Je crois que j'étais endormi depuis maintenant bien quelques heures. Oui, j'avais choisi de me poser là, simplement pour écouter le vent murmure à mon oreille, que tout allait bien, que je pouvais tomber dans ses bras sans que danger ne se pointe. Non, je ne savais plus depuis combien de temps je dormais, je ne savais même plus réellement où je me situais, âme à la dérive, cherchant du réconfort dans ses propres rêves qui la ramenaient que bien trop souvent à cette réalité quelle cherchait à fuir. On racontait que les rêves n'étaient que des bouts de nous, rassemblés en une suite illogique, une image, une fraction de seconde. Ma tante lors d'une sortie astrale en avait l'expérience, se recalant mal dans son corps, elle était finalement arrivée dans celui de son mari, encore endormi. Les rêves avaient alors défilés sous ses yeux, sans qu'elle ne puisse y comprendre quelque chose, avant de finalement être ramenée après quelques secondes dans son propre corps. Les sorties astrales, ces fameuses vies parallèles, êtres supérieurs, de lumières comme de ténèbres. Âme vengeresse et pure, pleins de choses qui dépassaient encore les lois humaines, nos simples existences. Alors je m'étais prêté à l'expérience, une fois, deux fois, projetant mon âme au dessus de mon corps. Vous savez, cela vous arrive après une longue concentration, j'avais même le droit à des cassettes soporifiques, pour m'aider dans ma quête. Mais dans quel but ? Faire cela ne mène à rien, sans compter les risques de rencontrer des êtres maléfiques, ou de briser le lien avec votre corps, voire être possédé. C'était stupide, alors j'avais arrêté. Et c'est sur un de ces rêves, retraçant ma jeunesse, mes expériences que je m'étais finalement réveillé, en un sursaut, regard encore embrumé, avant que je ne discerne les trais d'Elliot, assise, lisant. « T'es là depuis longtemps ? » murmurais-je d'une voix encore cassée.

Je venais de me réveiller, échappant à un rêve qui me dépassait complètement. Rêver d'une sortie astrale était vraiment quelque chose de particulier. Quoi que, je l'avais peut-être vécue sur le moment, allez savoir. J'en perdais la notion totale du temps. Ainsi j'avais demandé à la jeune femme depuis combien de temps elle se tenait là, pensant que je n'étais ici que depuis une petite heure alors que cela devait bien en faire deux voire trois. Ou pas en fait, j'en savais strictement rien « Je dirai une bonne dizaine de minute. » j'hausse légèrement le menton, comme pour lui signaler que j'ai bel et bien reçu l'information avant que celle ci ne reprenne. « Je ne voulais pas te réveiller, désolée. » mes yeux se posent un instant dans les siens, alors quelle laisser une page de son livre se tourner. « Ce n'est rien, je ne pense de toute façon pas que tu m'ais dérangé en quoi que ce soit. » j'esquisse un léger sourire alors que je sens son regard me bruler la peau, détaillant mes tatouages un à un avant de remonter jusqu'à mon regard. C'est fou comme ils peuvent intriguer la plupart des gens que je croise. Certains cherchent parfois à en deviner leurs significations, d'autres ne s'arrêtent qu'au côté visuel qu'ils renvoient. « Jolis. » je ne réponds pas. Non pas que cela ne m'intéresse pas, non, tout simplement parce que je n'ai rien à répondre. Ils sont une partie de moi, tout simplement. Alors, je me redresse légèrement, me tenant maintenant assis, relevant les manches de ma chemise en jean, jusqu'à ce qu'elles arrivent aux alentours de mes coudes. « Tu rêvais de quoi, Lulu ? » ce qui est étrange, c'est que la plupart de mes rêves s'effacent, d'autres restent. Celui ci, par exemple, me semblait clair comme de l'eau de roche. Peut-être parce qu'il n'en était justement pas un. Alors, mes lèvres s'ouvrirent, restant en suspend pendant quelques secondes avant de finalement choisir de changer cette dernière question, comme à mon habitude. « As-tu déjà fait une sortie astrale ? »