Les réveils au sein du nid étaient compliqués et celui-ci ne faisait donc pas exception à la règle. Carmen dormait très mal et pourtant, elle n'avait jamais eu l'occasion de réellement bien dormir, les matelas que ses parents se permettaient d'acheter étant bourrés de ressorts et bien trop fins. Seulement, dormir avec Nadan n'était pas chose facile et il était clair que tous les deux ne sortaient pas du même monde. Habituée à un petit lit un place (aujourd'hui encore) l'italienne dormait au bord du matelas tandis que son riche partenaire lui – certainement habitué à de grands lits dix places – s'étendait de tout son long et Dieu seul savait à quel point il était grand. Mine dans désastreuse, cheveux en pagaille, c'est avec difficulté que la blondinette se leva ce matin, des cernes de trois kilomètres de long pendouillant sous ses billes bleues pour se diriger à la salle de bain. Pas question que quelqu'un ne la voit comme ça, la blondinette fila précipitamment sous la douche, évitant soigneusement par la même occasion tous les miroirs présents et les caméras. Elle se délesta de sa chemise de nuit et se détendit sous une douche brûlante, s'imaginant comme à la maison. Le chaud permit à ses muscles de reprendre leurs formes initiale, écrasés sous le poids d'un Nadan peut-être six fois plus gros qu'elle et c'est avec une mine bien plus joyeuse qu'elle sortit de là, presque rayonnante et surtout, nue. Comme à la maison, oui. Certaine d'être seule et de le rester et très peu encline à la pudeur. Elle accueillit d'ailleurs la candidate qui se présenta avec un large sourire et un haussement d'épaules adorables. « Bien dormi ? » bien que la réponse ne lui importe peu, Carmen se voulait de bonne humeur et bien plus prompte à engager une quelconque conversation maintenant que quelques minutes auparavant. Nullement dérangée par sa nudité – les filles se ressemblant à peu près toutes non ? – Carmen se dirigea jusqu'au lavabo et entreprit de se maquiller dignement. Un maquillage bien fait valant toutes les tenues du monde. « Moi c'est Carmen au fait et.. BORDEL j'adore ton collier » s'écria-t-elle non sans une once d'accent ensoleillé italien dans la voix.

Elle en faisait un de bordel tous les matins avec tous ces allers-retours. C'était du grand n'importe quoi. Du Enora tout craché, en fait. En se levant ce matin - bon, c'était il y a une heure, en fait -, elle avait tout d'abord été prendre sa douche. Très important. Elle avait profité que personne - ou presque - n'ait pris d’assaut la salle de bain. Parce que, bon, même si elle était spacieuse, et pouvait contenir pas mal des candidats présents en même temps, un peu d'intimité ne faisait jamais de mal. Ouais, voilà. Sa douche prise, elle s'était ensuite rendue dans la chambre qu'elle occupait, serviette autour d'elle afin de s'habiller. Elle avait mit au moins dix minutes, à choisir ces vêtements ce matin. Très réveillée la jeune femme, très. Puis, finalement, elle était partie vers la cuisine. Pour manger. Parce que mine de rien, au bout d'un moment, elle eût faim. Juste, comme ça, d'un seul coup. Bon, je ne vous étonnerais pas si je vous dis que, avant d'aller dans la cuisine, elle était repassée par la salle de bain pour poser sa serviette ? Bien sûr que non. Et puis, enfin. La revoilà. Une fois de plus, dans la salle de bain. Pour faire quoi maintenant ? Se maquiller. Ben ouais, quand même. Ouais, enfin, limite, elle mettrait juste un petit coup de crayon et puis, ce serait terminé quoi. En entrant dans la salle de bain, elle aperçut une autre candidate se baladant à poil dans la salle de bain. Ouais, c'était à peu près cela. « Bien dormi ? » Un large sourire aux lèvres, la jeune femme hocha la tête, histoire de répondre à sa camarade. « Moi c'est Carmen au fait et.. BORDEL j'adore ton collier ». Wow, quel enthousiasme ! Instinctivement, la blonde porta sa main à son cou, la posant sur son collier tandis qu'elle venait de baisser la tête afin de regarder. « Hm, merci. » répondit-elle, un sourire aux lèvres. Puis, la belle s'avança vers l'un des miroirs, rapidement. « Oh, pardon ! Je m'appelle Enora au fait. » Elle s'était présentée, autant faire de même, histoire d'être polie. « Et tu as bien dormi, toi, sinon ? » Question de politesse, une fois encore.

C'était là le témoignage d'une bonne humeur dont Carmen espérait ne pas se débarrasser aussi aisément qu'elle n'était apparue. Enjouée et toujours nu comme un vers, elle imagina l'effet que son corps entier pouvait faire si jamais elle ne revêtait rien d'autre que le collier divin que portait à cet instant son interlocutrice.. Enora. Fureur, certainement, consciente des courbes avantageuses que formaient son corps gracile et sa peau laiteuse. Une parfaite harmonie ne reflétant pas réellement le soleil d'Italie mais qui faisait quand même son effet selon elle. « Oh non ne t'excuse pas par pitié » s'écria-t-elle un précipitamment, enfilant par la même occasion un string en dentelle blanc et son soutient-gorge assortit. « Les gens s'excusent trop facilement de nos jours, je trouve » admit elle, un demi sourire aux lèvres. S'excuser pour tout, s'excuser pour rien. Désormais l’appellation être désolé se retrouvait partout et souvent pour pas grand chose, ce que déplorait la jeune Carmen, d'ailleurs. Cette remarque avait été une simple constatation, un simple ressentit qu'elle voulu partager afin de voir et savoir si Enora ressentait cela aussi. Simplement de quoi engager la conversation, en somme. Rien de plus. « C'est un joli prénom, il sonne italien. » dit-elle, fière de ses origines, fière de son pays. Carmen se révélait être une conservatrice, très encline à cette Italie qui l'avait vu naître pauvre, grandir pauvre et qui la verrait certainement mourir de la même façon. Accrochée aux valeurs italiennes, aux mœurs de ce pays qu'elle considérait comme le plus beau du monde. Si elle avait bien dormi ? A en croire cette question, la jeune blonde n'était pas plus inspirée qu'elle concernant une conversation quelconque. Un adorable petit rire s'échappa de ses lèvres encore blanches mais bientôt carmin – l'italienne ne se séparant jamais de son rouge à lèvre. « En fait, pas tellement. Nadan est adorable mais il tient beaucoup, beaucoup de place. » avoua-t-elle sur le ton de la confidence, un peu forcée néanmoins.

« Oh non ne t'excuse pas par pitié » s'était rapidement écrié la blonde après qu'Enora se soit présentée, le tout avant d'ajouter : « Les gens s'excusent trop facilement de nos jours, je trouve ». D'un côté, elle n'avait pas tord. C'est vraie que, de nos jours, chacun s'excusait pour un peu tout et n'importe quoi. Mais bon, c'était souvent une histoire de politesse. Enfin, quelque chose du genre, quoi. Même si, au fond, le sens en était presque détourné. Presque. La jeune femme se contenta d'hausser les épaules, légèrement. « Ouais, sans doute. » lui répondit-elle. « Disons que je ne fais même plus gaffe, quand ça arrive, c'est limite devenu comme un geste naturel. » Bon, ce n'était certes pas la comparaison de l'année mais sa camarade comprendrait certainement ce qu'elle voulait raconter. Pas vrai ? Et puis bon, d'un côté, la belle préférait s'excuser pour un rien plutôt que de passer pour une malpolie. Ouais, elle voyait les choses comme ça, elle. Finalement, la jeune blonde changea de sujet. « C'est un joli prénom, il sonne italien. » Enora arqua un sourcil quelques instants, tout en souriant. Son prénom, sonnant italien ? Ouais, bon, si elle voulait, après tout. « Italien ? Tu trouves ? » Non, parce qu'elle avait toujours entendu que son prénom était plutôt Breton ou d'origine Irlandaise, vous comprenez. Donc, ouais, Italien, c'était une première. A moins qu'elle n'avait pas du tout compris ce que voulait dire sa camarade. Ce qui était une possibilité tout à fait probable aussi. « Dois-je en conclure que tu viens d'Italie ? » demanda t-elle au hasard, en ouvrant le tube de son rouge à lèvres. Et puis, finalement, Enora avait terminé par lui demandé, à son tour, si elle avait bien dormi la nuit dernière. « En fait, pas tellement. Nadan est adorable mais il tient beaucoup, beaucoup de place. » « Ah, c'est pas cool, ça. » La jeune femme tira une petit grimace, en signe de compassion. « Bon, au moins, si tu t'entends bien avec lui, c'est déjà ça de gagné. » lança t-elle, un petit sourire sur le visage. Parce que, bon, il aurait pu prendre toute la place dans le lit et être aussi désagréable. Et ouais !