Deuxième jour dans le Nid. Je commençais peu à peu à prendre mes marques même si je devais le reconnaître, il m'arrivait encore de m'emmêler les pinceaux avec toutes les pièces de cette immense battisse. Comme à l'accoutumé j'avais fait un tas de choses afin de pas être un seul instant inactive. J'avais fait du sport, j'avais à mon plus grand étonnement fait un peu de rangement, j'avais participé à plusieurs conversations avec divers candidats et là je commençais à trouver le temps loin. C'est pourquoi j'avais commencé à errer dans la maison à la recherche d'une nouvelle tache à effectuer lorsqu'en passant par le salon, j'aperçus un jeune homme seul sur l'un des immenses sofa, il semblait plongé dans son bouquin. Si bien que j'en eus presque des remords à le sortir de là. « Dis moi, qu'est ce qui peut pousser un charmant jeune homme à rester seul depuis si longtemps ... » Je pris place énergiquement sur le canapé me retrouvant tout prêt du jeune homme. Il était mystérieux et ça avait le don d'attiser ma curiosité; je l'avais observé de loin et il avait l'air absent, ailleurs ...

Son ton complétement détaché me laissa un moment perplexe, ses mots contrastaient avec son attitude. J'avais beaucoup de mal à le cerner peut être que j'avais tendance à être trop expressive et que sa réaction était censé si on prenait en compte que nous venions à peine de nous rencontrer lui et moi. Je ne me laissais pas abattre puisque je lui répondit sur le même ton qu'à mon arrivée. « Heureusement que la jeune femme en question n'est pas le genre de fille à attendre que le garçon en question fasse le premier pas. » Ajoutais-je tout en me rendant compte que mon balbutiement ressemblait presque à du charabia tant je m'étais emmêlé les pinceaux à force de parler de moi à la troisième personne. « Oh mais chéri, que c'est mignon ! Maintenant que je suis là rattrapons le temps perdu. » Son revirement de comportement me déconcerta sur le moment puis je m'amusais à jouer le jeu en acceptant sa poignée de main et en me présentant à mon tour. « Enchantée Austin. Sydney ... Simplement Sydney. » A l'entente de non patronyme et de l'accent avec lequel il s'exprimait je ne pus m'empêcher de penser qu'il n'était pas Irlandais. « Aubonne, c'est français ça non ? » Demandais-je forte intéressé par la question, il fallait dire que la France était un pays qui m'avait toujours fascinée mais où je n'avais jamais eu l'occasion d'aller malheureusement.

L'atmosphère semblait plus détendue et ce n'était pas pour me déplaire bien au contraire, j'avais toujours été à l'aise dans tout genre de situation sans jamais me poser de questions quelque conque. Bien entendu parfois la situation réclamait un minimum de retenu dont je savais faire preuve néanmoins dans une situation comme celle-ci il était toujours bon de mettre les personnes l'aise. Austin dégageait quelque chose qui m'attirait vers lui, peut être était-ce sa retenue, sa douceur apparente aux quelles j'avais rarement l'habitude provenant d'un homme, mais cette qualité avait le dont de me rasséréner d'avantage, moi la pile électrique que j'étais en permanence. Son geste lors de ma poignée de main témoignait de sa réserve apparente contrastant avec mon débordement d'affection qui me touchait néanmoins. Son regard pénétrant ne quittait pas le mien, j'aurais détourné le regard pour rien au monde tant ses yeux d'un bleu captivant étaient expressifs à leur manière. Il était bien français. « Malheureusement non, mais j'aimerais tellement, j'en entends tellement de bien. » Répondais-je d'une voix douce, mes yeux s'étaient illuminée à cette simple phrase. La conversation prit une tout autre tournure lorsqu'il usa de ses charmes qui je dois dire fonctionnait à merveille sur moi. « Et bien merci ! » Balbutiais-je je n'étais jamais avare de compliments encore plus lorsqu'ils semblaient sincères et mesurés. « Qu'est ce qui t'as poussé à venir faire une émission en Irlande ? J'imagine qu'il doit bien avoir des équivalents là-bas. » Demandais-je simplement.

La spontanéité transparaissait et c'était d'autant plus agréable puisque ni lui ni moi n'avions d'intentions précises hormis passer un bon moment avec l'autre. Il était clair que la compagnie d'Austin m'était très agréable, même si finalement nous n'avions échangés que quelques phrases, il était le genre de garçon subtil à agir avec classe et réserve, sa réserve apparente en était la preuve flagrante. Consciente de que la conversation risquait de s'éterniser, je décidais de changer de position, j'ôtais mes chaussures puis m'installait un tailleur sur le sofa de manière à faire face au français.

« Paris, c'est juste la ville par excellence, la ville de la mode, de l'amour, des plus grand dramaturges. » Je me prenais à rêver à m'y rendre, une lueur brillait au fond de mes yeux, je devais avoir l'air d'une enfant découvrant les cadeaux au pied du sapin le matin de Noël. « Ce serait avec plaisir, je ne pourrais rêver meilleur guide que toi... » Et meilleur compagnon de voyage, pensais-je, je m'étonnais à ne pas être aussi entreprenante qu'à l'accoutumé. Questions d'anonymat ? J'arquais les sourcils interloqué, il était donc si connu que ça ? Pourtant il était évident que je n'avais jamais vu son joli minois auparavant, je me serais évidement souvenu d'un tel regard. Remarquant sans doute mon interrogation, il commençait ses explications. « Tu es danseur ? J'adore la danse si tu savais. Tu crois que tu pourrais me faire une démonstration un peu plus tard ? Mais non navrée je n'ai jamais entendu parlé de cette compagnie. » J'adorais danser certes mais j'étais novice lorsqu'il s'agissait de danse professionnelle. J'étais attiré par la France et lui par l'Irlande, un joli point commun. « C'est sublime, je te ferais visiter quelques coins mystiques et qui n'apaisaient pas dans les guides touristiques si tu le souhaites. » Puis soudain, je palpais un moment de gêne, c'est là qu'il m'invita à prendre la parole. « Et bien quant à moi je suis bien Irlande, mon patronyme le prouve d'ailleurs bien. » Avouais-je timidement, bien consciente que j'avais omis de le citer. « J'ai grandi dans le comté de Galway au nord ouest du pays, dans un village magnifique mais je vis depuis presque huit ans à Dublin. »

La conversation s'engageait très naturellement entre Austin et moi comme si nous nous connaissions depuis plus années, c'était une sensation étrange mais très agréable. Rien n'était prévu ni de mon côté ni du sien, nous étions tous deux spontanés, si bien que je ne voyais pas le temps passer. Ca faisait peut être une heure, deux heures ou même trente minutes que j'étais en sa compagnie, mais je me sentais bien, apaisé, relaxé et très en confiance.

Ses yeux étaient captivants si bien que je n'avais plus envie de les quitter une seule seconde, son sourire s'accentuait à chaque minute se faisant plus présent, comme si la gêne du départ n'avait jamais existé. Les compliments fusaient de part et d'autre, pourtant rien n'était surfait et il semblait sincère réellement. « C'est parfait alors, le rendez-vous est pris, dès que nous sortons d'ici quoi qu'il arrive, direction Paris, tu es d'accord ? » Je lui souriais, encore et toujours, j'étais vraiment intéressé de découvrir une telle ville avec un tel homme. Il confessa ensuite être un danseur. Je l'écoutais discourir avec plaisir. « La différence c'est d'autant plus intéressant, et puis je suis un peu comme toi, j'ai jamais réellement aimé les étiquettes, c'est stupide et complétement surfait. Pourquoi est-ce qu'un homme devrait aimer le foot et la boxe et les femmes, la danse et la gymnastique c'est complétement ridicule. » Je m'interrompis brusquement lorsque je me rendis compte que je commençais à monopoliser la conversation. J'étais comme ça, lorsque je me sentais bien avec une personne j'avais tendance à ne plus vouloir m'arrêter de parler. « Excuse moi, j'ai tendance à beaucoup trop parler parfois. Ne dis pas des trucs pareils, bien sûr que tu seras encore là la semaine prochaine, avec qui je vais pouvoir passer un agréable moment si tu disparaît, d'autant plus que je serais super frustrée de ne pas t'avoir vu danser une seule fois. Tu voudras bien essayer de m'apprendre quelque trucs d'ailleurs ? » Puis lorsque j'ai bien voulu me taire, il me posa une nouvelle question, concernant le sport. « Oui, j'ai fait du karaté lorsque j'étais adolescente, de la gymnastique à haut niveau aussi, j'ai encore quelques vieux reste d'ailleurs. Je cours dès que je peux, et j'adore nager, finalement j'adore ça. Ah et aussi j'adore regarder les matches de rugby, mais ça c'est sûrement parce que je suis Irlandaise. » ajoutais-je avant de rire à nouveau. Je n'étais pas patriote ou quoi que ce soit mais j'adorais mon pays, les traditions, sortir au pub, aller au matches avec des amis, les choses banales que faisaient les trois quarts des dubliners en somme.

Vint ensuite le moment où je parlais un peu de moi, de mes origines, mon patronyme fut évoqué, il semblait l'intéresser, je décidais de lui avouer alors. « Tu as devant toi, Sydney Siobhan Noreen Mc Loughlin ! Et oui, trois prénoms pour une seule personne. » prononçais-je à demi mot, j'étais la seule de la famille dont le premier prénom n'était pas irlandais et quelque part ça m'ennuyait, le simple fait d'avoir un prénom imprononçable en dehors de mon pays était assez amusant même si pas très pratique au bout du compte, Siobhan par exemple, l'écriture différait tellement de la prononciation que j'aurais bien été curieuse de savoir comme lui l'aurait prononcé. Bref, peut être que je lui ferais passer le test une autre fois. Ce fut à son tour de me demander pourquoi j'avais tenté l'émission. Je m'arrêtais un instant, réfléchissant à la meilleure manière de lui présenter les choses sans l'effrayer. « Clairement pas pour la partie, recherche de l'amour du jeu. Tu le découvriras sûrement bien assez tôt mais je suis une grande compétitive dans l'âme et très joueuse, j'adore relever les défis et je pense que celui-ci en est un de taille. Tenter une nouvelle expérience, également. »

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