« Oui, bien sûr. » Un léger sourire étira mes lèvres, lorsqu’il acquiesça à ma demande. Oh, ce n’était pas grand-chose, mais je n’étais pas prête à le laisser partir comme ça. Pas après ce qu’il m’avait dit. « Attends, je vais te chercher une bouteille d’eau. Personnellement quand j’ai la gueule de bois j’ai tout le temps soif… » Tiens, maintenant qu’il en parlait, je devais avouer que c’était relativement véridique. J’avais la gorge sèche et cela s’en ressentait dans ma voix, une octave plus basse que d’ordinaire. Si je ne faisais pas gaffe, c’est elle qui allait en souffrir le plus. Moi et les extinctions de voix, on était copine, de toute façon. Je le laissais donc partir en quête de ce petit remède maison, et profitant de son absence, je retournais m’installer sur le lit, définitivement trop grand pour moi toute seule. Je ne restais pas longtemps bien seule. Anael, fidèle à ses promesses, revint rapidement dans la chambre, bouteille d’eau en main. J’attrapais celle-ci et en but quelques gorgées : le soulagement, quoi ! « Merci. » fis-je à l'attention de mon partenaire. Anael était toujours debout au bord du lit, je me relevais donc légèrement de ma position assise et me mit finalement à genoux sur le lit, face à lui, allant cueillir au passage un baiser sur ses lèvres. Je passais d'ailleurs mes bras autour de sa taille, l'attirant contre moi.

Quand je lui tendis la bouteille, la jeune femme l’attrapa et en but une bonne moitié avant de me remercier. J’ouvris de grands yeux devant ce qu’il restait de la bouteille, elle devait surement être assoiffée pour avoir bu tout ça ! « Derien. » répondis-je, elle se mit alors sur les genoux, sur le lit et s’approcha de moi pour m’embrasser, un sourire se dessina sur mes lèvres juste avant que le contact se fasse et lorsqu’elle posa ses mains sur ma taille pour m’attirer vers elle je passai une main dans son dos afin de la coller contre moi. Finalement, je mis fin à notre étreinte et me détachai d’elle. « Couche-toi. » dis-je simplement. « Doucement. » ajoutais-je car le moindre geste brusque pouvait relancer la douleur dans sa tête. Je me mis alors sur le lit également et m’allongeai à ses cotés.

Ok, j’avais légèrement modifié la réalité : quelques gorgées de la bouteille, c’était si peu en comparaison avec ce que j’avais vraiment bu. À croire que j’avais vraiment soif, plus que je l’imaginais même. Je vis les yeux d’Anael s’agrandir quand il constatait que j’avais presque déjà passé au travers de ladite bouteille, et un léger sourire amusé apparut sur mes lèvres. « De rien. » répondit-il simplement face à mes remerciements. Je m’étais alors redressé pour venir poser mes lèvres contre les siennes et je crus apercevoir l’ombre d’un sourire avant que celles-ci s’unissent dans un tendre baiser. Il y mit fin, quelques instants plus tard. « Couche-toi. » me mentionna-t-il et comme la bonne fille que j’étais et que j’avais toujours été, je ne rouspétais pas et obtempérait. « Doucement. » Je lui jetais un bref regard, mais bon, je me fiais à son jugement : visiblement, en matière de cuite, il s’y connaissait plus que moi. Je m’étais étendu sur mon flanc droit et Anael vint me rejoindre, s’installant à mes côtés. « Dis, je peux te poser une question? » lui demandais-je, alors que je posais mon regard dans le sien. J’étais certes fatiguée, mais dormir n’était pas dans mes plans pour l’instant. Je voulais juste relaxer un moment, mais cela n’excluait pas pour autant la moindre discussion. « Pourquoi est-ce si important pour toi de gagner? » lui demandais-je, curieuse. Je savais que son objectif, en venant à cette émission, avait été de se rendre le plus loin possible dans le jeu. Et maintenant que les finales étaient à nos portes, je voulais comprendre. Après tout, il avait presque atteint son but.

« Dis, je peux te poser une question? » me demanda-t-elle alors que nous étions tous les deux allongés dans le lit, j’acquiesçai en silence, attendant la suite. « Pourquoi est-ce si important pour toi de gagner? » je fis une légère moue avant de répondre. Il y avait plein de raisons mais la plus... Importante si on veut était celle-là. « Parce que dès que j’ai eus 18 ans, donc il y a trois ans… » je me sentais vraiment incroyablement jeune face à elle, elle qui était déjà pleinement dans la vie active, mère etc… Tout ça donnait le tournis. « Je suis partis de chez moi, mon père m’a dis qu’il ne m’aiderait pas, je voulais partir ? Ok, je devais me débrouiller alors. Et c’est ce que j’ai fais, je vis dans un appartement miteux à St Gilles, le quartier le plus pourris de Bruxelles. » je soupirai, avant de continuer. « Je travaille la nuit comme barman et je vais en cours la journée. Ca commence vraiment à devenus pénible, étudié, travailler, je ne fais que ça. Alors je me suis dis que c’était peut être un bon moyen de m’aider un peu. Ah et puis… Je suis mauvais perdant. » Ajoutais-je en riant. J’étais un compétiteur né, également et je pense que ça, tout le monde l’avait bien compris, je veux dire... Je ne m’en cachais pas.

Je n’attendis pas vraiment de signe de sa part avant de le questionner, mais il me donna néanmoins son accord. Après tout, si cette question le gênait d’une façon ou d’une autre, il avait tout à fait droit de refuser de me répondre. Je vis une légère moue s’afficher sur son visage avant qu’il ne me réponde. « Parce que dès que j’ai eu 18 ans, donc il y a trois ans… » Il marqua un court temps d’arrêt, et je lui jetais un regard, ne sachant pas ce que cette remarque avait fait naître dans son esprit. Quoique… peut-être un peu. Notre différence était frappante, c’était un fait. Et la vie que nous avions à l’extérieur l’était tout autant. « Je suis partis de chez moi, mon père m’a dis qu’il ne m’aiderait pas, je voulais partir? Ok, je devais me débrouiller alors. Et c’est ce que j’ai fais, je vis dans un appartement miteux à St Gilles, le quartier le plus pourris de Bruxelles. » Il soupira. Compatissante, je posais ma main sur son bras. Je n’avais certes pas vécu le même genre de soucis que lui, mais j’avais connu certaines difficultés. La vie nous apportait parfois son lot de – mauvaises – surprises auquel il fallait savoir faire face. « Je travaille la nuit comme barman et je vais en cours la journée. Ca commence vraiment à devenir pénible, étudier, travailler, je ne fais que ça. Alors je me suis dis que c’était peut être un bon moyen de m’aider un peu. Ah et puis… Je suis mauvais perdant. » Sa dernière remarque m’arracha un sourire, même si ça situation n’était pas nécessairement réjouissante. Travailler, étudier, travailler, étudier. Je n’osais même pas imaginer comment ce devait être pénible, ayant arrêté les études passablement tôt pour me contenter d’un simple travail d’hôtesse de l’air. Bon, je ne le regrettais pas aujourd’hui. Après tout, n’étais-je pas devenu mon propre patron, en quelque sorte? Je vivais une vie paisible avec ma fille et j’avais amplement de quoi vivre. Voilà pourquoi je m’évertuais à dire que je n’étais jamais venu pour la victoire. « Tu mérites cent fois mieux que moi de te rendre en finale et de gagner. » lui fis-je seulement savoir. Et c’était tout ce qu’il y avait de plus sincère.

« Tu mérites cent fois mieux que moi de te rendre en finale et de gagner. » je haussai les épaules et roulai sur le dos. Je plaçai alors mes mains derrière ma tête. Elle méritait de gagner, elle n’avait pas tenté de manipuler son entourage pour arriver à ses fins, elle était restée elle-même, enfin, je pense. Elle était honnête et bonne joueuse. « Tu le mérites aussi. » dis-je alors, bon je n’étais peut être pas vraiment objectif mais si je devais perdre face à Sorcha ça ne me poserait aucun problème. Que ce soit face à chacun des demi-finalistes en fait, ils me semblaient tous de très bons candidats. D’accord, nous n’avions pas brillé par nos talents d’enquêteurs mais on était là et si on y était parvenu, c’était qu’il y avait une bonne raison.

Sa seule réaction fut de hausser les épaules, comme s’il n’y croyait pas tellement. J’avais peut-être un certain parti-pris dans cette situation, mais j’étais persuadée qu’Anael allait se rendre en finale. Quant à savoir s’il allait gagner, je mettais aussi tout mes espoirs en lui, mais je n’avais aucun contrôle là-dessus. Le public, si. Et puis, la compétition était plutôt féroce… Ça n’allait pas être facile de faire choix. Même si le mien était fait. Je le sentis bouger à mes côtés, et il s’installa sur le dos, mains derrière la tête, son regard rivé vers le plafond. « Tu le mérites aussi. » me fit-il savoir, et je ne pu empêcher un léger sourire d’apparaître sur mes lèvres. Oui, oui, nous étions tout ce qu’il y avait de plus objectif! C’était d’une évidence même. « Peut-être, si tu le dis. » laissais-je entendre en haussant mes épaules à mon tour. De toute façon, nous n’allons pas avoir à attendre bien longtemps avant de le savoir : vendredi, les résultats tomberaient et nous serions enfin fixés sur la chose. Me rapprochant de lui, je rapprochais mon visage tout prêt du sien. « Je mise quand même sur toi. » lui fis-je savoir, avant de poser mes lèvres sur les siennes - comme ça, il ne pourrait pas répliquer.