C'est bien simple, Milan avait eut le dessus. Milan avait toujours le dessus. Allez, presque toujours. D'une façon ou d'une autre, en tout cas. Ne serait-ce que parce que les actions ou paroles de son adversaire ne lui faisaient rien, ne le blessaient pas, le l'atteignaient pas. Bref, il était assis sur le dos de Céleste, ce qui la faisait plus se bidonner qu'autre chose, comme s'il n'avait été qu'une plume. Elle devait avoir de sacrés abdos, cette fille, mine de rien. « C'est bien ce que je craignais » qu'il marmonna plus pour lui-même, faussement. Bon, elle était pas si loin donc elle devait sans doute avoir entendu mais après tout, c'était pas si important. Elle se tortillait un peu en-dessous de ses fesses, pour tourner la tête, apparemment. Bras croisés sur le torse, il baissa la tête vers elle, pas totalement sérieux. Mon dieu, c'était trop drôle. « Tu seras gentille, alors ? » Il n'attendit pas de réponse cependant pour délier les bras et se redresser pour laisser respirer Céleste, qui avait tout de même sorti son plus beau sourire pour le faire accepter. Reculant pour se rassoir à côté, il attrapa un coussin qu'il colla contre son ventre, l'enroulant de ses bras comme un doudou auquel il tenait particulièrement, observant Céleste avec méfiance. Sait-on jamais qu'elle décide de repartir à la charge.

Durant toute mon aventure, j'suis restée celle que j'étais au début. La fille qui riait de tous et avec n'importe qui. Avec les personnes qui acceptaient en tout cas. Je n'avais pas changé. Et c'était Milan qui pouvait le constater aujourd'hui. Si il n'était pas du genre à rire, et ça j'en savais rien, il était plutôt mal barré avec moi. La situation actuel en témoignait bien d'ailleurs puisque je me retrouvais écraser sous son cul. Mon seul atout pour sortir était d'essayer d'être gentille avec lui et de le supplier de m'épargner un peu. Cette stratégie semblait fonctionnait, dieu soit loué. Je respirais de nouveau en sentant son poids s’ôter de mon dos. « ouf, merci. Dis tu pèses combien ? 4000 kilos je dirais ... non ? » Bien sûr, j'avais fait exprès de viser bien plus haut. Je ne suis pas complètement débile, personne au monde ne pèse 4000 kilos ... Je crois. Enfin, peut-être que c'est le poids d'une baleine mais Milan n'est pas une baleine. Je me remis assise sur le canapé, regardant mon colocataire du coin de l'oeil. Je le vis donc serrer un coussin contre lui-même, j'étais perplexe là. « Tu es en manque de câlins ? parce que je peux t'en donner si tu en veux. » Ou bien, il avait juste peur que je retente de l'attaquer comme une traîtresse.

Le plus sérieusement et le plus naturellement du monde, Milan adressa une grimace gentille à Céleste pour la mauvaise blague sur son poids. Pff, dire qu'il devait sans doute être le gars le plus léger de tout le château. Il avait toujours été très fin, bien que musclé par l'athlétisme qu'il avait longtemps pratiqué, et lorsqu'il était gosse, il était en plus petit. Le cliché même du petit garçon complexé par sa dégaine de gringalet. Bon, heureusement pour lui, il avait bien grandit par la suite et dépassait aujourd'hui la plupart de ses anciens camarades de classe. « Pas loin » lâcha-t-il. Nan mais sérieux, il comprenait, la pauvre, coincée sous lui, il s'étonnait presque de ne pas voir la trace de son corps incrusté dans le canapé ou pire, la trace de son propre cul sur son dos, genre sculpté, comme celui d'Homer dans un épisode des Simpsons. Triturant l'un des coins de son coussin, Milan observa Céleste un instant, qui l'observa un instant en retour. Elle semblait dubitative. Quoi, elle avait jamais vu un gars avec un polochon entre les mains ? Retenant un rire à grand peine en entendant ce qui la turlupinait, il se reprit vite. « Si je dis non, tu vas le prendre mal ? » répondit-il aussi. Le jeune blondinet n'était pas super prudent de nature mais il savait quand il devait éviter une attaque mortelle lorsqu'une de celles-ci se profilait à l'horizon. Bon, puis fallait avouer qu'outre le fait qu'il voulait se préserver, les câlins, tout ça, c'était moyen son truc.