Décidément, il était une chose que Tweedy avait beaucoup de mal à comprendre : pourquoi se rendait-elle chaque fois dans la chapelle, alors qu'elle n'avait jamais de raison particulière d'y aller ? Vraiment, tout cela représentait un joyeux mystère à ses yeux. Mais qu'importe, cette fois encore, la petite brune en avait pris la direction, et ce le plus naturellement du monde, un peu comme si il était bien impossible de l'empêcher de s'y rendre lorsque son esprit en avait ainsi décidé. Très vite, la jeune femme pénétra alors dans l'enceinte de la chapelle, s'avançant rapidement vers l'avant de celle-ci. Mais alors qu'elle pensait pouvoir y être parfaitement seule, Tweedy ne tarda pas à noter la présence de l'une de ses camarades. Visiblement, il s'agissait d'Anabel. Très honnêtement, si Tweedy n'avait rien contre cette dernière, elle redoutait chaque fois de passer un moment avec elle. Pourquoi ? Et bien, aux yeux de Tweedy, et compte tenu du fait qu'elle ait longtemps défendu Ezéquiel pour les choses prétendument honteuses qu'il avait faites au sein de cette aventure, il était fort probable qu'Anabel n'ait pas une haute opinion de la petite brune. Mais ça, elle pouvait très bien le comprendre. Sauf qu'à cet instant précis, et maintenant qu'Ezéquiel était parti et qu'il était fort probable qu'Anabel cherche à savourer ce départ en solitaire, ou en tout cas sans la compagnie de Tweedy, qui avait plus de mal à s'en remettre de son coté, la française en vint à penser qu'il ne serait peut être pas très judicieux de lui imposer sa présence. Pour autant, que perdrait-elle à essayer, hm ? Ainsi donc, elle gagna le premier rang, où se trouvait assise à sa camarade, jusqu'à venir s'assoir à ses cotés. « Si ma présence te dérange, que tu préfères être seule ou simplement loin de moi, je peux m'en aller dès maintenant. Je ne resterai pas si tu ne veux pas de moi à tes cotés. » Exactement, Tweedy lui laissait le choix. Parce que pour le coup, rester contre l'avis d'Anabel ne la tentait pas, mais alors pas du tout.

Je n’étais pas une fervente pratiquante de la religion, mais parfois, il me faisait grand bien de venir me ressourcer dans un lieu de culte. Aussi étrange que cela puisse paraître, simplement prendre le temps de m’arrêter, et de réfléchir dans ce genre d’endroits me donnait assez d’énergie pour continuer. À croire que de là-haut, quelqu’un veillait vraiment sur moi. Mes grands-parents, peut-être. Voir même Sebastian. En cette fin d’après-midi, j’étais donc venu me poser sur l’un de banc de la chapelle, la tête légère mais le cœur lourd. Je ne sais pas pourquoi, mais aujourd’hui, précisément, ma famille me manquait. Les autres jours, les autres semaines même, cela m’avait paru tolérable, mais là, tout de suite, en ce moment présent, je ne pouvais m’empêcher de songer à eux, notamment à mes parents qui étaient à l’autre bout du monde – hm, pas tout à fait, mais le Québec, par rapport à l’Irlande, ce n’était pas la porte à côté. Pensaient-ils à moi? Probablement. J’étais leur fille unique, et depuis que j’étais haute comme trois pommes, ils n’avaient fait que ça, s’inquiéter, me protéger, me choyer, m’aimer. Même à distance, ils ne pouvaient s’empêcher d’en faire autrement, j’en étais certaine. Et eux, ils n’avaient jamais cessés de croire en moi. Malgré tout ce que nous avons traversé ensemble. Alors pourquoi avais-je sentis le besoin de partir, de m’éloigner? Je n’avais que fuis le passé, lâchement. Parce que chaque fois que je marchais dans ces rues, que j’allais dans ces restaurants, je me revoyais avec lui. Tout l’amour de mes parents n’auraient pas suffit à me retenir… et c’était une triste constatation à faire. Je n’entends pas l’arrivée de Tweedy sur les lieux, beaucoup trop plongée dans mes pensées, et ce n’est que lorsqu’elle se pose à mes côtés que je constate que je ne suis plus seule dans la chapelle. Ma tête se tourne vers elle. « Si ma présence te dérange, que tu préfères être seule ou simplement loin de moi, je peux m'en aller dès maintenant. Je ne resterai pas si tu ne veux pas de moi à tes cotés. » Sa présence ne me dérangeait pas. Ni même sa personne en tant que telle. Je n’arrivais pas à m’expliquer pourquoi elle avait tant cherché à défendre son ancien partenaire, qui maintenant, faisait partie du passé de cette émission, mais de là à la détester? La vouloir loin de moi? Non. « Tu peux rester, ça ne me dérange pas. Tu ne me déranges pas. » Autant qu’elle le sache. Elle n’était pas une ennemie à mes yeux, pas encore une amie, certes, mais loin d’être du lot de ceux que je n’appréciais pas dans cette aventure.

C'était tout Tweedy de s'inquiéter pour toutes sortes de choses. Ici, sa grande crainte était naturellement de déranger Anabel. Il faut dire que n'étant pas certaine d'être appréciée par cette dernière, elle ne voulait pas prendre le risque de se la mettre définitivement à dos simplement parce qu'elle se serait entêtée à vouloir lui tenir compagnie. Ainsi donc, Tweedy préféra s'assurer qu'elle ne dérangerait aucunement Anabel en s'asseyant à ses cotés, parce que c'était naturellement la dernière chose qu'elle souhaitait. Mais alors que Tweedy s'apprêtait déjà à repartir vers le fond de la chapelle, et peut être même à quitter celle-ci, elle fut pour le moins agréablement surprise par la réponse de sa camarade. Celle-ci lui indiqua donc qu'elle pouvait rester, qu'elle ne la dérangeait pas. Un mince sourire gagna alors les lèvres de la petite brune. « D'accord » répondit alors gentiment Tweedy, tout en se calant un peu plus sur le banc. Elle porta alors son regard vers ce qu'elle avait sous les yeux, avant de le reporter sur sa camarade, qui se trouvait donc à ses cotés, tout en ne sachant pas quoi dire. Il faut dire qu'il était assez délicat de trouver un sujet de conversation, dans la mesure où elle ne savait pas tellement de quoi elle pourrait bien parler avec la jeune femme. De son grand délire de l'autre jour à la piscine ? Hm non, autant éviter. Du départ d'Ezéquiel ? Bien sûr, histoire de bien plomber l'ambiance. Bon alors, peut être de choses et d'autres ? Ce serait déjà moins risqué. Ainsi donc, prenant tout son courage en mains, Tweedy tâcha de lancer un semblant de discussion, tout en n'étant pas certaine de ce qu'elle faisait. « J'ai l'impression que j'aurai bien plus de mal à quitter cet endroit que je l'aurais cru » formula-t-elle alors, avant de se reprendre presque aussitôt. « Je veux parler du jeu en général, pas ... pas de cette chapelle. Elle est jolie hein, mais je veux dire, euh ... enfin, tu m'as comprise. » Ouais, ou pas. Parce que pour comprendre Tweedy, il fallait parfois se lever aux aurores, comme ici.

Nos rapports n’étaient peut-être pas au beau fixe, entre Tweedy et moi, mais pour autant, je ne crois pas que nous étions en si mauvais terme que ça. D’accord, certains sujets se devaient d’être éviter entre elle et moi – notamment en ce qui concernait son ancien partenaire, et l’évincé de la semaine – mais du reste, si nous évitions de nous pencher sur la question, ça pouvait le faire, non? « D’accord. » me répondit la jeune femme alors que je lui indiquais qu’elle pouvait très bien rester à mes côtés. S’en suivit un long moment de silence… Malaise, tout à coup. Je passais une main dans mes cheveux, mon regard divagant à gauche, puis à droite, revenant se poser sur la candidate, puis quittait à nouveau son repère pour regarder l’autel qui se tenait devant elles. Je devais ouvrir la conversation, ou ? Heureusement, Tweedy vint à ma rescousse, rompant le silence qui s’était installé. « J'ai l'impression que j'aurai bien plus de mal à quitter cet endroit que je l'aurais cru. » Je tourne la tête vers elle, la scrutant un instant. « Je veux parler du jeu en général, pas ... pas de cette chapelle. Elle est jolie hein, mais je veux dire, euh ... enfin, tu m'as comprise. » Un léger sourire en coin se pose sur le coin de mes lèvres. Bien sûr que j’ai compris. Je remarque qu’elle a toujours cette tendance à se justifier, s’expliquer plus que nécessaire, la jeune fille. Ça me fait penser à moi en plus jeune. « Je crois que je serais heureuse de retrouver l’extérieur, quand viendra le temps de partir. » lui dis-je à mon tour. « Quitter ces lieux… ce n’est pas ce qui me dérange. Je crois plutôt… en fait, je suis même sûr que ce seront les gens qui me manqueront. Le jeu, le château, le sadisme de Cupidon… » Hm, ça se passe de commentaire. « Je saurai très bien vivre sans. » Ce n’était, après tout, pas aussi important que les rencontres que j’avais pu faire ici. Bien sûr, ces gens seraient toujours associée à cette aventure, que je le veuille ou pas. Mais non sans regretter mon passage ici, je n’allais pas considérer ça comme une fierté personnelle non plus. Qu’une anecdote à raconter à mes proches, et peut-être mes enfants, plus tard.

S'il y a bien une chose que Tweedy avait du mal à supporter lors de n'importe quelle conversation, une chose à laquelle elle s'efforçait sans cesse de remédier, c'était naturellement les blancs. Ne pas savoir quoi dire, ne pas savoir comment meubler une discussion, cela avait tendance à beaucoup la gêner. Alors, la plupart du temps et quand elle ne voulait pas prendre trop de risques quant au sujet qu'elle lançait, la jeune femme partait tout naturellement sur un sujet des plus communs, quelque chose de général où il y avait peu de chance d'être face à une divergence d'opinion. Ici, il était donc question du jeu et du futur qui attendait l'ensemble des candidats, à savoir le retour à la réalité et la vie en dehors de cette aventure. Parce qu'en quelques semains, beaucoup avaient du s'habituer à ces lieux, à l'image de Tweedy qui, sincèrement, redoutait de plus en plus le jour où elle serait amenée à quitter l'aventure pour retourner à sa petite vie parisienne et à ses études de journalisme. Parce qu'en entrant ici, elle avait perdu ses repères du quotidien, mais qu'en retrouvant le dit quotidien, elle risquait fort de pleurer ce qu'elle avait appris à connaitre ici. Telle était la logique des choses, ou disons, sa logique. Mais qu'en était-il du coté d'Anabel, oui qu'en était-il pour la jeune femme ? Est-ce que tout cela viendrait à lui manquer ? Ou au contraire, est-ce qu'elle oublierait vite cette aventure ? Visiblement, ça n'était pas tant le jeu en lui même et les lieux qui lui manqueraient une fois retournée à la vie extérieure, mais bien les rencontres faites au sein de l'aventure. Le reste, visiblement, elle saurait parfaitement s'en passer. Tweedy esquissa alors un mince sourire. Elle avait tendance à rejoindre sa camarade quand celle-ci disait que les gens d'ici lui manqueraient. Ça n'était après tout que trop vrai, et ce, pour la plupart des candidats assurément. « Tu sais, je suis certaine qu'ils voudront tous garder le contact avec toi. Personnellement, j'aimerais revoir la plupart des candidats une fois sortie d'ici. Parce qu'il est vrai que ce sera la chose la plus difficile à supporter, le fait de se perdre un peu de vue ... » Oui mais il fallait espérer que les candidats se reverraient entre eux. Oui, c'était véritablement ce que voulait Tweedy. Et c'était faisable, hein ?

Depuis le début de l’aventure, je n’avais pas réellement songé à ce que pourrait être ma vie après la fin de cette aventure. Que me réservais l’avenir, une fois de retour dans le vrai monde, dans ma vraie vie. Ce questionnement avait certes peut-être légèrement traversée mon esprit le jour où je m’étais retrouvée nominée d’office, mais à ce moment-là, j’avais préféré ne pas m’inquiéter, essayant de croire que j’avais encore ma place en ces lieux. Et j’avais eu raison d’espérer ça, au final, puisque je m’étais retrouvée en tête des votes. Tweedy et ses réflexions, cependant, me faisait me questionner sur ce qui m’attendait, dehors. Et surtout, sur ce qui me manquerait, une fois après avoir quitter ces lieux. Les gens. Je crois que c’était là la seule chose qui risquait de me manquer, après mon départ. « Tu sais, je suis certaine qu'ils voudront tous garder le contact avec toi. Personnellement, j'aimerais revoir la plupart des candidats une fois sortie d'ici. Parce qu'il est vrai que ce sera la chose la plus difficile à supporter, le fait de se perdre un peu de vue... » J’acquiesçais d’un signe de tête à sa remarque, puis finalement, haussait les épaules. J’étais d’accord avec oui, mais pas nécessairement dans son entièreté. « Je ne sais pas… peut-être, enfin, je n’en demande pas tant. La distance, parfois, peu rendre tout ça plus compliquer. Et je ne resterais peut-être pas en France bien longtemps. Je m’ennuie de mon chez-moi, de ma famille… Je ne pourrais surement pas oublier ceux que j’ai connus ici, on est comme… une grande famille, à quelque part, mais garder contact avec tous le monde? Plus facile à dire qu’à faire… » À plus de trente, à partager la même résidence, forcément, ça tissait des liens. Parfois plus fort, parfois plus tendre avec certains. Tout autant que ça ne collait pas avec d’autres.

- hmm, désolé c'est affreux -

Tweedy n'était pas nécessairement du genre à se questionner sur l'avenir en permanence, à vouloir en quelques sortes anticiper ce dernier, pour autant, elle se plaisait ici à se poser quelques questions sur la fin de son aventure, sur le retour à la vie extérieure et sur tout ce que cela impliquerait. Peut être n'était-il pas prévu qu'elle quitte ce jeu de manière tout à fait imminente, mais disons que si elle avait besoin d'y voir clair sur ce que serait son "après Fake Lover", il valait mieux qu'elle se pose les bonnes questions avant le jour où l'on aurait préféré la voir en dehors de ce jeu. Donc pour le coup, la petite brune était prévoyante, disons. Et visiblement, elle savait déjà qu'elle apprécierait grandement de revoir ses camarades en dehors du jeu, pour ceux avec qui elle a sympathisé bien sûr - autant dire pas mal de candidats tout de même. Mais Anabel, elle, semblait penser qu'il ne serait pas nécessairement possible de revoir l'ensemble des candidats en dehors de ces murs, ce qui s'apparentait à une pensée assez réaliste pour le coup. Parce qu'effectivement, il était tout sauf certain qu'ils puissent tous garder le contact les uns avec les autres, alors que beaucoup auront peut être simplement envie de retourner à leur petite vie en tournant la page Fake Lover, et qu'une minorité seulement apprécierait de véritablement rester en contact. Pour le coup, Tweedy en serait presque déçue par avance. « Il est vrai qu'il est utopiste de penser qu'on voudra tous se revoir une fois l'aventure terminée. Je suppose que beaucoup, comme toi, préférerons revoir les leurs en priorité, moi même j'en aurais envie. Mais j'espère vraiment pouvoir garder le contact avec des candidats, ne serait-ce qu'un petit groupe, histoire de pouvoir dire que cette aventure m'a non seulement appris à mûrir, si tant est que ce soit le cas, mais aussi à rencontrer de nouvelles personnes, à construire des liens durables ... » Et ça, ça n'était pas un tout petit peu utopiste, par hasard ?

Non, c'est très bien