Il n'en pouvait plus. Honnêtement, tout cela devait véritablement trop dur à supporter. Il ne pouvait plus se regarder dans un miroir sans se dégoûter, sans se haïr, sans mépriser son reflet. Il était si pathétique, si ridicule, si pitoyable. Nul doute qu'il devait en faire rire plus d'un, du coté du public. Peut être même qu'on avait fait de lui une sorte de victime dans la presse, puisqu'il se plaisait lui même à se poser comme tel. C'était plus fort que lui. Il se trouvait faible, inutile, insignifiant, alors il ne pouvait s'empêcher d'agir comme s'il ne méritait même pas un minimum de considération. Voyez un peu combien le simple fait de se retrouver face à son reflet avait tendance à le paniquer. Il était à la fois malheureux et énervé par tout ce qu'il pouvait voir derrière les traits de son visage. Et puis il y avait toujours ce même problème : se doucher alors qu'il était d'une pudeur telle qu'il ne pouvait même pas se mettre en maillot de bain. Nul doute qu'à ce train là, il finirait véritablement désespéré, hm. Parce qu'il était tout de même fortement regrettable que Raphaël ne soit même pas capable de supporter le fait de se doucher en public, lui qui faisait pourtant des efforts pour vivre au mieux en communauté avec tant d'inconnus. A cet instant très précis, il restait donc figé face au miroir. Chaque jour qui s'écoulait rendait plus difficile le fait de prendre une malheureuse douche. Alors aujourd’hui, il n'avait même pas le courage de se dévêtir. Il ne se douchait évidemment pas nu, mais le simple fait de s'imaginer en boxer le tétanisait. Alors il continuait d'observer l'être qui apparaissait à travers le miroir, se retenant tout bonnement de fracasser celui-ci à l'aide de son poing. Il n'avait rien d'un type violent, mais son reflet lui donnait des envies de meurtres. Mais tandis qu'il pensait maintenant à combien il était idiot de prendre tout cela tant à cœur, alors qu'il pourrait se doucher comme n'importe qui d'autre en ces lieux, voilà que l'un de ses camarades débarqua. Ce serait assurément pire, maintenant qu'il n'était plus seul. Ce jeune homme, Raphaël ne le connaissait pas. Mais il avait pu le voir échanger quelques regards avec Elliot lors du prime. Des regards qui l'avaient laissé un peu perplexe, il faut bien le dire. « Je ne compte pas m'éterniser. Je ne sais même pas pourquoi je reste là, en fait. » Autant dire ce qui est, il ne servait pas à grand chose là tout de suite. Mais bon, comme l'aurait très bien dit une certaine Daphné, ça ne changeait pas tellement de d'habitude, hm.

Le prime et cette soirée post-prime m'ont épuisé. Autant dire qu'aux alentours de cinq heures de matin, je me suis affalé comme une rat mort dans mon lit. Là, le sommeil n'avait pas besoin d'être attendu. Il s'est pointé de lui même, fermant mes yeux la tête à peine posée sur l'oreiller et m'emportant dans mes songes avec une douceur infinie. Depuis mon arrivée dans la ville de Provence, je n'ai jamais aussi bien dormi. Je n'ai pas été réveillé par la présence de Tris qui, jusqu'ici m'avait un peu perturbé. D'habitude, les filles qui se retrouvent dans mon lit y dorment pour la simple et bonne raison que mon Jésus est entré dans leur crèche. Je n'ai donc aucun mal à m'endormir à leur côté et parfois même, je les vire. J'aime prendre toute la place, dormir au milieu du lit, les bras et les jambes écartés. Là, je suis obligé de dormir avec Tris. Et j'ai pu, très vite, remarqué qu'elle n'est pas du genre à coucher avec tout le monde et partout. Elle est.. comme dirait l'autre.. un peu coincé. Pas que ça me gêne, elle est adorable et rudement jolie. Mais du coup, j'ai peur de mal faire, de la mettre mal à l'aise et je veille à ne pas trop m'approcher du côté de son lit. Donc, je dors mal. Mais cette nuit a été différente. Le réveil est plutôt dur, j'ai la tête dans le cul et des cernes de trois pieds de long. J'ai besoin d'une douche, froide. Je me dirige en traînant les pieds jusqu'à la salle de bain, déjà à moitié dévêtu. En fait, j'suis torse nu, j'ai juste un jogging. « Je ne compte pas m'éterniser. Je ne sais même pas pourquoi je reste là, en fait. » Ah. J'étais tellement absorbé par mes pensées que je n'ai même pas remarqué la présence de.. Raphaël je crois ? Le compagnon de prime d'Elliot, il me semble. Je tente un demi sourire qui ressemble un peu plus à une grimace. Ma tête cogne, je fronce les sourcils. « Tu peux rester, ça m'gêne pas. » j'articule d'une voix ultra rauque avant de descendre sans gêne mon jogging et me retrouver en caleçon. Je jette un coup d'oeil au miroir et je soupire. Ma gueule fait peur, mes cheveux se sont tapé un délire artistique. « On a à peu près tous la même de toute façon, hein ! » je lance, agrémenté d'un clin d'oeil avant de laisser tomber mon boxer à mes pieds et entrer dans la douche. J'suis sans gêne et je me dis qu'on a tous le même cul, tous la même flûte. Y a que la taille qui change et j'ai pas honte de la mienne pour l'avoir déjà mesurée et comparée. Ouais, j'avoue.

Était-ce une impression, ou bien est-ce que ce jeune homme se baladait véritablement torse nu ? Hm, cela semblait bien réel. Honnêtement, Raphaël avait bien du mal à comprendre comment ses semblables pouvaient être aussi à l'aise et impudiques. Lui, il suffisait qu'un bouton de sa chemise soit mal mis et laisse entrevoir un millimètre de la peau de son torse pour que ça devienne un drame international. Vraiment, il était étonné d'avoir perpétuellement à faire à des gens si peu gênés d'exposer leur corps de la sorte. Mais bon, dans le cas d'Arès comme dans beaucoup d'autres, il fallait bien admettre qu'il y avait de quoi être plutôt fier. Nul doute que son camarade devait se plaire à exposer son torse musclé, qu'il avait du travailler assez durement. Raphaël ne jugeait pas, simplement, il n'était pas spécialement à l'aise à l'idée qu'un type torse-nu se tienne tout près de lui. Pourtant, ça n'était pas lui qui ne portait qu'un jogging, mais le fait est que cette situation l'embarrassait légèrement. Quoi qu'il en soit, Raphaël ne comptait pas s'éterniser, effectivement. Il n'avait pas grand chose à faire dans cette salle bain, mis à part prendre une douche évidemment. Mais vu qu'il ne semblait pas particulièrement disposé à le faire dans l'immédiat, peut être ferait-il donc mieux de sortir d'ici, ne serait-ce que pour laisser son camarade seul et plus tranquille. Pourtant, ce dernier affirma qu'il ne le gênait pas. Pour le coup, Raphaël put constater que son camarade avait légèrement la tête dans le pâté. Ou bien était-ce sa voix naturelle. Mais il en doutait fortement, à vrai dire. C'est alors que son camarade se débarrassa de son jogging pour se retrouver en simple caleçon. Oula, ça devait être le signal pour Raphaël de se tirer d'ici rapidement. Pourtant, il restait là, bêtement, face à ce miroir. Tout cela le gênait beaucoup, mais il prenait étonnement sur lui. A vrai dire, il était surtout un peu trop gêné pour tenter d'atteindre la porte, sachant que son regard se poserait assurément sur le corps de son camarade, qu'il tentait de regarder le moins possible. Et là, ce fut le drame. En une remarque, Arès se retrouva nu. Nu. Tout nu. Genre, tout nu, tout nu, tout nu. Gné, c'était la fin du monde. Ou presque, hm. Son camarade pénétra alors dans la douche, et Raphaël se demanda ce qu'il pourrait bien faire maintenant. Sortir d'ici ? Sans doute. Dans ce cas, pourquoi commençait-il à se déshabiller lui aussi ? Hm ... curieux. Il se retrouva néanmoins en boxer, ne pouvant psychologiquement pas faire mieux. Déjà, il faisait d'énormes efforts. Des efforts surhumains. Il alla même jusqu'à se rendre sous la douche lui aussi. Il avait les larmes aux yeux, tremblait et pourrait s'évanouir d'un instant à l'autre ... mais il allait bien. Vraiment, il allait bien.

Je ne remarque pas au début, la gêne du mec qui se trouve avec moi dans la salle de bain. A vrai dire, j'ai pas l'habitude d'être en présence de coincé. Pour moi, un mec est un mec. Et j'ai aucune gêne à me déshabiller devant eux pour prendre une douche. J'ai fais du foot, quand j'étais ados et on se douchait tous à poil, sans aucune pudeur. L'eau chaude coule sur mon corps et me fait un bien fou. Elle tente à me rendormir mais, je ne sais pas, je me sens bien. Mes yeux s'égare sur l'homme qui ne me réponds pas. C'est là que je comprends, que je constate. Il a l'air mal à l'aise, complètement. Muré dans cette envie de filer sous la douche, je n'ai pas pris le temps de me rendre compte qu'il est pudique. Et que ça va peut-être même au delà. Je me sens un peu con. Et en même temps amusé. « Ça va euh.. C'est quoi ton prénom déjà ? » je laisse la douche en route et je sors la tête pour pouvoir le regarder. Ça le gêne peut-être, ça aussi. Mais, je sais pas, j'ai envie de savoir ce qui le tracasse. J'enroule une serviette autour de ma taille, j'arrête la douche et je m'approche un peu de lui. « T'as vraiment pas de gêne à avoir, t'es plutôt bien foutu. » Réconforter, j'sais pas faire. C'est pas dans ma nature. Je suis maladroit et plus propice à la rigolade. Les discussions sérieuse, c'est pas mon fort. C'est surement pour ça, aussi, que j'ai jamais eu de relation sérieuse. J'suis pas un mec sérieux. J'y peux rien et j'ai beau me forcer, ça vient pas. J'aimerais bien qu'il arrête avec cette tête qui me fait de la peine. J'aime pas ça, j'suis pas doué pour ça. Ça gêne me gêne par la même occasion. Je ne sais plus où me mettre, quoi dire et quoi faire. Je reste planté près de lui, groggy à le regarder un peu maladroitement.

Sachez que Raphaël pouvait tout à fait concevoir que ses semblables soient beaucoup plus à l'aise avec la "nudité" qu'il l'était. Sans doute était-ce son problème, et qu'il n'était simplement pas normal. Après tout, à un siècle comme celui-ci, il devait être naturel de se doucher nu en communauté, de se balader torse-nu, ce genre de choses ... Il n'était de toute façon pas nouveau que Raphaël avait quelques problèmes d'intégration. Pas seulement dans ce jeu. Pas seulement chez lui. Partout, tout le temps. Il ne s'intégrait pas facilement à ce monde, à cette époque. C'était triste à dire, triste à admettre, mais c'était hélas tout à fait véridique. Ainsi donc, le simple fait de se retrouver en boxer pour se doucher avait tendance à le tétaniser. Il s'imaginait espionné, observé, jugé, critiqué. En permanence, mais principalement quand il n'était pas suffisamment vêtu pour se sentir un peu moins vulnérable qu'à cet instant. Et visiblement, son camarade avait remarqué sa gêne. Il faut dire que celle-ci devait être assez reconnaissable. Raphaël était dans son petit coin, ne parlait pas, baissait les yeux, et se contentait de se doucher en silence, en tremblant quelques peu. Arès se manifesta en tout cas, brisant le silence qui les entourait depuis quelques instants. Il semblait alors se demander si Raphaël allait bien, sans pour autant être capable de le nominer. Rien d'étonnant à cela. Il faisait un peu office de fantôme par ici, alors il pouvait concevoir que son nom ne soit pas connu de tous. « Raphaël. Et hm ... je vais bien, oui. » Pas sûr que ce soit franchement véridique, mais dans la mesure où il pouvait parfois être dans un état bien pire que celui-ci, disons qu'il allait presque bien à cet instant précis, effectivement. Il se rendit bientôt compte que son camarade s'était approché, en ayant heureusement pensé à mettre une serviette autour de taille. Bonne initiative, assurément. Aux nouvelles déclarations de son camarade, Raphaël se sentit rougir affreusement. « Je suis désolé. Je n'aime pas ... je ne supporte pas ... tout ça, je ... » Bon, il avait un peu de mal à s'exprimer, mais vous pensez bien que leur tenue respective ajoutée à la situation elle même additionnée à leur proximité avaient affreusement tendance à l'embarrasser. « J'aimerais tellement être comme toi, pouvoir me balader à moitié nu sans me sentir terriblement exposé ... c'est emprisonnant à la longue. » Et encore, c'était peu dire. Car même seul chez lui, il peinait à agir librement de ce coté là. Sans doute parce qu'il était courant que les murs aient des yeux. Remarquez, on dit bien qu'ils ont des oreilles ...

J'espère qu'il va bien, que ma présence ne le gêne pas. En fait, je n'ai aucune idée de ce qui se trame dans sa tête. Et j'aimerais le découvrir. Histoire de ne pas être à l'origine d'un quelconque mal à l'aise. « Raphaël. Et hm ... je vais bien, oui. » Raphaël, donc. Son prénom me revient assez facilement, un prénom français. J'ai beaucoup plus de facilité à retenir les prénom de ce genre plutôt que ceux anglophones, qui me sont partiellement inconnus. Il dit aller bien mais je doute. Et je m'approche un peu de lui, d'un air plutôt rassurant. Du moins, j'essaie de l'être. Mais, j'avoue que toute cette situation me fou le bourdon. J'ai pas l'habitude d'être confronté à ça. Moi, les situations gênantes ou pire, les engueulades, je les évite. Je me barre en courant, je reste passif et j’attends que ça passe. Là, je m'efforce. J'essaie d'être le plus rassurant et conciliant possible. « Je suis désolé. Je n'aime pas ... je ne supporte pas ... tout ça, je ... » j'arque un sourcil et puis, je nous regarde. Moi, en tenue d'Adam avec une simple serviette autour de la taille. Lui, en boxer. Il y a certainement de quoi être gêné, en effet. De mon côté, il n'y a aucun problème. Mais du sien.. En fait, je commence à comprendre. La nudité l'effraie mais.. « J'aimerais tellement être comme toi, pouvoir me balader à moitié nu sans me sentir terriblement exposé ... c'est emprisonnant à la longue. » mais c'est la sienne qui l'effraie le plus. Il ne supporte pas son corps, je crois. Enfin, c'est ce que je comprends, en tout cas. Et ça me touche. J'ai pas l'habitude, j'suis pas du genre à être touché facilement. A l'accoutumée, je me serais moqué et j'aurais enlevé ma serviette. Mais là, son expression, lui tout entier, me touchent. Je reste groggy quelques secondes avant d'enfin agir. « Et pourquoi t'essaierais pas ? J'te dis, t'es vachement bien foutu, j'en ai déjà vu des plus dégueux. » j'essaie d'être sympa, je me réinvente psychologue. Mais je sais pertinemment que je suis ridicule, que je ne l'aide pas du tout. Cette peur qui le caractérise et l'habite depuis certainement plusieurs années ne risque pas de s'envoler comme ça. Mais, j'insiste tout de même. « On est que tous les deux dans cette salle de bain.. Attends. » je jette ma serviette sur la caméra qui épie nos faits et gestes jusque dans l'endroit le plus intime de notre quotidien. J'en attrape une autre que j'enroule autour de ma taille et je me plante de nouveau près de Raphaël, amusé. « Maintenant, on est vraiment tous les deux. On va s'doucher ? J'ai froid. » en clair, enlève ton boxer Raph, on va sous la douche.

La nudité n'était pas une chose évidente à gérer pour Raphaël. Il n'aimait pas apparaitre nu, ou ne serait-ce que de façon partielle, et n'était pas non plus à l'aise avec la vue du corps de ses semblables. Les choses étaient hélas ainsi, et il n'y pouvait pas grand chose. De toute manière, il était gêné à propos de tout cela depuis bien longtemps. Aussi loin qu'il s'en souvienne, les choses avaient commencé à devenir critiques durant son adolescence. En fait, l'ensemble de ses problèmes étaient devenus particulièrement difficiles à cette époque de sa vie. Et aujourd'hui, il n'avait plus aucun contrôle sur tout cela. Quoi qu'il en soit, avoir à faire à un Arès portant une simple serviette autour de la taille, après avoir aperçu le jeune homme dans son plus simple élément, avait tendance à le gêner terriblement. Il faisait en sorte de détourner le regard, de ne surtout pas se placer dans une situation plus délicate encore en posant ses yeux où que ce soit sur le corps du jeune homme. Quand celui-ci s'adressait à lui, il avait naturellement la politesse de le regarder dans les yeux, mais certainement pas ailleurs. Et puis il s'excusa, s'en voulant naturellement d'être aussi pitoyable, de n'être pas capable de faire suffisamment d'efforts pour prendre sur lui et ne pas avoir l'air profondément faible. Arès n'avait probablement pas idée de combien Raphaël pouvait se mépriser à cet instant précis ... Une chose avait en tout cas tendance à le rassurer partiellement : le fait qu'Arès ne se soit pas encore moqué de lui, de sa gêne, de sa culpabilité, de son corps. Il semblait compréhensif, enclin à tolérer son attitude, ce qui était pour le moins plaisant à constater. Il semblait alors vouloir convaincre Raphaël de laisser tomber ses complexes pour se doucher le plus naturellement du monde, nu donc. Pourtant, cette simple idée lui donnait les larmes aux yeux. Lui, tout nu, dans cette salle de bain, en compagnie d'Arès et sous l'oeil des caméras ... Il n'y survivrait pas. Son camarade lui assura alors qu'ils n'étaient que tous les deux, avant de faire en sorte que ce soit véritablement le cas en masquant la caméra de la pièce avec sa serviette. Raphaël avait beau être un peu plus tranquille, il n'était pas certain de pouvoir véritablement se mettre nu dans la minute. Et pourtant ... « Je ... D'accord » articula-t-il alors difficilement. Puisqu'Arès était compréhensif et qu'il faisait tout pour le mettre à l'aise, disons que Raphaël avait tendance à penser qu'il pouvait bien faire un dernier effort. Alors, tout doucement, il se débarrassa de son boxer. Instantanément, il se mit à rougir. Se retrouver nu devant un jeune homme le perturbait. Cela aurait été pareil, si ce n'est pire, devant une jeune femme. Puisque le fait d'apparaitre nu devant n'importe lequel de ses semblables l'embarrassait terriblement. Il posa un regard perdu sur son camarade, avant d'oser reprendre la parole. « S'il te plait, n'en parle à personne ... Certains candidats pourraient vouloir s'en servir contre moi. » Ou pas, hein. Mais bon, son complexe de persécution reprenait de plus belle, et contre ça non plus, il ne pouvait pas faire grand chose.

Je ne sais pas vraiment ce qui me prends. Je suis comme dans un état second. Je ne me reconnais pas. J'ai cette carapace d'habitude qui m'empêche d'être un mec bien. Qui me force à être une ordure. Et dans ce cas, je me serais moqué de Raphaël. J'en aurais rajouté une couche afin qu'il rougisse encore plus. Pour qu'il se sente encore plus mal. En poussant le vice, j'aurais peut-être même tenté de le faire pleurer. C'est mon côté salaud, sale gosse, connard. Le mot est fort, mais il me caractérise plutôt bien. Je suis un connard, un pauvre mec qui n'a jamais été aimé par ses parents et qui devient exactement comme eux. Je n'aime personne, je ne m'attache à personne. Je n'ai aucune compassion, je suis simplement un pauvre mec qui sort, qui boit, qui baise. Et ça, partout dans le monde. Là, la situation est différente. J'ai l'impression que ma coquille se fissure, que mon mûr s'effondre, que je n'ai plus aucunes défenses. Je suis là, face à un Raphaël pas très rassuré, seulement habillé d'une serviette qui ne cache que ma taille et je me sens compatissant. J'ai pas l'habitude de ressentir ce sentiment et.. ça me fait peur. Je reste impassible, je tente un sourire qui équivaut plutôt à une grimace. Le mec qui a besoin d'aide ici c'est lui, pas moi. Et j'aime pas montrer mes faiblesses. Je veux qu'on pense que je suis un mec dur. Qui n'a aucune faille. Je cache la caméra afin que nous ne soyons plus que tous les deux et je lui prie d'enlever son boxer, dernière partielle de tissus qui le sépare de la totale nudité. J'ai pas peur de le voir nu. Je crains juste sa réaction. « Je ... D'accord » Je ne voudrais pas qu'il se sente obligé. J'ai pas envie de le forcer et le mettre d'autant plus mal à l'aise. Mais, à ma plus grande surprise, il se retrouve nu. Il rougit et je souris, tendrement. Comme si nous étions proches. Comme s'il faisait partie de ma famille et que je tentais tant bien que mal de le materner. « S'il te plait, n'en parle à personne ... Certains candidats pourraient vouloir s'en servir contre moi. » Je secoue la tête de droite à gauche. Habituellement, bien sûr que je me serais empressé de le dire à tous les candidats. J'aurais peut-être même pris une photo pour la mettre sur mon blog. « Certains se sont déjà moqué de toi, ici ? » je demande. Ca m'intéresse au fond. De savoir qui a un coeur encore plus pourri que le mien pour oser s'en prendre à lui. « Ce sont des idiots. Et tu me fous des complexes avec ton corps de beau gosse. » je suis indélicat. Et je m'y prends comme un pieds. J'ai simplement envie de lui faire savoir que son corps est tout à fait normal. Voire même vachement bien fait. Mais, comme à mon habitude, je suis bourru, trop cru, pas assez doux. Je crois.

Bon dieu, heureusement qu'Arès ne s'était pas méchamment mis en tête de faire la misère à Raphaël, parce que celui-ci aurait été bien mal barré. Déjà qu'il venait de céder en se débarrassant de se boxer et en retrouvant ainsi en tenue d'Adam, et que cela n'était pas sans l'embarrasser horriblement, il n'avait clairement pas besoin que son camarade change soudainement de comportement et se mette à rire de lui et de sa gêne. Parce qu'aux yeux de Raphaël, dont la paranoïa n'était plus à prouver, c'était un scénario des plus plausibles. Oui, il imaginait très bien Arès se mettre à se moquer méchamment de lui, lui piquer le boxer qu'il venait tout juste de retirer et dégainer un appareil photo pour le photographier nu comme un ver et ensuite s'arranger pour que tout le monde puisse voir à quoi pouvait bien ressembler le thanatopracteur une fois à poil et débarrassé de ses fringues semblant sortis de la garde-robe de son grand père. Rien qu'à cette idée, il avait envie de fondre en larmes. Parce que s'il subissait véritablement une humiliation, il ne le supporterait pas. Il prenait suffisamment sur lui pour ne pas craquer depuis quelques instants, alors il espérer que son camarade n'aurait pas dans l'idée de briser tout cela en se montrant particulièrement cruel. Mais heureusement, Arès se montra une fois encore tout à fait compréhensif. Il lui adressa même un sourire qui parvint à atténuer légèrement sa gêne. Le fait est que se retrouver nu devant quelqu'un était tout nouveau pour lui. Non pas qu'il dépréciait particulièrement son corps - honnêtement, il s'en fichait éperdument - mais disons qu'il y avait certaines choses qu'il préférait garder pour plus tard, pour quand il aurait éventuellement plus de chance qu'aujourd'hui, pour quand il guérirait et serait plus apte à aller vers les autres et à s'offrir corps et âme à quelqu'un qui ne chercherait pas à le faire souffrir par pur plaisir. Raphaël pria alors son camarade de ne rien répéter de la présente scène à qui que ce soit ici. Ce dernier lui posa alors une question qui le gêna un peu plus. « Moqué, pas exactement. Mais ... certaines attitudes, certaines paroles ... volontaires ou non, ont eu tendance à m'embarrasser et à me faire du mal. » L'on pouvait penser aux paroles de Daphné durant le prime, mais c'était davantage à Zofia et à sa persévérance qu'il faisait ici allusion. Face aux nouvelles paroles d'Arès, Raphaël afficha un sourire crispé. Bon, il était décidément embarrassé. Mais il n'en voulait aucunement à Arès. Après tout, ce dernier essayait de l'aider. « De nous deux, c'est toi qui plais physiquement à Elliot » lâcha-t-il alors, dans un murmure, et très maladroitement. Son regard s'était baissé, mais rassurez-vous, il avait pris la peine de l'orienter de sorte à ce qu'il ne se pose pas à un certain endroit, hm.

Il a l'air si fragile que s'en ai embrassant, même pour moi. Je viens d'un arrondissement de Paris où la différence est proscrite. Où l'on se moque de ceux qui ne nous ressemble pas et où il faut s'efforcer de faire comme tout le monde. J'ai toujours fait comme les plus grand en y ajoutant ma touche personnelle. J'ai fini par dépasser mes maîtres. J'ai toujours dit haïr les règles, ne pas supporter l'autorité mais, dans ce quartier bourgeois, je me suis toujours efforcé de ne pas être différent pour ne pas être mit à l'écart. Raphaël lui est nature, brut. Il est lui. Il ne joue à aucun jeu, se montre sous son vrai jour. C'est cette facette qui me met mal à l'aise. J'ai l'impression d'être un lâche. « Moqué, pas exactement. Mais ... certaines attitudes, certaines paroles ... volontaires ou non, ont eu tendance à m'embarrasser et à me faire du mal. » Voilà peut-être la cause de ma carapace renforcée. Je ne me montre pas sous mon vrai jour pour ne pas qu'on se moque. Je préfère jouer les gros dur, le salaud de service, il paraît que ça plaît, plutôt que le littéraire sensible que je suis réellement. « C'est plus facile de se moquer des faiblesses des autres plutôt que de constater les siennes. » et je parle en connaissance de cause. Mais ça, je me garde bien de le lui dire. Il se déshabille et je souris, à moitié satisfait. Je ne suis pas douer pour les conseil, pour aider, en général. J'essaie du mieux que je peu avec Raphaël sachant pertinemment que ce n'est pas le bon moyen et qu'il se force pour moi. Peut-être parce qu'il ne me connaît pas et qu'il n'ose pas me dire non. Mais je souris, de toute mes dents. Je l'encourage. Il a franchit un pas, je pense. Même si c'est dur pour lui, qu'il a l'air complètement tétanisé au moins, il a osé se mettre à nu devant moi. Je m'apprête à le féliciter maladroitement mais sa voix s'élève et, elle me fait déchanter. « De nous deux, c'est toi qui plais physiquement à Elliot » Je reste ahuris quelques secondes. Quelques longues secondes interminables durant lesquelles je cherche une réponse à cette affirmation qui s'est planté en moi comme un poignard aiguisé. Je ne me suis jamais demandé ce qu'Elliot pouvait bien ressentir à mon égard. En m'embarquant dans Fake Lover, je ne pensais pas discuter de littérature avec quiconque et encore moins jouer au jeu de la séduction. Et je ne sais pas ce qu'il se passe dans ma tête. Je sais juste que dimanche, au prime, je n'ai pas arrêté de l'épiée et qu'elle est restée collée à Raphaël. Et je sais simplement que ça m'a touché, au fond. « Moi parmi tant d'autres.. Elle se fiche de moi, je pense. Tout le monde est à ses pieds. » je réponds simplement tout aussi gêné que mon interlocuteur. Je soupire, doucement et je retourne sous la douche. Je ne peux pas l'affronter plus longtemps, la vérité est déjà assez difficile à encaisser..