De retour. J’étais de retour chez moi, le froid mordant de la Belgique n’était même pas fidèle à lui-même. Et la neige alors ?! Je portais une veste énorme avec une écharpe et un bonnet ainsi que des gants, une valise dans chaque main je lâchai le tout là et fermai la porte. Je retirai mon bonnet, mes gants et ma veste. Il faisait super froid dans cette baraque ! Je montai le chauffage et me dirigeai vers la cuisine où je me fis un café bien chaud. Une fois le café bu, j’ouvris tout de même la fenêtre le temps de voir passé un train à la gare du Midi en face de moi, les gens parlaient fort dans la rues, des touristes interrogeaient les passant, la routine. Je soupirai. C’était finit.

Quelques jours plus tard, alors que je me réveillai dans mon lit trop petit je me levai et décidai de ranger un peu les quelques mètres carrés que j’avais. Sorcha arrivait aujourd’hui d’Irlande, en avion bien sur et je lui avais dis que j’allais aller la chercher à l’aéroport de Zaventem. L’immense, celui où il faut faire deux kilomètres et descendre vingt cinq étages pour reprendre ses bagages : oui, celui-là. J’allais donc la chercher en train, oui parce que dix milles euro c’est cool mais là ils sont à la banque jusqu'à ce qu’ils me rapportent un peu. Sauf que je n’allais pas la ramener en train hein, la sncb c’est cool aussi mais pour les belges, ne tuons pas nos touristes avec cette compagnie de mes deux. Une fois arrivé à l’aéroport, je sentis un vent d’excitation monter : j’allais enfin la revoir ! Elle m’avait terriblement manqué, depuis quelques jours je ne pensais qu’a elle à au fait que j’allais la revoir enfin. C’est quand je vis sa chevelure rousse que mon cœur fit un bond, je souris, radieux, et m’avançai vers elle. Je la pris immédiatement dans mes bras et posai un chaste baiser sur ses lèvres. « Bonjour. Tu m’as manqué. » Dis-je d’emblée. Ensuite je l’emmenai avec moi dans les dédales de l’aéroport et sortit enfin au sous sol où se trouvaient les taxis. « Je n’ai pas de voiture alors ce sera taxi ! » dis-je en souriant, en profitant au passage pour lui voler un autre baiser. Une fois ses affaires embarquées, le taxi démarra vers Bruxelles midi.

J’avais arrêtée de compter les jours depuis la fin de l’aventure ; m’attarder à ce genre de détails ne m’aurait servis à rien, juste à rendre la séparation encore plus difficile qu’elle ne l’était. J’avais retrouvée ma petite vie tranquille, et plus particulièrement, ma fille. Bon sens qu’est-ce qu’elle avait pu grandir en trois mois. Toujours aussi belle – à l’image de sa mère, évidemment. Mes parents avaient été ravis de me revoir, et nous avions décidé, d’un commun accord, d’attendre que la poussière ne retombe avant d’aborder certains sujets que je savais épineux pour eux. C’était tant mieux. Là, tout de suite, je n’avais pas eu envie de me casser la tête. Je voulais juste savourer le bien-être d’être de nouveau libre. Anael me manquait. C’était… impossible de faire autrement. Nous avions passé trois mois ensemble, à nous voir tous les jours. Et du jour au lendemain… plus rien. Il m’avait invité à venir le voir en Belgique, et bien sûr, j’avais acceptée sa proposition. Savoir quand j’allais le revoir avait suffit à me faire patienter jusque là. Par contre, je m’étais sentis un peu mère indigne, sur le coup. Abandonnée ma fille à nouveau alors que je venais de revenir de trois mois d’absence… c’était, limite, acceptable. Mais ma princesse semblait se plaire en compagnie de ses grands-parents, et comme nos retrouvailles s’étaient déroulées sans anicroche, je m’étais rassurée en me disant que cela irait bien cette fois-ci. Et puis, je ne partais pas pour une aussi longue période. En fait, je n’avais pas décidé pour combien de temps je partais. Une semaine, au minimum… pour le reste, je verrais bien en temps et lieu.
Ça me faisait toujours le même effet de prendre l’avion en tant que passagère. Après avoir travaillé tant d’année comme hôtesse de l’air, je me demandais toujours ce que je faisais là, assise, à attendre que les heures de vol passe sans rien faire. Bon sens que ce job me manquait… Haussant les épaules, je mis mon iPod en marche et rivait mon regard sur le paysage extérieur jusqu’à notre atterrissage. La Belgique, une première pour moi, car je n’y avais jamais mit les pieds. Assurément, cela ne risquait pas d’être la dernière. Dès que je fus sortie de l’avion, je remarquais l’immensité de la place. J’en avais vu, des aéroports, mais celui-là était impressionnant. Ma seule question fut de me demander comment j’allais le retrouver là dedans. Par chance, je n’eus pas à m’inquiéter bien longtemps. Il était là, il m’attendait, et quand j’arrivais à sa hauteur, il me serra dans ses bras avant de m’embrasser. « Bonjour. Tu m’as manqué. » Que c’était bon de le retrouver. « Tu m'as manqué aussi. » fis-je, restant quelques secondes supplémentaires dans ces bras, avant qu'il ne m'entraîne dans les dédales de cet endroit, jusqu'au sous-sol, où se trouvait les taxis. « Je n’ai pas de voiture alors ce sera en taxi ! » s'excusa-t-il en posant un rapide baiser sur mes lèvres, et je haussais les épaules. Voyager en taxi ne me posait aucun inconvénient. « Ça me va, t'inquiète ! » lui fis-je savoir. Quelques minutes plus tard, la voiture filait déjà sur des routes qui m'était inconnu, et je décrochais mon regard du paysage environnant pour le poser sur Anael, assis à mes côtés. Un sourire apparu sur mes lèvres. J'étais vraiment en Belgique, avec lui. Je n'avais jamais été aussi heureuse. « Je suis vraiment contente d'être là, tu sais. » lui fis-je savoir, sincère.

« Tu m'as manqué aussi. » me dit-elle alors qu’elle avait profité autant que moi de notre enlacement. Quand je la conduis aux taxis, lui annonçant par la même occasion que c’était comme ça que nous nous rendions chez moi, elle répondit tout simplement « Ça me va, t'inquiète ! » et je souris. Une fois dans le véhicule, il démarre en direction du sud de la Capitale et je ne pus m’empêcher de glisser des regards vers Sorcha, c’était vraiment bizarre de nous voir en dehors du jeu… Ce jeu me manquait terriblement, ma peau était encore halée, j’avais du mal à reprendre un rythme de vie normal, bref tout était réunis pour démontrer que le jeu venait tout juste de prendre fin, enfin tout juste… Ca faisait bien une semaine maintenant que c’était le cas, voire plus, à vrai dire je n’avais pas compté, c’était assez pénible comme ça. Je suis vraiment contente d'être là, tu sais. » Je me penchai vers elle et l’embrassai. Une fois arrivé, le chauffeur nous informa qu’on était arrivé, en français bien sur et je me demandais si Sorcha comprenait quelque chose, surtout que l’homme était un bon bruxellois. Je le remerciai, le paya et sortit de la voiture en compagnie de la jeune femme. « Je vais prendre tes affaires, je n’habite pas au rez de chaussé et eu… Y’a pas d’ascenseur. » Dis-je en faisant la grimace, j’avais presque honte de l’endroit où j’habitais, pour quelqu’un qui avait grandit dans un certain luxe, c’était dur, surtout quand j’invitais des gens mais je savais que Sorcha ne jugerait pas, après tout il y avait bien pire et l’appartement était juste petit. Ce n’est pas comme si il était délabré ou allez savoir quoi. J’ouvris finalement la porte du bâtiment et grimpai les étages, entendant Sorcha me suivre. Arrivé devant la porte de mon chez-moi, je glissai la clé dans la serrure et ouvris la porte. « Voilà, bienvenue chez moi. » dis-je en souriant alors que je laissai entrer Sorcha. Je déposai ses affaires dans un coin du salon et revint vers elle, ferma la porte au passage et, ne pouvant me retenir plus longtemps, je passai mes bras autour d’elle et la pris dans mes bras quelques secondes. « C’était trop long. »

Je n’étais pas une fille difficile de nature, je n’étais pas non plus de celle qu’on qualifierait de pénible à vivre avec. Je m’accommodais de peu de chose, en fait. Alors, quand Anael m’annonça que nous allions prendre un taxi, je ne rouspétais pas. La seule chose qui comptait, là, tout de suite, c’était que je le retrouvais enfin. Le reste me paraissait plutôt fade, en comparaison. Alors que nous roulions vers son appartement, je lui mentionnais à quel point j’étais heureuse d’être là, et en seule guise de réponse, il m’embrassa à nouveau. Je lui souris, et attrapait sa main que je gardais dans la mienne jusqu’à ce que le chauffeur nous informe que nous étions arrivés. Du moins, c’est ce que j’en déduisis… mon français était rouillée, et cet homme avait un sacré accent. Anael se chargea de défrayer les frais du trajet, je récupérais mes bagages et me retournais vers ce dernier, alors qu’il m’adressait la parole. « Je vais prendre tes affaires, je n’habite pas au rez-de-chaussée et eu… Y’a pas d’ascenseur. » Sa bouche afficha une sorte de grimace que je ne m’expliquais pas. Comme s’il n’était pas tellement heureux de la chose. Lui tendant mes bagages, j’en profitais pour déposer un léger baiser sur sa joue. « Merci. » lui fis-je savoir. J’aurais très bien pu me chercher de mes effets personnels, mais bon, je ne voulais pas le vexé en refusant. Je gardais seulement mon bagage à main avec moi – un petit sac tout simple et loin d’être lourd. Lorsqu’il pénétra dans le bâtiment, je le suivis sans même avoir jeter un regard à l’apparence des lieux. Il fallut monter quelques étages, mais finalement, Anael s’arrêta devant une porte, qu’il ouvrit finalement, m’invitant à entrer. « Voilà, bienvenue chez moi. » Je lui fis un léger sourire avant de me glisser dans cet appartement, qui, outre le défaut d’être petit, me paraissait parfait comme il était. À l’image de son occupant, quoi. Anael se chargea de déposer mes valises dans un coin et alors qu’il venait tout juste de fermer la porte derrière moi, je le vis s’approcher, pour finalement passer ses bras autour de moi, me serrant tout contre lui. « C’était trop long. » me fit-il savoir. Mes bras passèrent aussi autour de son corps, l’emprisonnant là, ne souhaitant pas qu’il s’éloigne tout de suite. J’allais chercher ses lèvres pour y déposer un baiser, un vrai, un digne de ce nom. « Tu m’as tellement manqué. » lui dis-je seulement, alors que mes lèvres se détachaient finalement des siennes. Même ma fille n’avait pas réussi à me changer les idées, c’était plus fort que moi – je n’avais pas arrêté de penser à lui, attendant ce moment précis avec tant d’impatience.

Elle semblait se fiche totalement de la taille de l’appartement et, comme elle le savait, j’étais musicien et mes instruments de musique dispatchés un peu partout le prouvaient. Il ne manquait qu’une basse car elle avait été en réparation avant que je n’entre dans FL, un ami l’avait récupéré depuis. Alors que je l’avais dans mes bras, elle m’embrassa et je souris, la lâchant finalement. « Tu m’as tellement manqué. » c’était de même pour moi, comme elle le savait déjà. « Ne parlons plus de ça. Dis moi comment était tes retrouvailles avec ta fille et donnes moi ta veste aussi je vais la ranger. » Dis-je alors que j’ôtais la mienne, chose que nous n’avions pas encore fait.

« Ne parlons plus de ça. Dis moi comment était tes retrouvailles avec ta fille et donne moi ta veste aussi je vais la ranger. » Maintenant qu’il en parlait, c’était vrai que je portais encore ma veste sur mon dos ; le climat de la Belgique était un tantinet plus frisquet que celui de l’Irlande, une chance qu’il m’ait prévenu. Retirant le vêtement, je le lui tendis avant d’aller m’installer sur le divan pendant qu’il s’affairait à ranger le tout. « Tout s’est bien déroulé, en fait, mieux que je ne l’avais espérée. » lui dis-je en référence à sa question. « Les craintes que j’avais se sont envolées à l’instant où je l’ai vu… bon sens, tu n’imagines pas le soulagement que ça a fait. » Parler de ma fille me faisait sourire. Elle était l’une des plus belles surprises que la vie m’ait offertes. Une sacrée surprise, oui, quand on connaissait mon secret... ce qui était le cas d'un peu tout le monde aujourd'hui. « Elle a tellement changé durant mon absence, j'ai failli ne pas la reconnaître... » lâchais-je même à la blague. Certes, elle avait grandit, ses cheveux avaient poussés... mais rien de drastique. Seulement, ces petits détails m'avaient tout simplement sauté aux yeux. Je la connaissais par coeur, de la tête au pied, et ce, depuis sa naissance. Un truc de mère, j'imagine. « Sinon... comment ça s'est passé depuis ton retour? » fis-je, décidant de changer de sujet. Ayant encore une fois laisser ma fille derrière moi, je préférais ne pas trop m'attarder sur elle. Elle me manquait déjà, remuer le couteau dans la plaie ne m'était pas nécessaire.

La jeune femme me tendit sa veste et j’allais la ranger sur le porte manteau avec la mienne quand elle me répondit alors « Tout s’est bien déroulé, en fait, mieux que je ne l’avais espérée. » tant mieux, même si pour moi c’était évident que sa fille serait trop heureuse de la revoir pour que ça se passe mal, quel enfant n’aime pas ses parents ? En tout cas, si jeune. « Les craintes que j’avais se sont envolées à l’instant où je l’ai vu… bon sens, tu n’imagines pas le soulagement que ça a fait. » je lui pris la main et l’obligeai à me suivre dans le fauteuil. « J’imagine… C’est ta fille après tout et elle t’aime, c’était évident que ça se passerait bien. » Mais bon Sorcha était une mère, elle s’inquiéterait toujours pour sa fille j’imagine. Ma propre mère était comme ça, elle avait beau tenter de raisonner mon père, ça ne fonctionnait pas mais elle m’aidait toujours et elle était d’ailleurs venu me voir dès mon retour au pays. « Elle a tellement changé durant mon absence, j'ai failli ne pas la reconnaître... » Je souris, amusé. « Arrête, même si tu ne la voyais pas 10 ans tu la reconnaîtrais. » ben oui, une mère reconnait toujours son enfant, non ? Bon, je n’étais pas calé sur le sujet mais c’était tout un tas de choses qui me semblaient évidentes. « Sinon... comment ça s'est passé depuis ton retour? » je haussai les épaules. « Bien, j’ai revu du monde. Ma mère surtout, elle est contente pour nous… » Dis-je en souriant, non ma mère n’en avait rien à faire de la différence d’âge, d’après elle Sorcha semblait être très bien et puis elle l’avait dit, je vivais ma vie comme je l’entendais. Je me levai finalement et demandai « Je te sers quelque chose à boire ? A manger ? » En bon hôte que j’avais appris à être, ça c’était des années de « tu proposes rien à tes amis Anael ! » Merci maman, merci papa.

Dès qu’il se fut occupé de nos vestes, Anael m’entraîna vers le fauteuil où nous nous installèrent. Je commençais à parler de ma fille, lui racontant ce qu’il voulait savoir, et il m’écouta, y allant de quelques commentaires. « J’imagine… C’est ta fille après tout et elle t’aime, c’était évident que ça se passerait bien. » Sa remarque me fit sourire. Je m’inquiétais toujours pour un rien, surtout en ce qui la concernait… Mais il avait raison. Nous avions un lien très fort, elle et moi. Rien, pas même quelques semaines d’absence, n’allait effacer ça. « Arrête, même si tu ne la voyais pas 10 ans tu la reconnaîtrais. » Il exagérait, non? Bon, je ne sais pas… mais il me semblait que trois mois, c’était largement suffisant comme séparation. « Dix ans! J’espère que ça n’arrivera jamais! Je n’ai pas envie de tester ta théorie ! » laissais-je entendre, presque choqué. Je blaguais, bien entendu, mais en fait, non. Perdre ma fille de vue pendant dix ans… un film d’horreur, quoi ! Par chance que le sujet fut redirigé vers autre. Ça allait m’éviter de me faire un nombre de scénario catastrophe dans la tête. « Bien, j’ai revu du monde. Ma mère surtout, elle est contente pour nous…» Il avait dit cela en souriant, moi, ça me faisait juste très étrange de l’entendre parler de sa mère et de ce qu’elle pensait de nous deux. Bon, j’imaginais qu’elle avait dû suivre l’émission et se faire une idée sur notre relation… ce qui me semblait logique. Dire que je ne l’avais même pas rencontré encore, et elle en savait probablement plus sur moi que j’en savais sur elle! Troublant, vraiment troublant. « C’est gentil de sa part. » dis-je seulement, un léger sourire aux lèvres. Puis, Anael se leva. « Je te sers quelque chose à boire ? À manger ? » Je hochais négativement la tête. « Non, non, ça va. Mais ne te gênes pas si tu veux quelque chose, toi. » Après tout, il était chez lui, il pouvait agir à sa guise. J’avais eu le temps de grignoter un petit quelque chose dans l’avion, je ne manquais donc de rien.

Dix ans! J’espère que ça n’arrivera jamais! Je n’ai pas envie de tester ta théorie ! » je ne pus retenir un rire à ce qu’elle venait de dire, bien sur qu’elle n’avait pas envie de tester, ça, je pouvais bien l’imaginer ! C’était juste à titre d’exemple quoi… « C’est gentil de sa part. » je souris, oui ma mère était gentille, j’avais une relation très fusionnelle avec elle, bien plus qu’avec mon père puisque celui-ci semblait avoir oublié l’existence même de son fils. Enfin ma mère n’y pouvait rien, ils étaient en train de divorcer depuis un an, n’ayant donc plus aucun pouvoir de persuasion sur lui ! « C’est tout à fait ma mère, ça, elle te ressemble un peu en fait. » dis-je en me rendant compte que c’était un peu bizarre. « Enfin, pas que tu me fasses penser à ma mère, ce serait vraiment bizarre, tu sais dans le genre complexe d’Œdipe mais comme toi elle est gentille… » je passai une main dans ma nuque, ok il fallait que je me taise. « Non, non, ça va. Mais ne te gênes pas si tu veux quelque chose, toi. » je retournai m’asseoir près d’elle et secouai doucement la tête. « Non ça va… » dis-je en me penchant vers elle, je posai alors mes lèvres sur les siennes et l’embrassai tendrement, elle m’avait manqué, et je pouvais profiter de ses baisers autant que je voulais puisque les caméras étaient bannies ici.

Anael semblait partager une belle relation avec sa mère, et j’étais contente pour lui. De ce que j’en savais de son père, ce n’était pas vraiment sur ce dernier qu’il pouvait compter en cas de besoin… Je me considérais presque chanceuse de n’avoir jamais eu de soucis avec mes parents. Je me demandais si ça allait durer. J’étais sortie de cette émission changée, ils le savaient, et je me doutais bien que certaines choses ne leur avaient pas plu. Mais voilà, je ne voulais plus remuer le passé, je souhaitais seulement avancer dans la vie, et si mon père et ma mère n’étaient pas d’accord avec mes décisions, j’allais prendre sur moi et foncé. C’est tout. « C’est tout à fait ma mère, ça, elle te ressemble un peu en fait. » mentionna alors Anael, et j’haussais les sourcils, surprise. C’était un joli compliment… je veux dire, la première femme dans la vie d’un homme était toujours sa mère, mais il y avait toujours quelque chose d’étrange quand on tenait ce genre de propos. « Enfin, pas que tu me fasses penser à ma mère, ce serait vraiment bizarre, tu sais dans le genre complexe d’Œdipe mais comme toi elle est gentille… » Anael passa l’une de ses mains dans sa nuque, comme s’il semblait mal à l’aise. Moi, je me retenais de rigoler, parce que plus il en disait, plus j’avais l’impression qu’il s’enfonçait. « Le complexe d’Œdipe, vraiment ? » eu-je comme seul commentaire, d’un ton qui se voulait (faussement) sérieux, avant de lâcher un léger éclat de rire. Certaines auraient pu s’offusquer de cette comparaison, mais heureusement, je n’étais pas de celle-là. Je prenais souvent tout à la légère, c’était peut-être ce qui rendait ma compagnie si agréable.
Dès que je lui fis savoir que je n’avais besoin de rien, Anael revint s’asseoir à mes côtés. Semble-t-il qu’il n’avait ni faim, ni soif lui aussi, et il me le confirma rapidement d’un simple « Non ça va… ». En fait, il avait peut-être seulement envie d’autre chose… De m’embrasser, par exemple. C’est ce que je cru comprendre durant la fraction de second qu’il lui fallut pour se pencher vers moi et poser ses lèvres sur les miennes. C’était un baiser très tendre, agréable. Il me semblait cependant différent de ceux que nous avions pu échanger durant l’aventure, peut-être parce que, pour l’une des premières fois, nous ne croulions pas sous des milliers de yeux curieux. Il n’y avait que lui et moi : pas une seule caméra, personne pour nous observer. « Tu sais, je pourrais faire ça durant des heures et ne pas m'en lasser. » lui répondis-je en riant, alors que nos lèvres se séparaient. « Tout est tellement plus simple, maintenant. » laissais-je entendre, soupirant d'aise. « Je n'ai plus toujours cette impression d'être constamment épiée. C'est comme si on m'avait rendu ma liberté... je peux faire tout ce que je veux, quand je le veux, et le monde entier n'en saura rien ! » m’exclamais-je même. « Je pense que c'est ce qui me manque le moins... les caméras, les micros et tout ça. » Inutile de mentionner ce qui me manquait le plus, car il se trouvant à mes côtés. On pouvait dire que j'avais le meilleur des deux mondes en ce moment précis.