Je m’étais rendu compte que ma boîte de médicaments dans la salle de bain était déjà vide. Je me dirigeais vers le dressing et vers mon armoire, pour palier à ce manque. Sauf que, lorsque j’ouvris la porte de mon côté d’armoire, la moitié de mes vêtements avaient disparu. Ouai, parce que il y avait un peu trop de place, par rapport au nombre de vêtements que j’avais pris. Mes yeux s’ouvrirent largement, alors que je serrais mes mâchoires pour ne pas gueuler immédiatement. Ouai, dans l’immédiat, je me dépêchais de sortir du dressing pour me diriger à une fenêtre, par laquelle je cherchais des yeux mes vêtements. Oui, parce que j’étais persuadé que Sive était non seulement derrière leur disparition, mais qu’elle les avait balancé à travers la fenêtre. Sauf que mes vêtements n’étaient pas là. Je me retournais en poussant un premier cri, tout léger celui-ci. Je ne sais trop qui passa à ce moment et m’indiqua que la Sive était dehors, vers le lac. Ah ouai ? Le lac ? Je me mis à courir, pour ne pas lui laisser une seule chance de balancer plus de vêtement dans l’eau, parce que je supposais que c’était ça, son plan. Tu parles, quand j’arrivais près du lac, je vis une scène horrible. Un truc insupportable quoi, pour une matérialiste comme moi, attachée fortement à ses vêtements. Un cri d’horreur – carrément – s’échappa de mes lèvres. « Aaaaaaaaah » Je couru dans le sable vers la salope, en la poussant au passage pour prendre dans mes mains mes… haaaan nan. « Putain, c’est quoi ça ? T’es malade ! » Je pris du bout des doigts mes vêtements horriblement souillés et malmené, par un mélange de je-ne-sais-quoi. Un seul de ces vêtements là devait avoir une plus grande valeur que sa putain de paire de chaussures. Ma bouche s’ouvrit en grand, quand je vis un bout de tissu familier… « Ma Vivienne Westwood… » Disais-je presqu’à moi-même, en prenant la petite robe entre mes mains. Oui, cette petite robe pour laquelle j’avais économisé des mois et des mois, juste pour le plaisir de ne pas porter que des vêtements bas de gamme. « Mais t’es un grosse salope ! » M’exclamais-je, le plus vulgairement possible. De toute manière, à quoi bon être polie avec ce quelle venait de me faire.

« Enfin, tu me traites comme ton égale ! » Je lâchais un rire, secouant ma tête de gauche à droite : « Non je ne crois pas, on n’est pas encore dans la même catégorie. » Je faisais chier les gens. Elle, elle ne respectait rien. Certes ça pouvait faire bizarre venant de ma part, mais je pouvais l’admettre : sa putain de paire de chaussure, je les lui avais rendu intact, même si elle s’évertuait à dire le contraire. « Franchement, Irène, tu fais des histoires de pas grand-chose hein... » Elle rigolait là, sérieusement, elle se foutait de ma gueule, mais d’une puissance extraordinaire. J’avais toujours ma robe dans mes mains. « Pour pas grand-chose ? » Répétais-je avec un sourire crispé. Ouai, j’avais presque les larmes aux yeux simplement pour cette robe, importante pour moi. Le reste, comparée à elle, je n’en avais sérieusement rien à battre. Je déposais ma robe bien sur le sable, après tout pour maintenant, faisant attention à ne pas la fragiliser plus qu’elle ne l’avait fait. « Quelques regrets à formuler, peut-être ? » Mon regard noir se tourna vers elle et la flingua sur place. Ah ma cocotte, tu peux te mettre un doigt dans le cul pour avoir des excuses de ma part ou un quelconque regret… Ah si, j’en avais bien un… « Oui, un seul. Ne pas avoir réduit en bouillie tes Yves Saint Laurent de contrefaçon. » Déclarais-je, étrangement calme et sur un ton normal, tandis que je me baissais pour voir le résultat de sa vengeance. Un, deux tee-shirt en main, chiffonnés et sérieusement, commençant à puer. Je me retournais vers Sive et rapidement, je lui balançais l’un des tee-shirts dans la gueule. Dommage pour elle, j’ai une très grande capacité à bien viser. « Alors ? C’est toujours pour pas grand-chose ? » Lui demandais-je, lui balançant le deuxième tee-shirt bien dégueulassé par sa mixture.

Cela oui, si j’avais su, je lui aurais bousillé ses godasses sans hésiter. La Sive les aurait retrouvés complètement en lambeaux dans son armoire et je peux vous assurer que j’en étais bien capable. D’ailleurs, je ne savais pas ce qui m’empêchait d’aller le faire immédiatement. Quoiqu’elle m’en empêchait sérieusement. Je voulais garder un œil sur ma robe, déjà complètement fichue alors tant qu’à faire, je voulais m’assurer de limiter les dégâts. « La jalousie ne vous va point au teint, ma chère... » Je la dévisageais, puis la considérer un instant. « Te prendre pour une salope, non plus… » Non parce que c’est ce qu’elle insinuait non ? Qu’elle était à ma hauteur, donc celle de la salope que je suis. Sauf qu’à sa différence, je sais très bien jouer mon rôle et pas elle. Elle peut dire ce qu’elle veut, les limites que je ne dépassais pas, elle les avait franchis avec un large sourire. Elle trouvait que c’était rien du tout, exactement cette non-répartie qui me faisait subtilement sourire, alors que le sien, bah elle le perdait en se rapprochant de moi. « J'ai un détachant adapté avec moi, parce que tu vois, contrairement à toi, je pense aux conséquences, et au mal que je peux faire. Peut-être que tu penses que ce n'était qu'une paire de chaussures, mais la matière s'agrandit, et même si, il est vrai, elles sont intactes, ça bâille, parce que nos pieds sont différents. Si j'avais voulu te rendre la juste monnaie de ta pièce, je n'aurai pas sali tes vêtements, je les aurai agrandi. Mais je voulais juste voir sur ton visage la même crainte que celle que j'ai ressenti, à défaut d'y donner raison. J'espère que les larmes que t'as aux yeux t'auront fait un peu réfléchir. » Donc là, elle était prête à parler sérieusement, parce que j’en avais pas bien l’impression. La seule réaction que j’eus, ce sont mes yeux s’agrandissant. Oui, mes yeux s’arrondirent. « Tu penses aux conséquences ? Et au mal que tu peux faire ? T’es sérieuse en disant ça ? » J’étais plus que passablement énervée et cela se sentait dans ma voix et à mes sourcils froncés. Je lâchais une espèce de rire, en demi-teinte. « Tu vois, je me fous complètement des autres habits… et puis sérieusement t’aurais rien agrandit du tout… » Non parce qu’elle n’est pas bien grosse Sive. « Sauf que tu ne semble pas te rends bien compte. Ma Westwood, je ne la mettais plus vraiment parce qu’était fragile. La tâcher, c’est deux fois pire que l’agrandir. Tu viens de me la foutre totalement en l’air… et t’es loin de savoir ce qu’elle représente pour moi… » Je lui parlais le plus sérieusement possible, me retenant de ne pas lui en mettre une. Je criais comme au début, simplement parce que son geste n’avait rien à voir avec le mien. Elle croyait me punir gentiment pour me montrer qu’elle n’était pas une garce comme moi, mais ce qui en ressortait était tout le contraire. Je me détournais d’elle, pour prendre le seau et remettre tout les vêtements dedans. Sauf ma robe, que j’observais encore une fois, n’en croyant vraiment mes yeux. « Et ton détachement tu peux te le mettre dans le cul ! » Lâchais-je, toujours mauvaise.

« Et ? Qui te dit que ce n'était pas le cas de mes chaussures ? » Elle se foutait largement de ma gueule. Ces chaussures n’étaient rien pour elle tout le monde pouvait le remarquer sans grand mal. « Si elles avaient vraiment compté pour toi, t’aurais réagis avant, au lieu de mettre deux semaines pour foutre ta merde ! » C’était on ne peut plus logique. Elle voulait se venger, elle l’avait fait, mais si ses chaussures avaient une valeur sentimentale, sa vengeance serait venu avant. Pas deux semaines après quand plus personne ne s’en souvenait. Elle ne faisait que remuer le couteau dans la plaie. Contrairement à ce qu’elle pourrait croire, je vois plus loin que le bout de mon nez et plus loin encore que mon nombril, dont il n’était pas le centre du monde, mais à côté d’une nana comme elle, bah si, il l’était tout de même un peu. « Franchement, j'espère que t'as un secret à la "je suis activiste pour Greenpeace" parce que t'es lamentable. Je ne sais pas comment tu fais pour te supporter. Les autres, j'en parle même pas. » Ouai et ? Comment je fais pour me supporter ? Je me supporte largement grâce à des personnes comme cette pétasse, se croyant tout permis, comme par exemple me faire la morale, alors qu’elle ne vaut pas mieux que moi. Et comment j’étais censée réagir à cette putain de réflexion qui ne servait à rien ? Je me mis à rire, légèrement. « T’en fais pas pour moi ! » Me contentais-je de lui répondre. Effectivement, elle n’avait pas à se soucier de moi, je me supportais très bien et il fallait croire que certains ici, aussi. « Ecoute... Tu fais ce que tu veux. Si tu préfères te démerder toute seule, très bien, ça m'évitera de t'entendre geindre plus longtemps. » Sérieusement, je n’avais plus envie de répliquer, même si l’envie de la traiter de tout les noms était bien présente en moi. Je me contentais de serrer les poings. Ouai, parce que j’irais bien vers elle pour lui foutre mon poing dans sa gueule, mais il paraissait que c’est interdit et puis, ça n’irait pas avec ma nomination de cette semaine. Je pris alors le sceau d’une main et ma robe doucement sur mon bras, pour m’en aller en rage.