Emilien venait de se lever. Tout en douceur, pour ne pas la réveiller. Pour ne pas réveiller, Emmeline. Un petit sourire se dessina sur les lèvres d’Emilien lorsqu’il remarqua qu’elle dormait encore. Il avait même pris le temps de la recouvrir de la couverture, au cas où elle aurait un peu froid. Emilien était au petit soin avec elle. Elle était sa partenaire, il se devait de bien s’occuper d’elle, n’est-ce pas ? C’était un peu son rôle, non ? Alors à peine réveillé, et encore dans les bras de Morphée qui semblait ne pas vouloir qu’Emilien ne la quitte, il décida de prendre la direction de la douche. Une douche lui fera le plus grand bien. Puis peut-être que comme cela, Morphée le laissera tranquille. Il n’avait plus envie de dormir lui, il ne voulait pas rester au lit. C’était donc presque déterminé qu’il allait dans la salle de bain. Endroit qui était sans vie, à sa plus grande surprise. Non pas qu’il aimait la compagnie de personnes pendant sa douche… Bien au contraire. Emilien préférait être seul. Au moins, il n’avait pas une énième paire d’yeux qui pouvait le regarder à tout moment. Il prit alors sa serviette qu’il déposa dans un coin. Il enleva son tee-shirt et le jeta non loin de sa serviette. Et ce fut à ce moment précis qu’une personne décida d’entrer dans la salle de bain. Ah non. Il ne pourrait donc jamais prendre une douche seul ? Ce n’était pas possible, ici ? Emilien finit alors par se tourner en direction de cette nouvelle venue. A sa plus grande surprise, il découvrit que ce n’était autre qu’Emmeline. Elle venait de se réveiller. Il espérait que ce n’était pas de sa faute si elle s’était réveillée. Il avait pourtant essayé d’être le plus discret possible pour ne pas la déranger dans son sommeil. A croire que ses efforts étaient vains. Elle vint finalement à sa hauteur pour le saluer et l’embrasser. C’était leur routine quotidienne, ça. Tous les matins, leurs petits bisous. Elle lui demanda alors s’il avait bien dormi. « Oui, et toi ? lui répondit-il très brièvement. J’espère que je ne t’ai pas réveillé quand je me suis levé ! ». C’était inévitable. Emilien était obligé de lui faire part de sa crainte. Petite crainte, certes. Il ne pouvait pas s’en empêcher. Elle avait d’ailleurs l’air enjouée. Bien plus que d’habitude. Que lui était-il arrivé pendant la nuit ? Elle avait peut-être fait un rêve qui l’avait rendu de bonne humeur. Oui, c’était fort possible. « Je peux baisser un peu le volume sonore, si tu veux ! ». C’est vrai qu’elle était quand même qu’elle était vraiment de très bonne humeur, ce matin. Un contraste, avec Emilien qui semblait avoir encore un peu de mal à émerger. Il finit par faire un léger non de la tête, avant de reprendre ce qu’il était entrain de faire… se mettre nu. Enfin, maintenant qu’Emmeline était là, était-ce une bonne idée ? En y réfléchissant, des paires de fesses, elle avait sûrement dû en voir dans sa vie. Enfin, pas celles d’Emilien. Ce dernier mit un certain temps avant de se décider. Il choisit finalement d’enlever son boxer et de se cacher sous la douche. Priant juste qu’elle n’est pas la curiosité de ne pas venir le voir.

Un petit sourire de satisfaction s’esquissa sur les lèvres d’Emilien lorsqu’elle lui dit qu’il ne l’avait pas réveillé. Ouf. Le voilà donc rassuré. Lui qui avait eu si peur que ce soit de sa faute si elle était debout, surtout qu’elle dormait si bien. Comme un bébé. Il s’en serait voulu si elle lui avait dit qu’il l’avait réveillé. Oui, il s’en serait vraiment voulu. Emilien profita qu’Emmeline ait justement le dos légèrement tourné, occupée à faire autre chose que de le regarder, pour finir de se déshabiller. Il n’allait quand même pas se mettre tout nu sous les yeux innocents de sa partenaire. Une fois débarrassé de son boxer qu’il jeta à la va-vite, il courut se cacher sous la douche. Comme si Emmeline ne le pourrait pas le voir de là où il était. En fait tout le monde pouvait le voir. Même les caméras. Ces foutues caméras. Ils ne les aimaient pas. Ils les détestaient, les maudissaient. Emilien fit couler l’eau, avant de se mettre sous le jet, quelques secondes après. Il passa ses mains dans ses cheveux qui lui cachaient les yeux. A la mélodie de l’eau venait se mêler la voix d’Emmeline. Il ne fallait pas vous rappeler à quel point, elle aimait parler. Oui, elle était bavarde quand même. Mais ça, Emilien l’avait remarqué depuis le premier soir. « Tu as prévu de faire quelque chose en particulier aujourd'hui ? » lui demanda-t-elle. Avec l’eau, il avait un peu de mal à entendre avec précision ce qu’elle lui disait alors. Il fronça légèrement du nez, avant de sortir légèrement la tête. « Hein ? » commença par dire le jeune garçon. Il tourna brièvement la tête. Ouf, elle était encore devant le lavabo. Elle lui demandait s’il avait quelque chose de prévu pour cette journée qui allait s’entamer. Emilien ne programmait jamais rien. Sûrement parce qu’il savait qu’il ne suivrait jamais son programme. Il aimait faire en fonction de ses envies du moment. Des envies qui changeaient souvent. Puis, il n’aimait pas cela devoir tout prévoir à l’avance. Il n’aimait pas du tout. Puis, il paraitrait qu’Emilien était chiant à mourir. Ouais, c’était ce qu’une des présentatrices avait dit lors du dernier prime. « Ouais, j’avais pensé qu’on pouvait se refaire un billard ensemble ! » dit-il en haussant la voix afin qu’Emmeline puisse l’entendre. Il poursuivit par un petit rire sourd, que sa partenaire ne devait sûrement pas percevoir. Il disait cela pour la taquiner. Evidemment qu’il n’avait pas prévu de faire un billard. Il n’aimait pas ce jeu. Il le trouvait idiot, ce jeu.

La réaction d’Emmeline ne se fit pas attendre. Et il aurait même pu mettre sa main à couper qu’elle répondrait cela… Enfin non. Il ne la mettrait pas à couper évidemment, c’est une façon de parler. Lorsqu’elle lui demanda s’il était sérieux. Il tenta de s’éclaircir la voix, et de contenir son rire. « J’ai une tête à plaisanter ? » rétorqua-t-il. Bien entendu qu’il était sérieux. Pour qui le prenait-elle ? Il aimait ça, lui, les jeux. Il adorait ça, il en était friand, et il avait bien envie de gagner une nouvelle fois face à Emmeline. Mettre en jeu un nouveau gage et gagner. Il aimait ça. Faux. Tout cela était faux. Il n’aimait pas ce jeu, et il n’était pas sérieux. Il plaisantait. « Tu as déjà risqué ta vie une semaine en me laissant cuisiner pour toi, crois-moi, tu ne veux pas que ça recommence ! ». Elle n’avait pas tort. Mais c’était peut-être moins risqué que ce soit Emmeline derrière les fourneaux qu’Emilien. Et malgré les dires de sa partenaire, il fallait croire qu’au fil de ce jeu, il se découvrait un talent d’aventurier. Enfin… il ne faut pas pousser le bouchon un peu trop loin non plus. Emmeline lui proposa alors de faire quelque chose de moins risquée. Peut-être qu’ils éviteraient de mettre en jeu leur santé, voire leur vie. Elle était plutôt pas mal cette proposition même. « Bonne idée » dit-il alors. « Et que proposes-tu ? ». Oui, parce que ce n’était pas vraiment à Emilien qu’il fallait demander ce genre de truc. Il lui arrivait parfois d’avoir des idées, mais ce n’était pas souvent. Il aurait pu lui proposer d’aller dans le salon après leur petit-déjeuner pour jouer un peu de musique. Enfin est-ce qu’Emmeline savait jouer de la musique ? Au pire, il devait bien y avoir un triangle qui trainait quelque part dans le chalet. C’était une bonne idée, ça ? Non ? Peut-être pas en y réfléchissant. Emilien, toujours sous la douche, tendit son bras, tentant vainement d’attraper son flacon de gel douche qui trainait. Il mit un peu de savon au creux de sa main et l’étala sur tout son corps. Il vit alors Emmeline s’approcher. Elle devait compter prendre sa douche elle aussi. Enfin… pas en même temps qu’Emilien, rassurez-le ?

Il était certain qu’Emmeline aurait une bonne idée. Elle devait déborder d’imagination et de création. C’est alors qu’elle lui proposa l’idée d’un château de cartes. Un concours de château de cartes, ça pourrait être intéressant, non ? Le premier qui réussit à construire son château sans faire tomber une seule carte gagnait. Chacun pouvait trouver une technique pour déconcentrer l’autre et le faire perdre. C’était drôle et mesquin, comme jeu. Enfin… Emilien n’était pas certain qu’Emmeline n’apprécie. Surtout qu’elle n’avait pas aimé le baby-foot, alors il n’osait même pas imaginer s’ils devaient instaurer une compétition dans ce ‘jeu’ de construction de château en cartes. Finalement, sa partenaire lui dit qu’elle plaisantait. C’était peut-être mieux comme ça. « On pourrait regarder un film. Ou aller se promener dans la forêt. ». Bonnes idées, au moins là, aucun des deux ne risqueraient de perdre. C’était bien cela. « Une promenade dans la forêt ? répéta-t-il. Tu penses qu’il y a des animaux de cachés dedans, dit ? ». Qui sait. Peut-être que la production s’était amusée à cacher des petits lapins, des petits cannetons, enfin plein de trucs de petits et de mignons, dans la forêt. Il n’y avait jamais mis les pieds, il ne savait pas lui. Il ne savait même pas à quoi elle pouvait bien ressembler cette forêt. Certes, à un endroit avec plein d’arbres. Emilien s’amusa à faire mousser son savon sur son corps. Puis comme ça, plus longtemps il resterait sous la douche, moins il aura de chance de croiser nu Emmeline. « Dis, Emilien, une fois que tu auras terminé, tu voudras bien me protéger des caméras avec une serviette ? » . Le dénommé Emilien sursauta légèrement. Un peu surpris par cette demande. « Euh… oui… quand j’aurais fini. » dit-il alors. Ce fut ce moment précis qu’une mélodie retentit. A cette musique, il la connaissait à présent. Et aux premières notes qu’il pouvait percevoir, il la maudissait déjà. Il maudissait Cupidon. Pourquoi s’acharnait-il sur lui ? Qu’avait-il fait ? Déjà, la semaine passée, il fallait qu’il embrasse Ezra. Et voilà que cette semaine, Cupidon avait décidé que ce serait Emmeline. Lui qui voulait rester de dos, pour ne pas qu’Emmeline puisse le voir, ces espérances furent vaines à cause de ce fichu Cupidon. Il n’avait pas le choix. Il le devait. Couvert de mousse, il se tourna, cherchant quelques secondes du regard Emmeline. Elle était là, à quelques pas de lui, même pas. Il n’avait pas à faire beaucoup d’efforts pour la rejoindre. Il prit une grande inspiration, maudissant déjà Cupidon intérieurement. Il s’approcha alors de sa partenaire, il s’était pourtant juré de ne pas s’exhiber nu sous ses yeux. Il vint alors l’embrasser, fermant les yeux le temps de ce baiser. Un petit baiser délicat et innocent. Il avait certainement dû mettre de la mousse ou du savon sur Emmeline sans le vouloir, mais ce n’était pas de sa faute à lui si on l’obligeait à l’embrasser. Pourquoi Cupidon lui faisait faire ça ? Pourquoi, hein ? Il trouvait ça rigolo lui ? Pas Emilien, en tout cas. Le jeune garçon se pinça les lèvres avant de faire un pas en arrière. « J’vais… j’vais finir ma douche puis après je te protégerai des caméras, d’accord ? » déclara-t-il avant de repartir sous sa douche.