Ne pas se perdre, ne pas se perdre, ne pas se perdre ... Ah non hein, il ne fallait pas qu'il puisse se perdre dans un tel endroit. Pas une fois encore, pitié. Car il avait trop souvent donné ces derniers temps. Oh oui, il s'était régulièrement retrouvé prisonnier de ces souterrains, sans tellement d'espoir d'en sortir, à y être resté paumé plusieurs heures avant d'avoir finalement trouvé un moyen de s'en extraire. Aujourd'hui, il ne comptait pas perdre autant de temps. Parce que mine de rien, ces souterrains étaient fourbes et trompeurs. Les couloirs se ressemblaient, on y voyait rarement grand chose, et le fait que l'ambiance y soit si particulière avait tendance à ne pas franchement rassurer Raphaël. Peut être cela jouait-il d'ailleurs beaucoup sur ses capacités d'orientation à l'intérieur des souterrains. Oui, peut être se laissait-il avoir par cette ambiance peu accueillante et en perdait ainsi inconsciemment tous ses moyens. Allez savoir ce qu'il en était réellement, hm. Une chose était en tout cas certaine, le suisse ne comptait pas passer autant de temps à tourner en rond en ce jour, que les fois précédentes. C'est donc bêtement muni d'un crouton de vieux pain - mais vraiment, vieux de chez vieux - qu'il avait débuté son incursion au sein des souterrains. Déjà, pourquoi s'y rendre, vu que ça n'était visiblement pas son lieu de prédilection ? Et bien, simplement pour combattre le destin, qui semblait décidé à l'y perdre. C'était alors sans compter sur ce fascinant bout de pain, qui allait sans nul doute lui sauver la mise. Et justement, à peine eut-il pénétré dans le réseau de souterrains qu'il se mit à l'émietter au sol. Nul doute qu'il s'inspirait là d'un conte bien connu. Il faut dire aussi qu'il partait persuadé que cette méthode lui assurerait de retrouver son chemin d'ici quelques minutes, chose qui aurait probablement été impossible sans l'usage de cet élément. Sauf que bientôt, il se stoppa net. Quelque chose lui revint à l'esprit. Il se trouvait dans des souterrains, en dessous du niveau du sol donc, et se mettait à disperser du pain par terre. Oula, il en venait à douter de sa logique, là. Parce qu'il ne serait pas étonnant qu'il rameute bientôt tous les rats du coin. Non pas qu'ils l'effrayent, mais disons qu'il les supportait d'autant plus quand il n'avait pas à faire à eux, hm. Mais ce ne fut pas un rat qui parvint à le surprendre, au point de lui faire lâcher un cri d'effroi, mais bien Joshua, qui sembla s'être glissé dans son dos et qui, lorsque le suisse se retourna finalement, ne manqua pas de le faire sursauter. « Quelle apparition » laissa-t-il entendre, la main sur son coeur, dans un rire gêné. Il était là pour le tuer, ou ... ? Non, Joshua était un gentil. Il comprit alors bientôt que son camarade s'interrogerait sur la présence de pain sur le sol, alors il anticipa. « Oh, euh ... Charles Perrault a toujours été une grande source d'inspiration pour moi. » Hm, pardon ? Et depuis quand ? Parce qu'encore, ça aurait pu être vrai avec Victor Hugo, mais là ... Étrange. Mais plutôt subtile comme façon de dire « ne t'inquiète pas pour ma santé mentale, elle m'a dit qu'elle allait bien. » Hm.

Bon et bien, Raphaël avait failli mourir de peur, mais au moins, il n'était plus seul au milieu de ce réseau de souterrains toujours aussi peu rassurant. Et bien oui, maintenant que son camarade Joshua était là, il avait au moins un peu de compagnie. Par contre, il avait été tellement surpris par cette soudaine apparition qu'il n'avait même pas remarqué qu'il avait fait tout autant peur à son camarade que celui-ci l'avait effrayé. Du coup, Raphaël se sentait un peu bête, essentiellement confus disons. Il se pinça d'ailleurs les lèvres et lui adressa un sourire désolé, parce que vraiment il l'était. Une chose était en tout cas certaine, à l'instant où Joshua remarquerait les morceaux de pain disposés sur le sol, il s'interrogerait probablement. Oh mais attendez, peut être fut-ce en fait déjà le cas. Oui, peut être le jeune homme avait-il en fait noté ce détail et gardait désormais simplement en tête que Raphaël avait un sérieux grain, hm. Dans le doute, le suisse ne tarda en tout cas pas à se risquer à une malheureuse justification. Sauf que bon, évoquer Charles Perrault n'était peut être pas la chose à faire pour gagner en crédibilité. Il s'exposait là aux possibles moqueries de son camarade, et pas sûr qu'il le vive extrêmement bien. Pour autant, lorsqu'un rire s'échappa effectivement des lèvres de Joshua, Raphaël ne tarda pas à faire la part des choses et à comprendre que ça n'était en rien une quelconque raillerie. Il était simplement parvenu à l'amuser, ce qui n'était peut être pas une mauvaise chose après tout. Joshua disait même comprendre. Le suisse lui adressa alors un regard un peu perdu, souriant bientôt au contact de la main de son camarade sur son épaule. Et puis bientôt, il se mit à rire de bon cœur à son tour, lorsque Joshua évoqua quant à lui les frères Grimm. Et bien oui, Charles Perrault, le Petit Poucet, et maintenant les frères Grimm, Hansel et Gretel ... Logique, logique. « Justement, je n'ai jamais eu l'occasion de t'en parler avant aujourd'hui, mais ... » Il se retint de rire, s'approchant doucement de son camarade. « ... je suis anthropophage. » Son sourire devint alors faussement sournois. Il disait cela par rapport à la sorcière du Conte des frères Grimm, évidemment. Mais bien entendu, il n'était pas sérieux. Le cannibalisme n'était assurément pas son truc. Pour autant, après Dagga, il se plaisait à menacer Joshua en ces lieux. Ces souterrains avaient sacrement une mauvaise influence sur lui, hm.

Bon et bien, visiblement, l'un comme l'autre semblait partant pour introduire une petite touche de contes de fées dans cette rencontre un peu maladroite, sur fond de trouille et de stupeur. La faute à Raphaël, qui avait trouvé malin de rependre des bouts de pain sur le sol, histoire d'être certain de ne surtout pas être amené à se perdre en ces lieux, ce qui pourrait tout à fait arriver, dans la mesure où il avait déjà eu le plaisir d'expérimenter un enfermement de plusieurs heures au sein du réseau de souterrains, simplement parce qu'il n'était pas doté d'un sens de l'orientation suffisamment performant et qu'il baissait trop vite les bras. Heureusement, en ce jour, il avait pris l’initiative d'affronter la fatalité pour déjouer les plans du destin et ainsi se prouver à lui même que, mine de rien, il n'était peut être pas aussi gland qu'il le pensait. La preuve, il avait presque l'air débrouillard pour le coup. Presque, hm. En tout cas, les paroles du suisse semblèrent quelques peu intriguer son tatoué de camarade. Il faut dire aussi qu'il avait veillé à instaurer un climat peu rassurant, en plantant un silence au milieu de sa phrase, histoire de tenir son camarade en haleine. Et ça ne manqua pas de le surprendre, visiblement, puis qu’à l'instant où Raphaël affirma qu'il était anthropophage, son camarade sembla particulièrement intrigué. Remarquez, c'était un peu le but. Parce qu'évidemment, le suisse aurait pu user d'un terme plus classique, plus courant, mais celui-ci lui avait paru assez approprié, bizarrement. En tout cas, il ne manqua pas de ricaner lorsque son camarade souhaita une sorte de traduction. Parce que visiblement, et comme Raphaël l'avait espéré, il ne voyait pas tellement ce qu'il voulait dire par là. « Je suis dangereux, si tu préfères ... » fit-il alors, dans un haussement d'épaules, mais en souriant généreusement. Il ne voulait pas lui donner l'impression qu'il se fichait de lui, mais tourner autour du pot était une idée qui lui plaisait bien. « Je dirais plutôt que je risque de te manger, en fait » annonça-t-il par la suite, essayant ainsi de révéler le réel sens du mot de tout à l'heure. Il fit de nouveau quelques pas vers lui, feintant tout d'abord de se jeter sur lui, pour finalement l'étreindre avec douceur. Haha, il l'avait bien eu. « J'aimerais que tu restes dimanche soir » fit-il doucement, presque timidement. « Tu représentes une très belle rencontre, Joshua. » Et il était sincère. Au même titre qu'il voulait voir rester Lulu, Arès et Dani, il voulait voir rester Joshua. Sa gentillesse lui manquerait. Et puis, il n'aurait plus personne d'aussi appétissant à manger. C'est là, en fait, que se situait le vrai problème. Ou pas, ouais.

Il aurait pu décider de le manger. Oui, parfaitement, à l'instant où Raphaël s'était approché de son camarade, il aurait très bien pu se jeter sur lui pour n'en faire qu'une bouchée, et ainsi lui expliquer le plus clairement du monde ce qu'il avait faussement cherché à insinuer quelques instants auparavant. Mais le suisse n'en fit rien. Non, lorsqu'il s'approcha de Joshua, lorsque son corps arriva tout près du sien, ce ne fut pas le moins du monde pour le croquer, mais simplement pour le prendre dans ses bras, pour l'éteindre amicalement. Là dessus, Raphaël fit savoir au jeune homme qu'il aimerait qu'il reste à l'issue du prime de dimanche soir. Et c'était tout à fait vrai, tout à fait sincère. La nomination de Joshua le contrariait, et il avait peur - tout comme il avait peur de voir partir Lulu, Arès ou Dani - de dire au revoir à ce jeune homme. Joshua lui était toujours apparu comme extrêmement sympathique. Il était drôle, avenant, poli. Chacun des moments que Raphaël se souvenait avoir passé en sa compagnie lui revenait en mémoire comme quelque chose de plaisant, d'agréable. Il ne voulait que Joshua quitte le jeu, car en plus de perdre un camarade, ce serait à ses yeux comme perdre un ami. Et il ne voulait pas le perdre, non. Alors bien sûr, il ne tiendrait qu'à eux de se retrouver une fois à l'extérieur - sachant que Raphaël comptait bien garder le contact avec les personnes formidables qu'il avait rencontrées ici - mais dans l'immédiat, il avait simplement peur d'être séparé de l'une des personnes qui comptaient sincèrement à ses yeux au sein de l'aventure. Le suisse sentit alors les bras de son camarade le serrer un peu plus contre lui. C'est alors que Raphaël lui fit savoir qu'il le considérait véritablement comme une belle rencontre, ce qui était là encore tout à fait véridique. Il n'aimait pas penser de la sorte, mais si Raphaël avait le pouvoir de désigner les éliminés de ces nominations, il en viendrait malheureusement à séparer Joshua de la belle Sïana, avec qui il avait eu un peu moins d'affinités depuis le début du jeu, bien qu'il en assume la responsabilité, puisqu'il n'avait pas non plus été capable d'aller vers tout le monde avec autant d'aisance. Joshua, c'était véritablement une jolie rencontre, et il estimait partager avec lui une plaisante amitié, peut être timide, peut être moins flagrante que d'autres, mais tout aussi chérissable à ses yeux, et c'était le principal. Son camarade sembla en tout cas quelques peu déstabilisé peut être, par ses propos. Leur étreinte se renforça encore davantage, tandis qu'un sourire radieux gagna les lèvres du suisse lorsque son camarade le remercia. Il se détacha quelques peu de lui, lui souriant cette fois-ci directement. « Si tu restes, on se fera une soirée piano » articula-t-il doucement, improvisant un programme qui lui tenait ceci dit à cœur. « Tu m'apprendras à en jouer, dis ? » demanda-t-il, lâchant un petit rire avant de poursuivre. « Bien sûr que oui, hein, parce que maintenant, tu sais quel danger je peux représenter pour toi. » Pour preuve, il avait eu droit à un redoutable, effroyable ... câlin. Juste horrible, quoi. « Je te paierai en chocolats. Demande à Asmaa, j'en ai toujours sur moi, la faute à mes sœurs ... » Du bon chocolat suisse, hm. Il en avait trois tonnes dans sa valise. Dommage qu'il aime moyennement ça. Remarquez, ça en faisait plus pour les autres, hein.