Le lac me donnait envie depuis le début. Je ne sais pas pourquoi. C'est un peu, une façon de s'échapper que de plonger dedans. Pour une fois je ne me dénudais pas. Les caméras n'avaient pas besoin de s'affoler : je comptais rester bien sagement dans mon maillot de bain trop stylé. Je plongeais alors effectivement dedans, ressortant ma tête de l'eau quelques secondes plus tard, mes longs cheveux blonds collés contre ma peau. Un mouvement dans mon dos me fit immédiatement replonger dans cette eau bleue. Je me retrouvais alors totalement immergée dans l'eau. Les yeux ouverts. Grands ouverts, je voyais arriver vers moi une silhouette. Mâle ou femelle, il m'était impossible de le deviner à une telle distance. Et sous l'eau qui plus est. J'essayais tant bien que mal d'évoluer dans cette étendue aussi lentement que je le pouvais. Ma chevelure flottait autour de moi, telle une nuée d'algue. Je voyais malgré tout de plus en plus nettement cette forme. Elle se précisa. Encore. Cette silhouette appartenant au beau et séduisant... Santiago. Un sourire se dessina sur mes lèvres. Au même moment, de l'eau s'infiltra dans ma bouche, m'étouffant légèrement. Je fus prise de panique. Immédiatement mon corps ondula sur place, s'agitant un peu violemment, avant que mon visage ne réussisse enfin à retrouver la surface par miracle.

Me voilà planté sur le pont situé au-dessus du lac en plein après-midi. Il fait plutôt beau aujourd’hui et la température est agréable. De quoi piquer une tête dans le lac. Un lac qui est d’ailleurs incroyablement bleu. J’en suis fort étonné. En général et pour moi les lacs sont plutôt d’un bleu qui tourne au vert. Rien de très attirant. C’est d’ailleurs pourquoi j’ai toujours préféré une belle piscine. Quoi que j’adore la mer aussi. La Méditerranée par exemple qui est un vrai régale. Mais malheureusement on fait avec les moyens du bord. Pas de mer. Une piscine déjà trop occupée. Et donc un lac. Un joli lac toutefois. Allez, c’est décidé, j’y plonge. Tant pis pour le maillot. Je m’y baignerai en caleçon. J’ôte donc mon tee-shirt, mes baskets, chaussettes et fait tomber mon jean. Je suis fin prêt. Je m’approche du liquide pour tâter la température qui me paraît convenable. Puis sans patienter d’avantage, je me jette à l’eau. Et plouf. Je nage même la tête sous l’eau. Allez, hop, un peu d’apnée. J’ai une très bonne respiration et.. oh ! Une méduse ! Ah, non. Ce n’est que la masse capillaire d’Irène. Je file donc droit vers elle avant de la voire remonter à la surface sans capter que celle-ci vint de boire la tasse. « Putain, je t’ai prise pour une méduse ! » Nota Bene : je suis une quiche quant il s’agit d’engager la conversation avec quelqu’un. « Alors Irène, contente d’être candidate à part entière ? » J’imagine que oui. Mais la question n’est encore qu’un moyen de poursuivre la conversation avec la blonde.

« Putain, je t’ai prise pour une méduse ! » Je venais de boire la tasse, genre j’avais eut du mal à m’en sortir et quand ma tête fut enfin hors de l’eau, la seule chose qu’il trouvait à faire, c’est de me parler de méduse ! Je le regardais, arquant un sourcil. « Une méduse ? Sérieux ? » Je fis une grimace. Parce que mes cheveux blonds trop sexy ressemblaient aux tentacules d’une méduse ? Je les replaçais bien sur mon crâne, tout comme je replaçais bien mon haut de maillot de bain jaune fluo. « Alors Irène, contente d’être candidate à part entière ? » Je lâchais un soupire. « Nan, tu sais même pas comme ça me fait chier. J’me demande au juste, pourquoi vous avez tenu à me faire rester ici… » J’avais pris un air sérieux… mais je ne l’étais pas évidemment. Déjà que ma réputation me précédait, je n’allais pas lui faire croire que ça me faisait chier d’en être une : il et les téléspectateurs, pourront peut-être en profiter pour me virer vite fait/bien fait. Je roulais des yeux. « Je rigole…. Evidement que je suis contente. Je vais pouvoir enfin faire chier mon monde en toute légitimité ! » Je lui répondais avec un sourire en coin ; faire chier mon monde et aussi baiser… Je ne lui disais pas, parce qu’on allait encore me prendre pour obsédée. « Allez… dépêches… qu’est-ce que tu veux savoir sur moi… » Je crois que j’étais pire que lui pour « engager la conversation » et aussi « faire connaissance ». Il finira par vouloir faire connaissance avec moi, autant se lancer tout de suite…

Irène aurait pu être en train de crever dans l’eau que je ne l’aurai pas remarqué, surement trop obnubilé à penser qu’elle aurait pu être une méduse avec sa touffe de cheveux. « Ouai. Mais ça me paraissait étrange qu’il y en ait dans le lac. » Et la jeune femme replace la choucroute qu’elle a sur la tête ainsi que son maillot de bain. D’ailleurs, c’est quoi cette horreur ?! Un maillot jaune fluo ? Sérieusement ? Si elle ne fait pas fuir les poissons avec ça, c’est qu’il y a un problème ! En attendant, j’entame la conversation avec la blonde en lui demandant ses impressions quant au fait qu’elle poursuive l’aventure avec le statut officiel de candidate. Et là, étonnement, elle me réplique que ça la fait chier de rester. Naïf que je suis, je la crois en plus. Je suis genre choqué. Heureusement, la plaisanterie est de courte durée puisque la jeune femme s’empresse de rétablir la vérité. Cool. Tout de suite, ça me rassure. Et son attitude aussi. Elle a l’air d’être du genre chieuse. Mais j’ai tendance à apprécier les chieuses. Après tout, j’ai joué mon chieur pendant trois semaines. Même si c’était faux, je me dois de respecter un minimum les autres gueules du jeu. Et visiblement, Irène semble en être une. Je me contente donc de rire, un peu jaune tout de même. « Age. Profession. Situation. Statut matrimoniale. Mode d’emploi. Frères et sœurs ? Chiens ou chats ? » Je plaisante bien entendu avec toutes mes questions. Je me prends là pour un flic interrogeant l’accusé histoire de détendre l’atmosphère et de donner par ailleurs quelques idées de réponses à la candidate.

« Ouai. Mais ça me paraissait étrange qu’il y en ait dans le lac. » Je secouais ma tête de gauche à droite, fermant les yeux, consternée. Un si beau mec, parlant comme un débile, quel gâchis. Mais j’étais prête à fermer les yeux sur cette horrible comparaison et tout ça, simplement pour ses beaux yeux… et aussi pour sa crédulité. Incroyablement naïf ce mec, ce qui me fit doucement rire. C’était marrant de jouer avec de telle personne, même si ça paraissait encore plus méchant qu’avec des personnes plus « difficile ». Bien malgré moi, je trouvais ça plutôt mignon en fait. Son air choqué par mes propos acheva de me faire rire réellement. Je le rassurais très rapidement, ce qui sembla le soulager à moitié. « Age. Profession. Situation. Statut matrimoniale. Mode d’emploi. Frères et sœurs ? Chiens ou chats ? » Je restais planté devant le jeune homme, légèrement plus grand que moi. Mes mains mourraient d’envie de le toucher et mes yeux devaient déjà crier sexe depuis que sa bouche s’était ouverte. Pourtant je me contrôlais. Du mieux que je le pouvais, ça s’était clair. « Une femme ne donne jamais son âge… danseuse au Crazy Horse… Situation: … super excitée ! Mariée avec un vieux pété de tunes qui va bientôt crever… » Je me pris à son jeu, répondant plus ou moins sérieusement à ses questions. La réponse la plus honnête, mis à part le Crazy Horse… ce n’était pas difficile à deviner. Je lui offrais un clin d’œil et un sourire en coin plus que parlant. « Je suis désolée, j’aimerais beaucoup te connaître mieux et discuter mais… » Je fis deux pas pour me rapprocher de lui et de lui susurrer. « Ca te dis de prendre du bon temps ? » J’étais prête à prendre un râteau. Ce ne serait pas la première fois, mais comme on me l’a toujours appris : quand on tombe de cheval , il ne faut pas attendre pour remonter en selle.

Toujours nageant dans l’eau du lac, me voilà nez à nez avec Irène, qui a apparemment eu la même idée que moi en se baignant ici. Mais pas seulement ! Elle aussi a choisit son plus beau maillot pour venir faire trempette. Ah ah. En même temps, même si l’eau est d’un joli bleu, je suis sûr qu’il y a des algues et pleins de poissons qui chient dans l’eau. Berk. Si ça se trouve même, des candidats se sont déjà soulagés dans le lac. Ça ne m’étonnerait pas tient. En attendant, je continue de faire la connaissance de la dernière arrivante. Une candidate qui ne manque pas de toupet, ce qui a tendance à me faire rire. « Ok, je peux donc cocher la case femme vénale. C’est bon à savoir. » Je plaisante. Enfin à moitié. En réalité, je ne sais pas vraiment si la jeune femme plaisantait pour son vieux mari mourant. Je l’imagine bien le chouchouter par devant et lui mettre de l’arsenic dans sa tisane par derrière. Ah ah. En tout cas, la jeune femme n’est pas quelqu’un de très stable. Je l’imagine mal se poser avec quelqu’un. Elle est plutôt du genre à s’envoyer en l’air à tout va. D’ailleurs, elle n’attend pas plus longtemps pour jeter son dévolu sur moi. Je suis apparemment sa cible aujourd’hui. Bon, après tout elle est jolie et prendre un peu de bon temps ça ne pourrait pas me faire de mal ? « Hum.. pourquoi pas. » Je réduis alors la distance au maximum qui nous sépare pour me venir me coller à elle et déposer mes lèvres sur les siennes. Un baiser doux mais également sensuel qui dure plusieurs secondes. « Désolé, mais je ne couche pas avec des inconnus. » Et je m’éloigne immédiatement de la blonde, l’abandonnant même pour retrouver le rivage. Il est temps de sortir pour moi. Il commence à faire froid et j’ai envie de retrouver le château avant qu’il ne se mette à faire nuit.

C’était peut-être ça mon secret : je me suis mariée très jeune, avec un homme, très vieux et je vais devenir l’une des plus grosses fortunes du monde entier. Ouai, ça serait complètement chouette en fait. « Ok, je peux donc cocher la case femme vénale. C’est bon à savoir. » Il semblait osciller entre le sérieux et l’amusement. Mon sourire à moi ne trompait pas : je rigolais évidemment. Même si mes yeux crient constamment braguettes et que mon corps ne semblait être fait que pour porter des vêtements de haute couture, les vieux ne me branchaient pas du tout. Je parais sans limite, mais tout de même. Avec leur peau fripée, pouah, même les millionnaires ne m’intéresseraient pas. Par contre, des mecs comme Santiago, je ne m’en lasserais pas. Et je ne dirais pas à leur corps. Au sien. Je ne passais pas par quatre chemins pour le lui dire. À quoi bon tourner autour du pot. « Hum.. pourquoi pas. » Un large sourire en coin illumina mon visage, tandis qu’il s’approchait déjà de moi. Corps contre corps, ma main s’échappa au niveau de son épaule pour recevoir ce baiser. Délicieuses, ses lèvres. Ce baiser, aussi doux soit il, dura simplement quelques secondes, avant que le jeune homme ne se déroba de mes mains. « Désolé, mais je ne couche pas avec des inconnus. » Un faible rire s’échappa de mes lèvres. Il ne couchait pas… pour l’instant. Ca commence avec un baiser et ça fini souvent au lit. Ou ailleurs. Enfin ça se fini par un « acte que les gens normaux font par amour ». « Tu ne sais pas ce que tu rates ! » Je le regardais s’éloigner, pour rejoindre la terre ferme et le château. Mes sourcils se froncèrent. Il ne couchait pas avec les inconnus… et si j’avais bien compris, il avait fait quelque chose avec l’un des deux frères… De nouveau, un sourire s’afficha sur mes lèvres.