Ce matin encore je m'étais levée aux aurores, enfin aurores pour la plupart des habitants du nid puisqu'il devait être dans les alentours de huit heures. J'avais pris un bon petit déjeuné, j'avais fait un peu de footing et m'étais dirigée vers la salle de bain, avait enfilé une jupe marron, et petit pull assorti et des bottes en cuir de la même couleur. Finalement c'était un avantage de se lever avant la major partie des habitants puisque la salle de bain était déserte ou presque et qu'on avait en plus le plaisir de profiter de l'eau encore chaude. Il devait être aux alentours de dix heures lorsque je fus enfin prête, la maison commençait tout juste à s'éveiller, je descendais les escaliers lorsque j'aperçus Austin se faufiler dehors. Je n'avais pas vraiment eu l'occasion de lui parler depuis le prime, c'était l'occasion idéale d'aller le retrouver. J'attrapais ma veste et m'enroula de mon écharpe prête à affronter la fraîcheur matinale. « Bonjour toi ! » murmurais-je alors que je venais à peine de franchir le seuil de la porte, tournant le dos au jeune homme qui était tranquillement installé sur une des chaises disposé sur la terrasse. Je lui adressais un immense sourire alors qu'il me salua. « Comme un bébé, et toi ça va ? » Je m'approchais de lui afin de déposer un baiser sur sa joue, puis m'installais à ses côtés. J'avais eu quelques échos de sa dispute avec Alice, ce n'était pas bien compliqué étant donné qu'ils avaient hurlés l'un et l'autre.

Ma question était légèrement stupide puisqu'il était clair qu'il n'allait pas bien, son visage, sa posture, son regard dans le vague, tout le supposait. Néanmoins, c'était une façon de lui faire comprendre que s'il avait envie de parler j'étais disposé à l'écouter. J'avais de suite apprécié Austin, et je ne saurais expliquer pourquoi, il avait ce petit quelque chose qui faisait que étrangement - puisque ce n'était pas dans mes habitudes - je lui faisais confiance. Contrairement aux habitants je ne l'avais jamais pris pour quelqu'un de naïf, mais pour une personne dépassé par les événements qui s'était accroché, peut être trop tôt, à une personne qui semblait être dépassé elle aussi. Je l'estimais et j'étais peiné de le voir souffrir autant. Alors qu'il m'avouait ne pas bien aller, je lui souriais appréciant son honnêteté. Instantanément, je déposais ma main réconfortante sur sa cuisse. « C'est normal avec la semaine que tu as passés, mais je compte sur toi pour te refaire ! Je peux t'aider si tu veux. Et détrompe toi, Alice t'as pris pour un con c'est clair, pour le reste je suis pas d'accord. Tu as ta place ici, tu as été choisi ne l'oublie pas, tu vas d'ailleurs rester vendredi, c'est une évidence. » J'avais peut être été un peu trop brusque, n'ayant ajouté aucune pincette, mais il fallait. Il était déboussolé j'en étais consciente et c'était légitime mais il devait rebondir maintenant.

J'avais toujours trouvé ça ridicule d'entendre les candidats de télé-réalité affirmer que dans ce genre de confinement les choses allaient à cent mille à l'heure. Qu'on avait tendance à s'attacher plus rapidement aux personnes avec qui nous vivions, pourtant c'était une évidence, plusieurs expériences le prouvaient d'ailleurs. C'était ce qui était entrain de se passer avec Austin. Je l'appréciais énormément, si bien que sa peine, sa colère, et son état pesait sur moi. Je détestais être impuissante, je détestais voir les personnes pour lesquelles j'avais beaucoup d'estime sombrer comme il le faisait. Je l'écoutais avec attention, et lorsqu'il eut terminé, j'attrapais délicatement son visage que j'amenais vers moi cherchant à capter son regard si triste avant de lui répondre à mon tour. « Je sais que je vais paraître odieuse mais tu sais plus les semaines vont passer et plus les départs des candidats vont être durs à surmonter. Et Louison était peut être une fille charmante qui ne méritait pas de partir mais c'est comme ça le public à choisis faut l'accepter, tu étais nominé aussi et tu es resté, pour le moment tu devrais te concentrer là dessus. Faut que tu profites de tous les moments qui s'offrent à toi, te prends pas la tête, si tu as envie de faire un truc fou, fais le, qui te dit que tu seras encore là dans une semaine ou deux ? C'est un jeu, on est là pour profiter, si tu veux mon avis, la prochaine fois que tu as une mission vas-y jusqu'au bout, peut importe la personne en face. Si elle t'apprécie elle pourra comprendre et t'en voudras pas, dans le cas contraire elle méritait pas que tu prennes la peine de perdre ton temps avec elle. Je suis pas là pour te donner des conseils ou me la jouer moralisatrice à deux balles. Je veux juste que tu le laisses aller, que tu mettes tout ces soucis de côtés, et que tu vives ton aventure à fond. Que tu te battes et que tu montres que tu as envie d'aller le plus loin possible. Vies, profites, c'est tout ce que je peux te dire. »
J'avais volontairement sauté la partie où il insinuait vouloir le départ d'Alice, c'était sûrement le cas, mais à mon humble avis c'était la colère qui le faisait parler. Je me contentais de lui sourire sans lâcher son regard avant de poursuivre. « Après je ne dis pas que c'est ce qui va enterrer tous tes soucis, mais c'est un bon début. Puis tu sais que si tu as besoin de quoi que ce soit, je suis là. Je t'aime beaucoup tu sais, j'aime pas te voir comme ça, et je suis sûre que je ne suis pas la seule en plus. » Assise sur le rebord de ma chaise, je n'avais toujours pas ôté, ma main de sa cuisse, tandis que de mon autre main, je m'en allais caresser son visage du bout des doigts, lui souriant toujours.

Les choses semblaient délicates, j'avais eu vent de certaines choses aux sujets d'Austin et d'autres candidats auxquelles je n'avais pas plus prêté attention que ça. Les rumeurs allaient bon train dans la maison certaines étaient fondés d'autres non. Austin assurait que j'avais le don de réchauffer les coeurs, je ne saurais trop le dire, tout ce que je savais c'est que j'avais parlé avec honnêteté, que ce n'était pas pour faire bien ni pour flatter son ego, je pensais chaque mot que je prononçais, j'appréciais sa compagnie, dans les bons comme dans les mauvais moments, s'il fallait le remuer un peu, je le ferais. « T'en fais pas pour ça mon ange, ça sert à ça les amis non ? à Etre là dans les bons comme dans les mauvais moments. Je veux juste que tu te sentes bien, le reste c'est pas important, t'en fait pas pour moi. » Je lui adressais un sourire sincère, alors qu'il guida ma main jusqu'à sa cuisse la tenant toujours fermement. Des larmes roulèrent le long de ses joues, j'aurais aimé les lui sécher du revers de la main, seulement il les tenait encore fermement. Ses paroles suivantes ressemblaient à un appel à l'aide. Je l'écoutais avec attention, cherchant une solution adéquate. Jusqu'à ce qu'il prononça les trois petits mots qui me firent perdre mes moyens l'espace de quelques secondes. Je serrais d'ailleurs sa main plus que de raison. Ces mots m'avaient toujours effrayés, j'avais toujours eu du mal à les prononcer. J'y attachais beaucoup d'importance, et j'étais paniqué mais tentais de ne pas le lui montrer. Réalisant que finalement c'était des mots qu'il avait pu dire à une soeur ou une très bonne amie. Je soufflais discrètement et reprenais mes esprits. « Je peux t'aider si tu le souhaites, il faut juste que tu arrives à atteindre le juste milieu ne plus être cet homme fragile et perdu mais il ne faut pas te transformer en salopard de première avide de sexe ! Le sexe c'est naturel et c'est loin d'être une honte ... pour moi. Mais je pense que ça a son importance pour toi, et c'est pas seulement vis à vis du sexe, faut pas que tu deviennes quelqu'un qui te répugne... » Je ne pouvais pas lui dire que je l'aimais, ces mots étaient trop ... trop, mais je voulais lui faire comprendre que c'était réciproque et que je tenais à lui. Je me soulevais afin de déposer un baiser au coin de ses lèvres, en espérant qu'il comprenne.