23h30. Encore très tôt pour moi. Mais l’heure d’aller me brosser les dents. Non pas que j’ai une heure fixe pour ça…Seulement je décide d’y aller maintenant, c’est tout. Je ne compte pas le moins du monde aller me coucher après. De toute façon, la situation est trop tendue avec Everleigh en ce moment pour me donner envie d’aller dormir à ses côtés…Cela ne sera pas plus mal de débarquer quand elle dormira. Je sais bien que c’est moi qui écorché notre belle complicité, que je ne peux m’en prendre qu’à moi-même. Mais ça me fait chier quand même. M’enfin, pour faire foirer les choses, je suis doué à ça. C’est même étonnant que je n’ai pas fais de conneries plus tôt dans l’aventure tiens. Alors il fallait bien qu’à un moment donné ça arrive. A force de prendre sur moi, et de tout tenter de contrôler…Et bien voilà le résultat. Bref. Ce soir, donc, je me rends dans la salle de bain, pour nettoyer mes petites dents. Mauvaise idée surement, puisque je tombe sur Mickey. Une des choses qui me dérangent de plus en plus en ce moment. Etre obligé à longueur de journée de se coltiner les mêmes têtes…Surtout celles dont on se passerait bien. Dans la vie de tous les jours, les gens que tu ne peux pas saquer, et bien tu ne les fréquente pas. Mais ici ? Impossible de s’en débarrasser. Je surpris Mickey dans une drôle de posture. Agenouillé, ronchon. Je constate qu’il vient de briser un verre sur le sol. Quelle adresse. Sans parler de sa belle coupure à la main. Doué cet écrivain. Le roi de l’hygiène, du rangement et tout le tralala, on pourrait croire qu’il est expert dans ce genre de situation pour nettoyer sans se blesser. Et bien non. « Il y a des pansements dans le tiroir, peux-tu m'en apporter un ? Un grand, je te prie. » C’est à moi qu’il adresse ? Oh et bien oui il n’y a que moi dans cette pièce. Et donc il veut de mon aide. Ah ça il n’oublie pas la politesse quand il a besoin de moi hm. Comme pour sa foutue machine à écrire. « Un pansement tu dis ? Et c’est censé ressembler à quoi ? Je ne suis pas sur que ça soit dans mes capacités. » Elles sont tellement limitées voyez vous. Je serais foutu de confondre un pansement avec un mouchoir. Je soupire. Et je lui sors quand même du tiroir les pansements que monsieur désire. « Tiens. Même si ça ne sert à rien. La blessure est trop profonde. T’as besoin de la désinfecter, et qu’on la referme. » lui dis je avec assurance, et cette fois sans la moindre trace de sarcasmes. Avant d’hausser les épaules. « M’enfin je ne suis que déménageur, qu’est ce que j’en sais… » N’est ce pas, c’est bien ce qu’il doit se dire.

Mickey est donc capable de saigner. Du sang rouge, de la même couleur que nous autres mortels. Etonnant n’est ce pas ? Quand on aurait pu s’attendre qu’un espèce de truc verdâtre en sorte tellement il semble venir de sas propre planète. Ou plutôt gris métallique pour être juste. Il ressemble plus à un robot qu’un extraterrestre. Dans le genre dénué d’émotions. Bon après il faudrait se demander pourquoi on voudrait construire une machine pareille…Si c’était juste pour un parfait robot ménager, clairement il y a eu un souci à la fabrication, puisqu’il est doté de la parole. Bref, je fais donc remarquer à l’écrivain, qu’un pauvre petit pansement ne va pas servir à grand-chose. Et là…oh surprise, voilà les mots qui sortirent de sa bouche. « Tu désinfecterais cette plaie pour moi ? » Toujours à moi qu’il parle ? Personne n’est entré par surprise dans la salle de bain ? A priori non…Encore que je lui déplace une machine à écrire là d’accord...Mais là, il veut que je le touche ? Que je répare son bobo ? C’est vraiment lui qui me demande ça ? Il doit vraiment souffrir le pauvre, je ne vois pas d’autres explications. « Je t'en demande sans doute beaucoup mais hum, je n'ose imaginer l'état de ma main demain matin si on ne la nettoie pas ce soir. » En effet, ça risque fortement de ne pas être joli joli à voir. Pour un peu que ça s’infecte, qu’il doive faire un petit tour à l’hôpital, et dégager de ce jeu pour raisons médicales, ça serait dommage hm. Oh oui, on peut bien avoir de telles pensées non ? Tant que ça reste à l’état de pensées. De toute façon il n’y aurait mérite à se débarrasser de lui de cette façon. Autant que ça se fasse dans les règles de l’art. « Et comme tu le dis, c'est très profond. » Voilà qu’il essaye toujours de plaider sa cause. « Et bien…C’est que tu dois douiller pour en venir à réclamer mon aide. » Un homme désespéré ce Mickey. « Tu te rends compte que t’es en train de dégueulasser le carrelage ? » Ah vraiment il en fou partout. Le pire étant qu’il reste planté là. Je veux bien croire qu’il ai besoin de deux mains pour désinfecter la plaie, m’enfin rien ne l’empêche de comprimer la blessure en attendant pour éviter de pisser le sang sur le sol non ? Est-il si peu débrouillard que ça ? Je soupire. Je lui tends une serviette propre dans l’absolu. « Tiens, limite les dégâts pendant que je trouve ce qu’il faut » Je fouille alors dans les placards à la recherche de la trousse de secours, que je finis par trouver. J’en sors des compresses, et lui en tends une. « Appuies dessus avec ça, ça sera mieux. Il faut déjà que t’arrête de pisser le sang pour que je puisse désinfecter. » Cela serait une bonne idée, n’est ce pas ? Pendant ce temps… « Et si je fais ça, j’y gagne quoi en retour ? Autant que j’en retire quelque chose, n’est ce pas ? » Je ne vais pas non plus faire les choses complètement désintéresser si il peut en ressortir du bon voyez vous. Il faut savoir saisir toutes les opportunités qui s’offrent à nous.

« Penses-tu, je savoure là, une vraie partie de plaisir. » Pauvre petit chou. Je compatirais bien à sa douleur mais hein, on connait le bonhomme. On ne compatit pas envers monsieur, non non. Il ne le fait pas envers les autres, alors il n’en a pas le droit en retour, c’est comme ça. « Tu voudras une sucette quand tout sera fini ? » Oh quoi ? Oui petit plaisir sadique de savoir qu’il souffre un peu. Je suis mauvais, je sais. Mais bon après tout, qui ne le serait pas dans la même situation n’est ce pas ? Ceci dit je ne souhaite pas non plus qu’il meurt d’une hémorragie le petit. Je lui fais part de l’état dans lequel il met la salle de bain. Non seulement il y a encore du verre partout avec ses bêtises, mais maintenant du sang. De quoi faire une crise cardiaque pour lui là non ? « Je nettoierai après, tu t'imagines bien que je ne laisserai pas la salle de bain dans cet état. » J’hoche la tête. « J’espère bien » En tout cas ne comptez pas sur moi le faire, c’est certain. Non pas qu’il y comptait une seule seconde. Je lave derrière moi, c’est déjà pas mal. Je le laisse ensuite appuyer avec la compresse sur sa blessure. Il est doté de deux mains, il est capable de le faire tout seul comme un grand. Le temps que ça s’arrête, une à deux minutes tout au plus, on peut converser. Si je lui désinfecte sa plaie, j’y gagne quoi en retour ? Je me la suis joué désintéressé la dernière fois que je l’ai aidé, et regardez où ça nous a mené. Toujours aussi exécrable. Alors, cette fois…Autant en profiter un peu tant qu’il est en position de faiblesse n’est ce pas ? « Soit. Si tu as une idée derrière la tête, autant m'en faire part tout de suite, tu ne penses pas ? » Oh mais oui je vais le faire de ce pas. Mais qu’il ne s’inquiète pas, je ne demande pas la lune. Quelque chose de raisonnable voyons. « Pourquoi ne pas tenter quelque chose de simple ? Je demande juste un peu de courtoisie quand on se croise…Et d’éviter les critiques à tout va pour un oui ou pour un non. Je veux lire une revue sportive, pas besoin d’avoir ton opinion sur mes capacités intellectuelles. Je te barre le chemin ? Tu me demande poliment de me pousser, sans me faire chier sur mes activités. En gros, un peu de sociabilité ne ferait pas de mal. Ce n’est pas ton fort, je sais bien… Mais j’aimerais pouvoir passer une heure dans la même pièce que toi, sans avoir envie de t’étriper. Tu penses que c’est faisable ? » Et c’est pour le bien de nous deux voyez vous. Parce que me prendre la tête avec lui 5 minutes, ça va, mais maintenant…C’est plus que fatiguant. Les personnes qu’on ne peut pas s’encadrer en peinture, on n’est pas censé les voir constamment tous les jours…Sauf qu’on est dans un cadre spécial, dans une téléréalité, et que forcément, il y a pas le choix. Alors si on pouvait rendre la cohabitation plus simple non ?

« Quelque chose de simple, tu dis. Hm. Je ferai les efforts nécessaires puisque apparemment, tu te lasses de cette situation. Et moi aussi, je dois l'admettre. Mais sache que les miracles n'existent pas. Alors ne t'attends pas à me voir totalement transformé, je ne changerai pas entièrement ma façon d'être pour toi. Et pour ce qui est du fait d'avoir envie de m'étriper à tout bout de champ, je l'ignorais, mais je vais faire en sorte que ça ne soit plus le cas à l'avenir. » Quelque chose de simple oui. Pour moi en tout cas. Mais il est vrai que de son côté…Ne pas sortir une critique toutes les 30 secondes doit être bien compliqué c’est vrai. Après tout c’est un peu comme me demander de ne plus user de sarcasme. Quelque chose de simple pour lui, plus dur pour moi. M’enfin quand même…J’estime que ce n’est pas la mer à boire ce que je lui demande. Je ne m’attends pas non plus à ce qu’il change de personnalité juste pour moi. Seulement des rapports je ne sais pas, plus pacifistes ? On peut ne pas aimer une personne sans avoir à lui balancer à la figure à longueur de journée. Surtout que bon on n’apprend rien de nouveau, on le sait déjà. Conclusion c’est inutile. Et fatiguant. « T’inquiètes, je ne m’attends pas le moins du monde à ce que tu deviennes adorable tout à coup…On ne va pas changer ta nature. Mais des efforts seraient appréciés. Je suis prêt à en faire en tout cas. » Mais il faut que ça vienne des deux côtés n’est ce pas ? Même si j’estime pour ma part ne pas avoir grand-chose à me reprocher…Je me fais insulter dès que je le croise, alors forcément que je ne vais pas lui répondre avec un grand sourire, et de manière aimable. « Tu m'as eu l'air plutôt calé en traitement de blessures tout à l'heure... étonnant pour un vulgaire déménageur. » Vulgaire. Bon j’imagine que les changements ne peuvent pas se faire en une minute n’est ce pas ? Puis bon, ça avait l’air plus ou moins d’un compliment. Enfin du moins, qu’il puisse être étonné mais de manière positive. De toute manière je ne peux que l’étonner dans ce sens là, vu qu’il a une très faible opinion de ma personne. Le pire de moi, il le pense déjà. « Tu sauras que j’ai fais 3 ans de médecine dans une des meilleurs fac d’Irlande…Et que j’étais plutôt doué. » Major de ma promo, mais c’est un détail. « Déménageur n’a jamais fait parti de mes plans de carrière. Mais la vie en a décidé autrement. » conclus je en haussant les épaules. « Enfin non pas que ça t’intéresse… » Et bien oui, pourquoi je lui dis ça au juste ? Il doit s’en foutre royalement, comme tout ce qui concerne ma personne. D’ailleurs généralement il aime bien faire une petite remarque à ce propos. « Cela a dû arrêter de saigner maintenant, montre. »

Les petites piques à bout de champ de Mickey ne m’atteignent pas. Je veux dire, son opinion sur ma personne m’importe peu. Qu’il pense que je sois un attardé mental, tout comme mon frère…ça me fait une belle jambe. M’enfin à la longue, cela devient quand même très lassant. Et agaçant. Un peu comme une journée sans fin. Oui c’est un peu ça avec lui quand on le rencontre. Une très grande impression de déjà vu. Donc un peu de nouveauté ne ferait pas de mal n’est ce pas ? Il semble d’accord. Lui aussi doit trouver lassant au bout du compte. Ou alors c’est qu’il aime vraiment me critiquer et qu’il pourrait le faire jusqu’à la fin des temps sans en avoir marre. Donc c’est décidé. Quelques efforts des deux côtés devront être faits. Ne serait ce que pour l’intégrité physique de Mickey. Oui oui il ne s’en était pas rendu compte jusque là, mais croyez moi que c’était nécessaire. Parce qu’à mesure que les semaines passent, et de plus en plus j’éprouve des envies de meurtre. Pas forcément qu’envers lui, mais le tout accumulé… Et il faut savoir que je ne suis pas un enfant de cœur. La boxe a toujours plus ou moins réussi à me canaliser mais ici… A part taper dans un sac, je n’ai pas tellement de volontaires. Alors ça serait fort dommage que Mickey en devienne un malgré lui. Mais pour l’heure il ne s’agit pas d’abimer monsieur, mais plutôt de le soigner. Etrange, mais c’est bel et bien dans cette situation que nous nous trouvons à l’instant actuelle. Il s’étonne de ma réactivité quant à sa blessure. Serait il possible que je sache un minimum ce que je fais ? Moi un vulgaire déménageur ? Je choisis alors ce moment pour lui apprendre mon parcours quelque peu chaotique niveau études. Que j’ai eu pour ambition de devenir médecin. Je n’ai jamais éprouvé le besoin de lui dire, non. Tout simplement parce qu’il n’y a pas montré le moindre intérêt. « Au contraire. Et je ne comprends pas pourquoi tu ne me l'as pas dit avant. Je t'ai rabaissé plus d'une fois au sujet de ton métier il me semble, tu aurais très bien pu me clouer le bec » J’aurais pu oui. Mais c’est là qu’on diffère lui et moi. « Parce que je n’ai rien à te prouver. Que je sais ce que je vaux. » Et bien non. Je ne suis pas là à chercher son approbation, ou qu’il daigne me montrer un peu plus d’intérêt intellectuellement. Lui il a ce besoin constant de chercher à prouver qu’il est le meilleur, le plus intelligent, et tout le tralala, mais ce n’est pas le cas de tout le monde. « Puis de toute façon, ça aurait changé quoi ? N’as-tu pas une très basse opinion des gens qui abandonnent les études ? Que ce ne sont que des fainéants, sans la moindre volonté ? » N’est ce pas en gros ce qu’il m’avait dit ? Donc je ne vois pas bien la différence. Pendant ce temps, la plaie de monsieur s’est arrêtée de saigner, bien. Je vais pouvoir m’en occuper. C’est qu’il en a besoin de ses petites mimines pour taper sur sa machine a écrire ou faire le ménage. « Ça risque de piquer. » Je suis gentil, je le préviens. Même si il s’en doute n’est ce pas. Ce n’est jamais une partie de plaisir ces moments là. J’applique le désinfectant sur une gaz propre, et entreprend de nettoyer la blessure de monsieur. Sans même chercher à le faire souffrir par petite vengeance, alors que je pourrais très bien. Non, je faisais doucement. « Et quelle était ta spécialité ? La médecine générale, la chirurgie, autre... ? » Me demande t’il pendant ce temps. « Je n’ai pas eu le temps d’en arriver là, mais j’aurais surement choisi la traumatologie. C’est toujours un domaine qui m’a attiré plus que les autres »