoir ce visiteur, et un léger sourire étira mes lèvres quand j’aperçu Anael, mais il disparu presque aussitôt quand je lis vis claquer la porte, un air impassible au visage. À croire qu’il le faisait exprès. Ce n'était pas très gentil de sa part. Rien qu'à voir ma tête, il devait se douter de la façon donc cette soirée c'était terminée. Le bruit que produisit la porte raisonna dans ma tête, et poussant un grognement mécontent, je pris l’oreiller et la posait par-dessus moi, m’y camouflant pour me protéger des bruits environnants, mon visage bien à plat contre le matelas.

Je vis le sourire de ma partenaire se dissiper alors que le bruit violent résonna dans la pièce. Elle plongea la tête sous un coussin et, alors qu’elle ne pu pas me voir, je ne pus m’empêcher de sourire, légèrement amusé et franchement sadique. J’aimais les petites vengeances, c’était à son tour d’être frustrée par mon comportement. Finalement je vins m’asseoir sur le lit à ses coté et posai une main dans son dos. « Sorcha, ça va ? » demandais-je, comme si je ne savais pas qu’elle avait une gueule de bois carabinée, mon ton était suffisamment convainquant pour qu’elle se fasse bernée. Oh mais quelle connard je pouvais être !

Hum, dans ma tête, la seule chose qui rejouait en boucle c’était que je me promenais de ne plus jamais agir de la sorte. Je n’avais jamais bu autant, je ne savais pas boire, et bien sincèrement, une seule fois allait me suffire : j’avais compris la leçon. Tout ça, ce n’était pas pour moi. Tant mieux si ça en amusait certains, mais moi, ça ne m’amusait pas. Je sentis le lit à mes côtés s’enfoncés, probablement qu’Anael avait prit place là. Sa main se posa sur mon dos et je l’entendis me demander si ça allait. « Sorcha, ça va ? » Ma tête, toujours enfouie sous le coussin, je ne la relevais même pas lorsqu’il me questionna. Bouger était suffisamment un effort pour que je n’ai aucune remord à m’en priver. J’avais seulement envie de râler et de rester là, ne plus bouger et dormir. Alors, ma réponse fut des plus simples. « Nonnnn. » fis-je, suffisamment fort pour qu’il l’entende malgré ma position, mais trop fort pour m’épargner quelques souffrances supplémentaires.

Lorsque j’entendis son long non résonner dans la pièce je ne pus empêcher un nouveau sourire satisfait de faire son apparition sur mon visage. Je tapotai alors son dos et me levai. « Ah, c’est con hein. » dis-je, montrant cette fois clairement l’inverse de ce que j’avais pu lui faire espérer deux secondes plus tôt c’est-à-dire que j’en avais en fait rien à foutre. Je me dirigeai vers le bain qui se trouvait dans un coin et me demandai si elle appréciera un bain froid. Bon ok c’était pousser le vice un peu trop loin, la pauvre, je tenais quand même à elle…

« Ah, c’est con hein. » mentionna-t-il alors qu’il tapotait légèrement mon dos, avant de s’éloigner, l’air de rien. Je sortis légèrement ma tête de sous le coussin pour lui jeter un regard… que je ne pus décrire, c’était quelque chose entre l’incompréhension et un air du genre, mais-qu’est-ce-qu’il-y-a? Je le vis se diriger vers le bain, sans trop connaître ses arrières pensés du moment, et je décidais de me relever légèrement. Je ne pouvais pas passer ma vie la tête cachée sous ce coussin, comme une autruche! Ça me parut une éternité, mais je finis par me retrouver en position assise, le dos soutenu par la tête de lit, les genoux repliés et l’oreiller posé sur mon ventre, que je serais comme une peluche. J’avais les cheveux en bataille et une tête d’enterrement. Joli portrait.

Je vis Sorcha se relever et son regard semblait un peu... Perdu. Elle ne comprenait pas pourquoi j’agissais comme ça et je décidai de continuer jusqu'à ce qu’elle comprenne, qu’elle comprenne que c’était désagréable de se sentir … ignorer par celui qu’on aime. Let’s the game begin. Lorsque j’aperçus ses cheveux en bataille je lâchai un rire fort et franc, mais surtout fort. Je n’avais pas à me forcer, c’était vraiment très drôle comme vue. Ah et ! Elle n’avait jamais eu d’autre gueule de bois, je pouvais très bien lui dire que... Un bon bain froid était le remède. « Et bien, tu as bu pour oublier le départ de ton cher ami ? » ok, première pique franche.

Je ne sais pas à quoi jouait Anael, mais il y avait ce petit quelque chose, dans son attitude, qui me dérangeait. Ses comportements, ses remarques… c’était comme s’il me cachait quelque chose. Comme… s’il m’en voulait. Ce qui était absurde, à mon avis. Son rire, puissant et fort, se fit entendre dans la pièce et je plissais les yeux, le fermant un moment, tant le son me parut insupportable – pas que je n’aimais pas l’entendre rire, mais là, tout de suite, j’aurai préféré qu’il se taise pour épargner ma tête. C’était beau rêver : il semblait prendre un vilain plaisir à rendre ma vie comme un véritable enfer depuis cinq minutes, et c’était pénible à endurer. « Et bien, tu as bu pour oublier le départ de ton cher ami ? » me lança-t-il finalement, et je arquais l’un de mes sourcils. Ah… AH. Il me fallut un moment pour comprendre, mais j’eus finalement comme une révélation quand il aborda ce délicat sujet. J’étais peu remise de ma soirée d’hier, certes, mais je n’étais pas idiote pour autant. « Oh… c’est pour ça. » laissais-je entendre, levant les yeux au ciel. Il me faisait quoi, là? Une crise de jalousie? Sûrement pas. Si j'avaisi passé la soirée avec les autres garçons ne lui aurait surement pas déranger. Mais que je le fasse en compagnie de Keziah, c'était autre chose. « C'est pas sérieux, non? » lui demandais-je, en posant mon regard sur lui. Keziah était mon ami, j'avais l'intention de le revoir dehors... tout comme Anael. Il n'allait pas râler comme ça à chaque fois, quand même. « Tu es jaloux de l'attention que je lui ai donné hier soir, je ne suis pas folle. » constatais-je finalement, posant ma main sur mon visage en hochant la tête. Je n'avais pas eu besoin de sa confirmation. Maintenant, ça me revenait. Ces regards noirs, ces commentaires. Et moi, coincé entre les deux, qui ne remarquait rien. J'avais seulement voulu être gentille, et voilà que ça me retombait sur le dos. Comme toujours.

Alors, bon… Sorcha n’avait rien compris du tout, il faut dire que j’avais été un tantinet trop précis parce qu’elle avait en fait passé la soirée avec à peu près tout le monde… Sauf moi. Comme si j’étais déjà parti en fait. C’était incroyablement frustrant et rien que d’y repenser je me sentais m’énerver à nouveau. « Ce n’est pas sérieux, non? » je arquai un sourcil, j’avais l’air de plaisanter ? Enfin il faut dire que tout ça m’avait amusé, c’est clair. « J’ai l’air de déconner là ? » « Tu es jaloux de l'attention que je lui ai donné hier soir, je ne suis pas folle. » je soupirai. « Rien à voir, tu as passé la soirée avec à peu près tout le monde comme si j’étais déjà parti ! T’en avais juste absolument rien à foutre ! » je venais de me rendre compte que j’avais haussé le ton. Je n’étais pas ‘jaloux’ juste frustré de voir à quel point finalement je ne comptais pas autant que ça. Pas autant qu’elle l’avait dit. Comme quoi c’est ceux qui parlent trop vite qui en pensent le moins. Dégouté, oui c’est exactement ce que j’étais en ce moment.