Elle me cita alors un passage de Haceid, un auteur Irlandais que je ne connaissais que trop peu. Je n'avait donc pas reconnu le passage mais, comme elle l'avait dit, c'était beaux. J'étais heureux de trouver quelqu'un qui était toucher par les textes, ces gens là devenait que trop rares... Il ne me fallut pas longtemps pour répondre à sa question. « Ce n'est ni d'un roman, ni d'une poésie, mais d'une lettre. « Le sage pour sa part, ne rejette pas la vie et il ne craint pas non plus de ne pas vivre, car vivre ne l'accable pas et il ne juges pas non plus que vivre soit un mal. » J'aime beaucoup ce passage... » Je laissais planer un moment, pour aussi lui laisser le temps de trouver l'auteur, mais comme elle, je le dit trop vite. « Epicure, La lettre à Menécée, ou lettre au bonheur. » C'était un livre minuscule, qui ne contenait que quelques pages, mais je l'avait trouver extrêmement bien pensé. J'aurais pu choisir un extrait de « petits crimes conjugaux » une pièce de théâtre que j'ai lu en français, langue que je maitrisais grâce a mon éducation, mais c'était un passage non seulement bien écris et vrai, mais aussi personnel.

Deirdre n'aurait pas reconnu Épicure. Si elle avait beaucoup lu, et si elle lisait encore avec énormément de passion, elle avait parcouru les lignes de beaucoup plus d'inconnus que ceux que l'on disait de "grands auteurs". Elle méconnaissait tellement de classiques pour l'amer plaisir d'avoir côtoyé, du bout des yeux, les pages de quelques génies de l'ombre, tombés dans l'oubli ou ne l'ayant jamais quitté. Pour autant, elle n'en apprécia pas moins la citation elle-même, car c'était bien là l'essentiel finalement. D'ailleurs, les mots lui passèrent doucement, voluptueux, devant les yeux, tant et si bien qu'elle s'enfonçant un peu mieux dans le canapé, savourant le silence et la caresse des phrases, ses paupières allant jusqu'à se clore pour l'imprégner un peu mieux. Finalement, et pourtant certaine de ne pouvoir retirer la véritable substance de cette citation, elle se conforta dans sa compréhension facile, enveloppée de silence et d'immobilité. Voilà, elle ne dit rien. Simplement. Quand il n'y avait rien à dire, Deirdre n'inventait pas. Jamais. Là encore, elle n'allait rien faire qui y eut dérogé.

Le jeune femme n'avait aps réagit a ce que je venais de dire, se contentant sans doute d'en apprécier toute l'essence, toute la signification ou encore d'autre choses qu'elle pouvait en retiré. Ce livre ne faisait pas plus de 10 pages mais cette lettre était pleine de sens... J'avais du la lire il y a des années de ça, en philosophie, mais c'était une des matières que je préférais à l'école, alors cette citation, je l'avais vite retenue a force de lire ce petit livre. Les philosophes grecs avaient été les refermé de mon professeur, qui était lui même un grand penseur selon moi, c'était lui qui m'avait donné le gout à la philosophie... Je pris le livre que je venais de déposer sur la table et me replongea dedans, laissant Deirdre dans ses pensées qui, semblait-il, l'absorbais.

Après quelques instants de ce délicieux silence à ses sens, Deirdre s'arracha au confort du canapé pour s'éclipser. Elle revint très bientôt (de la cuisine, pouvait-on en juger, aux vues de son chemin de retour). En se laissant lourdement tomber aux côtés du jeune homme, elle prit sa main dans la sienne sans même l'avoir consulté. De toutes les manières, la délicatesse qu'elle y mit suffit à pallier l'improbabilité de son intention. Dans la paume de Nolan (dont elle ignorait toujours le nom, cela dit), Deirdre déposa quelques grains de riz. Après quoi elle croisa son regard. « Dis-moi ce que tu vois. » Elle parlait bien entendu des dessins abstraits que pouvaient bien dessiner les grains de riz amoncelés dans le creux de sa main. Il n'y en avait jamais qu'une dizaine, mais ils se chevauchaient si bien que Deirdre y voyait déjà mille choses différentes, qui lui en inspiraient d'autres milliers, et ainsi sans fin. Puisqu'elle avait cru discerner chez son interlocuteur une lueur qu'elle voulait éprouver, cela ressemblait presque à une sorte d'expérience sur l'humain. Et elle le scrutait intensément, et sérieusement. Véritablement, elle voulait qu'il y vît quelque chose de précis, autre chose qu'un peu de riz. Tout autre chose, d'ailleurs.

La jeune fille se leva, intrigué, je levai les yeux de mon livre et vit qu'elle revenait, une paume serré, semblant tenir quelque chose, je déposais alors le livre et elle vint s'asseoir a coté de moi. Elle pris ma main avec délicatesse, je la laissai faire et elle y déposa quelques grains de riz. Puis elle me demanda ce que j'y voyais. Je faisais souvent ça, tant et si bien que je finissais par voir n'importe quoi dans les choses que la nature nous offrait. Un homme dans une montage, un bonhomme sur un clenche de porte, des yeux dans les nuages, un monstre dans un tas de vêtements... Je souris et répondit. « Tellement de choses.. Un monde, des enfants, des dents, des poissons, la famille, l'incertitude, la neige, des grêlons, des œufs, le désordre, Le monde, enfin la vie quoi... » tout à l'heure j'avais dit UN monde, un monde imaginaire quoi, là je disait LE monde, notre monde, je me comprenais, elle ne me demandait pas la signification, juste ce que je voyais... Alors je lui demandai a mon tour « Et toi, que vois-tu ? » J'étais sur qu'elle aussi verrai plein de choses, peut être des choses plus extravagante encore les miennes et encore je n'avais pas tout dit.