janka

Vendredi soir. Vendredi soir dans un lieu totalement paumé. La sainte paix, qu’on pourrait dire. Pas de sortie dans les bars qui ne finissent plus. Pas de filles complètement saoules qui se pendent à ma chemise dans un geste désespéré. Pas de connard qui se pensent mes amis et qui prennent de la poudre pour oublier leur mal de vivre et leur fausse célébrité. Pas de L.A. Non, rien de ça. Et ça fait du bien, comme ça fait du bien. Ce n’est par contre pas parce que je suis dans un village perdu en Provence que je dois pour autant ne rien faire. J’ai remarqué le bistrot, j’y ai même été faire un tour au début de la semaine. Je crois que je me suis automatiquement approprié l’endroit. C’est vieux, rustique, vintage. Je ne saurais comment qualifier exactement, mais j’aime ça. Je suis surpris en entrant dans la place qu’elle soit complètement vide en cette soirée. Les gens ici ne boivent pas ? Ils ne sont pas des gens de partys ? Pas que je le suis extrêmement moi-même, enfin, je l’ai déjà été plus, dans ma jeunesse, en tourné surtout, mais tout de même. Le vendredi, c’est fait pour prendre un bon coup. Je me dirige donc derrière le bar, un sourire amusé sur le visage, alors que je m’attarde sur quelques bouteilles, regardant l’année, la provenance, la sorte. Y’a des bons trucs, pas tous dans mes goûts, mais plusieurs oui. La porte s’ouvre et laisse entrer une demoiselle au prénom de Janka. Je sais pas, je l’ai retenu au hasard, sans vraiment lui avoir parlé. Je l’ai entendu de la bouche de quelqu’un et j’ai associé son visage à ce prénom. Je dépose un linge sur mon épaule, me donnant des airs de barman. « Je vous serre quelque chose, mademoiselle ? » dis-je légèrement charmeur, bien dans mon rôle. Elle n’a pas l’air du genre de fille qui va entrer dans mon délire par contre. Je m’en fou légèrement. Je suis venu ici pour me détendre se soir, pas pour me casser la tête. « Je suis plutôt doué, je peux vous concocter tout ce que vous désirez… » Je baisse les yeux alors que je suis entrain de me faire un gin tonic, tout simple. Je prends une gorgée, m’accoudant contre le bar, attendant qu’elle se manifeste.

Un verre, un verre, j'ai besoin d'un verre. Que je me répète machinalement dans ma tête alors que je range du linge propre depuis longtemps et en boule depuis bien trop longtemps. Je le range sans vraiment le plier comme il se doit, ça me barbe et habituellement je trouve toujours quelqu'un pour le faire à ma place. Je pense que je si je demande à Asmaa, mon petit Bambi j'aurais peut être une chance.. et encore ça dépend de son état. Pour l'instant j'en ai marre et j'ai vraiment besoin de boire un verre, de la vodka de préférence. Je finis par capituler et laisse plus de la moitié de mon linge au pied de ma penderie en boule dégoulinant de tous les tiroirs. C'est de l'art, je vais devenir riche, à moins que je ne le sois déjà ? Ah oui c'est vrai. Je jette un dernier coup d’œil à cette penderie avant de m'enfuir dans un petit rire. J'attrape au passage ma veste et je me tire de cette baraque pour aller faire un petit tours au bistrot d'un pas presque enjoué. J'ai surtout hâte d'anesthésié tout souvenir de cet endroit à coup de shoot de vodka. Je pousse la porte qui tinte sur mon passage et je remarque immédiatement que quelque chose ne va pas. Dans mon truc je suis censée être.. seule avec madame vodka. Alors pourquoi y a un barman ? Ah non... c'est William. Oui imaginez que je dis son prénom d'une manière très très suave. C'est comme ça que toute les californiennes le disent si j'ai bien compris le délire. Ce mec vend des millions de disque pour chanter des trucs à faire mouiller la culotte de ta grand mère, va comprendre. Pourquoi vendre quelque chose de bien quand on peu vendre de la merde hein ? Oui on se le demande. Je juge sans connaître, j'en ai conscience.  « Je vous serre quelque chose, mademoiselle ? »  Je souris vaguement en m'avançant d'un pas léger. « Il paraît que dans le pays où on est y a plus de mademoiselle qui tienne. » je lui informe évasive, je connais pas toutes les histoires de la France, mais j'ai cru lire ça quelque part, lors d'un séjour à Paris. Ou plutôt on a du me le lire, parce que moi et le français...  « Je suis plutôt doué, je peux vous concocter tout ce que vous désirez… » qu'il me dit en buvant son breuvage. Je m'avance et laisse mes coudes s’entrechoquer avec le bois du bar. « Les vrais barmans, ne demandent pas. Les rais barman font devine la boisson de mes rêves. Alors si t'es doué, devine. » je lui dis sans le quitter du regard un fin sourire se dessinant sur mes lèvres.

« Il paraît que dans le pays où on est y a plus de mademoiselle qui tienne. » Je la regarde, intrigué. Et bien, elle m’en apprend une bonne en ce moment. Non mais sérieusement, je m’en fou complètement, que ça se dise ou non en France, en Chine ou en Russie. Je disais ça pour être charmant. En même temps, je ne le perçois pas comme un reproche, ça serait con qu’elle me reproche d’employer ce terme. « Et bien aux États-Unis, on le dit encore. » dis-je en lui lançant un clin d’œil. Voilà, y’en a plus de problème. Pas qu’il y en avait réellement un avant non plus. Je prends une première gorgée de mon verre, puis une deuxième quelques secondes après. Je lui demande ce qu’elle désire boire, parce que j’imagine qu’elle n’est pas venue ici pour jouer aux fléchettes. Enfin, peut-être que oui aussi, je sais pas, je connais rien d’elle. « Les vrais barmans, ne demandent pas. Les rais barman font devine la boisson de mes rêves. Alors si t'es doué, devine. » Elle me fait sourire encore plus là. Non mais le pire, c’est qu’elle a raison, en partie. Faudrait que j’en sache un peu plus sur elle pour réellement choisir le meilleur drink. Mais comme je ne connais rien de Janka, il est particulièrement difficile de savoir ce qu’elle aime ou non. Mais je ne vais pas perdre la face et lui dire que je suis incapable d’effectuer une telle demande. Non, se serait mal me connaitre. Je ne réponds donc absolument rien, ne tournant pour lui faire dos et regarder ce qu’il y a dans ce bar. J’ai une idée en tête, mais ça demande toute même plusieurs trucs. Je ne fais plus attention à Janka derrière moi, un sourire satisfait sur mes lèvres, je m’empare des bouteilles dont j’ai besoin, prenant quelques verres à shooter et un verre un peu plus grand. « T’es certaine d’être prête pour ça ? » demandais-je, alors qu’elle ne sait surement pas ce que je m’apprête à faire. Des roulettes russes, voilà ce que je vais faire. Aucun lien avec ce jeu morbide qui captive l’attention des dérangés. Non, je parle du drink, ou plutôt d’un shot. C’est le genre de truc qu’on boit quand la soirée est avancée. C’est fort, mais sucré. Et assez impressionnant. Je m’installe donc, versant d’abord le Galliano dans les petits verres, puis la vodka, ajoutant des tranches de citron et du sucre sur le dessus. Puis, dans le plus grand verre, je verse une grande quantité de sambuca, sortant ensuite mon briquet de mon jeans. C’est là que les choses se corsent. C’est alors que j’allume le feu et fait flamber la sambouca, laissant un rire s’échapper de mes lèvres, versant le contenue intégrale sur les petits verres déjà remplies à moitié. ( voir le vidéo pour comprendre ) Le bar semble être en feu, mais pas de panique, cela va s’éteindre sans problème. Assez fière du résultat, je plante mon regard dans celui de Janka, en haussant un sourcil. « Alors, tu te risques à goûter ? » demandais-je toujours en souriant de la même façon. « Je vais t’accompagner ! » Je prend un shooter, le feu étant maintenant étant. « À Fake Lover ! Et à ton drink de rêve… ! » Ça c’est pas encore dit, mais elle ne peut pas ne pas aimer. Impossible.

Je suis une chieuse, peu importe qui je suis.. je reste une chieuse. J'aurais pu me sentir extrêmement flatté de voir un barman rien que pour moi prêt à me servir n'importe quoi. Mais je trouve ça cliché, je trouve ça tellement américain. Au final ça lui va bien. Je lui signifie que le mademoiselle ici n'a plus aucune existence juste pour qu'il le sache pas pour qu'il m'appelle madame. C'est bien de se renseigner sur le pays dans lequel on est non ? « Et bien aux États-Unis, on le dit encore. »  J'imagine. « En Pologne aussi. » Je lui rétorque rapidement. Ce n'était pas une critique de ma part mais je suis habitué à ce que tout ce qui sorte de ma bouche ici soit vu comme une simple critique, quelque chose à ne pas dire.. oh non jamais. Ça me fait bien rire. Ils se sont tous fait une idée sur ma personne si bien que lorsque je rencontre quelqu'un pour la première fois, parce que ça arrive encore y a plein de gens à qui j'ai pas parlé, soit je les sens effrayé, soit peiné, soit dubitatif... Ils sont pas capable de laisser de coté ce qu'ils ont pu entendre pour se faire une opinion propre sur ma personne. Je ne sais pas si c'est le cas de monsieur William mais je le sens tout de même en retenu c'est peut être pour une autre raison. Il me propose de me faire un verre, celui que je désire.. sauf que ça ne marche pas comme ça. Je préfère qu'il tente de deviner ce qui me ferait envi là tout de suite plutôt que de lui donné tout cru dans la bouche. C'est pas difficile je ne jure que par un seul alcool, on est polonaise ou on l'est pas. L'idée ne semble pas lui déplaire parce qu'il s’attelle à la tache immédiatement. « T’es certaine d’être prête pour ça ? » me dit-il après avoir aligné des shooter et un autre verre. « Je n'ai peur de rien. » je lui rétorque mystérieuse. Je ne vois pas encore ce qu'il compte me faire à boire ce que je comprends c'est qu'il compte me saouler, j'avais demandé un verre pas dix. Ah VODKA ! Ça c'est bien. Je souris lorsqu'il verse le liquide. Ah je vois où il veut en venir j'ai déjà vu quelqu'un faire cette chose. Et je dois dire que ça m'a toujours fasciné, le feu me fascine de toute manière. J'affiche un regard satisfait lorsque je bar 'prend' feu. Lui semble bien content de son truc, peu être un peu trop même. « Alors, tu te risques à goûter ? »  J'ai l'air d'une petite fille comme ça mais sache mon William que j'ai ai juste l'air.. « Je vais t’accompagner ! » Je me saisis d'un verre en même temps que lui sans dire un mot.  « À Fake Lover ! Et à ton drink de rêve… ! » Dit-il pour trinquer. Je lève mon verre en même temps que lui et ingurgite le liquide d'une traite, j'aime ça. Je pose mon verre pas vraiment remué part le goût fort de l'alcool, la vodka je la bois pure depuis trop longtemps pour que ça me fasse encore quelque chose. Je ramène un autre shooter vers moi. « Riche, beau, célèbre.. tu viens cherché quoi ici ? » moi je ne cherche rien de tout ça, mais je ne suis pas comme tout le monde alors que lui me semble d'une banalité à vous faire pleurer.

Elle m’indique qu’en Pologne aussi ils disent encore mademoiselle. Tant mieux. J’en déduis donc de cette réplique qu’elle est d’origine polonaise. Ouais, je suis intelligent comme ça moi, géniale. Je pourrais très bien lui faire un commentaire à propos de ses origines, ou lui poser quelques questions, parce que ça pourrait m’intéresser, mais je préfère ne pas le faire. Je ne connais rien de cette jeune femme, absolument rien sauf son prénom, mais j’ai comme l’impression qu’elle n’est pas comme les autres. Ça se voit dans son regard, dans sa manière d’être. Dans son aura peut-être. Je me demande si c’est un genre qu’elle se donne, ou c’est naturel, chez elle. Je n’arrive pas à le percevoir, mais elle m’intrigue. Et alors que je prépare les shooters, je ne peux m’empêcher de lui lancer quelques regards, de lever les yeux discrètement pour percevoir les émotions qu’elle émet sur son visage. Il n’y en a pas beaucoup, mais je capte son sourire, mais aussi la satisfaction qui se dessine sur ses traits. Surtout lorsque je mets le feu à l’alcool. De toute façon, elle venait de m’avertir, elle n’avait peur de rien. Ce qui était une bonne chose. J’aimerais pouvoir en dire autant, mais ce n’est pas le cas, même si à aucun moment, dans ma vie, je démontre avoir peur de quelques choses. Les apparences sont beaucoup plus importantes pour moi que je ne le voudrais, malheureusement. Je saisi au même moment qu’elle un des petits verres, buvant son contenu sans grimacer, raccrochant mon regard à celui de Janka aussitôt, souriant de nouveau. « Alors, t’aimes ? » Je demande, mais je suis certain qu’elle a aimé. Trop de confiance en moi ? Peut-être, et alors. Je prends immédiatement un deuxième verre alors qu’elle en fait de même, le callant sur le coup. C’est fort, mais ça va m’en prendre beaucoup plus que ça pour ne ressentir qu’un semblant d’effet sur mon corps et ma pensé. « Riche, beau, célèbre.. tu viens cherché quoi ici ? » Je m’accoude au bar, me penchant un peu plus vers elle sans pour autant garder une certaine distance. Ils vont tous me demander la même chose l’un après l’autre. Je le savais que ça arriverait, mais ça devient un peu lassant à la fin. Mais je ne bronche pas, je ne ferai aucun commentaire déplacé. « La paix. » dis-je plutôt sérieux, malgré le sourire qui se dessine sur mes lèvres. « Je viens chercher la paix, une bonne fois pour toute. » Et je dis la vérité, aussi ironique que cela peut sonner. Elle va me croire ? Je sais pas, je m’en fous un peu dans le fond. Je prends un autre verre, ne le buvant pas immédiatement cette fois. « Et toi ? » Je ne sais pas si elle va me répondre. J’aimerais bien une réponse franche, après tout, je le suis moi. « Tu joues un jeu, ou tu es toi-même, en ce moment ? » Je demande, je ne vois pas pourquoi je me gênerais, dans le fond.